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temps des malheurs (XIVe-XVe siècles) | |||||||
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À
partir du règne de Philippe IV le Bel, certains éléments de la
prospérité disparurent. La mise en valeur de nouvelles terres n’était
plus possible sans mettre en œuvre des efforts trop importants. Les
rendements diminuèrent et l’agriculture commença à ne plus subvenir
à un trop grand nombre d’habitants. Avec cette régression de l’économie
rurale, les surplus des paysans se réduisirent, et les achats à la ville
suivirent la même orientation, conduisant à des crises dans les sociétés
urbaines, à des conflits entre petit peuple et bourgeois. Enfin, les
revenus tirés de la terre, des fiefs, des douanes et péages commencèrent
à baisser. Nobles et souverains tentèrent de conserver leurs avantages
à tout prix. Cette évolution négative dura près de deux siècles,
aggravée par certains accidents, par certaines guerres, résultats des
tensions nées de la fin de la croissance. La
guerre de Cent Ans À
partir de la défaite de Bouvines (1214), l’autorité du roi d’Angleterre
fut contestée par sa propre noblesse et le pouvoir royal se trouva peu à
peu limité par les grands féodaux. En 1215, l’aristocratie imposa à
Jean sans Terre (1199-1216) ce que l’on a appelé la Grande Charte
(promesse du roi de ne plus procéder à des arrestations sans motif, de
ne plus lever d’impôt sans le Commun
Conseil du royaume...). Ce document est considéré comme la base
du constitutionnalisme anglais. En 1295, le roi Édouard Ier
(1272-1307) dut accepter la création d’un Parlement où les représentants
de la nation (chevaliers, prélats, bourgeois) l’assisteraient et
autoriseraient les levées d’impôts. Enfin,
selon le droit féodal, le roi anglais demeurait vassal du roi de France
pour ses possessions de Guyenne. Il devait ainsi prêter l’hommage à
genou devant son suzerain français. En France, les trois fils de Philippe IV
le Bel régnèrent peu de temps, mais surtout ils n’eurent pas d’héritiers
mâles : c’était la fin de la lignée des Capétiens directs. La
couronne passa au neveu de Philippe IV le Bel, Philippe VI de Valois
(1328-1350), qui fut le premier roi de la branche des Capétiens-Valois.
De fait, les femmes étaient exclues de la Couronne. Les origines de la guerre Dès
avant ces problèmes successoraux, le conflit franco-anglais s’était
rallumé. En 1324, Charles IV de France (1322-1328) avait confisqué le
duché de Guyenne et en 1329, le pouvoir de Philippe VI de Valois était
remise en cause par certains nobles et dans certains fiefs comme en
Flandres. Le moment paraissait opportun pour Édouard III d’Angleterre
de contester la légitimité des Valois et de revendiquer le trône de
France. Pour une fois, le Parlement anglais appuya les revendications de
son souverain et vota les subsides de la guerre. En 1337, les premiers
combats d’une dispute, qualifiée de guerre de Cent Ans, commençaient
par des échecs français. Le déroulement de la guerre de Cent Ans La
bataille de Crécy en 1346, puis celle de Poitiers dix ans plus tard
furent des désastres pour la noblesse française et pour le roi Jean II
le Bon (1350-1364), prisonnier des Anglais. Un court redressement eut lieu
sous Charles V (1364-1380) auquel le nom du Breton Du Guesclin fut associé,
puis le royaume plongea de nouveau dans le désordre à cause de la
malencontreuse folie de Charles VI (1385-1422). En fait, ces difficultés
politiques étaient étroitement liées aux troubles économiques. Face à
la chute de leurs revenus, les nobles, les paysans, les villes
contestaient le pouvoir (révoltes des Jacques en 1352, des Tuchins en
Languedoc en 1378, des Maillotins à Paris en 1382, des Lollards en
Angleterre en 1381, etc.). Le souverain anglais profitait de ses
victoires, qui culminèrent en 1415 avec la bataille d’Azincourt, et de
la division des Français entre Armagnacs (procapétiens) et Bourguignons
(proanglais). Cependant,
une réaction française, personnifiée par la figure emblématique de Jeanne
d’Arc,
coïncida avec une série de contretemps pour les Anglais et avec le
retournement des ducs de Bourgogne. Jeanne redonna confiance à Charles
VII par ses premières victoires. Sa condamnation au bûcher en 1431 à
Rouen ne brisa pas le redressement dynastique puisque la bataille de
Formigny en 1450, puis celle de Castillon en 1453, chassèrent définitivement
les Anglais de Guyenne et de Normandie, qui ne conservèrent que la place
de Calais (1449). La
peste noire (XIVe
siècle) Pendant
le premier tiers du XIVe
siècle
apparut en Chine une épidémie de peste bubonique qui, après avoir ravagé
l’Asie centrale, arriva en Europe par le truchement de commerçants génois
qui l’avaient contractée en Crimée. Elle s’étendit aussi à
l’Afrique. En quelques années, l’épidémie de peste, appelée peste
noire ou Grande Peste, anéantit environ un tiers de la population européenne.
Cette crise démographique est essentielle pour comprendre les réactions
des acteurs de la guerre de Cent Ans, qu’il s’agisse des Français,
des Anglais, ou des différentes couches sociales. En effet, la noblesse
voyait ses revenus baisser avec la diminution du nombre de ses paysans.
Les villes se contractaient car les surplus du monde rural se réduisaient
et les ressources financières du pouvoir royal s’amenuisaient à mesure
de la disparition de la population. En Angleterre, on parla même de
villages-déserts à la suite de cette épidémie. En plus de cette crise
démographique, on enregistra durant ces siècles des catastrophes météorologiques
non négligeables, avec un refroidissement du climat et par conséquent
des étés pourris (pluvieux) et des hivers rigoureux. Ces
différents aspects expliquent la violence de la guerre, et celle des
acteurs de la société, noblesse, paysannerie et bourgeoisie urbaine. Par
ailleurs, avec la place accrue de la mort, de nouvelles pratiques
culturelles, sociales et religieuses apparurent. Les fonctions de parrain
et de marraine, consacrées par l’Église, se répandirent pour
remplacer les parents disparus lors des épidémies de peste. Les messes
pour les défunts (requiem) se multiplièrent. Dans le domaine pictural,
le thème de la danse macabre, de la mort armée d’une faux se répandit. L’Église
au bas Moyen Âge Si
l’Église sortit triomphante de son affrontement avec l’empire aux XIe
et XIIe
siècles, elle ne réussit pas à s’imposer aux différents souverains.
À l’image de Boniface VIII, qui voulait que le pape dirige les rois et
l’empereur (la théocratie), les pontifes de Rome se heurtèrent aux
différents princes, d’autant qu’au moment de la peste, un mouvement
de piété populaire envahit l’Europe. Entre 1309 et 1376, les papes
abandonnèrent Rome à cause des risques de soulèvement de la population.
Ils se fixèrent en Avignon où ils multiplièrent les demandes financières
aux évêques, abbés et autres ecclésiastiques. Ils firent élever le
magnifique palais des Papes en Avignon et s’entourèrent d’une cour
fastueuse. En
1378, le pape Grégoire XI retourna à Rome où il mourut. Cependant la
division des cardinaux aboutit à l’élection de deux papes rivaux
rapidement soutenus, l’un par le roi de France, l’autre par
l’Angleterre. La chrétienté fut alors divisée entre Avignon et Rome.
Par le concile de Pise, on essaya de déposer les deux papes, et d’en élire
un qui fît l’objet d’un accord dans l’Église, mais les deux
premiers refusèrent de se démettre et la chrétienté se retrouva avec
trois papes ! Il fallut attendre 1417 pour que le concile de Constance déposât
les trois papes. Cette division de la chrétienté est appelée le Grand
Schisme et dura 40 ans. Ce ne fut pas tant la division ou les
querelles qui scandalisèrent les chrétiens, mais plutôt
l’impossibilité en temps de crise de préparer son salut et son entrée
au paradis, alors que la mort rôdait et que la peste faisait des ravages. Asie
centrale, Chine et Inde Au
Moyen Âge, l’Asie abrita deux peuples nomades : les Turcs et les
Mongols. Les premiers avaient détruit le califat de Bagdad en 960. Au XIe
siècle, ils s’étaient opposés aux croisés en Terre sainte. Ces Turcs
appartenaient à la branche dite Seldjoukide, mais ce fut finalement celle
des Ottomans, fondée par Osman (1281-1326), qui l’emporta. S’étant
emparés du pouvoir, ces Ottomans commencèrent en 1308 l’œuvre de
conquête de l’Empire byzantin, et, après différents épisodes, ils
occupèrent Constantinople en 1453. Ils firent de la prestigieuse capitale
de l’Empire romain d’Orient leur propre capitale (Istanbul en turc).
Elle fut le centre d’un immense empire embrassant la quasi-totalité du
monde islamique, dominant les Arabes musulmans d’Arabie ou d’Égypte,
les Berbères du Maroc ou les Européens de Grèce et d’Albanie. L’Empire
ottoman devint la grande puissance de Méditerranée. L’empire de Gengis Khan Quant
aux Mongols, l’Empire chinois les avait employés en certaines occasions
comme mercenaires, jusqu’à ce qu’un grand chef nommé Temudjin
(1167-1227) unifie les tribus au milieu du XIIIe
siècle, et se lance avec elles à la conquête du continent eurasiatique.
Cet homme, connu sous le nom de Gengis Khan (le très haut souverain),
s’empara successivement du nord de la Chine, de l’Iran et du sud de la
Russie. Sa souveraineté s’exerça sur des superficies extraordinaires,
et atteignit une taille démesurée. À la mort de Gengis Khan (1227), son
empire se fragmenta et, après une brève unification sous la direction de
son petit-fils, Kubilay (1269-1295), établi à Pékin et adoptant la
culture chinoise, un nouvel éclatement se produisit. Timour Lenk (Timour
le Boiteux) dit Tamerlan (1336-1405), prince de Samarkand, reconstruisit
un empire dans la partie occidentale de l’espace conquis par Gengis
Khan. Il vainquit les Turcs, mais une nouvelle désagrégation suivit sa
mort. Ce fut le dernier empire des steppes. Les différents flux et reflux
mongols eurent un effet durable en Europe orientale ; ainsi la Russie ne
se libéra du joug mongol (Horde d’Or) qu’au début du XVIe
siècle. La Chine et l’Inde En
Chine, la division du territoire pendant la période dite des “ royaumes combattants ”
(403-221) fut suivie d’une unification imposée par l’éphémère
dynastie Qin (221 ap. J.C), à laquelle succédèrent plusieurs dynasties
à la durée non moins brève. De vastes terres jusqu’alors dépeuplées
furent colonisées, et le sud du pays acquit un poids croissant et un
pouvoir plus important. La dynastie Tang (618-907) restaura l’unité et
établit un gouvernement centralisé. La présence musulmane en Asie
centrale obligea la Chine à diriger son expansion et son commerce vers le
Pacifique. La dynastie Song, intronisée à la fin du Xe
siècle,
accentua le pouvoir de la bureaucratie et la centralisation, et elle
favorisa le développement du commerce. En conséquence de l’irruption
mongole, les Song virent le rayonnement de leur pouvoir réduit au sud. L’Inde
ne put se soustraire aux effets des grandes invasions du haut Moyen Âge
et, des événements qui marquèrent ces siècles, se détache l’empire
gupta (iv-vie
siècles)où le pays connaît une époque de renouveau culturel. La présence
musulmane dans la vallée de l’Indus culmina au XIIe
siècle et s’appuyait sur un empire solide qui eut pour centre, Delhi. |
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