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Emmaüs et l'abbé Pierre

L'hiver 1949 est glacial et beaucoup de Français, au sortir de la guerre, manquent de tout. Un aumônier catholique, député de Meurthe et Moselle, lance un appel vibrant à la charité. Il se nomme Henri Grouet mais déjà tout le monde ne l'appelle plus que l'Abbé Pierre. Son appel est largement entendu, les aides viennent de partout sous la forme de nourriture mais aussi d'objets ménagers, de vêtements, de meubles. Pour prolonger cet élan, l'abbé Pierre bien avant la lettre va inventer le concept de la récupération et du recyclages des objets des ménages. Cette idée se concrétisera par la mise en place, de 1949 à 1954, des premières communautés d'Emmaüs dont le premier centre sera installé à Neuilly-Plaisance. Ces communautés de vie regroupent une quarantaine de personnes en difficulté. Pour survenir à leur besoins, elles vont vivre du surplus des ménages. Le principe est simple. Les chiffonniers d'Emmaüs se déplacent à la demande et embarquent tout les objets ce que l'on ne veut plus. Une fois récupéré, ils sont triés, restaurés. Meubles, vaisselle, vêtements sont revendus sur place à des pris défiant toute concurrence. Les antiquaires et les amateurs éclairés font leurs affaires, car il n'y a pas encore d'experts en pièces rares chez les chiffonniers. Les pauvres aussi, qui trouvent là de quoi se vêtir et se meubler au moindre frais. Le mouvement prend de l'ampleur. De nouvelles communautés se créent en France puis l'Abbé Pierre franchit les frontières avec son bâton de pèlerin et le modèle fait des petits sur la planète.
Aujourd'hui, Emmaüs International est présent à travers plus de 400 groupes répartis dans une quarantaine de pays. En France, 3 200 compagnons vivent dans les 112 communautés d'Emmaüs existantes. Les ressources proviennent comme toujours des activités liées à la récupération (vente des ferrailles 31%, autres métaux 14% du revenu) sont les plus rentables suivis des papiers cartons (23%), des chiffons et textiles (19%). Les meubles et vaisselles qui avaient fait la réputation des chiffonniers ne représentent plus que 13% des profits. 
En 2000, les chiffonniers ont collecté 3,2 millions de m3 de marchandises, ils ont effectué 508 220 ramassage et reçu 400 000 apports volontaires. Ils ont aussi récupérés 73 000 tonnes de matière recyclable (la ferraille en représente 47%). Ils ont supprimé 74 305 tonnes de déchets et voudrait, comme toutes les associations humanitaires, que ces déchets extrêmes diminuent car cette élimination leur est facturée ! Pour résoudre ce problème, la communauté d' Angers en partenariat avec l'agglomération des communes a inauguré en octobre 2001 une recyclerie - déchetterie d'un nouveau genre. Tous les objets passent devant la recyclerie pour être triés par des mains compétentes. Ceux qui ne peuvent être revendu en état sont acheminés vers la déchetterie, également gérée par la communauté dans le respect des normes environnementales en vigueur. Cet accord passé avec les communes leur permettait d'économiser 300 000 francs en 2000 (soit 20% du budget) qu'ils devaient payer pour l'élimination des déchets extrêmes. Un exemple gagnant-gagnant et un signe de reconnaissance pour ces pionniers du recyclage . 

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