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Les Amazones
Elles tiennent plus, en fait, de la légende que de la réalité, une légende forgée par les Grecs pour stigmatiser aussi bien la femme libre que la figure menaçante du barbare. Elle trouvait son origine dans des récits rapportés par les Scythes, peuple vivant au bord de la Mer Noire, qui se voyaient contenus au nord par les Sarmates, moins nombreux mais mieux armés et surtout, peuple militaire par excellence : mobilisation de tous les adultes, bataillons féminins, interdiction religieuse de prendre un époux avant d'avoir tué un ennemi ! Les Grecs en firent un royaume mystérieux où les hommes étaient asservis, où les guerrières tuaient leurs enfants mâles et brûlaient le sein droit de leurs filles pour faciliter le tir à l'arc (d'où leur nom signifiant : "celles qui n'ont pas de sein"), et d'où étaient parties les invasions qui avaient offert aux cités grecques leurs premières (et mythiques) victoires. La victoire contre les Amazones devint ainsi un thème majeur de l'art antique. Leur royaume, quant à lui, appartenait à la légende. Peu importait qu'il n'eût jamais véritablement existé.
Le royaume amazone n'était pas non plus en Amérique. Si le plus grand fleuve du monde porte aujourd'hui leur nom, c'est en raison du succès des romans de chevalerie au XVIè siècle auprès des Conquistadores (et plus particulièrement de Francisco de Orellana, l'un des conquérants du Pérou, qui descendit le fleuve des Andes jusqu'à la mer). L'un de ces romans fantastiques autant qu'inspirés de mythologie grecque situait loin dans l'Ouest une mystérieuse île de "Californie" peuplée de farouches guerrières. La thèse fut d'autant plus retenue que, dès son premier voyage, Christophe Colomb entendit parler de deux îles appelées Carib et Matinino, l'une peuplée uniquement d'hommes, l'autre de femmes, les enfants nés de leurs rencontres épisodiques et ritualisées étant répartis entre les îles selon leur sexe. La réalité s'avérera plus complexe, mais cependant bien partagée entre Karibs aux valeurs masculines et Arawaks dont le régime était proche du matriarcat. Et le mythe perdurera, car dès leur arrivée au Mexique, les Espagnols découvrirent que les autochtones désignaient l’ouest sous le nom de "Cihuatlampa" ou pays des femmes ! Il faudra attendre 1542 pour qu'ils découvrent, et nomment Californie, une étroite péninsule n'abritant qu'un désert. Au-delà et partout ailleurs, vers l'ouest, un immense océan en guise d'Eldorado, d'Indes ou de pays des femmes.
En fait, si des "Amazones" ont existé quelque part, ce fut probablement un peu partout, chaque fois qu'un peuple menacé dans sa survie – ou sous l'influence d'un stratège novateur – institua la conscription féminine. Le royaume du Dahomey, aujourd'hui Bénin, tenait sa force de son armée composée pour un quart, dès le début du XVIIIè siècle, de bataillons féminins. Moins bien équipées que les hommes, leur rôle était d'investir les villes avant l'aube et de faire autant de prisonniers que possible, le but n'étant pas de tuer la population ennemie mais de la vendre comme esclave. Le dernier roi, Béhanzin, résistant farouche au colonialisme français dans les années 1890, disposait d'une armée de 15 000 hommes et de 4 000 femmes. De l'Amazone embrigadée à la femme au foyer, le message reste bien le même : partout, la femme peut servir.

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