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Première bonne nouvelle : du bien être à l'extase, il y a tout ce qu'il faut, en nous, pour s'aérer la tête. Les fameuses endorphines, bien sûr, qui provoquent l'euphorie du sportif mais aussi l'orgasme, l'effet placebo, l'extase mystique ou l'auto-anesthésie lors de graves accidents. On connaît encore mal ces neurotransmetteurs proches de la morphine, découverts en 1976 et dont la liste s'allonge (enképhalines, dynorphines...). Leurs neurones cibles s'étendant dans tout le système nerveux et interagissant avec des neurones sensibles aux hormones du stress (dopamine et adrénaline), leurs effets analgésiques, euphorisants et addictifs s'appliquent à toutes les composantes de notre être.
Deuxième bonne nouvelle : nous avons le choix du point de départ, physique ou mental, les endorphines s'en moquent. Ainsi l'humour - processus mental complexe et subjectif - fait rire et déclenche dans le corps une multitude de bienfaits mesurables. Et à l'inverse, l'exercice physique comme seule thérapie a prouvé son efficacité contre la dépression et d'autres troubles de l'humeur. L'extase de la future sainte Thérèse, fruit de la prière, atteint en intensité l'ivresse des sommets ressentie par les vainqueurs de l'Annapurna, qui en oublient leurs pieds gelés. Conclusion : pour voyager intérieurement, on n'est pas obligé d'en baver !
Troisième bonne nouvelle : l'univers lui-même conspire à nous aider. Le soleil nous permet de synthétiser la vitamine D, une semi-hormone qui, en réduisant l'effet de la mélatonine, l'hormone du sommeil, nous donne la pêche au printemps. La nature tout entière s'invite au voyage, offrant à l'âme et au corps des états de grâce que le poète Virgile, las de Rome, chantait déjà il y a 2000 ans. Il suffit de quelques plantes : des études montrent aujourd'hui que les prisonniers dont la cellule donne sur des arbres sont moins souvent malades ou dépressifs que ceux qui ne voient que la cour, et que ces bienfaits valent aussi pour les hôpitaux, les écoles et les lieux de travail. 
RIRE
Témoin : Julien Peschot, comédien
Au début, même si l'on ne doit pas se forcer, j'étais un peu coincé. Mais plus on rit, plus le rire vient facilement. On fait des exercices de yoga du rire, des jeux, des mimes, ça va du jeu de colo de vacances à la sophrologie ludique. Aussi incroyable que cela paraisse, ça marche : comment rester sérieux au milieu d'un groupe bienveillant et drôle ? Résultat, je parviens mieux à dédramatiser les petits conflits de la vie, à faire le tri entre bon stress et mauvais stress, j'arrive même à savoir dire non en souriant. 
Expert : Corinne Cosseron, fondatrice de l'Ecole du Rire 
Le rire procure les mêmes endorphines que la course et ajoute comme bénéfice le mouvement imprimé au diaphragme - qui descend en augmentant la capacité pulmonaire et vibre en brassant les intestins. De quelqu'un qui ne rit jamais, on dit qu'il est " constipé " ! Des cardiologues américains ont montré que 15 minutes de rire par jour étaient efficaces contre les maladies cardio-vasculaires - cela dilate les vaisseaux. Enfin, rire irrigue le visage, le rendant plus brillant et donnant l'air plus malin !
COURIR
Témoin
YVES LERAY, monteur vidéo
Quand tout va bien, après une vingtaine de minutes de course, j'atteins un palier. Respiration et muscles se débrouillent tout seuls, la foulée devient plus horizontale, planante, évitant les traumatismes dus aux chocs verticaux. J'entre dans un état euphorique qui me permet, tout en restant sensible à ce que je croise (détails du terrain, animaux, personnes), d'envisager plus calmement les problèmes quotidiens, avec ce bien être présent comme critère. C'est ainsi, par exemple, que j'ai décidé pour mon plus grand bien de changer de métier.
Expert
SERGE COTTEREAU, coach sportif, auteur de Bien-être et jogging (Le Tiers Livre, 1006)
Face à un tel enthousiasme, j'ai envie de relativiser. Il faut savoir que pour le débutant, l'effet endorphine est moindre. Du coup, beaucoup se persuadent qu'il faut forcer. Résultats : essoufflement, douleurs, crampes ou même blessures, souvent aux genoux. La première règle est donc de ne jamais forcer. Il faut du temps pour obtenir l'euphorie. Démarrez en marchant, faites des pauses, courez avec des gens de même niveau et sans faire la course. Seconde règle : des chaussures adaptées à vos pieds !
CONTEMPLER 
Témoin
MARTINE BOSSI, cadre dans une entreprise de communication
Depuis que je vis avec un amoureux de la montagne, pas un été sans une nuit à la belle étoile. Ce décor me ramène aux premiers hommes. Eux aussi regardaient le ciel en se posant des questions : qui sommes-nous ? sommes-nous seuls dans l'univers ? Les questions demeurent mais en contemplant le ciel, l'angoisse s'apaise. Je ressens une sorte de jubilation tranquille, avec le sentiment de faire partie de cette magnifique création. Un peu comme l'exercice de méditation où l'on contemple une bougie, mais en cent fois plus fort.
Expert
JACQUES ARNOULD, chercheur au Centre National d'Etudes Spatiales, dominicain, auteur de La marche à l'étoile (Albin Michel, 2006)
Contempler, c'est ouvrir les portes de l'imagination. Voilà pourquoi le ciel s'y prête si bien. Miroir immense sur lequel nous pouvons tout projeter - espoirs ou peurs, bonheurs ou malheurs - il est aussi un objet de fascination : attirant car il offre l'expérience d'une perte de soi-même dans l'infini, et repoussant car porteur d'éventuels dangers. Devant une éclipse, certains s'émerveillent, d'autres se cachent ! S'ouvre alors, comme pour tout objet contemplé, la question de l'auteur et de ses intentions.
S'IMMERGER DANS LA NATURE
Témoin
FERNAND DERROUSSEN, spécialiste de l'enregistrement sonore des animaux * 
Je ne vais pas vers la nature pour rêver. Mon but me sépare du chasseur, mais l'état est le même : tous les sens en éveil, je cesse d'entendre et je me mets à écouter vraiment. De voir, je passe à regarder. J'entre alors dans un autre univers, plus fondamental, où le présent devient l'essentiel. Oubliés, mes soucis et ceux que la télé m'impose ! Je suis heureux et c'est tout. Je me réapproprie le temps : immense calendrier, toujours changeante, la nature m'enseigne que le bonheur est dans l'instant présent.
Expert
Théodore Roszak, professeur d'histoire et directeur de l'institut d'écopsychologie à l'université de Californie, écrivain
Nous avons besoin d'une nouvelle discipline - je l'appelle " écopsychologie " - qui considère les besoins de la planète et ceux de la personne humaine comme un tout, et contribue à nous reconnecter aux vérités venant de notre communion avec le reste de la création. Nombreux sont ceux qui vivent la crise environnementale comme un appel à leurs valeurs les plus profondes. Pour la résoudre, nous devons en connaître les ressorts psychologiques. Renouer notre lien avec la nature est le meilleur moyen.
A LIRE :
Rire chaque jour, de Bernard Raquin. Chaque jour un événement, un détail, une pensée, une émotion ou un comportement peut déclencher le rire. Des conseils et exercices simples, amusants et concrets pour retrouver le rire naturel, proposés par un spécialiste du développement personnel (Véga, 2005). 

Références
Endorphines et effet placebo
Dr Levine, université de Californie, Journal of Neurosciences, août 2005
Exercice, dépression et troubles de l'humeur
Artal, M. "Exercise Against Depression," Physician and Sports medicine: 56 (1998).
"Exercise Can Go to Your Head," Consumer Reports on Health: 104-105 (1995).
Griest J.H., Klein M.H., Eischens R.R., et al. Running as Treatment for Depression. Comprehensive Psychiatry: 41-54 (1979).
Martinsen E.W., Hoffart A., Solberg O. Comparing Aerobic with Anaerobic Forms of Exercise in the Treatment of Clinical Depression. Comprehensive Psychiatry: 324-331 (1989). 
Les endorphines agissent sur les intestins
Abadia R, Boschat M, Opolon P. Endorphines et tube digestif. Ann Med Interne (Paris). 1983;134(8):742-753.
Cf. Michael Gershon, "The second Brain", paru en décembre 1999.
Bienfaits de la nature sur prisonniers
Moore, E.O. 1982. A prison environment's effect on health care service demands. Journal of Environmental Systems 11(1):17-34.
... idem hôpitaux
Ulrich, R.S. (1984). View through a window may influence recovery from
surgery. Science, 224,420-421.
... idem école 
Moore, R.C. (1989). Plants as play props. Children's Environments Quarterly, 6, (1),3-6.
... idem travail
Kaplan, R. (1993). The role of nature in the context of the workplace.
Landscape & Urban Planning, 26, 193-201.

"La Nature fait de son mieux, à chaque moment, pour que nous allions bien. Allons, nature n'est qu'un autre nom pour santé !" Henry David Thoreau

                                                                                     Un article pour Psychologies Magazine

 

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