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Si l'histoire se résumait, comme le veut le sens commun, à l'exacte connaissance du passé, elle se serait limitée à une sèche énumération des faits, tels que compilés par exemple dans les textes anciens chinois ou indiens, dans les Annales romaines ou plus tard dans les chroniques et les archives officielles. Cependant, dès Hérodote et plus encore Thucydide (Ve siècle av. J. -C.), considérés comme les fondateurs de cette discipline, le souci de l'analyse vient s'ajouter à celui de la véracité et l'explication compléter l'énumération, conduisant à la prise en compte et à la mise en perspective de nombreux éléments annexes, notamment géographiques et culturels. Dans les choix de ceux-ci, inévitablement, transparaissent les points de vue de l'historien et de son époque. Malgré l'existence d'exceptions comme le Romain Polybe (IIe s. av. J.- C.) ou le Maghrébin Ibn Khaldoun (1332-1406), remarquables pour leur recherche de causes et de lois historiques, il fallut longtemps pour que l'exigence d'objectivité, la cohérence et la rationalité des fondateurs grecs donnent à l'histoire une méthode et un esprit critique lui faisant mériter le titre de science. La subjectivité des auteurs latins (César), des chroniqueurs carolingiens (Grégoire de Tours) ou des hagiographes médiévaux (Joinville) témoigne de leur soumission au dogme et aux puissances de leur temps. L'ouverture apportée par la Renaissance et par les Grandes Découvertes, ou même l'avènement du rationalisme scientifique aux XVIIe et XVIIIe siècles, ne profitèrent guère à l'abolition de cette double soumission. L'histoire devint au contraire plus dogmatique encore, par inclinaison apologétique (Bossuet), philosophique (Montesquieu, Voltaire) ou partisane (Saint Simon). Elle continua surtout à s'intéresser exclusivement aux faits se rapportant aux élites.
Ce n'est qu'au XIXe siècle que les progrès de l'érudition portèrent leurs premiers fruits, résultats des travaux de compilation, de vérification et d'étude des documents menés pendant des siècles, notamment par les ordres religieux (Bénédictins de Saint Maur). Née de la Réforme et de la sécularisation de ces travaux, l'école allemande se distingua bientôt par la rigueur de ses exigences érudites et critiques (Von Ranke, Mommsen), qui ne résistèrent pourtant pas à l'appel du volkgeist, cette notion du génie propre des peuples qui reflète tant le nationalisme de l'époque. Sublimé par le talent littéraire de Michelet, ce nationalisme transparaît en France dans les premiers travaux de l'École des chartes, fondée en 1821. Mais l'école française du XIXe siècle se caractérisa surtout par son positivisme scientifique, dont le culte pour la véracité des faits l'amena à l'impasse d'une histoire "historisante" purement événementielle et restreinte. Il fallut donc attendre les historiens marxistes des Annales d'histoire économique et sociale, revue fondée par Bloch et Febvre en 1929, pour que l'histoire retrouve son droit à la formulation de problèmes et d'hypothèses, et surtout pour que s'entame son ouverture, poursuivie par d'autres, vers toutes les dimensions de l'aventure humaine : géographie (Le Roy Ladurie), économie (Labrousse), mentalités (Mandrou, Duby), sociologie (Le Bras, Foucault). Redevenue recherche autant que connaissance comme le voulait son étymologie, elle n'en reste pas moins soumise aux contradictions que lui impose toujours son sujet.

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