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16 :  ANCETRES CHINOIS ET FANTOMES MODERNES 

Puisque thérapies récentes et pratiques primitives semblent se rejoindre, jeter des ponts vers les traditions anciennes paraît effectivement une excellente idée. Mais pourquoi avoir choisi le taoïsme, plutôt que d'autres doctrines plus occidentales ?
- Lorsque j'ai commencé à élaborer ma théorie du fantôme, répond Didier Dumas, elle a été très mal prise par le milieu psychanalytique, parce qu'elle démolissait toute la théorie en place. C'était inacceptable, comme si j'avais insulté leur mère ! Alors, comme je ne voulais pas leur faire de mal, j'ai choisi un territoire où je pouvais respirer à mon aise, sans les blesser, les pauvres cocos !
Diantre ! Dès le premier abord, Didier Dumas déconcerte, avec ses propos apparemment péremptoires et légèrement sarcastiques. Pourtant, s'il n'hésite pas à invectiver ses collègues, à critiquer les grands maîtres, à dénoncer la vanité d'un milieu empêtré dans les querelles d'écoles, il sait aussi, nous le verrons, rendre hommage à ceux qui l'ont inspiré. Et, une fois passé le choc de sa voix au ton nasal, ponctuée de rires sardoniques, on rencontre dans ses grands yeux sombres le regard profondément humain qu'ont ces êtres qui ont souffert, n'ont pas honte de le dire et, ayant réussi à l'assumer, en ont retiré une vision plus riche de la nature humaine.
Car le contact avec la souffrance commence pour lui très tôt. Né en pleine guerre, il subit le divorce de ses parents, le départ de son père et son remplacement par un homme torturé, rescapé des camps de concentration, qui lui inflige pendant des soirées entières le récit des horreurs de la déportation. Servir de thérapeute, dès l'âge de six ans, à un être hanté par le souvenir de suppliciés que tout le monde veut oublier et dont si peu de survivants portent le deuil, ne prédispose guère un enfant à l'insouciance et à la joie naturelles à cet âge. Cela détermine peut-être une vocation. Lorsque plus tard, après une carrière d'artiste peintre, de céramiste, un passage par le théâtre et le militantisme, Didier Dumas devient thérapeute pour enfants dans une institution psychiatrique, puis psychanalyste, peut-être cette expérience explique-t-elle pourquoi il se montre plus sensible que d'autres aux fantômes qui lui semblent habiter certains malades, et pourquoi il ne cesse de lancer dans toutes les directions des passerelles lui permettant de les exorciser.

Plutôt qu'un désir de ne pas choquer ses collègues, ne serait-ce pas l'importance que le taoïsme donne aux ancêtres qui justifie l'intérêt que Didier Dumas lui porte ?
- Bien sûr, répond-il, c'est une des raisons principales. Dans toutes les traditions, les défunts jouent un rôle capital, que ce soit au Mexique, où le culte des morts est omniprésent, jusqu'à Bali, où l'on considère qu'un enfant est le "kumpi", le receveur, de l'esprit de son arrière-grand-père. Et partout, si l'on demande à un guérisseur : "Soignez-vous la maladie des ancêtres ?", il comprend immédiatement que cela signifie : les fantômes de la famille. Mais le taoïsme est particulièrement intéressant, notamment parce que certains de ses rites s'apparentent à une véritable thérapie, précisément destinée à soigner la maladie des ancêtres. 
- Ou destinée à éviter qu'elle n'apparaisse, intervient Thomas Johnson, journaliste de retour d'un long voyage en Chine. Les rites funéraires pratiqués dans les campagnes de la Chine actuelle, où le taoïsme est toujours latent bien qu'il soit hors la loi, montrent bien l'importance que l'on accorde au bon départ du défunt. On l'entoure d'une maquette grandeur nature de sa pièce préférée, de tous ses objets favoris, on le porte jusqu'au bûcher funéraire en passant par tous les lieux qu'il affectionnait de son vivant, puis on brûle tout, corps, maquette, objets. Ensuite, chaque membre de la famille saute par dessus un feu avant de partir, afin de se débarrasser des miasmes éventuels qui pourraient s'accrocher à lui.
- Pour saisir tout cela, reprend Didier Dumas, il faut comprendre la vision taoïste de l'âme. L'individu est avant tout inscrit dans sa lignée. L'être humain est médian, situé entre Ciel et Terre. Son âme est donc double. D'un côté il y a les "Pos", esprits du corps dans sa fonction physique, et de l'autre les "Houns", âmes célestes. Dans la vie terrestre, les deux sont indissociables, sauf par exemple dans l'extase. Au moment de la mort, les Pos retournent sous terre et les Houns rejoignent le ciel. Seulement voilà ! Dans certains cas, les Pos ne rentrent pas sous terre, mais reviennent parasiter la lignée, sous forme de "Kouaïs", fantômes qui se manifestent par des troubles psychiques ou physiques.
- Quels sont ces cas ?
- Lorsque l'ancêtre n'a pas pu finir sa route, accomplir le cycle de sa vie, ou lorsqu'il a été mal "enterré", c'est-à-dire mal accompagné par un processus de deuil incomplet. Cela peut être, par exemple, un guerrier qui a été tué par traitrise au lieu de mourir en combattant, destin qu'il avait choisi en devenant guerrier. Ou quelqu'un qui meurt avec une question sans réponse, un problème irrésolu, un secret inavoué. C'est justement l'un des points où le taoïsme rejoint ce que j'appelle en psychanalyse le "fantôme" ! 

La théorie du fantôme que Didier Dumas a développée ne lui vient pas du taoïsme, même si elle semble par certains côtés en être la traduction moderne. "Ce sont, dit-il, les enfants psychotiques qui m'ont tout appris." Dans son livre "L'ange et le fantôme" (*), il écrit même : "Nous pouvons nous demander si l'enfant n'est pas le seul théoricien digne de ce nom. Si sa parole, en effet, est éblouissante de vérité, cette vérité n'est en prise sur aucune forme de pouvoir : elle n'a dans sa bouche d'autre fonction que celle de lui permettre de passer à l'étape suivante." Et, dans certains cas, cette étape suivante serait justement de voir disparaître un fantôme, venu d'ailleurs, qui le hante.
Voilà où la théorie du fantôme, que Didier Dumas reconnaît devoir en partie à Nicolas Abraham et Maria Torok, bouleverse la psychanalyse classique, dont elle révèle une des failles majeures : l'oubli du généalogique.
L'oubli est évident : les mots "grand-père" et "grand'mère" sont totalement absents de l'oeuvre de Freud. Comme si une nouvelle famille naissait à chaque génération ! Il est aussi dramatique, car il explique pourquoi de nombreuses cures échouent : on attend toujours du patient qu'il retrouve, en transférant sur l'analyste les émois ressentis pendant l'enfance, les "non-dits", refoulements et traumatismes qui encombrent son inconscient. Or parfois le patient ne peut pas retrouver ces non-dits, puisqu'ils ne sont pas les siens, mais proviennent des générations antérieures ! 
"Dans la hantise, écrit Didier Dumas dans son deuxième livre (*), l'origine des symptômes n'est plus à rechercher dans les modalités par lesquelles on s'est constitué un inconscient propre. L'inconscient dont il est question est celui des lignées."
L'un des cas les plus flagrants qui mit Didier Dumas sur la piste du fantôme fut celui de Jean Michel, autiste profond âgé de dix-neuf ans. Impossible de le soigner directement, puisqu'il n'ouvrait pas la bouche. L'analyste décida donc de recevoir, séparément, les membres de la famille, le père, la mère et le plus jeune frère. Entreprise difficile : mère et fils n'apportaient jamais aucun rêve. Le père, lui, refusait tout entretien. L'amour parental a ses limites, qui sont celles des parents eux-mêmes. Finalement Luc, le jeune frère, raconta un rêve fait la veille, dans lequel deux sorcières lui criaient : "Tu vivras jusqu'à dimanche et lundi tu mourras". Intrigué par cette phrase étrange, Didier Dumas écouta son intuition et demanda à la mère de raconter l'histoire de sa famille. Et, dans l'écheveau de cette lignée très compliquée, il finit par dénouer ce qu'il appelle une "lignée incestueuse", un "inceste généalogique". Les deux sorcières ne représentaient pas des sorcières "classiques", images de femmes aux pouvoirs occultes, mais deux soeurs bien réelles, dont l'une était l'arrière grand'mère maternelle. Ces deux femmes avaient épousé des hommes qui portaient le même nom, bien que n'étant pas apparentés, et dont l'un avait pour prénom leur propre nom de jeune fille ! Leurs maris partis à la guerre, les deux soeurs se retrouvèrent "mariées" ensemble, puisque portant le même nom. Quand les hommes revinrent, il n'y avait plus de place pour eux, et ils se suicidèrent. A la génération suivante, ce furent les femmes qui se suicidèrent dès qu'un homme faisait défaut. Enfin, les parents de la mère de Jean Michel étaient eux-mêmes cousins germains. "Le suicide de l'arrière-grand-père, explique Didier Dumas, c'est le trauma d'origine. Il va donner un fantôme dans cette lignée, et quatre générations après, le fantôme va s'exprimer, en donnant un enfant qui naît psychotique, un enfant qui n'a jamais regardé sa mère dans les yeux".
"Il faut trois générations pour faire un fou", disait Françoise Dolto. Il faut souvent, selon Didier Dumas, remonter bien plus loin. Les taoïstes disent que l'on doit travailler sa généalogie jusqu'à la neuvième génération, neuf étant le chiffre de la totalité. Pour le soufisme, vingt-quatre générations sont nécessaires pour diluer le sang des premiers ancêtres.
Cela laisse beaucoup de temps à d'éventuels fantômes pour s'entasser dans les placards familiaux ! Incestes généalogiques ou réels, histoires sordides, drames fortuits, secrets inavouables, tares cachées, la liste est inépuisable ! Pourquoi ne sommes-nous pas tous fous ?
Pour répondre, Didier Dumas abandonne le taoïsme et redevient franchement psychanalyste.
- Les fantômes peuvent avoir différentes sources et s'exprimer sous différents symptômes, dit-il, mais ils renvoient toujours aux représentations du sexe et de la mort.
Le sexe, énergie qui crée le futur, trouve sa source dans la capacité qu'a un bébé d'aimer ses parents, de se donner totalement à eux, de les suivre. Cette faculté revient dans l'amour adulte, on dit "aimer comme un enfant", la femme amoureuse suit son homme au bout du monde, dans les projets les plus farfelus. Sa pathologie, c'est l'inceste, sous toutes ses formes. Dans l'inceste, un parent n'a pas seulement, ni même obligatoirement, des relations sexuelles avec son enfant, il l'empêche de naître.
La mort, elle, se situe au niveau de la transmission de l'écoulement du temps, cet engrenage qui fait que, dans une vie, on va occuper trois places : enfant, parent au pouvoir, partant. Son dysfonctionnement, c'est le déni du deuil, le travail de deuil mal accompli. C'est le trauma-clef du déporté : "Ils sont toujours là, ils ne sont pas enterrés". Sexe et mort sont les deux choses fondamentales pour l'être humain, parce qu'ils permettent que le temps s'écoule, ils nous inscrivent dans le temps. Et le fantôme apparaît lorsqu'il y a glissement dans la continuité temporelle. C'est la raison pour laquelle il ne remonte parfois pas aux générations lointaines, mais représente seulement les non-dits parentaux concernant le sexe ou la mort, c'est-à-dire leur incapacité à en parler, tels qu'ils ont eu à l'assumer en faisant des enfants.

Bien. Admettons. 
Mais comment se lègue-t-il de génération en génération, ce fameux fantôme ancestral et funeste ? Faut-il devenir Chinois, ou spirite, croire aux célestes Houns, craindre ces Pos mal enterrés, trembler devant leur transformation en Kouaïs perturbateurs ? 
- Mais non, répond Didier Dumas. La hantise se transmet d'inconscient à inconscient, par le biais de ce "processus originaire" mis à jour par Piera Aulagnier, la faculté d'être soi et l'autre en même temps (dont nous avons entendu parler au chapitre L'ectoplasme familial). Alors, bien sûr, Aulagnier ne parle pas du fantôme, ni du généalogique, mais lorsqu'elle donne le cas de cette femme qui, bien qu'elle ait eu trois enfants, croit toujours que le sperme est une nourriture n'ayant aucun rapport avec la procréation, il s'agit bien de la même réalité clinique, car cela implique des non-dits venus de sa mère et de sa grand'mère. Dans les cauchemars que raconte une personne hantée par un fantôme, dans ses phobies, ses angoisses, on retrouve un événement traumatisant vécu par d'autres, mais présenté comme si la personne elle-même l'avait vécu. C'est là que théorie du fantôme et processus originaire se rencontrent : le patient est parasité par des représentations venues d'un ancêtre, mais les vit comme siennes, et souffre parce qu'elles ne correspondent pas à sa réalité. C'est ça, la maladie des ancêtres !
- Et comment la soigne-t-on ?
- Quand on me demande d'expliquer en quoi la taoïsme peut éclairer une pratique psychanalytique, je donne toujours pour exemple une histoire racontée par Françoise Dolto. Elle reçoit un jour un coup de téléphone d'un papa, affolé parce que son bébé est devenu anorexique, refuse tout biberon. "Présentez-lui, conseille Dolto, un biberon enveloppé dans une culotte appartenant à votre femme." Et ça marche, la petite fille se remet à s'alimenter ! Cela paraît magique, d'autant plus incompréhensible que Dolto, qui ne cherchait guère à théoriser, donne pour tout commentaire : "C'est tout simple, je lui ai réparé son image olfactive du corps" ! Pour l'instant, personne n'a vraiment compris ce que cela signifiait. Nous sommes un petit groupe à avoir mis en chantier ce concept d'image du corps, mais pour la plupart des psychanalystes, il reste extrêmement vague. Par contre, si l'on se réfère à l'acupuncture, médecine taoïste, l'explication d'une telle anecdote devient évidente : les narines sont l'orifice d'ouverture du méridien rate-estomac, où circulent les énergies "Yang-Min", énergies gouvernant l'estomac et le gros intestin. Il est donc tout à fait normal qu'un apport d'énergie Yang, l'odeur, remobilise l'estomac, "ouvre" l'appétit. De la même façon, quand vous dites à un acupuncteur que le fantôme n'a pas été pris en compte par la psychanalyse jusqu'à présent, il est sidéré ! Pour un taoïste, le fantôme, symbolique ou non, est une entité psychique évidente.

Pour soigner la maladie des ancêtres, on fait appel à un "maître aux pieds nus", dont l'équivalent occidental serait l'exorciste. Sa formation l'a rendu capable de faire obéir les esprits de la terre, Kouaïs ou Nos. Les esprits du ciel, étant libres, viennent quant à eux naturellement, lorsqu'on en a besoin. Tout le travail du maître aux pieds nus va consister à faire dire au fantôme ce qui l'entrave dans son parcours. On retrouve l'idée fondamentale de la psychanalyse : le langage est libérateur. Mais ce qui est plus intéressant encore, c'est que l'on rejoint le poltergeist, et le rôle important qu'y joue, très souvent, un adolescent. Car le maître aux pieds nus utilise comme médium des adolescents, à travers lesquels le fantôme va pouvoir s'exprimer, permettant au maître aux pieds nus d'exercer le rituel approprié, et de libérer l'ancêtre.
- A l'adolescence, explique Didier Dumas, on dispose de toute la puissance des énergies sexuelles, pas encore mises en forme dans les voies de la reproduction. De nombreux adolescents sont voyants, télépathes, ou font des rêves prémonitoires. Il arrive que certains, après avoir rêvé la mort de leurs parents dans un accident, soient tout étonnés quand celui-ci a lieu et que leurs parents s'en sortent indemnes ! Leur rêve était bien prémonitoire, puisqu'il avait pré-vu l'événement, mais il servait aussi à signifier qu'ils entraient dans l'âge où ils allaient devoir se passer de leurs parents. 
- Comme dans les groupes d'entraînement à la télépathie qu'animent Djohar Si Ahmed et Gérald Leroy-Terquem, les filtrages, brouillages et déformations du message indiquent le travail de l'inconscient dans les phénomènes paranormaux. Une fois de plus, parapsychologie et psychanalyse se rejoignent ?
- Bien sûr, répond Didier Dumas. Toutes deux sont appelées à coopérer de plus en plus étroitement, même si c'est probablement la physique quantique qui nous apportera l'explication des manifestations physiques du paranormal. Regardez ce qui se passe avec le traitement psychanalytique du fantôme. Il faut savoir que l'on repère un fantôme à partir du transfert, et non pas à partir des symptômes qui ont motivé la demande de cure. Le patient, qui n'est pas à la recherche de ce qu'il a oublié de son enfance, mais d'un passé inconnu, tente donc de faire parler l'analyste à l'endroit où ses parents n'ont pas parlé. L'analyste, s'il reste figé sur les symptômes, confond cette hantise avec une névrose, une psychose ou une perversion, et attend patiemment que le transfert enclenche le processus de cure. Il va alors se développer toute une série de phénomènes, passages à l'acte, délires, atmosphère anormalement pesante des séances, qui provoquent souvent des troubles physiques ressentis par l'analyste lui-même, et montrent que le patient utilise son hystérie de bébé, son image du corps, pour pousser l'analyste à parler. Celui-ci peut alors facilement croire àune aggravation de l'état de son patient, et on aboutit à des cures interminables, ou à des catastrophes. Mais si l'analyste est ouvert aux concepts de fantôme et de trans-générationnel, s'il est un peu parapsychologue en quelque sorte, il va pouvoir faire s'exprimer le fantôme. Comment ? Pour tuer un fantôme, on prend un ange et on vise juste ! Prendre un ange, c'est ramener du verbe, mettre des mots là où règnait le silence.
- On est effectivement en plein dans le paranormal ! Mais si parapsychologie et psychanalyse se marient aussi bien, comment expliquer que l'idylle ait commencé si tard ?
Il y a plusieurs niveaux d'explication. Freud lui-même, pour commencer. On ne peut le lui reprocher : il avait déjà fort à faire pour développer sa théorie de l'inconscient individuel. Cependant, comme le montre Didier Dumas en démontant l'arbre généalogique du maître dans Hantise et clinique de l'autre (*), de nombreux fantômes, notamment en lignée maternelle, encombraient Freud et l'empêchaient de s'ouvrir au trans-générationnel.
- Plus fondamentalement, ajoute-t-il, c'est toute l'ouverture à l'idée de psyché collective qui est en jeu. En rejetant l'hypnose et la technique hypnotique, la psychanalyse a refusé de se demander à quel phénomène psychique l'hypnose correspondait, et s'est détournée du même coup de la parapsychologie. Il a donc fallu attendre des années avant que n'apparaissent l'intérêt pour les phénomènes paranormaux, les théories du fantôme et du processus originaire. Nous commençons maintenant à élaborer des pratiques, telle que celle du va-et-vient entre analyse et acupuncture, qui donne d'excellents résultats. L'acupuncteur rétablit une circulation énergétique harmonieuse, prend en charge les problèmes somatiques, dont l'analyste aide à retrouver la véritable origine. Le seul trait d'union entre les deux thérapeutes est le patient lui-même, qui doit rapporter à chacun ce qu'il a vécu avec l'autre. Le reformulant avec ses propres mots, il le comprend mieux, le fait sien, il se réapproprie son histoire. Ouvrir la pensée aux dimensions collectives de l'âme, c'est le grand chantier de la psychanalyse de demain !

Un chantier d'autant plus important que ses dimensions collectives semblent conférer à la psyché des pouvoirs encore insoupçonnés. En approfondissant ses rapports avec la matière, la parapsychologie et la physique quantique apportent au psychisme une dimension concrète encore bien mystérieuse. Et la psychanalyse, qui s'intéresse aux rapports entre l'esprit et la matière vivante humaine, montre à quel point les frontières de la psyché sont extensibles. Ces trois domaines de la recherche, réunis, conduisent à se demander :
Des frontières extensibles jusqu'où ?

             Extrait de Lorsque la Maison crie, phénomènes paranormaux et thérapie familiale, Robert Laffont, Paris, 1994

 

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