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LA BANLIEUE (parus dans Nouvelles Clés, 1998)
JP et Domi ont vécu dans une cité avant de devenir voyageurs et amis des dauphins. Un prof de ZEP jette un pavé dans la mare.

INTERVIEW JEAN PIERRE

Nouvelles Clés : Comme le veut l'expression "vous vous êtes sorti" de la cité où vous avez été élevé. Pourtant vous étiez un dur, membre d'une bande, vous avez "fait des coups". Quel bilan tirez-vous de cette période de votre vie ?

J.P.: Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur les vingt garçons de ma bande, dix sont morts entre l'âge de quinze et vingt-cinq ans. Quatre suicidés, deux morts dans une bagarre, deux ivres en voiture, un assassiné, un d'overdose, un autre victime du sida. Quatre autres sont en asile psychiatrique, un est alcoolique, un a disparu en Inde sans donner de nouvelles. Faites le total : il en reste quatre, dont deux font des affaires, un vend sur les marchés, et moi qui m'occupe de dauphins. Si cela vous paraît bizarre, posez-vous la question : on parle des jeunes de banlieue depuis vingt ans, jamais de ce qu'ils deviennent en vieillissant. Pourquoi ?

N.C.: Quel regard portez-vous sur la situation actuelle ?

J.P.: J.P.: Quand elles ont été construites, on appelait les cités des clapiers à lapins. LA---PIN ! Où est l'homme ? Dans les cités un jeune SAIT que le système ne lui réserve aucun avenir, ou bien un avenir de perdant. Il lui suffit de regarder ses aînés. Cela rend retors, rusé, violent. "Ah, se dit-il, je suis né victime ? Eh bien je ferai tout pour retourner le système, quitte à me montrer aussi immoral que lui !" Contre lui-même, en en profitant, et sur lui-même en le combattant. Cela mène à cultiver le vice. En même temps, sa rage est inconsciente, subliminale, elle tient de l'instinct de survie, et c'est plutôt bon signe, il s'agit bien d'un homme. Pourquoi rêver d'humains nés non-violents ? Si nous sommes nés pour devenir des maîtres, de nous-mêmes et de nos situations, c'est en ayant le choix face à la violence que nous le deviendrons.

Aujourd'hui la situation ne fait qu'empirer, mais tout était déjà là il y a quinze ans : le chômage, la drogue, la zone et son avenir glauque. La violence s'est banalisée. Pour l'avenir, je ne crois pas trop à un scénario bosniaque, mais il est possible, et même probable si rien ne change. Et il n'est pas exagéré. Si la situation explose vraiment, si on rate le changement qu'il faut accomplir, ce sera pire que la Bosnie. La violence sera terrible, et aveugle. parce que les jeunes n'ont rien à perdre. Ils savent vivre dans l'ombre, et on assistera à des règlements de compte entre cités, à des descentes sauvages dans les quartiers bourgeois. Evidemment, la réaction ne sera pas tendre. Il ne faut pas se faire d'illusions, en situation de crise et la misère aidant, le vernis de civilisation craque vite et le guerrier  celte, gaulois, musulman ou africain qui dort en chacun de nous se révèlera aussi cruel que les Serbes ou les Bosniaques. a s'appelle "partir à l'ouest" : laisser l'animal parler ! Il est en nous, il ne faut jamais l'oublier.

N.C.: Vous dites pourtant ne pas croire à un tel scénario. Pourquoi ?

J.P.: Personne ne prend en compte le fait que les idéaux marginaux ou alternatifs ont imprégné toute la jeunesse des cités. Pourquoi ces idéaux ne l'emporteraient-ils pas ?

N.C.: En quoi s'appliquent-ils à ce qui se passe dans les cités ?

J.P.: Sur le terrain, on en est loin. Mais les concepts virtuels précèdent toujours le matériel. Pour l'instant on gère cette banlieue comme on peut, c'est-à-dire n'importe comment, école, intégration, etc. Mais virtuellemnt, le monde a déjà changé ! Les jeunes entre eux, dans  leurs histoires et leurs comportements, se moquent bien de devenir ingénieurs à quarante mille francs par mois. Ils vous regardent avec un sourire et vous en demande deux cents pour acheter leur djumbé. Il y a des classes entières de jeunes dans notre société occidentale pour qui il n'est pas question de rentrer dans ce système. Ils préfèreront faire hippies, drogués, gangsters ou assistés, n'importe quoi mais pas ça. Cetteonde de refus envers les folies du système fait comme une vague, c'est un chant de baleine qui va et vient d'un hémisphère à l'autre, et qui parcourt l'humanité depuis les années soixante ! On le sait, celle de l'époque a été "récupérée", mais elle est vivante dans la tête de tout le monde. Elle s'est diluée dans les comportements : moins de cravates, un autre discours. C'est homéopathique. On ne se comporte plus comme en 197O, cela se sent dans la rue, au bureau, dans les familles, dans les couples.

N.C.: Dans les cités ?

J.P.: Pas d'illusions ! La génération actuelle est perdue, et si rien ne change les autres suivront. Mais il ne faut pas oublier une chose enseignée par la vie : il suffit d''une seule rencontre pour qu'une existence soit transformée. A partir de ce principe, nous devrions adopter envers chaque enfant né dans ce pays la théorie stratégique américaine du "zero victim". Lui dire qu'il s'appartient totalement, et non de devenir un bon produit du système dont il se sait exclu ! C'est la stratégie du dauphin : nager avec l'autre pour tenter la Percée. S'il pouvait faire la fête, il ne brûlerait pas de voitures ! Concrètement cela signifie mettre d'énormes moyens pour que la pensée alternative se concrétise dans les cités, puisqu'elle rejoint le constat d'échec du système dressé par leurs habitants. Quand je dis que cette pensée est virtuelle, cela veut dire aussi possible. Des intervenants marginaux, artistes, sportifs, peuvent être financés pour établir des relations personnelles avec un jeune, pour l'introduire au sein de l'un de ces réseaux du mouvement associatif et parallèle où se pratiquent des activités qui développent l'être. Cela correspondrait tout à fait aux envies et au type de pensées qu'il a déjà en tête, à la façon dont il se comporte et fonctionne. Bien plus en tout cas qu'un stage en entreprise qui ne le mène nulle part. Ensuite seulement il pourra décider de donner à la société en retour. Il ne s'agit pas d'une vision angélique. Mais le traitement de la délinquance est entièrement à revoir, notamment en ce qui concerne la toxicomanie. Et la justice devrait être plus proche, plus rapide, infliger des peines d'intérêt public pour les délits mineurs.

N.C.: Rétablir une autorité partenelle, dans des familles souvent issues de cultures où elle compte beaucoup, mais où elle a disparu ?

J.P.: Un gamin vole dans un super marché. On peut imaginer que deux "grands frères" lui mettent une bonne correction, puis lui fasse balayer l'entrepôt. L'intérêt public est médiocre, mais ce sera une meilleure leçon que de l'étiqueter "délinquant", comme une décoration qui ne fait qu'inciter les dealers à lui proposer de travailler pour eux. ! Il faut s'y prendre de façon humaine, responsabilisante, sans modèle mensonger inaccessible ni assistanat navré. Il faut s'y prendre autrement.

 

encart

Le M.A.N. (Mouvement pour une Alternative Non-violente), fondé par Jean Marie Muller, propose à des médiateurs rémunérés par les municipalités une formation à la gestion non-violente des conflits. Deux objectifs : la compréhension des mécanismes du conflit et la "maîtrise active" qui repose sur une juste perception de l'autre, alliée à la connaissance de la communication. MAN, 21ter rue Voltaire 75O11 (O143797985).

 

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La stratégie du dauphin

"Le dauphin dit : "Je souhaite une victoire pour chacun de nous - une victoire élégante et éclatante - quels que soient les probabilités, les difficultés ou le temps nécessaire." Pour devenir des dauphins in nous faut apprendre à chevaucher la vague, à créer des visions irrésistibles et à agir sur elles, à changer de jeu, à travailler en coopération, à nous ouvrir à la surprise et au futur. Il nous faut acquérir - chacun - un amour-propre solide, chercher par-dessus tout à faire plus avec moins, assumer notre responsabilité, il nous faut découvrir notre but ultime personnel et cherche à l'atteindre.... Le dauphin s'efforce de ne pas se montrer trop malin."  La statégie du dauphin. D. Lynch et P. Kordis, Editions de L'Homme.

 

Citations

L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à un individu. C'est ce que l'individu fait de ce qui lui arrive. Aldoux Huxley.

Un certain professeur Bavelas jouait souvent au golf avec d'autres professeurs. Un jour qu'il avait emmené trois collègues au terrain de golf et qu'ils allaient tirer à la courte paille la formation des deux équipes, Bavelas leur dit : "Tirons plutôt après la partie."

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Un regard de femme : Dominique

Rétrospectivement, et avec mon regard de mère de famille, je juge l'expérience d'une enfance dans la cité comme étant très formatrice et pouvant s'avérer très constructive. D'abord parce qu'on voit vite et bien ce qu'est réellement le système, la place qui nous y est réservée, et qu'on veut y échapper. Aujourd'hui, ce jugement me guide dans mes choix envers mes enfants. Je n'ai aucune envie d'en faire des requins dits "gagnants", comme on nous en donne le modèle. Mais parallèlement, je cherche à leur donner l'éducation ouverte et riche de possibilités que la cité n'offre pas. L'autre aspect c'est que quand on vit sa jeunesse dans une bande de la cité, tous les moments sont forts, intenses, de cette intensité qu'apporte la violence ou le danger. Cela conduit à vivre différemment, à être plus exigeant envers les autres, son partenaire, ses enfants. Chaque moment a son importance. Quand on a vécu avec le feu en soi et autour de soi, on ne peut se satisfaire d'une petite vie tiède. Si on n'en meurt pas, ce feu constitue un sacré carburant ! Et là revient, exacerbée par la situation, la grande question de l'élan vital, de la force de vie qui fait que certains meurent de ce feu alors que d'autres s'en nourrissent toute leur vie.

 

 Brut de pomme

Rêve domi

Une grande piscine au milieu le hamam derrière, le sauna à côté, et on nagerait ! Commencer par ça, les terrain de foot, les soirées dansantes.

Dégats

il faut 

plus de violence

le milieu associatif et scolaire accompagnerait massivement, il regorge de dynamisme. Les institutrices que je connais sont très motivées et contentes de travailler dans une cité. Elles travaillent plus librement, en groupe, elles s'investissent à fond, ce n'est jamais la routine. Elles y croient. Deux solutions existent : accompagner les jeunes hors du système ou les socialiser, mais avec un rôle à prendre

NC Tu n'es pas revenue vers eux ?

D Non les amis sont morts, 

JP C'est trop risqué. Il faut un cadre, une vraie action sociale donnant un statut, les locaux, les contacts officiels, à 

description shérif ceinture en sigles de Mercedes, une veste un peu serrée de vieux costume, le blue-jean et les rangers. Quand quelque chose n'allait pas, il haussait les épaules et les manches de son costume découvraient ses gros avant-bras velus et roux, ses grosses mains aux doigts courts. Le regard hyper fixe, qui calme les ardeurs. Il fédérait sa bande, alors que nous brûlions pour nous. C'est pour ça qu'il nous aimait bien, il venait chercher des choses. Famille un flic, un prof de gym, un a fait la fac, tous bien intégrés.

Moi je me sens méditerranéen, et aussi relié à l'Egypte, la Grèce, Rome, l'Europe qu'un Français de souche. Je me suis senti exclu économiquement et socialement, mais pas culturellement et territorialement. La Sardaigne, c'est juste là. Et les Italiens sont allés partout, je n'ai jamais été colonisé. C'est pas pareil pour les Maghrébins.

 

domi comment vivais-tu avec une bande

très violent, très dur, mais en mm tps très robin des bois. La redistribution servait d'idéal, et fédérait les gars autour des plus intelligents. Les filles ne participaient pas à la violence.

Regard maintenant

Très formateur, constructif. D'abord parce qu'on voit vite et bien ce qu'est réellement le système, la place qui nous y est réservée, et qu'on veut y échapper. Aujourd'hui, ce jugement me guide dans mes choix envers mes enfants. Je n'ai aucune envie d'en faire des requins dits "gagnants, comme on nous en donne le modèle. Mais parallèlement, je cherche à leur donner l'éducation ouverte et riche de possibilités que la cité n'offre pas. L'autre aspect c'est que quand tu vis ta jeunesse dans une bande de la cité, tous les moments sont forts, intenses, de cette intensité qu'apporte la violence ou le danger. Cela conduit à vivre différemment, à être plus exigeant envers les autres, son partenaire, ses enfants. Chaque moment a son importance. Quand tu as vécu avec le feu en toi et autour de toi, tu ne peux te satisfaire d'une petite vie tiède. Si tu n'en meurs pas, ce feu constitue un sacré carburant ! Et là on retrouve, exacerbé par la situation, la grande question de l'élan vital, de la force de vie qui fait que certains en meurent et d'autres s'en nourrissent toute leur vie.

Encarts ? les bagnoles sont ciblées :  vigile du supermarché, sale con

 

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INTERVIEW ALAIN NUEIL, prof en cité

Professeur agrégé, auteur de romans policiers, Alain Nueil fait partie de ces enseignants de qualité que la République a envoyés il y a quelques années dans les banlieues pour y réaliser “ l’intégration par l’école ”. Les perspectives catastrophiques qu’il prévoit nous obligent à remettre en question bon nombre d’idées reçues. 

Nouvelles Clés : Bien que vous jugiez positivement votre action d’enseignant en banlieue difficile, vous semblez angoissé et pessimiste. Pourquoi ?

Alain Nueil :Sans que ses acteurs en soient conscients, la situation dans les banlieues est entrée dans une dynamique apocalyptique, dont tous les éléments convergent vers une guerre civile à l’horizon 2002-2003. Frustrations, chômage, immigration, montée du Front National, aboutissent à des ressentiments d’une violence extrême. Les banlieues “ ont la haine ”. Et comme on ne peut détester ce qui est loin, abstrait, absent, ce ressentiment s’exprime pour l’instant à l’encontre de ceux qui établissent les ponts avec le reste de la société : les professeurs, les commerçants de quartier, les travailleurs sociaux ou encore, et c’est très symbolique, les conducteurs  de bus, qui jouent le rôle de passeurs entre le centre ville et la banlieue. Tout ceci mène droit à un scénario bosniaque dans lequel, selon la même logique qui veut que l’on morde la main la plus proche, nous vivrons l’horreur d’une guerre ethnique déclenchée par une victoire électorale de l’extrême-droite, inéluctable si rien ne change.

N.C. : La France a pourtant intégré, dans le passé, d’importantes vagues d’immigrants. Les difficultés actuelles viennent-elles, comme on l’entend souvent, du fait qu’il s’agit aujourd’hui de personnes d’origine non-européenne ?

A.N. : A l’école en tout cas, l’intégration fonctionne. Les insultes ou les bagarres à teneur raciste sont rares, les élèves des différentes communautés se côtoient sans se haïr. Mais c’est une “ intégration Benetton ”, jolie en photo mais sans teneur réelle. L’école mime l’intégration, elle ne la réalise pas. D’où, en tant qu’enseignant, ma frustration et ma rage. Un jour, mes anciens élèves viendront me dire que je les ai trompés, que face à l’emploi ou au logement ils sont sans cesse victimes du racisme ambiant, et que pourrai-je répondre ? Le véritable intégrateur, c’est la feuille de paye. Le problème n’est pas tant l’immigration que le chômage. Les jeunes brûleurs de voitures arrêtés en janvier à Strasbourg portaient des noms bien alsaciens.

N.C. : Vous rejoignez donc l’analyse faite par la gauche, le problème est économique ?

A.N. :  La gauche se trompe de remèdes. Il faudrait que beaucoup d’œillères tombent pour que soit acceptée l’idée que, dans les cités, la solution passe par une phase d’ultra libéralisme. Par une redynamisation auto-centrée des banlieues, à base de petits commerces, de micro-entreprises libérées du carcan social-démocrate qui nous sert de modèle, à droite comme à gauche. Mais tous les présupposés français sur la protection sociale, l’assistanat et la redistribution interdisent à quelqu’un d’exploiter ses proches dans une pratique du “ win-win ” dont chacun sort gagnant. On nous agite le modèle libéral anglo-saxon comme un épouvantail, or c’est ici que l’explosion menace, pas aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne. Quant à l’immigration, l’anti-réalisme militant de la pensée politiquement correcte, qui veut que nous accueillions toute la misère du monde sans tenir compte des lourdeurs de la société, et de celles des nouveaux arrivants, n’a rien à voir avec les valeurs de la République.

N.C. : En quoi votre discours se distingue-t-il de celui du Front National ?

A.N. : C’est toute la question : peut-on refuser les illusions à propos de l’immigration, ou constater que l’idéal de générosité social-démocrate s’est fourvoyé dans l’assistanat revendicatif, sans tomber dans l’extrême-droite ? Je n’appartiens pas à l’extrême-droite. Sa pensée économique est anti libérale, sa volonté d’autarcie et de fermeture sont des idées sommaires, stupides et archaïques. Et sa montée en puissance m’inquiète, précisément parce qu’elle se nourrit de l’irréalisme et du manque de courage de la classe politique, et qu’elle conduit à une diabolisation de l’autre qui servira de germe au scénario bosniaque que je crains.

N.C. : Vous n’avez donc aucun espoir pour les jeunes des banlieues ?

A.C. : Les plus travailleurs s’en sortiront, et ce sont en majorité des filles. Mes meilleures élèves sont des beurettes ou de jeunes africaines, qui sont élevées dans des familles où règne le culte du garçon roi à qui tout est dû. Parce que nous leur enseignons d’autres valeurs, elles n’ont aucune attirance pour le retour identitaire et son intégrisme. Elles veulent travailler, s’intégrer, réussir. Elles croient que c’est possible, l’école ne juge ni au faciès ni au sexe. Mais les patrons, les agents immobiliers ? Si elles essuient un refus à chaque fois qu’elles donneront leur nom, elles mettront au monde une troisième génération qui, au lieu d’être parfaitement française comme le voudrait le parcours normal, sera totalement incontrôlable.

N.C. : Ces années à enseigner dans un collège de banlieue vous ont elles changé personnellement ?

A.N. : Elles ont indubitablement contribué à mon retour au sein de l’église catholique, que j’avais délaissée depuis bien longtemps. Plongé dans un environnement où la question des origines à une grande importance, j’ai éprouvé le besoin de retrouver les miennes. En partie par peur, sans doute, un réflexe communautaire m’a poussé à chercher une assise contre laquelle m’appuyer, pour le jour où tout craquera autour de moi.

N.C. : L’idéal chrétien de charité et de don de soi-même ne va-t-il pas à l’encontre de l’ultra-libéralisme et du contrôle de l’immigration que vous prônez aujourd’hui ? L’abbé Pierre ne disait-il pas que nous serions envahis parce que nous n’avons rien voulu donner ?

A.N. : En dehors de son idéal irréalisable, le christianisme n’offre aucune solution. Quand on aura tout donné, serons-nous plus avancés dans la solution du problème ? Et quand il faudra choisir entre l’extrême-droite et le libéralisme chrétien, ce dernier ne sera-t-il pas préférable, même s’il n’est guère enthousiasmant ? Je crains hélas que le premier ne l’emporte, mais l’histoire réserve des surprises aux Cassandre. C’est bien le seul optimisme que je puisse aujourd’hui cultiver.

 

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