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Depuis
1973, de nombreux signes d’un ralentissement économique sont apparus :
aggravation du chômage, nombre de faillites d’entreprises en
augmentation, faible hausse du pouvoir d’achat. Ces différents caractères,
perceptibles essentiellement dans les pays possédant une économie de
marché, s’étendirent aux principaux pays développés, occidentaux ou
communistes. La
liquidation du communisme en Europe orientale Au
début des années 1980, l’U.R.S.S entra dans une longue période de
stagnation économique qui depuis Brejnev (1964-1982) prenait les formes
d’une sclérose de l’appareil politique, incapable de s’adapter et
profondément corrompu. Sous sa direction, le contrôle sur les pays
satellites restait ferme (1981 : Pologne), et les principaux efforts
technologiques étaient destinés au complexe militaro-industriel, quand
au même moment le président américain Ronald Reagan (1980-1988) lançait
le projet extravagant de “ guerre de étoiles ”). Cette
stagnation se prolongea entre 1982 et 1985 avec les deux brefs successeurs
de Brejnev, Andropov et Tchernenko. En un sens, elle favorisa
l’accession au pouvoir d’un nouveau secrétaire général, Mikhaïl
Gorbatchev (1985-1991) qui tenta de combiner “ reconstruction ”
économique et “ transparence ” politique (perestroïka
et glasnost).
En fait, ces brèches dans le vétuste édifice soviétique accélérèrent
sa décomposition. Une tentative
de coup d’État communiste en août 1991 souligna l’indécision
de Gorbatchev qui disparut politiquement dans la désagrégation de l’U.R.S.S
en 1991. La fin de l’U.R.S.S. La
transformation de l’U.R.S.S. en Communauté
des États indépendants
(C..E..I..), la désignation d’un président de la République en
Russie, Boris Eltsine, et d’une constitution démocratique (1993) ne
purent freiner le processus de dislocation de l’ancien empire des tsars.
L’ancienne “ prison des peuples ” ouverte, chacun tenta de
prendre son indépendance afin d’échapper au naufrage du vaisseau
russe. L’économie
délabrée, l’appareil productif obsolète, les privatisations réalisées
au profit d’une infime minorité, la crise du système fiscal empêchent
actuellement toute évolution positive de la nouvelle Russie. Même en
tentant d’en appeler au nationalisme grand russe, le pouvoir échoua
face à la petite république autonome de Tchétchènie, qui prit son indépendance
(guerre de 1994-1996). L’instabilité du pouvoir législatif (Douma),
divisé en une multitude de partis à la suite des élections de 1993 et
1995, empêche la constitution d’une majorité solide, les dernières élections
ayant donné le plus grand nombre de voix aux anciens communistes. La fin du communisme dans les pays satellites de l’U.R.S.S. Les
régimes respectifs des autres pays communistes européens chancelèrent
avec la crise soviétique de 1989. L’effondrement du mur de Berlin en
novembre 1989 ouvrit la voie à la réunification allemande sous l’égide
du chancelier Kohl (1982-1998). La Pologne de l’ancien ouvrier Lech
Walesa effectua sa mutation, en se détournant de
la Russie et en élisant l’ancien syndicaliste à la présidence.
La Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie et l’Albanie en dernier se débarrassèrent
des régimes communistes et s’orientèrent avec plus ou moins de
difficultés vers les démocraties occidentales. En Tchécoslovaquie, la
“ révolution
de velours ”
mit à la tête du pays l’ancien dissident Vaclav Havel, mais ce dernier
exemple démontre les tensions préexistantes à l’ancien bloc oriental.
En effet, le 1er
janvier 1993, la Tchécoslovaquie éclata et donna naissance aux Républiques
tchèque (Prague) et slovaque (Bratislava). Ce divorce à l’amiable
parut la solution la plus sage si on considère l’effroyable crise des
Balkans depuis 1991. Au
cours de la dernière décennie du XXe
siècle, la fédération yougoslave se scinda en plusieurs États, la Slovénie,
la Croatie, la Bosnie- Herzégovine, la Macédoine, et la fédération
Serbie-Monténégro, qui conserva le nom de Yougoslavie. Les nationalismes
entraînèrent partout (à l’exception de la Slovénie) de violents
affrontements entre anciens membres de la Yougoslavie. L’expansionnisme
serbe s’engagea dans une guerre sanglante en Bosnie, après les combats
en Croatie. Les noyaux de population serbe prétendaient être réunis à
leur pays d’origine. On revivait par là les vieilles guerres
balkaniques. Le conflit bosniaque entre 1991 et 1996 ne fut résolu que
par l’intermédiaire américain et une solution complexe de partage de
zone d’influence en Bosnie que sanctionnèrent les accords
de Dayton
(automne 1995). Pour autant les problèmes perdurent dans la région
albanaise appartenant à la Serbie, le Kosovo, où des affrontements éclatèrent
entre Serbes et Kosovars. La
Chine À
la suite de la disparition du fondateur, Mao Zedong (1976), la Chine
communiste sous la direction de Deng Xiaoping (1904-1997) s’engagea dans
de profonds changements pour échapper à la sclérose du régime maoïste.
La modernisation du pays s’ébaucha au milieu des années 1980. Après
le XIIIe
congrès du Parti (1987), les dirigeants décidèrent de maintenir les
structures communistes comme un instrument pour le contrôle du pays, mais
en les vidant de leur contenu et en ouvrant la Chine aux investissements
étrangers, à l’expérience capitaliste et aux développements
technologiques dans des aires déterminées, disposées à accueillir sans
restriction toutes les initiatives. Au cours de la crise politique de
1989, le pouvoir fut violemment contesté par des manifestations étudiantes
soutenues par la population. Réprimée durement par l’armée (place
Tien Anmen), l’opposition persiste, bien que le régime s’ouvre de
plus en plus sur le marché mondial. La Chine appartient à cette catégorie
de pays, qualifiés “ d’économies
émergentes ”,
qui semblent sortir du sous-développement à la fin du XXe
siècle et dont le taux de croissance annuel dépasse largement les 6%. Le
cas du Japon est très singulier puisque après la défaite de 1945, sa
tradition industrielle et l’appui décisif des États-Unis lui permirent
de rénover tout son appareil productif et d’accéder au rang de deuxième
puissance économique mondiale, dans les années 80. Hirohito (qui régna
de 1926 à 1989) fut maintenu sur son trône, forcé de devenir un
monarque constitutionnel. Les dernières années du siècle marquent un
ralentissement du modèle japonais. La
construction européenne Le
fait le plus significatif de l’après-guerre résida dans la réconciliation
franco-allemande. Elle mit fin à une rivalité séculaire et créa le véritable
noyau autour duquel se cristallisa l’idée d’une union européenne.
Les artisans de ce rapprochement furent le chancelier Konrad Adenauer (en
charge de 1949 à 1963) et le général de Gaulle. Le traité de Rome
concrétisa l’idée d’union. En 1957, cet accord prévoyait un Marché
commun
composé de la France, l’Allemagne fédérale, l’Italie, la Belgique,
les Pays-Bas et le Luxembourg. Peu à peu la Communauté s’élargit à
la Grande-Bretagne, au Danemark et à l’Irlande (1973 : Europe des
9), puis en 1981 à la Grèce. En 1986, le Portugal et l’Espagne adhérèrent
à la Communauté
européenne
et en 1995, l’Autriche, la Suède et la Finlande s’agrégèrent à
l’Union de 15 membres. L’Union européenne Ce
développement de l’Union
européenne souligne
la nécessité de regroupements régionaux dans le monde contemporain,
face à l’hégémonie des États-Unis. Il souligne aussi les volontés
du vieux continent de dépasser les querelles nationalistes qui occasionnèrent
tant de conflits. Enfin, il démontre le développement de la démocratie
dans la partie méridionale de l’Europe : en 1970, l’Italie était
la seule démocratie, à la fin du siècle il n’y aura plus de régime
autoritaire (avec des réserves pour l’Albanie et l’ex-Yougoslavie). Pourtant,
l’Europe connaît des tâtonnements, s’interroge sur sa fonction et sa
composition. La ratification du traité
de Maastricht,
ouvrant les portes d’un marché unique des marchandises et des capitaux,
fut mouvementée et contestée. Celle du traité
d’Amsterdam
(conclu en 1997) risque de porter les germes de division à l’intérieur
de chacun des membres de l’Union, le traité étant considéré comme
trop ou pas assez social selon les points de vue. L’adoption d’une
monnaie unique est souvent jugée positive comme ancrage économique,
comme pôle de stabilité, mais elle exige le sacrifice de nombreuses
politiques nationales. Le malaise moral et les incertitudes économiques Ces
hésitations sont nettement visibles dans le malaise moral qui englobe
toute l’Union sous des formes distinctes. En Italie, la classe politique
traditionnelle, la démocratie chrétienne et le parti communiste, a
succombé (1991-1994). En Belgique, à l’été 1996, un fait divers a ébranlé
les responsables du pays et la confiance des populations. En Allemagne, la
réunification se heurte à de profonds ressentiments entre l’Est et
l’Ouest. La situation française n’est guère meilleure avec la
renaissance d’un nationalisme xénophobe et raciste dans lequel près
d’un électeur sur cinq se reconnaît. Enfin, l’incapacité de l’Union
européenne de se doter d’une politique étrangère commune n’accroît
pas le prestige de ses institutions, comme le souligne l’impuissance
face aux massacres dans l’ancienne Yougoslavie. Ces
incertitudes sont le fruit de la crise économique puisque la plupart des
membres de l’Union connaissent un chômage supérieur à 10% de la
population active. Certes, les acquis sociaux élargis au cours des années
1950-1970 permettent à la très grande majorité des habitants d’avoir
un des niveaux de vie les plus élevés du monde, mais les remises en
cause de ces avantages au nom de la “ mondialisation ”
et de la “ restructuration ” économiques perturbent le jeu
politique traditionnel. Le
tiers monde Il
est devenu très difficile de traiter du tiers
monde
à la fin du XXe
siècle
car les situations divergent beaucoup entre les différents pays des
continents asiatique, sud-américain et africain. Le modèle de développement
japonais s’est étendu à d’autres pays de la zone, ayant une capacité
moindre de création technologique, mais avec des coûts inférieurs à
ceux des Japonais. Ces pays, dont la production combine les manufactures
classiques à celles de la dernière génération (électronique,
informatique), allaient devenir dans les années 90, des puissances économiques
et industrielles de premier plan : la Corée du Sud, Taiwan, Hong
Kong, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie etc., étaient
connus comme les “ dragons du Pacifique ”. L’exemple
chinois a déjà illustré en partie le cas de ces “ économies émergentes ”.
L’étonnante prospérité dont ils bénéficient jusqu’à l’été
1997 a permis l’éclosion d’une classe moyenne, et une certaine
stabilité politique. Une partie de ces pays ont ainsi abandonné les
gouvernements autoritaires pour un système démocratique (Corée du Sud,
Taïwan). La
crise financière et boursière de l’été 1997 est le fruit de
l’explosion de la “ bulle spéculative ” : la
question est de savoir s’il s’agit d’un réajustement temporaire ou
d’un marasme plus profond qui détruirait les avancées économiques et
sociales de ces pays. La
situation sud-américaine est voisine de celle des “ dragons
asiatiques ”. Dominés pendant les années 1960-70 par des
dictatures appuyées par le gouvernement américain, les pays latino-américains
ont voulu oublier leur passé pour entrer dans la voie de l’économie de
marché. Les taux de croissance du Chili, de l’Argentine, du Mexique ou
du Brésil furent souvent à deux chiffres jusqu’à la crise financière
mexicaine du milieu des années 90. Depuis, la croissance stable n’est
plus à l’ordre du jour. Le cas africain Les
pays africains, nés de la décolonisation, aux frontières artificielles,
sont reconnus par les organismes internationaux, et au premier chef par
l’Organisation
de l’unité africaine (O.U.A).
La tendance de ces pays dépend en grande partie de leur passé. Le cas
sud-africain se rapproche de l’Amérique latine et de l’Asie. Après
des années d’apartheid,
de ségrégation raciale, l’Afrique du Sud paraît être sur la voie de
la réconciliation en appliquant les principes démocratiques sous la
direction de Nelson Mandela (président de la République depuis 1994).
Cependant, beaucoup d’États d’Afrique n’ont jamais possédé
d’infrastructures solides, d’institutions représentatives, ni de
fondements autorisant une prospérité économique. De ce fait, bon nombre
de ces pays demeurent encore, à la fin du XXe
siècle dépendants de leur ancienne métropole. L’idée de l’État-nation,
produit de l’histoire du monde occidental, est une réalité imposée à
l’Afrique noire qui tente de la revendiquer. Les derniers conflits dans
la région des grands lacs (1994-1998) démontrent la difficulté de séparer
les causes ethniques, territoriales et en même temps de démêler les
implications des intérêts des anciennes métropoles. En
tout état de cause, le continent africain est le seul continent dont
l’avenir est des plus problématiques car la production agricole reste
insuffisante, les réserves minières appartiennent toujours aux mains de
groupes étrangers et les élites des divers États paraissent incapables
d’assurer l’autosubsistance du continent. La
question du Proche-Orient et le monde islamique Depuis
1948, date de la fondation de l’État d’Israël, le Proche-Orient
demeure une question d’actualité où s’affrontent divers belligérants.
Jusqu’en 1945, la question d’un “ foyer juif ”
n’exista que pour quelques penseurs ou pour des Juifs persécutés en
Europe de l’Est, bien que la plupart immigrèrent en France, en
Angleterre ou en Amérique. La question du Proche-Orient Aux
lendemains de l’ouverture des camps d’extermination nazis, les
responsables de la communauté juive réclamèrent le “ retour ”
en Terre sainte au nom de droits historiques remontant à l’époque
romaine. Ce mouvement fut appelé le sionisme. Les territoires réclamés
se trouvaient en Palestine, sous mandat anglais, et peuplés de
Palestiniens sans grande conscience nationale. La tragédie de l’Exodus
favorisa l’adoption par l’ONU d’un plan de partage de la Palestine
entre une entité arabe et Israël. Le refus de cette partition par les
Arabes déboucha sur 5 guerres (1948 ; 1956 ; 1966 : la guerre
des Six Jours
; 1973 : la guerre
du Kippour
; 1982 : intervention au Liban). À chaque fois, Israël occupa, puis
annexa des terres. Ainsi, la Ville sainte des trois religions monothéistes
, Jérusalem, est proclamée capitale de l’État juif. La conscience des
Arabes de Palestine s’éveilla dans les années 60 avec la création
puis le développement de l’Organisation de libération de la Palestine
(O.L.P.), dirigée par Yasser Arafat. Pour lutter contre ce qu’ils
considérèrent une occupation étrangère, les Palestiniens employèrent
des moyens terroristes (détournements d’avions, attentats...). Il
fallut attendre les années 1980 pour que les premiers contacts entre les
deux parties se réalisent. Enfin, à la suite de l’Intifada
(guerre des pierres commencée en 1987) et sous les auspices américains,
le gouvernement d’Itzhak Rabin et l’O.L.P. de Yasser Arafat conclurent
les accords de Washington en 1993. Ils prévoyaient l’existence d’une
entité palestinienne sur certains territoires occupés par Israël (Gaza
et la Cisjordanie). Cependant, l’assassinat de Rabin par un terroriste
israélien en novembre 1995 et la victoire électorale de Netanyanhou
remit en cause tous les compromis précédents. Malgré des accords signés
sous l’égide des États-Unis en octobre 1998, la paix reste fragile
dans la région. L’intégrisme religieux au Proche-Orient En
fait, avec l’établissement d’Israël et son évolution au cours des
vingt dernières années, la question de l’intégrisme
religieux,
c’est-à-dire de l’application stricte à la société civile de lois
religieuses, se pose. Ce terme évoque aussi bien les religions chrétienne,
musulmane que juive, et désigne les positions intransigeantes de ceux qui
refusent la laïcité. Si le christianisme semble parfois échapper à ces
mutations, l’élection de Karol Wojtyla (en 1978) sous le nom de
Jean-Paul II souligne un repli confessionnel sur l’identité catholique,
Par ailleurs, la sécession intégriste contre les principes du concile de
Vatican II se poursuit alors que les tendances évangéliques des
protestants se multiplient. Les
États musulmans confirment cette tendance du monde contemporain. La révolution
iranienne contre la dictature du Shah fut menée par un ayatollah,
Khomeiny (1900-1989). La résistance des Afghans prit toute sa force au
nom du combat pour Allah. Enfin, la révolte algérienne de 1988 s’est
concrétisée lors des élections locales de juin 1990 par un soutien
populaire massif au Front islamique du salut (F.I.S). La dramatique
opposition entre laïques et religieux sert encore de fil conducteur à
l’analyse de la sanglante guerre civile algérienne, bien que des enjeux
économiques et politiques soient au cœur des difficultés. Le
monde de l’an 2000 À
la veille du troisième millénaire, la prospective historique de
l’avenir demeure une voie impénétrable. Il est uniquement possible de
constater que le XXe
siècle est déjà certainement clos avec la chute du bloc communiste,
comme le XIXe
siècle avait pris fin avec l’année 1914. Cependant, on ne sait encore
ce qui remplace le monde bi-polaire qui opposait l’URSS et les États-Unis.
On a pu croire un moment à une direction américaine du monde, mais la
guerre contre l’Irak en 1991 a rapidement montré que les motifs moraux
s’effaçaient devant les intérêts économiques de puissance. Les
interrogations demeurent, la croissance économique reste trop faible
alors que le monde, depuis le XIXe
siècle, possède les moyens de nourrir des masses considérables de
populations grâce à des technologies toujours plus performantes. Aux
problèmes économiques s’ajoutent les questions écologiques dont
l’acuité est de plus en plus vive. |
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