En.marge                            Paul Lannoye, écologiste belge, ex-député européen

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Membre fondateur du parti vert en Belgique, Paul Lannoye a rempli trois mandats de député européen et anime aujourd’hui le GRAPPE (groupe de réflexion et d’action pour une politique écologique).On lui doit notamment d'avoir âprement défendu les médecines non-conventionnelles.

"Existe-t-il une conscience collective ?

Je dirais surtout : inconscience collective ! A l’évidence, l’humanité semble collectivement inconsciente de la direction dans laquelle le monde est en train d’aller. Pour moi, qui suis venu à l’écologie avec le choc pétrolier de 1973 et ai travaillé comme physicien sur l’énergie solaire, l’exemple typique de cette inconscience est la catastrophe de Tchernobyl. A l’époque, je me suis dit : « Voilà, tout le monde va comprendre. » Pas du tout ! 20 ans après, on relance l’idée du nucléaire, alors qu’il est certain qu’un accident comparable arrivera en Europe occidentale – nous l’avons manqué de très peu en Suède en août dernier. Je ne crois donc plus aux vertus pédagogiques de la catastrophe dans la prise de conscience collective.

Mon expérience m’oblige aussi à constater les limites de l’action politique classique – sans parler de la sclérose des partis écologistes, dont la structure finit par s’occuper surtout d’obtenir des postes officiels pour ses leaders. Les grandes institutions internationales ne valent guère mieux. L’ONU est la moins mauvaise. Elle reste une tribune importante, malgré la paralysie qui résulte des jeux de pouvoir entre membres permanents du Conseil de Sécurité. L’OMC est la pire : catastrophe évidente pour les pays pauvres, moins visible pour nous, elle symbolise la démission du politique face au marché, car elle impose des règles commerciales à des secteurs qui n’ont rien à voir avec l’économie. Quant aux ONG, elles font un bon travail de conscientisation mais leur fonctionnement, le plus souvent calqué sur les structures habituelles, est peu démocratique, et elles ne se montrent pas toujours respectueuses du terrain.

Le changement collectif repose donc plus jamais sur l’individu. Il s’agit de se réapproprier la maîtrise de sa vie, de résister à la pression de la pensée dominante, de réfléchir, de s’informer, d’être un acteur au lieu d’un consommateur qui attend qu’on lui dise quoi faire. Je crois beaucoup à l’impact des blessures et accidents personnels (maladie, problème relationnel, blessure morale, perte d’emploi, etc.). Mais aussi à l’influence d’éveilleurs de conscience, ayant la capacité morale, intellectuelle et physique de porter des valeurs d’avenir, disséminés un peu partout et reliés en réseaux plutôt qu’en parti politique. A en croire l’Histoire, l’évolution de la conscience collective passe souvent par l’action de petits groupes convaincus. Pessimiste de la raison mais optimiste du cœur, je crois que nous n’avons pas d’autre choix que d’essayer d’agir."

  Propos recueillis à Millançay en septembre 2006

Le site du GRAPPE

Un article pour Nouvelles Clés  

 

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