En.marge                            Pierre Rabhi parle de la conscience collective 

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"Il y a, à l’œuvre dans le cosmos, une intelligence universelle. Notre rôle est de la percevoir et de la révéler, pas d’en être la source. Elle est dans la graine – petite, insignifiante, sans cerveau, et contenant pourtant un programme d’une intelligence incroyable. Elle est dans la plante – capable, si les conditions sont extrêmes, d’abréger tous ses processus de croissance pour se hâter vers la reproduction, poussée par la volonté de vivre. Mais nous, humains, croyons posséder un cerveau individuel – alors qu’en fait, ce cerveau n’est rien s’il n’est pas alimenté par le collectif, comme le montre l’histoire connue de l’enfant sauvage, isolé de tout environnement humain, qui marche à quatre pattes et pousse des cris de loup. Plus encore, nous transposons cette coupure à grande échelle, en prétendant nous circonscrire dans un ordre étranger aux autres, créant une enclave dans l’intelligence de la nature.

L’urbanisation, le hors-sol appliqué à l’humain, les prodiges techniques employés sans lucidité, l’intelligence réduite aux diplômes, l’idée que l’antagonisme est la seule dynamique de la vie, tout cela fait perdre la capacité à se brancher sur cette intelligence universelle. Et ne résout pas vraiment notre angoisse primale, fondamentale, d’humains se sachant faibles et mortels. Pour nous rassurer, nous avons maîtrisé le feu – parcelle de lumière –, inventé cultes au soleil, rituels, religions et aujourd’hui, bombes atomiques, assurances et sécurité à tout prix. Mais la vie est une aventure, un chemin initiatique, elle n’a d’intérêt que si l’on surmonte les difficultés !

On le sait bien, sortir de la bêtise collective actuelle passe par un travail individuel autant que collectif, les deux allant de pair. L’individu rencontre la nécessité de « se libérer du connu », comme disait Krishnamurti. Comment émerger à ma propre conscience si je ne suis pas libéré de la conscience collective ? L’évolution d’un être passe par un affranchissement le plus large possible de ce qui l’a déterminé, afin qu’il détermine lui-même ce qu’il doit être. Cette transition – initiatique – lui permet de ne plus se sentir comme défini par son appartenance à quelque chose, mais comme une conscience reliée au tout. Atteindre l’apaisement, l’acceptation, faire de soi-même son propre chef-d’œuvre, résoudre ses conflits, peurs et angoisses : autant de libérations qui, par les comportements qu’elles induisent, contribuent à la libération de tous, sans intention pédagogique ni prosélytisme.

Quand l’action sur le collectif est le reflet d’une telle conscience en marche, elle conduit inévitablement à raccorder l’humanité à l’intelligence universelle, et donc à la planète. L’écologie, en ce sens, n’est pas un catalogue de solutions techniques – même si ces solutions sont à appliquer d’urgence, notamment dans l’agriculture et en Afrique. De même, l’intérêt des SEL n’est pas le troc, mais le lien social ! L’écologie implique mon esprit, mon émotion, mes sens, tout ce qui fait de moi un mammifère doté d’entendement et de conscience, capable de s’enchanter devant la beauté, accédant au sacré. Nul n’a envie de nuire à ce qui l’enchante. Beaucoup souffrent des dégâts commis comme d’une profanation. Porter l’intelligence universelle, pour la conscience collective, c’est retrouver la dimension sacrée des choses. Les religions qui croient en un Dieu créateur devraient être les premières sur le front !"

Propos recueillis à Millancay en septembre 2006

Un article pour Nouvelles Clés  

 

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