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Le couple ailleurs et autrefois
Si l'idée de péché et la culpabilité liée au sexe ont pris en Occident une importance inégalée ailleurs (mais dont on peut suivre le parcours), il restera aux historiens, aux sociologues ou aux philosophes à nous expliquer pourquoi toutes les cultures ou presque en sont venues à donner aux femmes un statut se rapprochant de l'esclavage. Officialisé par un rite ou non, le mariage sacralise l'appartenance et la soumission. Dans le Japon impérial comme en Chine ou dans bien d'autres contrées, le mari a le même droit de vie et de mort sur son épouse que le seigneur sur son serf, le maître sur son esclave. Cela ne va pas sans responsabilités, mais l'amour n'en fait jamais partie, comme si l'humanité avait décidé une fois pour toutes que ce sentiment n'étant pas "commandable" par la conscience et la volonté, rien ne pouvait être fait pour le faire naître, et rien non plus pour l'améliorer. On s'en tiendra donc à réguler le mariage, le plus souvent en faveur des hommes.
Les cas sont rares, en effet, où la part belle est faite aux femmes, et le couple se résume souvent à une alliance économique ou stratégique entre tribus, entre familles, voire entre individus. Certes, les poètes chantent pour célébrer l'amour. L'Arabie chante Dieu dans le corps de la femme, la poésie persane lui tresse des couronnes de roses d'Ispahan. En Inde retentissent les récits des amours débridées des dieux, Shiva et sa "shakti", Krishna et Radha, à grand renfort de fleurs éclatantes, de cris d'oiseaux et de gazelles bondissantes. Mais la relation reste bien inégale, la jeune fille étant souvent victime de sa passion. En Chine, les conteurs et poètes font plus de cas des amours humaines, mais ils aiment par-dessus tout les couples séparés, la femme qui attend le retour d'un mari ou la jeune fille espérant l'arrivée d'un prétendant. La séparation, thème favori de la tradition chinoise, est célébrée à travers toute la Chine à la fête de la mi-automne, quand l'étoile du Bouvier et celle de la Tisserande (deux personnages d'une légende fort célèbre également) montrent, séparés par la Voie Lactée, l'impossibilité de l'union. Quant à la réalité, elle est moins sublime, comme le montrent, en Inde, l'obligation de mourir imposée aux veuves des brahmanes ou, en Chine, la tradition du bandage des pieds (sans parler du statut de la femme arabe ou iranienne). 
Les rares cultures qui accordent un meilleur rôle à la femme sont traditionnellement des cultures où le mariage n'existe pas, comme en Polynésie où amours et enfants étaient librement partagés. Elles s'accompagnaient souvent d'une forme de matriarcat, ou de filiation matrilinéaire, qui laissait la femme libre de fonder un couple stable, mais créait en même temps un système de relations entre femmes qui semble lui avoir été préféré. C'est encore plus évident dans les sociétés tribales, où le partage des tâches engendrait une division des sexes allant jusqu'à l'absence de vie commune. L'anthropologue Margaret Mead, pionnière de ces "recherches féminines" qui bouleversent notre vision de l'histoire depuis quelques décennies (essentiellement hors de France, en Italie ou dans les pays anglo-saxons), fut la première à remarquer combien la ségrégation des sexes régnant dans les tribus de Nouvelle Guinée contribuait à une absence totale d'échange verbal et affectif entre époux, la "communication" entre eux se limitant à l'acte sexuel. Le couple tel que nous le concevons aujourd'hui n'est peut-être pas une invention occidentale, mais elle est loin d'être apparue en un jour.

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