Le droit aide-t-il l’émergence d’une conscience collective ?

On a parfois de grands espoirs, comme lorsque la Charte de l’Environnement a été ajoutée à la Constitution, en 2005. Mais, si le droit est censé porter des valeurs sociales pour nous permettre de vivre ensemble – la constitution apportant la cohérence –, c’est avant tout un objet de confrontation, extrêmement violent et peu fédérateur. Il y a toujours des intérêts économiques en jeu. De plus, les députés et sénateurs qui font les lois ne sont pas porteurs d’une vision nouvelle de la communauté, comme nos grands politiques et penseurs des Lumières par exemple. Ils subissent en outre un lobbying intense, quotidien, mené par des gens intelligents qui maîtrisent leurs dossiers et disposent d’arguments puissants (PIB, emplois, revenus, pouvoir d’achat…).  Les grands principes constitutionnels s’en trouvent transformés !

Sur le terrain, on constate un immense décalage. On a l’impression que le gouvernement agit pour ne rien changer en profondeur dans notre société, nos modes de consommation, etc., tandis que les gens semblent ne pas avoir envie de cette société et changent, mais au niveau local. Même s’il n’a pas encore trouvé son inscription dans les faits, un nouveau projet social commun est en train d’émerger. Le développement durable, par exemple, avance au niveau régional, dont les élus et l’administration, plus proches des réalités, ont plus de conscience. Mais il faudra du temps pour sortir de l’hyper-individualisme et que les gens, reprenant corps avec la vie, se rendent compte qu’ils ont besoin de cette solidarité. Un basculement est nécessaire. Nous sommes de plus en plus nombreux à le vivre.

 Propos recueillis à Millançay en septembre 2006

Un article pour Nouvelles Clés