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Les déchets au fond des mers
Différentes études menées par l'Ifremer ont tenté d'évaluer les quantités de déchets présentes au fond des mers. Parmi eux, les plastiques arrivent en tête.
L'étude de la pollution du milieu marin par les macro-déchets a débuté en France en 1992 sous l'égide de l'Ifremer. Cette étude avait pour objectif d'évaluer la quantité de macro- déchets présents sur le plateau continental français. De 92 à 98, une trentaine de campagnes océaniques ont été effectuées, complétées par des observations par submersible habité ou par survol aérien. Ces données mises à jour en l'an 2001 dressent un constat alarmant de l'état des lieux : 150 millions de déchets tapissent le fond de la mer du Nord, 50 millions de déchets flottent entre 0 et 200 mètres dans le golfe de Gascogne. 300 millions de déchets recouvrent les fonds marins de la mer Méditerranée et 40 millions de déchets flottent entre 0 et 200 mètres dans la mer Adriatique. Les résultats donnent aussi des indications précises sur leur localisation. On constate des zones d'accumulation près des côtes, notamment à l'embouchure des fleuves, à proximité des agglomérations urbaines et des régions touristiques situées sur le littoral. La densité maximale se rencontre près de Marseille, au cap Ferrat : 1 500 débris à l'hectare. Mais plus au large, les quantités peuvent encore atteindre 500 déchets à l'hectare le long du lit profond du Rhône, à 200 mètres de profondeur. Les fonds profonds ne sont pas non plus épargnés : 15 débris à l'hectare dans le golfe de Gascogne par 1 800 mètres de profondeur, 100 en Méditerranée à plus de 1 000 mètres. L'étude sur les déchets flottants, plus difficile à réaliser, n'a permis que des évaluations partielles. On estime à plus de 5,5 millions les déchets flottants dans le golfe du Lion. Et pour l'ensemble de la Méditerranée, plus de 750 millions de détritus circuleraient ainsi au gré du vent et des courants.
Selon l'Ifremer, ces macro-déchets sont constitués principalement de résidus de plastique, à raison de 60 à 95% selon les sites. En quantité moindre, on trouve encore, principalement, des objets en verre (bouteilles), en métal (cannettes de boisson) ou des tissus, auxquels s'ajoutent, dans certaines régions, les déchets de la pêche (cordages, filets). Sur le plan écologique, l'accumulation de déchets qui se dégradent très lentement est un danger pour l'écosystème marin. Ils provoquent la mort par étouffement ou par étranglement de grands animaux marins tels que dauphins, marsouins et thons. David Barnes, dans la revue Nature d'avril 2002, a mis en évidence une autre menace : les déchets plastiques servent de moyen de transport à des quantités de petits organismes, crustacés, vers annelés bryozaires et même méduses. Cette introduction d'espèces allogènes d'une région à l'autre représente une menace de plus pour l'équilibre écologique du milieu. Sur le plan économique, le nettoyage des plages, la réparation des avaries et le ravaudage des filets déchirés par les déchets immergés représentent un coût important, sans compter les risques d'accidents provoqués par les débris qui se prennent dans les hélices des embarcations. Plus que le ramassage, à la faisabilité douteuse, la solution réside dans l'arrêt de pratiques qui, à terme, menacent plusieurs secteurs d'activité (pêche, tourisme, élevage marin).
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