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Margino blog Vies en marge
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Ce texte est le prologue du livre Le Grand Roman des Bactéries, Martine Castello et Vahé Zartarian, éditions Albin Michel, Paris, 2005 Pendant
des millénaires, les humains ont vécu sans soupçonner l'existence des
milliards d'êtres microscopiques qui les entouraient et qui vivaient même
au-dedans d'eux. Ils étaient pourtant là, participant à toutes leurs
activités, leur apportant maladies ou bienfaits, mais comme les humains
ne pouvaient pas les voir, ils n'existaient pas. La vie telle qu'on la
concevait comprenait uniquement ce que nous appelons aujourd'hui des
organismes supérieurs, à savoir les animaux et les végétaux. Les représentations
de ces derniers abondent, et ils tiennent souvent un rôle symbolique de
premier plan dans de nombreuses mythologies : serpent, aigle, ours, chêne,
hêtre, cerisier, etc. De microbes, point. Il faut attendre le 17ème
siècle et l'invention du microscope pour qu'ils entrent dans le
champ de la conscience humaine. On les observera longtemps en les trouvant
amusants avant de les tenir, au 19ème siècle, pour
responsables des maladies, celles des hommes autant que celles des bêtes
et des cultures. Mais
depuis quelques décennies, le panorama commence à changer. On reconnaît
dans les bactéries les premiers êtres vivants sur Terre, sur laquelle
– on le sait aujourd'hui – elles ont régné sans partage pendant près
de deux milliards d'années. On commence à entrevoir comment elles ont
donné naissance aux êtres complexes. On sait aussi qu'elles sont
indispensables à la survie des végétaux et des animaux, avec qui elles
entretiennent des relations symbiotiques dont on commence seulement à
mesurer l'importance et la complexité. On sait encore qu'elles ont joué
un rôle majeur dans la création de l'atmosphère et la formation des
minerais, un rôle qu'elles tiennent toujours. Sans cesse, on en découvre
de nouvelles, aux capacités plus étonnantes les unes que les autres… Fort
de toutes ces connaissances qui s'accumulent, on entrevoit de nouvelles
possibilités pour combattre les maladies, fabriquer des médicaments, des
aliments, pour dépolluer notre planète, pour produire de l'énergie,
simplifier des tas de processus industriels, etc. Les
bactéries nous plongent ainsi au cœur de passionnantes interrogations
concernant aussi bien l'origine de la vie que notre devenir. Elles nous
incitent à élargir nos conceptions. Ce ne sont pas des êtres
insignifiants parce que minuscules. Ce ne sont pas des êtres à déconsidérer
parce qu'à l'origine de quelques maladies. Les bactéries sont au cœur
de l'organisation et du fonctionnement de tous les êtres complexes,
l'homme y compris. Elles sont aussi à l'origine de cette vaste entité
qu'est la biosphère. Bref, plus que les végétaux et les animaux, elles
sont l'essence même de la vie sur Terre et leur message est riche
d'enseignements. Une chaîne de solidarité mystérieuse nous relie aux
"petites vies". Mais dans quel but ? Pourquoi ces êtres se
sont-ils associés pour créer des animaux plus évolués, des êtres qui
depuis peu les découvrent et les utilisent ? La question est ouverte. Les
conséquences qui en découlent sont infinies… Ce
livre se veut un panorama des connaissances nouvelles sur cet univers
fascinant. Nous ne prétendons pas à l'exhaustivité ni à la rigueur irréprochable
d'un manuel de biologie. Nous voulons juste raconter une histoire, celle
de nos amies les bactéries, des êtres formidables sans qui nous
n'existerions pas. Ce texte est le prologue du livre Le Grand Roman des Bactéries, Martine Castello et Vahé Zartarian, éditions Albin Michel, Paris, 2005 SOMMAIRE prologue |
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