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NOTRE MYSTÉRIEUSE "ÉNERGIE"

Le printemps est là, Caroline mène une vie saine et pourtant, elle se sent épuisée. Seulement voilà : l'homme qui l'appelle ce soir, alors qu'elle ne veut que dormir, est justement celui dont elle attend un coup de fil depuis leur rencontre, le week-end dernier; et il l'invite à sortir sans tarder ! Elle se précipite sous la douche, se fait belle en un tournemain, court à l'autre bout de la ville et passe une soirée endiablée. D'où lui est donc venue cette énergie ? Qui prétendra qu'elle repose uniquement sur les calories que le corps de Caroline avait prudemment stockées ? Celles-ci sont indispensables : rien de plus concret. Mais Caroline ne se réduit pas à une machine brûlant glucides, lipides et protides comme un moteur consomme de l'essence. Chez elle comme en nous tous, l'assimilation, la transformation et la libération de l'énergie sont soumises à d'autres régulations, notamment psychologiques. Parle-t-on dès lors de la même chose ? Et quelle est cette mystérieuse énergie psychique qui a soudain tout mobilisé ?
L'amour, bien sûr, ou plus exactement le désir, répondent les psychologues, et l'exemple de Caroline semble donner raison à la vision freudienne, pour laquelle ce désir est avant tout sexuel. Mais qu'en est-il de l'impatient qui, à moitié endormi par le voyage, se réveille pour courir le premier vers la file de taxis à la sortie du train, poussé par l'aversion que la perspective d'attendre lui procure ? Le docteur Eric Albert, psychiatre et directeur de l'Institut français du coaching, ne conteste pas l'importance de la sexualité, mais il ajoute : "Le désir sexuel ne reflète pas le vaste arc-en-ciel des émotions que nous vivons au quotidien, qui vont de la culpabilité à l'envie en passant par l'anxiété, l'impatience, la surprise, la colère ou la joie. Selon l'approche cognitiviste, ces émotions sont bien plus essentielles, car elles déterminent nos comportements et nos attitudes. Pour moi, les deux visions se complètent : Freud donne à l'énergie une source presque physiologique; cognitiviste, je lui ajoute une source émotionnelle plus proche du vécu." 
L'ajout n'est pas sans raison, car si l'on ne sait pas mesurer la consommation d'une émotion spécifique, on sait aujourd'hui, mieux que du temps de Freud, à quel point et comment l'émotionnel agit sur notre corps. "Physiologiquement, explique le docteur Albert, les émotions produisent et diffusent dans le sang, via le système thyroïdien, l'hypophyse, les glandes surrénales et les gonades, un certain nombre de neurotransmetteurs et d'hormones qui interviennent, soit directement sur un organe, soit sur l'ensemble du métabolisme." Ainsi, Caroline comme notre voyageur pressé ont mobilisé instantanément leurs forces grâce à une sécrétion inconsciente d'adrénaline, qui accélère le cœur et augmente le tonus musculaire. Et tandis qu'elle a eu recours à beaucoup de dopamine pour jouir de sa soirée, le voyageur en éprouvera la version discrète, un soulagement passager, s'il trouve son taxi. Sinon, son impatience pourrait se transformer en anxiété : une baisse de sérotonine le rendrait alors incapable de transformer en un plan d'action efficace l'énergie que l'adrénaline vient de mobiliser en lui, et nous le verrions tourner en rond dans la file, fin prêt pour une petite colère ou une phase dépressive, émotions très complexes engageant plusieurs ingrédients. Car l'énergie non consommée se retourne contre soi.
Etre en forme dépendrait-il donc à ce point de notre état psychique ? Presque, n'est pas loin de penser le docteur Jacques Fricker (1), pourtant spécialiste de la nutrition, lorsqu'il fait remarquer : "Dans notre mode de vie, 30% seulement des 2500 calories utilisées dans une journée sont liées à une activité physique. Le reste, dont 20% pour le cerveau, sert au métabolisme de base qui nous maintient en vie." Si l'on compare avec les 8000 calories dépensées par un cycliste du Tour de France, nul doute qu'entre pensées et émotions, la vie psychique tienne une plus grande place dans la consommation en énergie pour nombre d'entre nous ! L'anorexie et la boulimie le prouvent avec évidence, tout comme la dépression (on mange et dort beaucoup mais on est sans ressort) : l'action de notre psychisme sur l'assimilation de l'énergie est énorme. Interaction, plutôt, comme le montre le Dr Fricker : "Pourquoi ressentons-nous l'effet énergétique des sucres lents bien avant qu'ils ne soient assimilés ? Parce que notre organisme anticipe, grâce à la réserve qu'il garde toujours pour le cerveau. A partir du moment où celui-ci apprend par la perception ou la pensée que les calories vont arriver, cette réserve est libérée." Autre exemple de cette interaction : certains mangent mal parce qu'ils vont mal, mais nombreux sont aussi les cas inverses - on va mal parce qu'on ne mange pas bien. 
Brillant endocrinologue devenu l'apôtre de la médecine psychosomatique aux Etats-Unis, le médecin indien Deepak Chopra n'hésite pas à tirer toutes les conséquences de ces interactions. Dans le premier de ses best-sellers mondiaux (2), il décrit les règles permettant de vaincre la fatigue ou de dominer le stress : après avoir "défini sa personnalité" (grâce à l'ayurvéda, médecine indienne cinq fois millénaire), il faut "contrôler son énergie par une gymnastique", "aménager son lieu de vie", "profiter des bienfaits des aliments les plus énergétiques", mais aussi "apprendre à capter les flux d'énergie circulant dans la nature". Ailleurs (3), il nous propose d'ouvrir notre conscience à la véritable texture de l'univers, faite de pure énergie condensée ici et là en matière. De tels discours ne vont pas sans irriter certains, qui s'interrogent sur ces mystérieux "flux d'énergie circulant dans la nature"!
Heureusement, Deepak Chopra n'est pas le seul à nous avoir ouvert l'esprit, ces dernières décennies, sur cette conception orientale de l'énergie. Yoga, arts martiaux ou films de Kung-fu aidant, qui n'a entendu parler du Prana indien, du Ki japonais ou du Qi chinois (prononcé tchi) ? "L'énergie est, au niveau le plus général, l'énergie cosmique qui emplit tout l'univers, écrit Pierre Crépon, directeur de la revue Energie-santé, dans son Dictionnaire Pratique de l'Acupuncture et du Shiatsu (3). Elle est en quelque sorte la vibration élémentaire, le fondement de toute vie phénoménale, et ne peut être saisie que dans ses manifestations extérieures". "Dans le corps humain, cette énergie intégrale procède de cinq sources, précise le docteur Nadia Volf, acupunctrice parisienne d'origine russe (4) : la constitution (appelée énergie ancestrale), les aliments, l'oxygène de l'air, les hormones et l'environnement naturel. Elle est distribuée dans l'organisme à travers les fameux méridiens de l'acupuncture qui se répartissent les différentes fonctions (digestive, respiratoire, hormonale)."
Faute de pouvoir mesurer cette énergie autrement que par ses effets, la science occidentale peine à l'intégrer dans sa pensée. Mais elle y vient par ses voies propres, comme dans ces laboratoires de biologie fondamentale où l'on observe, au niveau de la membrane cellulaire, des phénomènes d'entrée et de sortie d'éléments chimiques, modulables par électromagnétisme. "On comprend encore mal comment, raconte Jean-Pierre Lentin, journaliste scientifique auteur d'un livre sur le sujet (5), mais les cellules communiquent entre elles par toutes sortes d'ondes : radio, ultraviolet, infrarouge. Dans cette énergie, l'information (fréquence, modulation) est plus importante que la puissance. C'est sur elle qu'agit la médecine électromagnétique, domaine d'excellence de la science russe, avec des apports d'énergie extérieure presque nuls. Une voie s'ouvre pour expliquer l'acupuncture : certaines protéines agiraient comme des semi-conducteurs. Traversées de courants très faibles, elles dessineraient en quelque sorte les méridiens. Une autre théorie se penche sur les microtubules à l'intérieur des cellules." 
Mais on en revient toujours là : à mesure que nous la cernons, cette énergie nous échappe, comme le veut notre difficulté à comprendre la théorie d'Einstein ou la physique quantique. On pense à la force originelle accompagnant le Big-Bang. Ou à l'élan vital des philosophes, déconsidéré parce que certains le prétendaient capable d'engendrer la vie. "En fait, le Qi n'est pas concret, comme une énergie solaire qu'il s'agirait de capter, conclut le docteur Liu Dong, autrefois médecin des présidents chinois et aujourd'hui professeur aux Etats-Unis et maître de Qi Gong en France (6). Le but d'une pratique énergétique n'est pas d'apporter un carburant, mais de communiquer avec le cosmos pour produire de la joie." Pensée orientale, ou universelle ? N'est-ce pas quand nous sommes joyeux que nous avons le plus d'énergie ?

A LIRE :
1 Etre mince, en bonne santé et bien dans sa peau, Dr Jacques Fricker, éd. Odile Jacob
2 Cette énergie qui est en vous, Dr Deepak Chopra, éd. 
3 Quantum ??, 
4 Vos mains sont vos premiers médecins (1994, 2003), Soyez invulnérable (1999), Dr Nadia Volf, éd. Robert Laffont
5 Jean-Pierre Lentin
6 Qi Gong, Dr Liu Dong, éd. Grancher, 1998

Multiples formes
Quatre forces (gravitationnelle, électromagnétique, électro forte et électro faible) assurent la cohésion de la matière.
L'énergie disponible sur Terre provient essentiellement du Soleil, et nous ne recevons que 30 % de l'énergie électromagnétique qu'il nous envoie (le reste est réfléchi par la haute atmosphère et la surface). Les végétaux en absorbe 3% qu'ils transforment en énergie biochimique (chaîne alimentaire et réserves en énergies fossiles). 
E = MC² : formule établissant l'équivalence entre matière et énergie.
Libido : selon Freud, énergie vitale émanant de la sexualité. Répondant au principe de plaisir, le désir (libido en latin) crée une tension psychique accumulée dans le Ça. Wilhem Reich, son sulfureux disciple, en fit "l'orgone", énergie de nature tout aussi sexuelle, mais cosmique.
Kundalini : mot sanscrit désignant un serpent femelle enroulé sur lui-même. Puissance lovée à la base du tronc, elle peut être déployée de chakra en chakra ("nœud") jusqu'en haut du crâne.

Article d'En.marge publié dans Psychologies

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