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Gordion est une ville d'Asie Mineure, qui fut en des temps anciens l'ancienne capitale des rois de Phrygie (une partie de la Turquie actuelle). C'est dans le temple de Zeus à Gordion qu'Alexandre trancha d'un coup d'épée le Nœud gordien dont un oracle, attribué à Gorgias un grand roi phrygien, disait que celui qui le dénouerait deviendrait maître de l'Asie. Alexandre résoud ainsi brutalement une énigme vieille de plusieurs siècles et prétend par cette action brutale devenir maître du monde. On sait que ce ne fut pas le cas. Après avoir porté le feu et le sang jusqu'aux rives de l'Indus, Alexandre est mort empoisonné en Egypte à 33 ans. Son empire ne survivra pas à sa disparition. Un coup d'épée dans l'eau, une fois de plus, et la preuve toute bête par cette histoire semi-mythologique que la violence ne sert à rien pour défaire les nœuds. Surtout quand ils sont mouillés comme le prouvait brillamment notre ami Coluche !
Alors, que faire ? comme disait Lénine. Car des nœuds, il y en a partout aujourd'hui. Faut il choisir la voie de Pénépole et dérouler lentement le fil de la trame ou trancher comme Alexandre dans le
tas. J'ai essayé les deux voies . Il y a 10 ans en écrivant "nos pensés créent le monde", en m'installant en communauté à la campagne, j'ai suivi Alexandre.
Aujourd'hui avec le livre sur les bactéries, ma vie parisienne, mes
articles sur le développement durable, je joue la Pénélope. Ou le cheval de
Troie ? Mais notre époque aspire tout, digére tout, les Pénélope et les Alexandre ont leur rôle mais leur influence est anecdoctique par rapport au bulldozer de la pensée unique et à ses multiples ramifications. Pour nous embrouiller encore plus, nos penseurs patentés en
rajoutent ! "Nous sommes entrés dans le monde de la complexité", nous répète à longueur de bouquins Edgar
Morin. "Il faut penser en terme de chaos et de structures dissipatives",
ajoute le défunt Prigogine. "Tout est imbriqué, relié, systémique", expliquent l'anthropologue Gregory Bateson ou le psychologue Paul Watzlawick, pour ne citer que ces experts.
Mondialisation, globalisation, capitalisme libéral planétaire, terrorisme, intégrisme, individualisme, perte des repères, pertes des libertés, pays du Sud - pays du Nord, exploitation planétaire de l'homme par l'homme, conflits religieux
d'un autre âge, organismes génétiquement modifiés, prolifération nucléaire, etc... Les mots nous tournent la tête et nous figent dans l'aporie (suspension du jugement).
Pendant ce temps-là, la planète Vie poursuit sa lente dégénérescence.
Le protocole de Kyoto est entrée en vigueur 10 ans après sa signature !
Un semi gadget que les Américains ne veulent même pas ratifier. Peu à peu, par notre faute, elle perd tout ce magnifique cocon de vie qu'elle avait si difficilement construit au cours des millénaires pour nous accueillir. Notre atmosphère, créée à l'origine par des milliards de "petites vies" (les bactéries), est une œuvre d'art unique dans le cosmos - en tout cas dans l'état actuel de nos connaissances, et les photos de Titan prises par la sonde Huyghens ne risquent pas de corriger ce fait. Que la vie existe sur la Terre et que nous soyons là pour en parler est une suite de miracles ou de coups de chance incroyables. Mais bêtement, nous sommes en train de tout bousiller : effet de serre, trou dans l'ozone, pollution de l'air des villes, pluies acides, . Toutes les nappes phréatiques sont polluées en France, sans parler des mers, des rivières et des lacs.
Des piranas attirés par le réchauffement des eaux de la méditerranée détruisent les espèces naturelles et ce n'est qu'un exemple Les champs cultivables et les réserves minérales, surexploités, épuisés pollués, nourrissent une faune et une flore en plein appauvrissement.. Ces problèmes écologiques devraient nous pousser à un renversement des valeurs pourre construire une nouvelle vision du monde à l'échelle ds défis qui nous faut relever. Au lien de cela la
Chine et l'Inde sont entrées dans la course folle, pas concernées par le protocole de Kyoto, alors qu'il faudrait cesser la course à la croissance et au développement aveugle, au tout marché et à l'économie d'échelle.
Mais comme vous pouvez le constater, c'est l'inverse qui se produit. Encore une fois la tête nous tourne. Un récent sondage sur l'état d'esprit des Français soulignait que les deux termes qui le qualifiaient le mieux aujourd'hui étaient les sentiments de peur et d'impuissance. Peur parce que tout cela nous menace, impuissance parce que tout cela nous dépasse.
Alors que faire ? Si nous sommes citoyens de ce pays nous sommes surtout et avant tout des êtres humains planétaires. Peur et impuissance ne font pas partie de notre vocabulaire. Face à cette lame de fond qui entraîne aujourd'hui les habitants de la planète vers des contrées peu agréables, il nous faut réagir.
La politique traditionnelle des hommes politiques piégés par le système éonomonique et les critéres de
l'OMC, l'impossibilité des hommes de bonne volonté de s'unir pour inventer autre chose, me laisse aujourd'hui sans espoir de voir arriver le changement par les urnes. Si le non l'emporte au referendum européen, par exemple, ce serait un juste réveil bien que tardif mais comme nous n'avons rien à proposer d'autre au monde, il ne restera qu'un coup d'épée dans l'eau. La démocratie chacun le sait est le meilleur système à l'exception de tous les autres mais mis au service du capitalisme planétaire, elle prend de plus en plus des allures de pensée dictatoriale digne des plus beaux jours du communisme. Aujourd'hui par exemple les entreprises n'ont jamais été aussi riche mais ces bénéfices ne redescendent pas du tout au niveau de ceux qui produisent vraiment les richesses. Une faute que même les plus libéraux sont obligés de dénoncer. Autre exemple : Les
Américains sont condannés à s'inventer des ennemis pour soutenir leur complexe militaro industriel et nous, nous
courons derrière..
Alors que faire ? Pour ma part, j'ai choisi d'entrer en résistance dans ma vie
personnelle. Et même si la partie est perdue, ce ne sera pas par ma faute, car à mon échelle j'aurai fait ce que j'aurai pu pour éviter le désastre à mes enfants et petits enfants. Acte de conscience minimun, la résistance est un état d'esprit de tous les instants. Quand on entre en résistance, vigilance et attention permanente sont nécessaire pour ne pas sombrer dans le piège de la pensée toute faite. Le coup d'épée "à la Alexandre" a parfois du bon. Un humain conscient résiste, parle et tranche.
Le travail à la Pénépole est aussi très utile. Il nous faut aussi nous engager dans les
tâches à notre mesure. Nous en avons déjà fait mention. Quel qu'il soit, l'engagement humanitaire ou écologique reste un bon outil . Et l'union fait la force, mais cela ne suffit pas. La résistance souterraine est un travail de tous les instants de la vie quotidienne.
Si nous voulons un autre monde, il faut le construire. Si à notre échelle familiale rien n'est possible, alors autant laisser tomber. Quelle vie avons-nous choisie ? On dit que l'âme du capitalisme est l'argent, alors utilisons notre porte-monnaie pour consommer intelligemment. A Noël j'ai fait tous mes achats dans une boutique de commerce éthique. Cela a fait plaisir à tout le monde et calmé à moindre frais la schizophrénie ambiante. Je fais aussi partie
d'une AMAP. Dans ces Associations pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne, on achète un panier bio par semaine à un paysan de la région, il est assuré d'un revenu et nous, on mange de bons légumes pas chers. Il y aussi les réseaux de coopératives de consommateurs, et les réseaux de SEL, et puis tout ce que nous pourrions inventer entre nous pour nous aider. Echanger nos vêtements, nos compétences... . Résister à l'égoïsme et à la folie de la consommation par l'échange et la solidarité, c'est aujourd'hui faire preuve de résistance.
Il y a aussi des gestes tout simples que nous pouvons déjà faire chez nous. Eteindre les lumières et les appareils en veille, limiter les déplacements en voiture et avion, prendre son panier pour faire les courses, choisir les produits de saison, les écoproduits, acheter bio... Un b. a. ba que chacun se doit de respecter. La protection de l'environnement est une des clés pour dénouer le nœud gordien actuel. Quand une société veut vivre en harmonie avec la nature, elle est obligée de cultiver la fraternité. Et lorsque la fraternité existe, la liberté et l'égalité coulent de source. Notre pays a inscrit le développement durable dans sa Constitution, en le définissant comme le développement de la génération actuelle sans nuisance pour les générations futures. Trois impératifs simultanés : développement économique, sociétal, protection de l'environnement. C'est aujourd'hui la tarte à la crème de tous les industriels et organismes d'Etat. Sauf que le trio est impossible : comment protéger l'environnement et les gens lorsque la concurrence des marchés est le seul moteur de ce développement ? Le grand spectacle commence en 2005, avec l'ouverture à la concurrence. Il s'épanouit en 2007 avec la fin du service public. Le développement durable pourtant c'est mieux que rien. On peut prendre le marché à son piège mais il faut que les consommateurs exigent des produits éthiquement corrects, que leurs choix se portent sur les compagnies les plus honnêtes. Il nous sera ainsi demandé d'être de plus en plus vigilants dans nos achats. Aujourd'hui, il faut être prêt à vivre pauvre et libre plutôt que gavée de biens matériels et asservie. Si on m'avait dit un jour que la révolution était au bout du porte-monnaie ! Et pourtant, c'est la vraie bataille qui nous attend.
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