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Dans
le bassin occidental de la Méditerranée, les Romains étaient un petit
peuple de paysans qui progressivement se transforma en soldats, puis en
administrateurs. En s’imposant dans le monde méditerranéen et en lui
donnant une unité politique, ils diffusèrent la culture hellénistique,
cosmopolite, en même temps qu’ils la modifièrent. Les nombreux apports
orientaux, égyptiens, juifs, assyriens, et plus tard, chrétiens, furent
tous absorbés par cet empire pragmatique d’où naquirent les mondes
occidental, orthodoxe et islamique. Les
Étrusques Les
Étrusques s’installèrent entre le VIIIe
et le VIIe
siècle dans la région italienne comprise entre l’Arno et le Tibre.
Leur langue ne se rattache pas aux langues indo-européennes, et, bien
qu’écrite avec des caractères dérivés du grec, elle demeure une énigme.
Ils développèrent une brillante civilisation, composée d’éléments
orientaux et gréco-mycéniens. Grâce au commerce, à l’agriculture, et
à l’industrie minière, les Étrusques connurent une prospérité qui
facilita la constitution d’une fédération des peuples. Dans
le Latium, la ville de Rome fut fondée en 753 av. J.-C., selon la date
mythique (légende de Rémus et Romulus), puis elle fut intégrée au sein
d’une confédération de villages latins et tenta de renforcer son
pouvoir par des conquêtes dans la région environnante. Aux rois romains
primitifs succédèrent sept rois étrusques entre 750 et 510 av. J.-C.
Les origines de la ville comme l’histoire des premiers siècles
demeurent obscures. Les historiens ont des difficultés à démêler les légendes
élaborées tardivement des faits authentiques. Les
premiers temps de la République romaine Servius
Tullius (début du VIe
siècle av. J.-C.) mit fin à la dynastie étrusque des Tarquins. Il dota
Rome d’une constitution qui rappelait par de nombreux aspects l’œuvre
de Solon à Athènes : elle établissait la division sociale selon la
fortune et selon les circonscriptions territoriales, soulignant la différence
entre patriciens et plébéiens. Au cours du Ve
siècle av. J.-C., Rome imposa sa domination à ses voisins, détruisant
le pouvoir étrusque décadent et se rendant maître d’une partie de
l’Italie. Une série de mouvements de peuples celtes en Europe centrale
déclencha l’invasion des Gaulois de Brennus sur l’Italie. Ils saccagèrent
Rome en 387 av. J.-C. La ville se releva de cette défaite et, après
de longues luttes, compléta la conquête de la péninsule par les guerres
samnites (IVe
s.), puis engagea des guerres contre les colonies grecques d’Italie au
IIIe
siècle (275 : défaite du roi grec Pyrrhus, à Bénévent). Ces succès
consécutifs à l’organisation militaire républicaine autorisèrent
Rome à rivaliser avec les plus grandes puissances de la Méditerranée. La
domination de la Méditerranée Carthage,
l’ancienne fondation phénicienne en Afrique du Nord, constituait la
principale puissance de la Méditerranée occidentale, après la chute de
sa métropole Tyr, aux mains des Assyriens (VIe
siècle av. J.-C.). Il s’agissait d’une cité-État prospère, dirigée
par une oligarchie marchande et imprégnée de culture orientale. Lorsque
les Carthaginois attaquèrent Messine, en Sicile, pour des raisons
commerciales, la ville menacée demanda l’aide de Rome qui saisit le prétexte
pour mesurer ses nouvelles capacités militaires. À
partir de cet événement (264 av. J.C.), l’opposition entre Rome et
Carthage à propos du contrôle de la Méditerranée occidentale et
centrale dura jusqu’au en 146 av. J.-C., avec la destruction
de Carthage. Durant ce long siècle, trois guerres se déroulèrent sous
le nom de guerres puniques (c’est-à-dire carthaginoises). Les
guerres puniques La
première guerre punique (264-241 av. J.-C.) se prolongea 40 ans, en
raison de l’affrontement de deux puissances de nature différente,
l’une terrestre, l’autre maritime. Le résultat fut la réunion à
Rome de la Sicile et de la Sardaigne. Il
restait comme colonie à Carthage le sud de l’Espagne, d’une très
grande richesse minière. La destruction de la cité de Sagonte, alliée
de Rome, déclencha la deuxième guerre punique (219-202 av. J.-C.),
durant laquelle le génie militaire d’Hannibal
s’illustra. Ce grand chef conçut l’idée d’attaquer Rome par voie
de terre ; il lança dans ce but une expédition sans précédents, avec
des éléphants en appui de l’infanterie, traversant l’Espagne, le sud
de la Gaule, franchissant les Alpes, et battant les Romains aux batailles
de Trasimène et de Cannes (en Italie). L’armée romaine défaite, Rome
était menacée. Mais les généraux de la République ne cessèrent pas
de harceler les Carthaginois. Publius Cornélius Scipion parvint à
s’emparer des possessions carthaginoises en Espagne, coupant les arrières
d’Hannibal. Les forces de secours qu’il attendait, sous le
commandement de son frère Asdrubal, furent écrasées. L’affrontement
final eut lieu à Zama en Afrique du Nord (202 av. J.-C.). Carthage,
vaincue, accepta une paix humiliante. Des années plus tard, Carthage,
partiellement remise, tenta de relancer ses activités commerciales, bien
que ce fût dans des proportions modestes. Rome saisit ce prétexte
(troisième guerre punique) pour attaquer et anéantir son ennemi séculaire
(146 av. J.-C.). Les
guerres macédoniennes Après
s’être emparée de l’Espagne, la République aborda la conquête de
la Grèce. Trois guerres macédoniennes,
se succédèrent et toutes se conclurent par des victoires
romaines. La légendaire phalange macédonienne cédait sous la poussée
de la légion. Dès 196, après la 1re
guerre, les Romains voulurent se placer en “ libérateurs ”
des Grecs et non en conquérants. Ainsi, le consul Flamininus proclama la
“ liberté des cités ” aux jeux isthmiques et décida le
retrait des troupes. Par la suite, Rome géra ses victoires jusqu’à ce
qu’elle intègre la Grèce dans la province romaine de Macédoine (146
av. J.-C.). Avant
même cette intégration, le roi Antiochos III, descendant du général
d’Alexandre le Grand, Séleucos, fut lui aussi vaincu par Rome à la
suite de son intervention en faveur des Macédoniens et de leurs alliés
grecs. Par ailleurs, il avait soutenu Hannibal qui s’était réfugié à
sa cour. Les Romains les écrasèrent et passèrent en Asie Mineure,
mettant fin à l’hégémonie séleucide dans la région (bataille de
Magnésie en 190 av. J.-C.). Le
nom des frères Scipion illustre ces succès militaires et les conséquences
qu’ils entraînèrent. Leur ennemi politique dans Rome, Caton, insista
sur l’enrichissement provoqué par l’accroissement de l’empire et
l’opposa à la vertu simple et honnête du soldat-paysan romain. En
Occident, la conquête des Alpes italiennes et du littoral méridional de
la Gaule (la Narbonnaise), permit de relier l’Italie et l’Espagne par
terre. Dans les dernières années du IIe
siècle av. J.C, la Méditerranée était devenue une mare
nostrum :
seule l’Égypte échappait encore à la domination romaine. La
crise de la République et les débuts de l’empire Au
milieu du IIe
siècle av. J.-C., la richesse de Rome, alimentée par ses conquêtes dont
l’augmentation des échanges et des esclaves était la conséquence,
donna lieu chez les plébéiens à la création de grandes fortunes,
rapidement investies dans des terres. Les petits paysans libres, qui
avaient constitué le cœur politique de la Rome primitive, se virent ruinés
à cause de la multiplication des grandes propriétés, de l’emploi
massif d’esclaves, obtenus comme butin de guerre, et de l’importation
à bas prix de produits venant de régions annexées. La réforme agraire,
promulguée par les patriciens Tibérius et Caius Gracchus (les Gracques)
plongea la République dans l’effervescence sociale d’autant que les
deux frères furent assassinés. Les difficultés matérielles
conduisirent de nombreux citoyens à s’engager dans l’armée ou à
entrer dans l’entourage d’un puissant (sa clientèle). Cette armée,
nourrie de mécontents, devint la force de frappe d’hommes ambitieux. Le
général Caius Marius (157-86 av. J.-C.), artisan de la
professionnalisation de l’armée, échoua pourtant dans sa tentative
d’introduire des réformes démocratiques. La “ guerre sociale ”
(91-89), un conflit qui opposa les alliés italiens à Rome, renforça
l’armée et obligea la République à accorder la citoyenneté à tous
les Italiens. La
réaction oligarchique,
celle des plus puissants et des plus riches de la République, fut menée
par un autre général, Sylla. Il fut le premier à utiliser l’armée
contre ses concitoyens. Ainsi le pouvoir dictatorial fondé sur l’armée
apparut dans le but d’assurer une réforme constitutionnelle favorable
aux intérêts d’un groupe dominant. À la mort de Sylla (79 av. J.-C.),
le régime qu’il avait créé se perpétua encore pendant dix ans,
jusqu’en 70 av. J.-C., date à laquelle Crassus et Pompée réussirent
à introduire des amendements démocratiques. À ce parti populaire se
joignit Jules
César
(100-44 av. J.-C.), lui-même général victorieux et d’origine
patricienne. Il forma avec les deux précédents le premier triumvirat. Le
premier triumvirat L’armée,
représentée par Pompée et César, et les nouveaux riches, représentés
par l’opulent propriétaire et négociant Crassus, préfigurèrent le développement
de la société romaine, jusqu’à ce que la rivalité entre les deux généraux
précipitât la crise. Pompée incorpora la Syrie, la Judée et le Pont à
Rome ; son collègue, la Gaule, en parvenant jusqu’à la
Grande-Bretagne, et, plus tard, l’Égypte. Enfin, Jules César décida
de se rendre maître de Rome en franchissant le Rubicon avec son armées
(49 av.J.-C.). En
dépit de l’assassinat de Pompée en 49, les années qui suivirent
furent occupées par les guerres civiles entre les partisans des deux généraux.
Si César en sortit vainqueur, au prix de l’incendie de la bibliothèque
d’Alexandrie et d’une réaction des républicains, ces combats débouchèrent
sur une tension politique extrême jusqu’aux ides de mars (44 av.
J.-C.), avec la conjuration en plein Sénat, Brutus assassinant César. Toutefois,
la restauration républicaine échoua, n’étant soutenue ni par l’armée
ni par le peuple. Le
second triumvirat Un
second triumvirat, composé d’Octave, de Marc-Antoine et de Lépide,
arriva au pouvoir. L’influence du premier augmenta rapidement, tandis
que le second, établi à Alexandrie, projeta de créer un empire d’Orient
en s’alliant à Cléopâtre, la reine du plus riche pays de l’époque :
l’Égypte. Vainqueur à la bataille navale d’Actium (31 av. J.-C.),
Octave devint le maître véritable de l’Empire romain après le retrait
de la vie publique de Lépide (29 av. J.-C.). Les
institutions républicaines furent maintenues en théorie, mais Octave
s’attribua les titres de princeps
(premier sénateur) et d’imperator
(celui qui possède le pouvoir). Ainsi, il dominait le Sénat et
pouvait compter sur la fidélité de l’armée. Octave-Auguste mourut en
14 ap. J.-C., laissant ouverte la question de sa succession. Tout
favorisait l’implantation d’une dynastie. Entre 14 et 69, le pouvoir
appartint de fait à des membres de la famille julio claudienne (Tibère,
Caligula, Claudius, Néron), que les témoignages présentent presque
toujours sous un jour noir, les auteurs leur étant délibérément
hostiles (comme Suétone). Malgré le peu de moralité qui leur fut
attribué, cette période impériale fut celle de la pax
romana (paix romaine). L’apogée
de l’empire Avec
la dynastie des Flaviens (69-96), la paix et la discipline se conjuguèrent.
Le génie romain de la construction, de l’organisation, de la législation
se prolongea tout au long du principat d’Auguste et du premier siècle.
De grandes œuvres publiques furent réalisées. On vit les routes se
multiplier, les villes alimentées plus fréquemment par des aqueducs. Des
forums furent édifiés. Afin de satisfaire aux loisirs, amphithéâtres
et cirques furent construits. Thermes
et bains se généralisèrent. La plupart de ces réalisations pratiques
ont perduré et contribuèrent à façonner le monde occidental après la
disparition de l’empire. L’époque
la plus pacifique et la plus prospère se situa au IIe
siècle, de l’assassinat du dernier Flavien, Domitien (96), à la
disparition de Marc-Aurèle (180). Les empereurs de la dynastie des
Antonins furent d’excellents administrateurs et de brillants soldats.
Certains tentèrent d’atteindre une grandeur aussi bien morale et
personnelle que militaire et publique. Avec Nerva (96-98), le Sénat
recouvra momentanément une partie de ses pouvoirs traditionnels. Son
successeur, Trajan, fut le premier empereur originaire d’une province
extérieure à l’Italie, puisqu’il naquit en Espagne (98-117). Il
gouverna l’empire au moment de sa plus grande extension territoriale. Le
limes (la
frontière) avec les Germains fut fortifiée, la Dacie (l’actuelle
Roumanie) et l’Arménie furent annexées, et même l’antique Mésopotamie,
bien que de façon éphémère, fut occupée. Hadrien
(117-138), ancien gouverneur de Syrie, renonça à cette politique
d’expansion, signant
une paix avec les Parthes, nouveaux occupants de la Mésopotamie et
renforçant les défenses de l’empire. Il réforma l’administration, réorganisa
la chancellerie. Il promut le développement des œuvres publiques, dans
l’esprit de Trajan. Enfin, il écrasa la révolte des Juifs de
Palestine. Cette période, heureuse pour l’Empire romain, se clôt avec
Marc-Aurèle (161-180), philosophe stoïcien, et avec l’arrivée des
premiers peuples barbares du nord et de l’est de l’Europe, dont cet
empereur dut repousser les attaques. Le
Bas-Empire romain Au
IIIe
siècle de notre ère débuta ce que l’on appelle généralement le
Bas-Empire. Ce siècle est celui du désordre, des invasions mal contenues
et de l’instabilité permanente. Dans les provinces, les généraux se
proclamèrent empereurs, soit par obligation devant le danger, soit par
ambition personnelle. La dynastie des Sévères est l’image de la
transition vers ce Bas-Empire. Septime Sévère (193-211) fut acclamé
empereur par les légions du Danube. Il élimina les autres prétendants
et endigua les poussées des Parthes en Orient, et des Bretons dans ce qui
sera l’Angleterre. Son fils Caracalla attribua à tous les habitants
libres de l’empire la citoyenneté romaine : la ville de Rome se
fondit dans l’Empire romain. Or cette fusion intervenait au moment où
les incursions barbares se multipliaient, allant jusqu’à faire vaciller
le pouvoir impérial. Des
empereurs, appelés les Illyriens à cause de leurs origines, réussirent
à contrôler les peuples barbares, au prix de tributs à payer ou
d’incorporation dans l’empire de certains groupes. Cependant, ces
pratiques demeuraient encore limitées au IIIe
siècle. Entre guerres civiles et luttes contre les invasions, il était
difficile de savoir qui détenait le pouvoir, où se trouvait la légitimité,
d’autant que Rome était maintenant présente dans tout l’empire.
Situation exceptionnelle, le cas de Dioclétien est remarquable à
plusieurs égards. D’une part, afin d’éviter les affrontements que
suscitent les successions, ce général devenu empereur (285-313) institua
un système appelé la tétrarchie : deux empereurs (les augustes)
gouvernaient, l’un à l’ouest, l’autre à l’est, assistés chacun
de deux césars
qui devaient se substituer à eux de manière automatique. L’empire se
trouvait divisé en deux grandes régions et douze diocèses. Les décisions
impériales étaient prises de manière solidaire. D’autre part, Dioclétien
fut (avec Charles Quint) le plus grand empereur de tous les temps à
abdiquer son pouvoir librement, se retirant à Split en 305. Sa forte
personnalité et ses mesures de réorganisation permirent de contenir un
temps les attaques barbares. Le système de la tétrarchie ne survécut
pas longtemps. Constantin, par un jeu d’alliances avec certains césars
et augustes, réussit à confisquer le pouvoir et à obtenir la pleine et
unique reconnaissance impériale, ouvrant ainsi une nouvelle étape dans
l’histoire romaine. Les
crises morales et le christianisme L’antique
religion romaine du soldat-paysan disparut avec les décombres de la République.
Le panthéon romain s’adapta progressivement aux dieux grecs avec des
noms différents. Mais même hellénisée, la religion traditionnelle
parut de plus en plus inutile aux citoyens romains de l’empire. Antonin
voulut restaurer les fêtes classiques, célébrer le 900e
anniversaire de la fondation de la ville, mais l’engouement était
absent. À l’inquiétude des changements du IIe
siècle, avec l’extension de Rome hors de Rome par l’édit de
Caracalla, l’influence croissante des orientaux, et les menaces sur les
marges de l’empire, on vit des religions prendre une plus grande place
dans tout l’empire et se substituer à la religion commune qui
glorifiait la communauté et l’empereur. Les dieux orientaux affluèrent
dans les principales villes, “ l’Oronte se déverse dans le Tibre ”
selon Juvénal. Les cultes à mystère, les religions du salut personnel,
les oracles et autres gnoses se multiplièrent. Les vénérations d’Isis,
de Mithra ou de Baal se répandirent. La crise des consciences avait soif
de vérité à rechercher, de salut à conquérir, par des voies souvent
personnelles (d’où le développement de l’ésotérisme et de la
mystique). Le
christianisme C’est
dans ce contexte que le christianisme, à l’image des autres religions
orientales, prit son essor. Affaire d’initiés, promesses de salut
apportaient le réconfort. Cependant, le message de Jésus ajoutait à
celui de la religion juif un caractère universel en grande partie intolérable
pour le pouvoir impérial puisqu’il appelait à refuser la religion
civique traditionnelle. Après la diffusion des premières communautés
par les apôtres (dont Paul et Pierre) au Ier
siècle, cette religion qui promet la vie éternelle à qui y adhère, se
développa au IIe siècle tout en continuant à subir le
martyre des persécutions (sainte Blandine à Lyon en 177). Au cours du
IIIe siècle,
certains nobles romains, patriciens, sénateurs se convertirent, bien que
cette religion restât pour beaucoup une foi d’extrémiste. À mesure
que des élites y participèrent, le dogme se dilua, confronté à l’expérience
de la pratique. Lorsqu’en 313, Constantin décida de se rallier au
christianisme, il le fit à la suite d’une victoire militaire. Peu à
peu, le christianisme devint la principale religion orientale à
s’imposer, se mêlant ou acceptant certaines pratiques extérieures,
l’adhésion impériale donnant l’impulsion finale. À partir de 393,
l’empereur Théodose interdit les autres religions que le christianisme
afin de fortifier son pouvoir, exigeant obéissance de la part des clercs
et des fidèles. D’instrument d’opposition, l’Église devint outil
de pouvoir. Parallèlement, la longue série des persécutions contre les
païens débuta, et devait se prolonger pendant près de quinze siècles
(1787 : tolérance religieuse en France). L’Empire
d’orient et l’Empire d’occident Avec
Constantin et ses successeurs, l’Empire chrétien se divisa en deux
empires romains pour résister aux invasions. Le premier se situait en
occident autour de l’antique capitale romaine, Rome, alors que le second
disposait de la nouvelle capitale, Constantinople, érigée en 330 par
l’empereur, sur le site de la colonie grecque de Byzance. Cette
décision devait être lourde de conséquence, puisqu’en 410, les Goths
d’Alaric mirent à sac la ville de Rome alors que les peuples Saxons,
Alamans, Francs, Vandales, Burgondes, et Wisigoths profitaient de la
faiblesse romaine pour piller et parfois s’installer dans l’empire.
L’Empire romain d’Orient résista mieux à ces attaques. En revanche,
dans l’Empire romain d’Occident, les autorités s’alliaient par
intermittence à certains barbares, leur conférant parfois une légitimité
afin de combattre d’autres groupes. L’armée étant insuffisante, on
intégra certains groupes pour la défense de l’empire, comme ce fut le
cas pour les Francs de Clovis à la fin du Ve
siècle. En
réalité, autant qu’une conquête barbare, il y eut une fusion entre
différents peuples. On vit ainsi des sénateurs romains de Gaule,
certains prélats chrétiens s’allier avec des chefs militaires francs
ou goths afin de ménager certains intérêts (“ votre foi est
notre victoire ” affirmait le Romain saint Avit à Clovis). S’il
est vrai que le déferlement des Huns d’Attila vers 450 ou celui des
Vandales constituèrent des souffles ravageurs, il n’en fut pas de même
avec les Francs, les Wisigoths ou les Ostrogoths. Tous pétris
d’admiration pour l’Empire romain, ils en reprirent les symboles de sa
puissance. Clovis comprit l’un des premiers l’utilité de la
conversion au christianisme comme moyen d’intégration. La
fin de Rome Après
476, date de la déposition du dernier empereur romain d’Occident, il
n’existe plus d’unité du monde occidental. L’émiettement avait déjà
gagné depuis longtemps les structures économiques de l’empire. Dès la
fin du IIe
siècle, les paysans libres devenaient de plus en plus des colons au
statut proche des serfs. Les grandes fermes, possessions d’aristocrates
romains se multipliaient alors que les flux commerciaux et monétaires se
contractaient. Par ailleurs, il existe aussi une profonde continuité
entre le Bas-Empire et le haut Moyen Âge. Ainsi, à la fin du VIe
siècle, des jeux romains étaient toujours produits dans les arènes de
Lutèce. |
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