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À
la fin du Moyen Âge, l’Église catholique est largement discréditée
par les pratiques des derniers siècles. Le schisme d’Avignon souligna
l’importance de la corruption, puisqu’il y eut jusqu’à trois papes
concurrents. Ainsi, même les cardinaux, ces “ princes de l’Église ”
paraissaient atteints par la cupidité. L’atmosphère était donc
propice à une réforme de l’Église depuis l’intérieur ou en marge
d’elle. La
crise de l’Église catholique La
recherche du pouvoir constituait un des principaux mobiles des papes,
devenus peu à peu une puissance matérielle considérable, non seulement
dans la péninsule italienne, mais dans toute la chrétienté,
puisqu’ils nommaient les évêques, les archevêques, les abbés. À
chaque nomination, les souverains pontifes prélevaient une partie des
revenus liés à ces fonctions. Au niveau des paroisses, il n’était pas
exigé des prêtres de posséder les connaissances de base en théologie,
en latin. Le bas clergé était mal encadré et souvent ignorant, parfois
immoral. Les séminaires n’existaient pas. Or, dans l’attente des fidèles,
l’importance de l’angoisse face à la mort et au salut accentuait la nécessité
d’un secours moral. Déjà dénoncés par de nombreux prédicateurs
catholiques (lors des conciles) ou hérétiques (Wycliff en Angleterre à
la fin du XIVe siècle,
Jean Hus en Bohême au début du XVe siècle),
les abus de Rome et de certains membres du clergé apparurent scandaleux.
De plus, avec le développement de la culture humaniste, auquel
participait Rome, on assistait à une rénovation intellectuelle. Luther Ce
fut le moine augustin Martin
Luther
(1483-1546), venu de Saxe, qui déclencha le conflit. Bon prédicateur,
ayant une solide formation philosophique et théologique, il commença à
étendre la doctrine de la justification par la foi, indépendamment des
œuvres, ce qui attira des soupçons sur son orthodoxie. Lorsque le pape Léon
X se proposa de récolter des fonds pour construire le basilique
Saint-Pierre, par la concession d’indulgences, Luther se fit l’écho
de la protestation que cette décision suscitait, et il attaqua la
doctrine des indulgences. En effet, par l’achat d’indulgences
pontificales auprès des clercs, le chrétien obtenait, “ achetait ”
selon Luther, le pardon de ses péchés. À partir du constat de
l’impossible vénalité de Dieu, le moine allemand dénonça ces
pratiques en 1517, puis il remit en question l’autorité du pape et la
validité de certains sacrements. Enfin, Luther prit de la distance vis-à-vis
de certains points en matière de liturgie et de dogmes. Ainsi, il ne
conserva plus dans sa confession que deux sacrements, le baptême et la
communion. Il refusa de reconnaître le caractère sacré des prêtres (le
sacerdoce). En réaction à ces affirmations, le pape l’excommunia en
1521, et l’empereur Charles Quint le convoqua pour comparaître devant
la diète de Worms afin qu’il expliquât sa doctrine. Comme ses
arguments n’apparurent pas convaincants, il fut expulsé de l’empire.
Réfugié secrètement à Eisenach, il consacra deux ans à traduire la
Bible en allemand. Cette traduction des Écritures en langue dite vulgaire
permit le libre accès des fidèles aux textes sacrés et devint le pilier
de tout l’édifice de la Réforme
protestante.
Tout à fait dans la ligne des conquêtes de l’individualisme faites
pendant la Renaissance, Luther et ses disciples soutenaient que tout homme
pouvait rechercher son salut dans la lecture de la Bible, et comprendre la
doctrine chrétienne sans l’intermédiaire du prêtre puisque les Écritures
contenaient la parole divine. Autrement dit, Luther soumettait la
tradition et l’enseignement de l’Église à la critique. Cette capacité
de l’individu face à Dieu et aux Ecritures est qualifiée de libre
examen. Les réformés luthériens rejetaient aussi certaines
formes de religiosité populaire, qu’ils tenaient pour de l’idolâtrie.
Ainsi, les images, les sculptures furent supprimées des temples au nom du
décalogue. La
réforme protestante dans le saint empire Dans
le Saint Empire romain germanique, auquel Luther appartenait, la Réforme
protestante trouva rapidement des adeptes, tant à cause de certains
points de doctrine religieuse qu’au nom d’intérêts moins spirituels.
En effet, adhérer à ses propositions signifiait refuser les valeurs et
les ordres d’une Église ancrée dans les richesses matérielles. Par là,
il fallait liquider les biens, terres, seigneuries, etc. que possédaient
en grandes quantités, couvents, évêchés et monastères. Cette
liquidation, quand elle eut lieu, bénéficia presque exclusivement aux
princes qui avaient soutenu Luther. Le passage à la Réforme protestante
pouvait aussi leur être profitable. La diète de Spire (1529) réunit
l’empereur et les princes allemands. Elle décida d’accepter le luthéranisme
dans les États où il avait été déjà adopté par les souverains, mais
sa diffusion en était désormais interdite. Cette décision déclencha la
protestation des adeptes des luthériens, qui reçurent pour cette raison
le nom de protestants. Une nouvelle diète, réunie à Augsbourg (1530),
ne permit pas d’arriver à un accord. Les protestants allemands formèrent
alors la ligue de Smalkalde (1531) et s’allièrent avec la France. La
division religieuse se transformait en division politique et tournait au
conflit militaire entre puissances. En effet, François Ier
était toujours disposé à favoriser ceux qui étaient contre la maison
d’Autriche, bien qu’il restât attaché au catholicisme. Les pays
scandinaves et en premier lieu le Danemark, furent gagnés par les
nouvelles doctrines. La contestation religieuse se métamorphosa même en
guerre sociale avec la guerre des Paysans qui explosa en Allemagne en
1525. L’empereur Charles Quint dut accepter, sous la pression simultanée
des Turcs et des protestants la paix de Nuremberg (1532). Elle concédait
aux réformés luthériens la liberté de culte. Les termes de cette paix
furent ratifiés définitivement à Augsbourg en 1555. Ce
mouvement de contestation religieuse aux lourdes conséquences politiques
et économiques ne se limita pas à l’Empire et à la Scandinavie. La
Pologne, la Hongrie, la Suisse, les Pays-Bas, la France, furent touchés
par la querelle religieuse. De même, Luther fut loin d’être le seul
protagoniste d’une réforme de la religion chrétienne traditionnelle.
D’autres réformateurs modifièrent et radicalisèrent les propositions
luthériennes, en réduisant la doctrine à ce qui émanait directement de
la Bible, et en abolissant toute liturgie. Ainsi, les cérémonies se définissaient
par la prédication, les prières, le chant. L’humaniste Zwingli
(1484-1531) introduisit la Réforme en Suisse. À Strasbourg, Martin Bucer
(1491-1551) développa ses idées quant à la communion. En 1529, lors de
la rencontre de Magdebourg, Martin Luther échoua à mettre d’accord les
différents réformateurs sur une confession commune. La Réforme
protestante ne sera jamais unifiée et la diversité restera la règle. La
réforme protestante en France L’Église
catholique en France possédait les mêmes défauts qu’en Allemagne.
Certains humanistes la critiquèrent avant même l’arrivée des idées
de Martin Luther. Cependant, à partir de 1519, les discussions se
multiplièrent autour de ses propositions alors que dans le même temps,
certains prêtres, évêques, ou abbés tentaient de réformer les
pratiques religieuses. Certains furent accusés d’hérésie, d’autres
reçurent l’appui de la Couronne ou de prélats (cas du groupe de Meaux
dans les années 1520). Il fallut attendre l’affaire “ des
placards ” en 1534 pour qu’une orientation ferme fût prise. Dans
la nuit du 17 au 18 octobre 1534, les églises parisiennes, et dit-on, la
porte de la chambre du roi à Blois, furent couvertes d’affiches dénonçant
en termes insultants la corruption de Rome et du pape. Cette provocation
conduisit à de vives réactions de la part du roi et des cours de
justice. Plusieurs réformateurs, parmi lesquels Jean
Calvin
(1509-1564), furent obligés de fuir et de se réfugier en Suisse et en
Allemagne. Dans le royaume, la censure des livres débutait et les
premiers bûchers apparaissaient. Jean
Calvin reprit les principales thèses de Luther en les accentuant. Le
culte des images, l’adoration de la Vierge et des saints furent
fermement condamnés. L’Eucharistie était réduite à la fonction de
commémoration alors que les catholiques insistaient sur la présence réelle
du Christ dans la communion et sur la régénérescence qui s’ensuivait.
La voie calviniste se présentait sous un jour encore plus austère que la
voie luthérienne. L’application des préceptes de la Bible fut
recommandée de façon littérale. Pour Calvin, l’homme n’est rien
face à l’incommensurable puissance de Dieu. Le seul chemin vers le
salut réside dans la foi et la prière. Enfin, la grâce divine que
constitue le salut est réservée à un petit nombre d’élus :
c’est la prédestination. Établi
à Genève de 1541 à 1564, Calvin s’entoura de réformateurs et y
imposa un régime sévère et intolérant, excluant et condamnant les “ mal-pensants ”.
La ville suisse devint la “ Rome des protestants ”
calvinistes, et servit de base à l’expansion de cette réforme vers les
Pays-Bas, la France, la Rhénanie et l’Écosse. Le
schisme d’Angleterre Dans
ce royaume, ce fut le souverain qui rallia ses sujets à la Réforme
protestante. En 1534, Henri
VIII
(1491-1547) décida de se passer de la papauté qui lui refusait depuis
plusieurs années le divorce avec Catherine d’Aragon. Par “ l’Acte
de suprématie ”, voté par le Parlement, le souverain devint le
chef suprême de l’Église d’Angleterre. Henri VIII avait compris,
avec l’exemple allemand, quels avantages il pouvait retirer d’avoir
une Église nationale, indépendante de Rome. D’une part, cette Église
d’Angleterre lui remettrait ses richesses matérielles, abbayes,
seigneuries et trésors, mais, en plus, elle l’aiderait à gouverner les
âmes. Devenu chef de l’Église, le roi apparaissait muni d’une
puissance nouvelle, d’origine divine. Sa fille Élisabeth Ire
(1558-1603) organisa la Réforme
anglicane
en précisant le dogme religieux, d’inspiration calviniste. Elle munit
le royaume de lois répressives à l’encontre des catholiques, qualifiés
de rebelles. Elle se méfia aussi de la contestation de protestants
radicaux qui refusaient dans l’anglicanisme les emprunts au catholicisme
(hiérarchie religieuse, les prières à la Vierge et aux saints). Cette
contestation protestante fut qualifiée de puritaine
et la reine, comme ses successeurs, la réprimèrent. En
Écosse, le réformateur John Knox (1505-1572), adopta de manière spécifique
le calvinisme, suivant une orientation proche des contestataires anglais
dont la morale et les principes devaient ensuite être projetés en Amérique
du Nord. La
réforme catholique On
parlait auparavant de Contre-Réforme catholique. En fait, cette
expression suppose que les catholiques du XVIe siècle
étaient contre la Réforme. Or, nombreux furent les penseurs, théologiens,
prélats, à préconiser cette Réforme dans l’Église catholique, alors
que les réformés protestants étaient partisans d’une rupture avec la
structure et la tradition ecclésiastique antérieure. La Réforme
catholique
prit de nombreuses formes, à l’image de la Réforme protestante,
positives, comme les corrections dans la formation des prêtres, ou négatives,
comme l’instauration d’un climat intolérant qui n’avait rien à
envier à celui que faisait régner Jean Calvin à Genève. Pour rénover
la pratique religieuse, certains se tournèrent vers de nouvelles façons
d’embrasser le christianisme, développant les aspects mystiques ou
recherchant dans les nouveaux savoirs mis à leur disposition par les
humanistes des sources d’inspiration. Face à la faiblesse
intellectuelle du clergé au début du XVIe
siècle, certaines universités forcèrent les études, comme le souligne
les offensives intellectuelles entreprises par les universités espagnoles
de Salamanque ou Alcalá de Henares. En France, la protection royale
favorisa la naissance du Collège royal pour l’étude des langues
anciennes, passage obligé à la traduction de la Bible en langue française.
Enfin, la fondation de la Compagnie de Jésus par Ignace
de Loyola
(1491-1556) orienta la voie moderne du catholicisme dans une direction
opposée à celle des protestants en réaffirmant l’optimisme du message
de Jésus. Les Jésuites, membres de cette compagnie, furent le fer de
lance de La Réforme catholique. Ils encouragèrent dans toute l’Europe
la pratique des sacrements, de la confession, luttèrent pour le respect
de mœurs conformes à la foi catholique, servant de guides spirituels aux
élites, et particulièrement de confesseurs aux souverains français et
allemands. Leurs solides formations pour lutter contre les protestants en
firent des prédicateurs redoutés et des enseignants confirmés. Le concile de Trente Il
restait cependant à l’Église catholique à définir sa doctrine, ses
dogmes, son catéchisme face à un protestantisme qui, en réaction, avait
déjà construit ses valeurs. Pour cela, le pape convoqua un concile dans
la ville italienne de Trente de 1545 à 1563 (il s’y tint par
intermittence). Il s’agit en fait d’une fondation du catholicisme :
les participants débattirent de l’utilité du mariage chez les prêtres,
de la communion, de la foi et de la grâce, de l’organisation de l’Église.
À la suite de près de vingt années de discussion, le catholicisme
sortait du concile, armé d’une ferme doctrine, d’un catéchisme,
d’un missel,
prêt à affronter les penseurs protestants. Réformes
protestante et catholique furent aussi des outils entre les mains des
souverains. Si l’humanisme et la Renaissance permirent le développement
des connaissances, la science politique progressa aussi. Sous la plume du
Florentin Nicolas Machiavel (Niccolò Machiavelli, 1469-1527), la figure
du prince, du souverain, prit un nouvel aspect : à l’idéal médiéval
de prince chrétien s’opposait à présent celui de gouvernant
pragmatique, pour lequel la raison d’État se trouvait au-dessus de
tout. De fait les monarques s’emparèrent des conflits religieux, revêtirent
les armes de la croisade contre l’hérétique pour affirmer leur autorité. Le catholicisme espagnol de Philippe II (1556-1598) Philippe
II (1556-1598) hérita de son père, l’empereur Charles Quint, un
immense empire européen et américain. Pénétré de sa vocation
religieuse, il se fit le défenseur acharné de la religion catholique,
s’opposant
au péril turc en Méditerranée et recherchant l’appui du pape
afin de créer les conditions pour repousser les Ottomans. La chute de
Chypre en 1571 précipita la constitution de la Sainte
Ligue,
à laquelle Rome et Venise participèrent. Leurs flottes, rassemblées
sous le commandement de Jean d’Autriche, vainquirent celle de Sélim II
(1566-1574) à la bataille de Lépante (1571). Au
nord de l’Europe, Philippe II affronta le soulèvement de ses propres
sujets devenus calvinistes et surtout rétifs à la fiscalité des
gouverneurs des Pays-Bas. La répression fut sanglante et déboucha sur ce
que les Hollandais appellent la guerre de 80 ans (1568-1648). De fait, ce
conflit politico-religieux aboutit à la création des Provinces-Unies,
c’est-à-dire les Pays-Bas actuels, alors que les territoires méridionaux
de ces possessions restèrent fidèles au souverain et conservèrent la
foi catholique, délimitant ainsi en partie, ce que sera la future
Belgique. Dans
le contexte de la lutte politico-religieuse, Philippe II s’aliéna le
soutien d’Élisabeth Ire
d’Angleterre dans la volonté de réprimer les rebelles hollandais,
d’autant qu’il existait entre les deux couronnes une rivalité
coloniale et maritime. À partir des années 1580, cette opposition
s’accentua, menant les deux monarchies au bord du conflit. Les ports américains,
mais aussi ceux de la Péninsule (saccage de Cadix, 1587), furent attaqués
et razziés par les corsaires anglais, avec la bénédiction de la reine
que l’on soupçonnait de participer aux dépouilles. Dans le même
temps, les Espagnols soutenaient les comploteurs catholiques à Londres même.
Philippe II envisagea une riposte militaire d’une ampleur inégalée :
ce fut l’organisation de l’Invincible
Armada,
vaste flotte de combat dont le dessein était l’invasion de
l’Angleterre. Pourtant, elle fut défaite à plusieurs reprises, dans le
Pas-de-Calais et à la suite du mauvais temps à l’automne 1588. Au
début du règne de Philippe II, les relations franco-espagnoles s’étaient
améliorées. Le roi de France Henri II, fils de François Ier
avait convenu avec l’Espagne de cesser la guerre, d’une part à cause
de l’insuffisance de moyens financiers, et d’autre part face aux
craintes de développement du protestantisme en France : cet accord
fut conclu en 1559 par le traité
du Cateau-Cambrésis.
En dépit de celui-ci, les crises dynastiques françaises, le risque
d’accession au trône d’un hérétique, Henri de Navarre, poussèrent
Philippe II à intervenir aussi en France à la fin de son règne. Ce fut
encore une fois un échec. L’Espagne,
riche de l’or des conquêtes américaines, se ruinait sur les terrains
militaires européens. À peine les métaux précieux avaient-ils le temps
d’être débarqués à Séville qu’ils étaient transférés sur des
navires génois, vénitiens, flamands ou français afin de rémunérer les
mercenaires et les alliés ou de payer les fournitures militaires. À la
fin du XVIe
siècle la plus puissante monarchie européenne faisait de nouveau
faillite et signait la paix de Vervins avec Henri IV, ouvrant la voie à
une période plus pacifique. La
monarchie française à l’épreuve de la religion Les
monarques français de la première moitié du XVIe
siècle (François Ier,
Henri II) renforcèrent leur pouvoir face aux corps intermédiaires des
villes, des Parlements et des grandes seigneuries. Ils combattirent le
protestantisme pour ce qu’il signifiait de rupture au sein de l’unité
nationale, mais d’une manière nuancée (Marguerite de Navarre, sœur de
François Ier
et grand-mère d’Henri IV reflétait cette sensibilité catholique de réforme
et d’humanisme). Le conflit religieux La
présence des doctrines réformées catholiques et protestantes en France
servit une nouvelle fois de prétexte à un affrontement et à des
divisions internes entre factions rivales. La
mort accidentelle d’Henri II en 1559, laissa 4 enfants en bas âge et ce
fut la reine mère, Catherine de Médicis, qui exerça la régence. En
temps de minorité royale, la régente essaya de mener une politique
prudente et modérée afin d’éviter les prises de positions radicales
des différentes confessions et des principaux princes. Ainsi, sous le règne
de François II (1559-1560) puis de Charles IX (1560-1574), Catherine de Médicis
fut d’abord appuyée par des “ temporiseurs ” (appelés
aussi “ moyenneurs ”), comme le chancelier Michel de
L’Hospital. Son but était de rétablir la concorde entre protestants
(appelés huguenots par les catholiques) et catholiques. Les premiers,
avec à leur tête la famille de Bourbon, et les seconds, menés par les
Guises, aspiraient tout au contraire à contrôler et dominer le pouvoir
royal. La politique d’équilibre de Catherine, femme autoritaire et
intrigante, suscitait l’antipathie générale. Elle échoua à la suite
de l’explosion de la violence. En 1563, le duc de Guise était assassiné
par le protestant Poltrot de Méré, celui-ci vengeait ainsi le massacre
de protestants à Wassy (1562)... En 1569, le prince de Condé était exécuté
sommairement par un gentilhomme catholique lors
de la bataille de Jarnac. Peu à peu, le royaume s’enfonçait
dans la guerre civile, durant laquelle les historiens dénombrent huit
guerres de Religion. L’épisode culminant et le plus sanglant de ce
conflit fut la nuit de la Saint-Barthélemy
(24-25 août 1572), pendant laquelle plusieurs milliers de protestants
parisiens furent assassinés. Par la violence de ce coup d’éclat,
rappelant la foudre divine, le pouvoir royal espérait ramener les esprits
à de justes considérations. Il n’en fut rien, et le massacre (qui se répandit
aussi en province) produisit le résultat inverse. Le conflit dynastique Au
conflit religieux se surimposa un conflit dynastique. En effet, aucun fils
de Catherine de Médicis n’eut de postérité. En 1574, Henri III accéda
au pouvoir, en 1584, son cadet le duc d’Alençon, mourait. L’unique héritier
de la couronne de France devenait un petit roitelet de campagne, Henri de
Navarre, éduqué à Pau et récemment marié à Marguerite de Valois (la
reine Margot d’Alexandre Dumas), fille d’Henri II. Outre la question
de l’exclusion des femmes de la couronne, déjà notée lors de la
guerre de Cent Ans, Henri de Navarre étant protestant, il ne pouvait,
selon certains, prétendre au trône. La Ligue catholique se forma, osant
contester le pouvoir d’Henri III, et demanda le soutien de l’Espagne.
Le 2 août 1589, le moine Jacques Clément poignardait le souverain. Pour
Henri IV, le seul moyen de faire cesser les guerres civiles fut
d’embrasser la religion catholique (1593), ce qui lui ouvrit les portes
de Paris, et de déclarer la guerre à son vieil ennemi Philippe II.
Ainsi, la monarchie des Bourbons put réaliser une cohésion nationale dépassant
les vues religieuses. Faute d’argent, Français et Espagnols cessèrent
les combats en 1598, alors qu’Henri IV faisait publier l’édit de
Nantes la même année. Par cette loi, il tolérait la religion
protestante, octroyait la liberté de conscience, et permettait dans un
cadre limité la pratique du culte calviniste. |
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