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Décroissance et nouvel an       * Post Scriptum
La notion de projet humain constitue la pierre d'achoppement de ce billet, et notre amie Uranie, qu'elle soit bénie pour avoir initié cet espace, n'a pas manqué de me le signifier en me suggérant cette idée de conséquence et de but. C'est le problème quand on commence par : "pour dire les choses rapidement" ! 
Incapable de développer comme il le faudrait, je ne peux proposer que des pistes.
La première fait appel à l'idée que la pulsion de vie, qui pousse tout être à vivre pleinement et à se reproduire, est devenue chez l'humain, grâce à la mémoire et à la fonction imaginative, une capacité à se représenter un avenir meilleur et des moyens d'y arriver.
Ce projet peut être qualifié de "moderne et occidental", dans la mesure où il fut formalisé par les philosophes des Lumières au 18è siècle, donnant naissance au clivage entre rousseauistes et voltairiens. De nombreux penseurs de l'écologie (Ellul, Illitch, Bateson, etc.) ont dénoncé l'engrenage techniciste et déshumanisant auquel conduit la vision d'une humanité vouée à la seule course aux progrès que lui imposent ses découvertes. Si le philosophe allemand contemporain Jurgen Habermas en a démonté tous les rouages, si son compère Hans Jonas a clairement exprimé le " principe de responsabilité " qui devrait accompagner notre pouvoir de transformer et détruire le monde ; il faut aussi prendre en compte les réflexions de leur homologue Peter Sloterdijk, plus jeune et ouvert à la pensée orientale, qui montre admirablement combien cette vision de l'homme est ancrée en nous, en dépit de la "mobilisation infinie" à laquelle elle pousse, face à laquelle il conviendrait d'inventer un "eurotaoïsme". En bref : nous ne rêvons pas tous de devenir riche ou célèbre, mais chacun souhaitant plus volontiers la réussite que l'échec, nous sommes collectivement lancés dans une immense et sans fin course en avant.
Il est de coutume d'opposer à ce projet une pensée orientale qui aurait choisi l'adaptation aux conditions plutôt que leur transformation, préféré l'être à l'avoir, cultivé le lâcher-prise plutôt que la volonté, le wu-wei plutôt que le désir. C'est oublier les conseils de la sagesse gréco-romaine, le débat entre contemplatifs et actifs qui aboutit à la Renaissance, et de l'autre côté, les matérialistes indiens. Bref, la décroissance telle qu'on nous la propose aujourd'hui tient d'un double modèle : Bouddha pour l'individuel et les Aborigènes d'Australie pour le collectif.
Par son irréalisme, et même en faisant fi de l'adhésion au progrès technique dont l'humanité entière fait preuve aujourd'hui, ce modèle a quelque chose de décevant. au prix de multiples contradictions, il nous joue à fond la carte de l'Orient en oubliant le positif apporté par l'Occident. Ne vaudrait-il pas mieux chercher la synthèse, une nouvelle justice et un nouvel élan ?
Une civilisation est en germe, qui réconciliera l'humain et la nature ou les séparera à jamais. Pour promouvoir la réconciliation, contemplation, méditation, réflexion, responsabilité, qualité de vie, progrès constructif et répartition équitable des ressources me semblent des mots d'ordre plus porteurs d'avenir qu'une décroissance dont il faut aussitôt préciser les limites, touchant à l'évidence pour ceux qui ont le nécessaire et à l'inconcevable pour tous ceux qui n'ont rien. Il faut marier l'Occident et l'Orient, dans une renaissance que nous laisserons à l'avenir le soin de nommer ? C'est la fusion en chacun du héros et du sage qu'il faut appeler de nos vœux !

Oui, Uranie, je suis d'accord avec les casseurs de pub, et avec de nombreux propos des défenseurs d'une décroissance que je pratique assidûment (quoique pas toujours volontairement) depuis longtemps. Je suis aussi d'accord pour dire que j'ai trop peu abordé l'emballement du capitalisme qui accompagne tout ça... 

CITATIONS
" ....Ce que l'Occident a découvert (et non par une étude socio-historique, mais dans une proclamation!) c'est justement le sens de tout cela, ce qu'il a fait, c'est d'exprimer ce que l'homme cherchait. Tout homme. L'Occident a rendu conscient et volontaire le projet de l'homme. Il a fixé un objectif et l'a nommé, liberté - plus tard, individu. 
Il a orienté les forces obscures. Il a désigné la valeur à partir de laquelle l'histoire avait un sens, et l'homme devenait homme. Il a tenté d'appliquer méthodiquement, consciemment tout ce que l'on pouvait tirer de la liberté. Les Juifs les premiers ont fait de la liberté la clef de l'histoire et de la création. Leur Dieu est dès l'origine caractérisé comme le libérateur. Ses grandes oeuvres sont dictées par la volonté de rendre son peuple libre, et au travers de lui tous les hommes. " Jacques Ellul, Trahison de l'Occident, Calmann Lévy, 1975, p.30/31. 

Jurgen Habemas : " L'écrit de Kant sur La paix perpétuelle et son idée d'une "condition cosmopolite" retiennent aujourd'hui à nouveau l'attention, car les États souverains ont perdu depuis longtemps cette sorte d'"innocence" que leur attribue le droit des peuples. Les crimes les plus monstrueux commis au XXe siècle l'ont été par des gouvernements et par leurs fonctionnaires. Chaque gouvernement qui porte atteinte aux droits de l'homme se trouve de ce fait même en état de guerre avec sa propre population. C'est pourquoi les États qui se sont réunis en une organisation mondiale doivent parvenir à un accord sur la façon dont ils veulent comprendre ce qu'ils ont déclaré en commun être les droits de l'homme. "
Le monde des livres, 10.1.97

"Aujourd'hui, l'être le plus faible de la nature, l'homme, l'avalanche qui pense, n'est plus mis en danger par la seule tempête de la vie, il met lui-même en mouvement les masses qui peuvent l'ensevelir." 
Peter Sloterdijk, La mobilisation infinie, Bourgois, 2000

CONFIANCE ET COMPLEXITE
Jean-Louis LE MOIGNE, Professeur émérite à l'Université d'Aix-Marseille III.
"Nous vivons de l'oppression de ces épistémologies de la disjonction, du bien penser qui consiste d'abord à découper et à séparer, qui consiste d'abord à exclure le tiers et à éliminer ce qu'il y a entre le vrai et le faux. Ce mode de pensée va renvoyer la confiance dans le champ de l'irrationnel. On vous dira là : Très bien, vous pouvez y aller, c'est l'affaire des ecclésiastiques et des bonnes âmes, ce n'est plus dans l'ordre du rationnel. C'est dans l'ordre du spirituel, de l'irrationnel de l'affectif. Mais nous, on n'est plus concerné par ça".
Ce n'est pas moi qui ai dit cela. Je souligne seulement le fait que nous avons cette image qui s'est plus ou moins imposée à nous. Je pense que, s'il est vraiment important que le spirituel nous relance et nous ré interpelle, ça ne sera pas seulement dans le champ de l'affectif et du spirituel ou de l'irrationnel, mais aussi dans le champ du rationnel. 
La confiance et l'Invention:
"Rien n'est donné. Tout est construit" Ce n'est pas parce que Descartes ou Auguste Comte et quelques autres l'ont écrit, ni parce que Frege et Russell ont fabriqué une logique des prédicats qui est très belle, qu'on est pour autant contraint. Après tout, dans notre histoire, de Vinci à Vico, il est bien d'autres façons de raisonner. Mais qui parmi nous lit Jean-Baptiste Vico qui écrivait en 1708 un "discours de la méthode des études de notre temps" qui était
destiné à contrer le discours de la méthode de René Descartes, explicitement: "Ce cher René se trompe".
C'est Vico qui parle, que nous avons réussi à occulter à plusieurs reprises. Chaque fois on essaye de le ré exhumer. Relisons Vico, ça nous fera du bien; P. Valery plus proche de nous, mais nous commençons à le lire. G. Bachelard, J. Piaget, H. A. Simon, E. Morin. Je vous cite un peu les auteurs qui nous aident beaucoup aujourd'hui et qui tous nous ramènent à la même idée; mais puisque nous pouvons, pour reprendre le mot de Vinci "fonctionner dans ce deuxième univers naturel. celui de l'esprit, celui de la représentation, celui du 'disegno' où
nous pouvons inventer à l'infinI, sans aucune limitation, pour conjoindre, pour imaginer. Nous pouvons imaginer par exemple cette solution qu'aucune logique n'aurait jamais permis d'inventer et qui me servira de métaphore finale, la façon dont à son honneur, je crois, le gouvernement de la République Française a, non pas résolu, mais a reposé dans des termes différents la situation dramatique de la Nouvelle Calédonie en 1988. Car enfin, essayez de voir sur un problème de maintien de l'ordre la rationalité qui vous conduit à mettre un francmaçon, un pasteur et un évêque dans un avion pour résoudre le problème. Vous pourrez le prendre par tous les bouts : je vous mets au défi de me démontrer le syllogisme qui vous conduira de l'énoncé A à l'énoncé B. Et pourtant ça marche. Et qu'est-ce que ça veut dire que ça marche? Ca voulait probablement dire que l'on avait postulé quelque chose qui était dans l'ordre de la confiance. La confiance des caldoches et des canaques dans les francs-maçons,
les protestants et les curés.
Symboliser, inclure le tiers, pour nous aujourd'hui nous forcer mentalement à
raisonner correctement. à "raison garder". En conjoignant d'abord au lieu de disjoindre d'abord. C'est peut-être la condition par laquelle nous apprendrons à re finaliser la communication en nous aidant, sans naïveté aucune, à la rendre à la comprendre à l'entendre, parfois confiante."
Ce texte est publié dans les actes du colloque "Du mépris à la confiance. Quels changements de comportement pour maîtriser la complexité?"
organisé par l'Université de Technologie de Compiègne (TSH/IDTH) ; actes publiés en 1991 par l'UTC sous la direction de G. Le Cardinal et de J.F. Guyonnet.
http://www.mcxapc.org/docs/ateliers/complexite&confiance_010304.pdf

 

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