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Le matriarcat ou le pouvoir aux femmes
On discutera longtemps encore pour savoir si les sociétés primitives furent d'abord matriarcales, ou si elles le furent toutes. Un fait demeure : on trouve trace, un peu partout, d'une organisation fondée sur le pouvoir des femmes, notamment en Asie où il reste quelques minorités qui l'appliquent, laissant la femme choisir son mari et conserver la propriété de ses biens (les Mons du Cambodge). Les Nas des montagnes du Yunan, en Chine, ignorent le mariage, passent leur vie au domicile maternel et connaissent la plus grande liberté sexuelle, tout en respectant le tabou de l'inceste. Les cultes de la déesse-mère auraient-ils présidé à un âge d'or où les femmes ont été respectées, glorifiées, obéies ? Il est courant de le situer au moment des grandes mutations qui conduisirent à l'adoption de l'agriculture. Mais cette répartition traditionnelle, entre un matriarcat lié au sédentarisme agricole et un patriarcat lié au nomadisme pastoral, tend à être remise en question. 
Loin de l'image de la grotte où les femmes attendent frileusement leurs valeureux maris chasseurs, les traces trouvées dans les sites paléolithiques montrent notamment que l'activité féminine constituait, bien avant l'invention de l'agriculture, la part fondamentale de la fourniture d'aliments. Certains, arguant que la femme est un rare animal qui survit longtemps à la perte de sa capacité de procréer, estiment que la présence des grands-mères soulageant les filles pendant leur grossesse a permis aux femmes d'accéder à une indépendance et à un pouvoir qui donna naissance, partout, à un matriarcat primitif. Quant à savoir comment des sociétés dirigées par les femmes ont cédé le pouvoir aux hommes, on estime généralement que la complexité grandissante des outils a donné un avantage à ces derniers, favorisés par leur force physique et leur cerveau gauche rationnel et plus technique. Là où le passage au patriarcat a été plus tardif, les historiens observent qu'il est lié à l'importation d'un modèle culturel extérieur à la fois plus religieux, plus intellectuel et plus performant. Sous l'influence de l'hindouisme et de la culture indienne (qui apportaient dieux mâles, écriture et mathématiques), il eut lieu au premier siècle de notre ère en Asie du sud-est, puis en Malaisie. Et c'est l'islam qui l'a apporté, plus tard encore, aux peuples de l'archipel indonésien, tandis que loin de là, les Maris du bassin de la Volga conservaient une structure familiale favorable aux femmes jusqu'au début du XXè siècle (elles jouissaient des mêmes libertés et accomplissaient les mêmes travaux que les hommes et devenaient chefs de famille en cas de décès du père).
Loin de se résumer à l'inverse du patriarcat, le matriarcat revêt tant de formes qu'il conviendrait d'en parler au pluriel, et de distinguer filiation maternelle (le "nom" passe par la mère), liberté de la femme et pouvoir féminin. Ce dernier, à lui seul, peut avoir plusieurs visages, allant d'une démocratie ouverte aux deux sexes (comme chez les Iroquois du nord-est de l'Amérique) à l'élection d'un roi aux pouvoirs contrôlés (comme chez les ancêtres des Malais), sans parler de la gynécocratie militaire, plus souvent fantasmée que constatée. 


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