En.marge                                     Les racines psychologiques de l'utopie

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Les racines de l'utopie se logent, selon moi, dans le psychisme de l'homme. Elles sont le fruit d'une lente évolution qui a rendu conscient en lui un désir de perfection, à l'œuvre dans l'univers à travers tous les règnes. Minéral, végétal, animal, humain, tous sont en effet portés par une force, une énergie, une pulsion, un instinct, un désir, une intention, bref, un "Truc" qui conduit chacun, selon sa mesure, à vouloir vivre et vivre de mieux en mieux afin d'atteindre sa plénitude. Cette poussée évolutive conduit l'univers à changer sans cesse, jusqu'à atteindre ce point dans chacun de ses états : du big bang à l'homme en passant par les bactéries, la vie avance ainsi vers plus de conscience, vers plus d'autonomie, mais toujours dans le but de satisfaire de mieux en mieux son bien être. Une quête qui semble réussir pour le minéral, le végétal ou l'animal, qui sont parvenus à créer ensemble sur la Terre un écosystème équilibré où chacun trouve sa place. Si l'homme ne le perturbait pas trop, tout serait parfait. Mais notre espèce est loin d'avoir su inventer l'harmonie, la beauté, la justice, la plénitude, l'amour auxquelles elle semble aspirer. On constate qu'un caillou, une violette, une vache ne peuvent pas être autre chose que ce qu'elles sont, parfaite comme vache ou violette. Mais l'humain, à tord ou à raison, pense qu'il pourrait mieux faire, comme s'il n'avait pas atteint, lui, son point d'achèvement. Son psychisme est tordu, sa conscience obscurcie, la peur le guide, la méfiance le soutient, l'agitation l'anime, mais il sait instinctivement que les choses pourraient être différentes. Il sait aussi instinctivement que la vie serait plus belle si l'humain était meilleur. Même s'il continue à penser que l'humain, c'est le voisin.
Pendant des siècles, les religions ont utilisé cette poussée évolutive pour nous faire espérer dans le ciel le bonheur que nous cherchions, la Terre ne pouvant être qu'un lieu de souffrance. On peut se demander ce que seraient devenus les hommes sans religion. Seraient-ils meilleurs ou pires aujourd'hui ? Quoi qu'il en soit, les notions de science et de progrès social ayant fait leur chemin, l'homme des Lumières s'est mis à douter du Paradis et des autres pratiques spirituelles. Il a démasqué dans les religions et autres sectes un alibi pour ne rien faire sur la Terre en se donnant bonne conscience. L'homme de raison a supprimé le paradis et le nirvana. Pour combler le vide, car le désir de perfection et de plénitude demeure, l'homme de raison a inventé utopia. Utopia, ou le ciel descendu sur Terre, mais sans le bon Dieu et ses troupes. Construit en réaction contre le monde spirituel, l'utopie des Lumières, ainsi que le communisme qui en est l'enfant, ne s'occupent plus que de la réalisation concrète du projet et nient la nécessité de changement des mentalités individuelles. Pour améliorer le sort des humains, on organise la société idéale - conçue comme une mécanique - pour des hommes qui ne le sont pas. On compense en inventant règles et devoirs avec tous les effets pervers qui en découlent. Ces idées et surtout les expériences qui ont été tentées au cours des siècles méritent pourtant d'être saluées. Les utopistes ont eu le courage de marcher leur parole pour se lancer dans des expériences de partage. Ils sont nos frères car l'utopie représente la forme la plus généreuse du rêve matérialiste - la société de consommation étant sa forme la plus égoïste.
Aujourd'hui, on dit que les utopies sont mortes. Ce n'est pas exact. Elles viennent combler le vide de sens, la peur du changement, souvent en se crispant dangereusement autour de vérités dépassées. Autant de vieilles formes qui ont fait leur temps et ont apporté la preuve qu'elles ne marchaient plus : communisme, libéralisme, capitalisme, socialisme, christianisme, islamisme, judaïsme, bouddhisme et même humanisme sont pour moi à ranger au musée de l'humanité. Notre inconscient collectif nous demande aujourd'hui de redevenir créatif et de créer de nouveaux concepts pour de nouveaux temps, comme les bâtisseurs ont su bâtir de nouvelles cathédrales avec les pierres des vieux temples. Il y a urgence à penser qu'un autre monde est possible sur les ruines de l'ancien. Réconcilier le Ciel et la Terre dans une nouvelle alliance, rêver et construire un monde plus équitable, pratiquer le véritable développement durable... tenter le coup de la démocratie directe, créer enfin une société pour des êtres libres, égaux et fraternels. La tâche est immense, mais nous sommes des bâtisseurs et l'ouvrage ne nous a jamais fait peur.

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