En.marge Albert Jacquard et l'avenir : rêves, cauchemar, idéal... | |||||||
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Vies en marge
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En..marge : Parmi tous les dangers qui nous guettent, lequel vous fait le plus peur ? Albert Jacquard : La victoire de la compétition, de ce regard sur l’autre qui fait dire : « Il faut que je l’emporte sur lui ». En Europe, ce désir est à l’origine de la plupart de nos réalisations. Alors que ce devrait être le désir de profiter de la différence pour s’enrichir mutuellement : « Il n’est pas comme moi, il ne pense pas comme moi ? Il va m’aider. » En.marge : Quel est votre plus beau rêve d’avenir ? Albert Jacquard : Que l’on considère enfin l’autre comme une (res)source. Une société sans économie, sans la notion de valeur, où l’émulation remplace la compétition, où chacun ait droit à l’information, à la paix, au logement, aux soins. En.marge : Une idée de solution pratique qu’on pourrait mettre en œuvre ? Albert Jacquard : Deux ! D’abord l’éducation. La suppression de ces horreurs que sont classements et palmarès. Ensuite, un système de santé planétaire, l’OMS comme ministre de la santé partout, pour que le fait d’être malade l’emporte partout sur le fait d’être ceci ou cela, ici ou là. En.marge : Comment tentez-vous de mettre votre idéal en application ? Albert Jacquard : J’ai surtout comme arme la parole. L’un de mes livres s’appelle « Halte aux Jeux ! », le prochain, en septembre, sera une utopie. A mon âge, j’ai le devoir de dire ce que j’envisage comme horizon pour la fin du siècle. J’essaie de définir un certain nombre de thèmes, d’être lucide sur la réalité, sachant que cette lucidité est la mienne, différente de celle des autres. Mais ne peut-on pas faire des projets ? Par exemple pour faire reculer l’emprise de l’économie et promouvoir une société humaine sans économie, sans la notion de valeur, sans compétition, remplacée par l’émulation. Ça exige un certain nombre de droits : le droit à l’information (ce qui me permet de dire beaucoup de mal de la télévision), le droit à la paix (ce qui me permet de dire du mal du commerce des armes), le droit au logement, aux soins… et c’est pour respecter ce dernier que j’envisage une planétarisation du système sanitaire. Un article pour Nouvelles Clés |
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