Retour à
Margino blog Vies en marge
|
A
partir de la fin du XVIe
siècle,
le capitalisme marchand se développa. Son centre se déplaça peu à peu
d’Amsterdam à Londres. Il suscita des tentatives d’imitations. Au
cours du XVIIe
siècle, on réfléchit sur les moyens d’accroître la richesse des
monarchies. L’expansion
commerciale La
doctrine mercantiliste,
celle de Colbert,
soutenait que la puissance et la richesse d’un État se mesurent à la
quantité de métaux précieux possédée par ses sujets. Il fallait donc
éviter les importations et favoriser les ventes à l’étranger. Sous
l’impulsion de Colbert, des manufactures aidées par la monarchie furent
créées pour produire des draps, des tapis (les Gobelins) ou des armes.
Afin de soutenir les exportations, la construction navale fut encouragée
dans de nouveaux ports, à Brest, à Lorient. Des compagnies marchandes
commercèrent avec le Nouveau Monde, des Français prenant possession d’îles
dans les Antilles, de comptoirs en Inde, de places au Canada et à
proximité du delta du Mississipi, en Louisiane. Bien entendu, la
monarchie espagnole détenait les principales colonies, mais les guerres
du XVIIe
siècle l’avaient affaiblie et elle recourait fréquemment aux navires
anglais, véritables maîtres des océans. Des découvertes scientifiques au despotisme éclairé Les
découvertes scientifiques de la Renaissance furent approfondies dans tous
les domaines. Après Copernic (1473-1543), vint Galilée (1564-1642). En dépit
de la condamnation romaine, les progrès de la physique et de
l’astronomie ne pouvaient plus être arrêtés. La loi de la gravité de
Newton (1642-1727) fut une véritable révolution. En agronomie, la fin du
XVIIe
siècle et la première moitié du XVIIIe
siècle apportèrent des mutations essentielles pour les conditions de vie
des Européens. La suppression de la jachère aboutit à la mise en
culture d’un tiers des terres, cela grâce aux plantes fourragères et
à la culture de la pomme de terre. Les famines consécutives à des
sous-productions agricoles disparurent progressivement de France, d’Angleterre,
et dans une moindre mesure, des autres royaumes. La principale conséquence
fut d’affirmer une nouvelle fois la prépondérance démographique de la
France, prépondérance sans laquelle l’influence des Lumières et de la
Révolution eut été impossible. À
cette période de prospérité correspond un temps relativement paisible,
dominé par des despotes éclairés (“ tout pour le peuple, mais
sans le peuple ”) qui encourageaient le développement économique,
social et législatif de leur royaume. Les
Hanovre en Angleterre En
1714, l’accession au trône de George Ier
(1714-1727) inaugura une nouvelle dynastie, originaire d’Allemagne, les
Hanovre. Le désintérêt de ce roi et de son successeur immédiat, pour
sa patrie d’adoption (le monarque ne parvint même pas à apprendre
l’anglais) permit le développement de la vie parlementaire et de
l’institution du Premier ministre (Walpole, les deux Pitt, le Premier et
le Second), suivant l’adage selon lequel “ le roi régnait mais
ne gouvernait pas ”. Le développement économique et les
transformations sociales correspondaient au calme de la vie politique
anglaise (en comparaison avec le XVIIe
siècle). Londres devenait une capitale gigantesque. Les manufactures
employaient des effectifs de plus en plus considérables depuis
l’invention de la machine à vapeur au début du siècle.
L’intervention du royaume à l’étranger suivit ces considérations
matérielles, délaissant les voies antérieures de la réputation
monarchique ou nobiliaire. Les
Bourbons en France Louis
XV
(1715-1774) et Louis XVI (1774-1792) régnèrent fort longtemps. Le
premier n’avait que cinq ans à la mort de son arrière-grand-père
Louis XIV. La Régence
du duc d’Orléans assura la transition jusqu’en 1723, au cours de
laquelle eut lieu le pénible épisode de la banqueroute du banquier écossais
Law. Pendant plus d’un quart de siècle, la couronne vécut en paix,
Louis XV justifia ainsi son attribut de “ bien aimé ”. En réaction
au trop long règne de Louis XIV, une culture critique voire sceptique se
développa en marge des institutions dans des milieux plus frivoles où
s’épanouit la “ France galante ”. Puis,
les conflits se rallumèrent, sous la forme des “ guerres en
dentelle ” pour les princes (non pour les soldats !) où la
courtoisie se mêle aux massacres des armées. La guerre de Succession de
Pologne (1733-1738), de Succession d’Autriche (1740-1748), puis la guerre
de Sept Ans
(1756-1763) affaiblirent la monarchie française à cause de la hausse des
prélèvements fiscaux, et de pratiques absolutistes de plus en plus
contestées. Sous Louis XV et Louis XVI, la politique gouvernementale
alterne les politiques d’affrontement avec les Parlements et les essais
de réformes (Turgot : 1727-1781). La
crise autrichienne La
poussée autrichienne de la fin du XVIIe
siècle se confirma avec le règne de Charles V (1711-1740). Une
audacieuse politique d’expansion coloniale fut entreprise d’une part
vers les Balkans, aux dépens de la Turquie, et d’autre part vers
l’ouest, où les Flandres et certains territoires italiens furent occupés.
Une impératrice et un empereur réformistes, Marie-Thérèse
(1740-1780) et Joseph II (1780-1790) modernisèrent profondément
l’administration de la monarchie autrichienne. La première dirigea
fermement le pays au cours de deux guerres (voir ci-dessous), faisant en
sorte de consolider le pouvoir central. Joseph plus énergique dans les réformes,
était un partisan résolu du despotisme éclairé, mais la politique de
germanisation forcée de tous les territoires suscita des troubles en
Hongrie, en Flandres et à Milan. On compte parmi ses réformes abouties,
l’abolition du servage et la mise au pas de l’Église catholique
d’Autriche. Guerres
et paix en Europe S’opposant
à la décision de l’empereur Charles VI (1711-1740) qui désignait sa
fille Marie-Thérèse pour héritière et lui léguait ainsi tous ses États,
Frédéric II de Prusse (1740-1786) déclencha ce que l’on a appelé la guerre
de Succession d’Autriche
(1740-1748). Un agencement d’alliances complexes et instables mit aux
prises les principales puissances européennes. Marie-Thérèse aurait dû
être écrasée par les ambitions françaises et prussiennes. Ses qualités
d’homme d’État lui permirent de contenir les assauts ennemis. Bien
que défaite par la Prusse qui annexa la Silésie, l’impératrice
sauvegarda la puissance de la monarchie autrichienne et évita son démembrement
(traité d’Aix-la-Chapelle, 1748). La
guerre
de Sept Ans
(1756-1763) apparaît comme une seconde mi-temps de la guerre de
Succession d’Autriche. La Russie et l’Espagne se joignirent à la
coalition austro-française. Les combats furent livrés non seulement sur
le sol européen mais aussi en divers endroits à la surface du globe et
dans les colonies. Malgré ses talents de stratège, Frédéric II de
Prusse fut sur le point d’être défait à cause de l’intervention
russe. La Prusse n’échappa à la prise de Berlin que grâce au décès
de la tsarine Isabelle, à laquelle succéda Pierre III, administrateur et
ami de Frédéric, qui opta pour le retrait de ses troupes. L’Angleterre
expulsa les Français de l’Inde (1757) et du Canada (1759), s’empara
de plusieurs îles antillaises et prit la Floride aux Espagnols. Par ses
victoires, la couronne anglaise confirmait son hégémonie maritime et
coloniale. L’ensemble de l’Europe dépendait désormais de sa
puissance navale et l’Amérique du Nord devint anglo-saxonne. Le traité
de Paris sanctionna cet état de fait. La
Russie de la grande Catherine Les
réformes de Pierre le Grand (1689-1725) avaient soulevé de graves problèmes
de cohésion à l’Empire et l’abandon de la guerre de Sept Ans par
Paul III développa le profond mécontentement de la noblesse et de
l’armée. Catherine
II,
appelée Catherine la Grande (1762-1796), allemande de naissance, succéda
à son époux, après l’assassinat de celui-ci. S’appuyant sur le
comte Panine, la tsarine poursuivit l’œuvre d’occidentalisation et
d’expansion commencée par Pierre le Grand. En politique extérieure,
elle choisit une orientation favorable à la Prusse et tenta d’accroître
ses territoires au cours de la première guerre russo-turque (1768-1774)
(Valachie, Moldavie). Par cette politique, Catherine II contrariait
l’Autriche. Elle n’accepta de laisser ces territoires qu’en échange
d’un dépeçage de la Pologne, dont le premier partage entre la Prusse,
l’Autriche et la Russie, eut lieu en 1772 (il se répéta en 1793, 1795
et 1815). La politique d’équilibre en place au XIXe
siècle, et qui se prolongea jusqu’en 1989, apparut subrepticement,
puisque à partir de ces dates, l’Angleterre intervint pour interdire à
la Russie de sortir en Méditerranée, c’est-à-dire de démembrer l’Empire
ottoman. L’indépendance
des États-Unis Formées
de puritains exilés d’Angleterre, d’aventuriers dans le Nord, de
planteurs esclavagistes dans le Sud, les treize colonies britanniques d’Amérique
du Nord protestèrent contre leur non-représentation au Parlement et
contre les taxations abusives de Londres. Le soulèvement contre la métropole
prit d’abord la forme d’une révolte anti-fiscale avec la Boston tea
party en 1773. L’indépendance proclamée unilatéralement le 4 juillet
1776, George Washington, Benjamin Franklin et Thomas Jefferson prirent la
tête de l’insurrection. En dépit d’une lutte inégale, les insurgents
(les colons révoltés) purent compter sur l’aide de la France et de
l’Espagne, trop heureuses de nuire à Londres. Cette guerre dura sept
ans, épuisant les ressources anglaises. Elle se conclut par le traité
de Versailles
en 1783. La Grande-Bretagne renonçait à sa souveraineté sur ses
anciennes colonies. La nouvelle nation se constitua en fédération et se
donna la première constitution écrite du monde (et, de nos jours, la
plus ancienne en vigueur). Paradoxalement, après avoir été soutenus par
deux monarchies absolues pour combattre la seule monarchie parlementaire
d’Europe, les Américains du Nord choisirent de fonder une république
dont le premier président élu fut George
Washington. Les
Lumières Le
développement du rationalisme, joint au scepticisme engendré par la
politique de Louis XIV, conduisit en France à l’éclosion d’une
pensée critique et humaniste. Parmi les idées développées au cours du
XVIIIe
siècle, l’idée de nature, celle de la bonté de l’homme s’opposant
à la perversion liée à la société, dominèrent progressivement. Les
philosophes croyaient en l’intelligence humaine, en sa capacité de
faire triompher les Lumières
de la raison, du progrès et du savoir face aux erreurs et aux préjugés.
L’importance accordée à la critique, à l’étude, permit la
naissance de certaines disciplines scientifiques, remettant en cause les
“ évidences communes ”. Ces démarches aboutirent à la
mise en question de la monarchie absolue et, dans une certaine mesure de
la religion. Les idéaux démocratiques et égalitaires se diffusèrent grâce
à l’expansion de l’imprimerie et par de nombreuses publications qui
prirent des formes diverses (l’Encyclopédie, romans, journaux). On
discutait beaucoup dans les salons littéraires, dans les cafés, (ces
nouveaux lieux de sociabilité apparurent à la fin du XVIIe
siècle)
dans les académies savantes de provinces et dans les loges
maçonniques.
Les principales institutions de l’Ancien Régime, l’Église, la
Couronne, les privilèges féodaux, furent l’objet de critiques de la
part des Lumières. Ainsi, Montesquieu mit en question les croyances et
les mœurs de la société dans Les
Lettres persanes (1714) puis, dans L’Esprit
des lois (1748), il définit l’essence de la démocratie par le
principe de la séparation des trois pouvoirs (l’exécutif, c’est-à-dire
le gouvernement, le législatif, c’est-à-dire la capacité de faire les
lois et le judiciaire, c’est-à-dire la faculté de juger). Voltaire,
Rousseau furent les deux figures emblématiques de ces Lumières pendant
que Diderot et d’Alembert furent à l’origine de l’Encyclopédie,
une synthèse du savoir de l’époque conçue selon des critères systématiquement
modernes. Les idées des Lumières s’étendirent dans toute l’Europe
absolutiste et inspirèrent les mouvements d’émancipation. Dans le
domaine des arts, un style de décoration, appelé rococo,
correspondant à la dernière phase du baroque, et le néo-classicisme,
qui représentait un strict retour aux canons de l’Antiquité classique,
se succédèrent. |
LIENS
| |||||
|