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Les vieux vêtements posent des problèmes aux associations

Dans le rapport 415 de l' Office parlementaire d'Évaluation des Choix scientifiques et technologiques portant sur le recyclage et la revalorisation des déchets ménagers, le textile n'occupe qu'une trentaine de pages. En effet, on ne trouve pas ou peu de vêtements dans les poubelles domestiques des Français. Même de très mauvaise qualité et par conséquent inexploitables, ils sont donnés aux associations et empruntent un tout autre parcours que le déchet classique. Comme ce déchet n'est assimilé ni au traitement des déchets ménagers ni à celui de l'industrie textile, les associations caritatives et d'insertion doivent en supporter le coût d'incinération. Pour gérer efficacement la masse de vêtements collectés (plus de 100 000 tonnes par an), sans en être de leurs poches, elles ont dû s'adapter. Les réactions divergentes du Secours Catholique et de l'Armée du Salut .peuvent être prises en exemple.
Le Secours Catholique, dès le milieu des années 80, fait évoluer son vestiaire. Ce lieu traditionnel de distribution des vêtements usagés se transforme en boutique. Le prix est modique et les personnes sans ressource peuvent toujours disposer de bons gratuits, mais l'évolution est notoire. A la fin des années 80, le RMI est institué et des dispositifs sociaux offrent de nouvelles possibilités d'accompagnement des personnes exclues du monde du travail. Le Secours Catholique, comme de nombreuses associations caritatives, décident d'en profiter. Le vestiaire traditionnel disparaît alors totalement et le vêtement traité, redistribué et transformé non plus par des bénévoles mais par des personnes rémunérées, devient un véritable outil de réinsertion. Dans les ateliers du Secours Catholique, seulement 10% des vêtements ne nécessitent peu ou pas de réparation, 15% peuvent encore être récupérés et remis en état pour être vendus dans les boutiques. Tout ce qui ne peut être valorisé parce que trop usagé, soit 5% de la collecte, fait l'objet d'un recyclage. Soigneusement triés, les coupons de laine, coton et viscose sont défibrés pour la fabrication de bobines de fil ou transformés en chiffons d'essuyage et autres produits pour l'industrie. Le reste est incinéré. Le vêtement devenu activité économique a conduit le Secours Catholique a réfléchir sur un recyclage intelligent du vêtement, usage respectueux du donateur, de l'environnement et porteur d'insertion . La charte qui en a résulté, "vêtement - tissons la solidarité", se veut un garant du respect de ces règles éthiques. 
"Toutes les associations caritatives ne réagissent pas d'une manière aussi morale", soupire Jacques Bernard, directeur de l'Arche de l'Espoir, une entreprise d'insertion par le vêtement fondée par l'Armée du Salut. La seule... et pour cause ! L'Armée du Salut a décidé d'abandonner la récupération des vieux vêtements et se contente des dépôts dans leurs locaux (400 tonnes à Paris par an). "Cette filière entraîne trop de problèmes" explique Jacques Bernard. L'Arche de l'Espoir s'est installée en 1994 dans le vestiaire boutique de l'Armée du Salut qui existe depuis 1930 à Paris. Le travail est toujours le même, sauf que les 13 personnes qui y travaillent sont salariées, en contrat d'insertion, et non plus des bénévoles. Les vêtements qui peuvent être remis en état, soit 30% des dépôts, sont donnés ou vendus. Faute d'autres débouchés, le reste est mis à la poubelle. "Et nous devons payer pour le ramassage !", conclut Jacques Bernard. 

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