En.marge  Sylvie Carrelet, artiste et art-thérapeute : se guérir, c'est créer

Accueil

Retour à

Entretiens

Dossier Santé

Reportages et articles

Encyclo perso

Margino blog

Marginal Newsletters

Vies en marge
(en construction) 



En.marge : Pourquoi, artiste, êtes-vous devenue thérapeute ?
Sylvie Carrelet : Parallèlement à ma formation puis à ma pratique artistique - la joaillerie -, j’ai effectué une longue démarche de développement personnel. Quand m’est venue l’envie de transmettre, la liaison entre art et connaissance de soi s’est faite tout naturellement, même si au départ je n’avais pas l’intention de devenir thérapeute, cela s'est imposé. Lorsque le travail de reconnaissance intérieure se fait, la notion de se guérir est inévitable, c'est à travers ce mouvement d'identification et d'acceptation de nos blessures que l'énergie réparatrice opère, l'accompagnateur devient le thérapeute, "l'artiste guérisseur" et accompagne le "patient créateur", le chercheur dans ce voyage. Plus globalement on devrait parler de notre démarche comme d’un "art-quête de conscience"ou "art-connaissance de soi", plus proche d’une notion de "voie". Les gens viennent pour se "re"connaître et développer - par et en eux-mêmes - de nouvelles dimensions, à travers la créativité. Lorsque nous rencontrons des personnes qui présentent une pathologie ou un déséquilibre évident nous les orientons vers des médecins spécialisés, ce qui est essentiel. Souvent, ceux qui se tournent vers nous ont le sentiment d’avoir perdu depuis longtemps toute capacité de création ; ils diront par exemple être, depuis l’école primaire, absolument incapables de dessiner. Ce n’est évidemment qu’une croyance, qui va tomber d’elle-même.
En.marge : Comment cela se passe-t-il concrètement ?
S.C. : Après des entretiens préliminaires avec les candidats, nous formons un groupe de dix à quinze personnes avec lequel nous résidons une semaine entière dans un lieu choisi - aujourd’hui Majorque car c'est là que j'ai installé mes activités. C'est un changement de repères important qui participe à la préparation du travail, l’endroit est confortable, ces conditions permettent à une dynamique de groupe de se créer rapidement, et elle est essentielle. Ainsi, à chaque étape, chacun est invité à donner ses impressions, sans juger, en disant " je ", ce qui enrichit l’autre sans le heurter. Chacun, donc, est amené à entendre sur son travail des réactions qui l’éclairent sans juger. Nous enchaînons beaucoup d'activités en alternant des exercices physiques, des exercices énergétiques et des activités artistiques suivant une progression visant toujours à englober le procesus de guérison. Le dessin, la peinture, le modelage de terre sont nos médiums privilégiés. En fait, nous nous amusons beaucoup. Car cette confrontation avec la réalité de ce que nous créons, les partages dans les feed-back apportés par le groupe, se passent dans une grande intensité, sans dramatiser et dans la jubilation que procurent les arts plastiques et l'énergie corporelle. Il n’y a pas de grande catharsis émotionnelle comme dans certaines thérapies où l’on est invité à explorer ses émotions. On est plutôt dans une forme de contention, et mon travail consiste principalement à accompagner le mouvement vers la création.
En.marge : C’est la création qui conduit à la guérison ?
S.C. : Se guérir, c’est aller plus loin que la dimension thérapeutique. Ce n’est pas seulement soigner les blessures infligées par les épines de la vie, mais aussi aller avec la vie, c’est-à-dire créer quelque chose avec ces épines. Cela passe par les sens, la perception. Le but serait, par la pleine reconnaissance de ses sens, de devenir un être de perception totale. Ce n’est pas de l’hédonisme, dès lors qu’il y a un lien avec une verticalité : celle, précisément, qu’apporte la création. Créer permet de tout exprimer dans une certaine joie. Les choses dramatiques et dures ne sont jamais pesantes, parce que l’on passe par un médium. L’être s’enrichit et se développe, il "s’élève" sans décoller, en restant relié à la terre, à son corps, par le biais de ses sens, dans toute l’ampleur de leur possible emploi et illumination.

Un article pour Nouvelles Clés  

 

Retour haut de page

Retour à Encyclo perso

Accueil

Retour à Reportages et articles