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Les couples maudits I
Samson et Dalila
Samson, comme beaucoup de héros bibliques, naît d'un mariage resté longtemps stérile, est annoncé par un ange et "consacré à Dieu". C'est l'un des grands libérateurs d'Israël en même temps que l'un de ses Juges. Hélas ! Il aime beaucoup les femmes, et particulièrement quand elles sont étrangères à son peuple. On connaît son histoire : Dalila, l'une d'entre elles, obtient de lui le secret de sa force et aussitôt le trahit, lui coupant les cheveux et le livrant à ses ennemis. Fait prisonnier, rendu aveugle, il n'aura sa vengeance qu'en périssant, force et cheveux revenus, dans l'effondrement qu'il provoque dans la maison de ses ennemis. Quelle est donc la morale de cette mort triomphale ? L'homme perd s'il cède à la femme, car la nature de celle-ci est la perfidie et sa méthode, décrite en détail, alterne entre harcèlement et chantage affectif. Par trois fois, Dalila a demandé à être mise dans le secret, trois fois Samson l'a trompée en lui donnant une fausse réponse : "Comment peux-tu dire : Je t'aime ! puisque ton cœur n'est pas avec moi ?", demande-t-elle finalement. Cette phrase ne vient-elle pas spontanément aux lèvres ? N'en connaît-on pas le succès ? "Comme elle était chaque jour à le tourmenter et à l'importuner par ses instances, son âme s'impatienta à la mort, il lui ouvrit tout son cœur", raconte le récit (Juges, 16:15,16). Avec le résultat que l'on sait ! 

Antoine et Cléopâtre 
Quelle image nous reste-t-il de ce couple après le film d'Hollywood ou le drame de Shakespeare, pour mentionner seulement deux versions de cette histoire aussi célèbre que véridique ? Vu de Rome, ce fut le désastre d'une carrière politique. Antoine, lieutenant du défunt Jules César, aurait pu triompher d'Octave dans la lutte pour la succession, s'il était resté moins longtemps hors de Rome. Qu'avait-il besoin de tomber amoureux en Egypte ? L'amour rend mauvais stratège. Il peint le monde en bleu, ce qui va bien avec le caractère d'Antoine – colosse bon vivant adoré de ses troupes – mais qui fait prendre les désirs pour des réalités. Erreur ! La réalité, c'est un empire naissant avec Rome pour centre, et non un ensemble de pays conquis qu'Antoine et Octave pourraient se partager, comme le voudrait Antoine. La réalité, c'est que la dynastie lagide dont descend Cléopâtre est en pleine décadence, malgré l'incomparable richesse de son mariage entre l'Egypte et la Grèce, symbolisée par Alexandrie. Le modèle hérité de l'Egypte ancienne, avec son couple royal frère-sœur exerçant une gestion duelle du pouvoir, n'a plus de raison d'être. On pourra dès lors chercher des raisons à l'entêtement d'Antoine : l'attrait de l'Orient, l'ambition politique, l'envoûtement amoureux. On pourra justifier ou condamner la tentative de Cléopâtre de refonder sa dynastie. Tout concourt à faire de leur histoire un drame de l'amour, un exemple montrant combien la beauté rend la femme manipulatrice, et la preuve historique que le pouvoir ne s'exerce pas à deux.

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