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    NOUVELLE PENTECÔTE ET CRÉATIVITÉ POST-MODERNE

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Oui, les dollars US portent la mention "In God we trust"; oui, les écoliers, collégiens et lycéens de ce pays se tournent chaque matin vers le drapeau pour réciter, main sur le cœur, un serment d'allégeance qui met la nation "under God"*. Dieu est chez lui en Amérique, et l'Amérique est sous la protection de Dieu. Osons même un rapprochement scabreux : depuis la Mayflower fuyant l'intolérance religieuse, la volonté d'adorer Dieu en toute liberté irrigue l'inconscient collectif américain aussi fortement que, pour les mêmes raisons, la France est imprégnée de laïcité. 

Que choisir, dans cette vaste fresque que la revue What Is Enlightment dresse de l'Amérique tendance New Age, sous-tendance Spi ? Ce qui vient bousculer le plus nos idées reçues.

 - Première idée reçue : on nous raconte que les USA, depuis les années Reagan, connaissent une révolution conservatrice imprégnée de fondamentalisme religieux. Le Kansas n'a-t-il pas tenté d'interdire Darwin, Bush parlé de croisade ? Vrai, mais pas si simple : depuis toujours, la reigion n'est pas en Amérique une institution morte; elle est même aujourd'hui en pleine évolution. Ecoutez Diarmuid O'Murchu, prêtre catholique et auteur de Quantum Theology, acclamé par les religieuses de l'Indiana auxquelles il s'adresse : "L'Eglise catholique ne tiendra pas car son histoire est fausse et sa hiérarchie inadaptée. La structure est erronée, tout l'ensemble est inadéquat. Ces structures de type mécaniste ne conviennent pas à un monde en évolution, conscient et interactif."

Il n'y a pas que les structures. Le discours fondamentaliste, lui non plus, ne convient pas dans les milieux cultivés et universitaires où la vague du renouveau religieux vient s'échouer aujourd'hui, en prenant une nouvelle forme. Aussi voit-on apparaître des prêcheurs nouveaux, qui marient christianisme de base et théorie de l'évolution. "Quand la Bible parle de l'homme fait de poussière, c'est absolument vrai !", s'exclame avec toute la verve du prêche "Amérique profonde" le pasteur Michael Dowd devant une assemblée à Cambridge, ville de Harvard et MIT. "Nous ne sommes pas venus sur cette planète, nous en sommes nés, nous y avons poussé, comme les pommes poussent sur un arbre ! Voilà ce que dit la Genèse avec ses mots : nous ne sommes pas sur Terre, vivant dans un univers. Nous sommes un mode d'être de Terre, une expression de l'univers."

Cette nouvelle pensée chrétienne a ses théoriciens (le moine catholique Thomas Berry et le cosmologiste Brian Swimme, auteurs de The Great Story, "mythe de création pour une culture mondiale au bord du désastre écologique"), et tend à échapper à ses frontières habituelles (le New Age et l'église unitarienne). "Les évolutionnistes n'ont pas compris qu'ils avaient gagné la guerre, explique Connie Barlow, biologiste devenue pasteur, et ils ont raté le fait que l'important n'est plus aujourd'hui que l'évolution ait eu lieu, mais comment elle a eu lieu." Pour elle comme pour Michael Dowd, après le doute existentiel nietzschéen qui a marqué la pensée spirituelle au XX siècle, une nouvelle forme de foi et de certitude est destinée à émerger. Une foi passionnée et convaincue, mais appuyée maintenant sur la curiosité et l'ouverture d'esprit de la culture scientifique, et sur l'idéalisme inspiré qui vient de l'appréciation de la position dans laquelle quatorze milliards d'années d'évolution ont placé la conscience humaine. "C'est une nouvelle Pentecôte, conclut Michael Dowd. L'ancrage dans la vérité que donne la science nous permet la passion et la confiance que les Eglises ont perdues."

- Deuxième idée reçue : quand elle n'est pas bigote, l'Amérique est décadente. Pour preuve, cet étrange festival Burning Man au milieu du désert, se terminant par un immense brasier, que l'on nous montre à la télé depuis quelques années. Le principe est simple : chacun vient avec ce qu'il consommera ou utilisera, pour, pendant une semaine, créer une œuvre personnelle ou participer à une oeuvre collective. Tout est brûlé à la fin, chacun remportant ses déchets. N'est-ce pas le comble du gâchis, de l'absurde ?

Pas si simple ! "Ce que nous faisons ici est une réponse au consumérisme, attaque le fondateur du festival, Larry Harvey. Que nous dit la société de consommation chaque jour, alors que nous sommes assis, en transe, devant la télé ? "Soyez au top de vos potentiels, soyez réel, soyez authentique, vous pouvez être vous-même !" C'est un simulacre d'existence, un trafic impie du sacré, dans lequel des objets ont été substitués à des états d'être. Ici, nous offrons la même chose, mais l'expérience est authentique, elle prend sa source dans l'esprit des gens. Elle ne les aveugle pas sur leurs propres ressources, elle ne les rend ni vides, ni solitaires, ni affamés. Au contraire, elle leur permet de se rendre compte pour la première fois de leur vie qu'ils peuvent créer une réalité par eux-mêmes." Bientôt, peut-être, sera-t-il temps de construire sans brûler…

"I pledge allegiance to the flag of the United States of America, and to the Republic for which it stands, indivisible, under God, with liberty and justice for all."

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