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Que l'on privilégie "relier" ou "ressaisir par la pensée", l'étymologie controversée du mot religion (religare ou relegere) illustre la complexité de ce concept. Toute définition générique, telle que "la religion est la croyance en des êtres spirituels", manque à rendre compte de l'extrême diversité de ses manifestations. Certaines en effet, comme le bouddhisme ou le confucianisme, pourtant bien religieux, font peu de place au divin; tandis que d'autres, comme l'indouisme, relient tant celui-ci à la vie qu'elles en imprègnent tout le quotidien.
Il serait vain pourtant de réduire la religion à sa dimension sociale, comme le fait le marxisme, ou personnelle, comme le veut la psychanalyse freudienne qui le relie au complexe d'Oedipe. La psychologie des profondeurs de Carl Jung, fondée sur les relations entre l'inconscient collectif, les symboles, les mythes et le sacré, semble à cet égard constituer une approche plus objective, d'autant qu'elle ne s'oppose pas aux analyses sociologiques ou structuralistes.
L'étude anthropologique, quant à elle, ne peut qu'établir le fait que des éléments constitutifs du phénomène religieux existent dès l'aube de l'humanité. L'interprétation mythique de la mort et de la vie se manifeste par les soins apportés aux sépultures, par le symbolisme sexuel des premiers ornements, puis par l'animisme des peintures rupestres. En l'absence de textes ou d'explication codifiée, l'intention religieuse, ou même magique, n'est qu'une interprétation, souvent dérivée de la connaissance moderne des peuples dits "primitifs". Sachant que ces peuples soutenaient des croyances généralement liées aux phénomènes naturels, sans doute peut-on, avec Mircéa Éliade, fixer l'apparition de la religion au moment où la tradition chamanique, dans laquelle le fonctionnement social du groupe, la nature et le sacré n'étaient pas séparés, fait place à la culture religieuse, qui au contraire les divise pour mieux les "relier".
C'est faire peu de cas de l'expérience mystique ou des états modifiés de conscience, parfois proches de la transe chamanique, qui témoignent qu'au delà du réel, des champs insoupçonnés s'ouvrent encore à la conscience (ce que sait bien l'artiste, mais où le fou s'égare). Il s'agit bien en effet de la possibilité d'un accès direct au domaine surnaturel.
La religion vient porter là son clivage : l'appel aux divinités éloignées remplace la recherche d'une alliance avec les forces naturelles. Les rites se font rituels; les mythes, théologie; le culte, intercession. Dès lors, la religion est avant tout un facteur de cohésion sociale. Il ne fait pas de doute que la sédentarisation favorisa grandement l'émergence des castes sacerdotales, en lieu et place des intercesseurs chamanes, privilégiés par la nature mais aux talents vérifiables et aux pouvoirs restreints. Ces castes présidèrent aux différentes cosmogonies qui caractérisent les religions polythéistes de l'Antiquité, que celles-ci soient dominées par la peur (Mésopotamie), par la rigueur d'un culte solaire (Égypte), ou par l'anthropomorphisme de leur panthéon (Grèce). Elles jouèrent aussi un rôle déterminant dans l'établissement du système de castes indou et dans l'élaboration des cultes chinois taoïstes et confucianistes, dont dérive le shintoïsme japonais. Quant aux religions amérindiennes, africaines et océaniennes, elles témoignent par leur rites, si besoin en était, que toute religion est intrinsèquement liée à l'état de civilisation de la société qui la pratique.
Aucun bouleversement de celui-ci n'explique pourtant l'apparition du monothéisme, qui semble ainsi procéder naturellement du polythéisme alors qu'il relève d'une tout autre logique. A l'intercession sacerdotale et au jeu des divinités fait place ici le dogme, fondé sur une révélation. Dans le judaisme, cette révélation s'adresse aux prophètes, elle se poursuit avec Mahomet dans l'islam et devient incarnation dans l'exception chrétienne. Le divin n'agit plus seulement; devenu dieu unique, il dicte sa loi. Aux hommes, et aux prêtres surtout, d'en interpréter ensuite les textes. Les excès auxquels ils conduisirent et le démenti que leur ont apporté les découvertes scientifiques expliquent la perte d'influence de la religion dans les sociétés modernes. Il serait imprudent d'en conclure, comme y incite l'éviction de la question par le matérialisme, que le phénomène religieux est appelé à disparaître. Meilleurs indices peut-être, les nouvelles formes de cultes, sectaires ou post-modernes, mais aussi l'intercession des saints ou la sacralisation de la personne du chef religieux dans les églises établies, témoignent que le monothéisme n'a pas su satisfaire ce à quoi toute religion tente de répondre, au delà des croyances : l'aspiration à une spiritualité active, qui semble inséparable du phénomène humain.

LES TRADITIONS RELIGIEUSES, PAR PATRICK LEVY

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