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Le terme "roman", qui regroupe aujourd'hui aussi bien
l'architecture que la sculpture et la peinture, qualifie les
manifestations artistiques qui apparurent dans l'Occident enropéen entre
le XIe et le XIIIe siècle.
L'apparition de l'art roman s'explique par la redécouverte de la taille
et de l'appareillage de la pierre, au Xe
siècle, principalement en Lombardie puis en
Bourgongne et Catalogne. Mais son essort en France dans la seconde
moitié du XIe s., puis son
expansion dans toute l'Europe, témoignent de la puissance de l'Église
comme élément unificateur du monde chrétien, très fragmenté
politiquement. L'art roman fut donc avant tout un art religieux, qui
privilégiait la construction d'églises et de monastères, et leur décoration
avec des scuptures et des peintures reproduisant des épisodes de l'Écriture
sainte. Il reste cependant de nombreux témoignages d'une architecture
civile (Château Gaillard, Provins, Cluny).
La maîtrise de la pierre permet de construire des arcades et des
voûtes. L'art roman tire son nom de l'adoption de l'arc romain dit
"en plein cintre" (c'est-à-dire en demi-cercle). A l'intérieur
de murs épais, renforcés de contreforts et pourvus de très petites fenêtres,
de larges piliers, formés de colonnes adossées et unis à des arcs en
plein cintre, soutiennent de grandes voûtes divisées en travers par des
arcs. L'église romane typique suit généralement le plan d'une croix
romaine. Le plus grand bras est divisé en trois ou cinq nefs flanquées
de bas‑côtés; le plus petit, appelé transept, se compose d'une ou
de trois nefs. La nef centrale, le plus souvent de taille supérieure aux
autres, s'ouvre sur une abside semi-circulaire surmontée d'une coupole en
quart de sphère, alors que les nefs latérales peuvent se terminer par
des absides (chapelles rayonnantes) ou par un corridor, le déambulatoire.
La porte de ces églises, simple ou triple, se constitue d'une série de
colonnes adossées, les jambages, qui soutiennent des arcs appelés
archivoltes. Entre les archivoltes et le linteau de la porte s'ouvre un
espace, le tympan. Un meneau, colonne allant du sol au milieu du linteau,
divise parfois la porte en deux parties. Tous ces éléments (jambages,
archivoltes, tympan et meneau) sont abondamment décorés de scuptures,
qui transforment les porches romans en des oeuvres d'art complexes. Ces
porches forment généralement la base du clocher, placé devant la façade,
tandis qu'ue tour est élevée sur le carré du transept.
On distingue traditionnellement deux tendances dans l'art roman. Le
roman lombard, appelé aussi premier roman, se caractérise par les lions
accroupis des colonnettes qui soutiennent ses porches, et par l'abondance
des absides (cathédrale de Parme). La deuxième tendance regroupe les
différentes écoles du roman français : bourguignonne (Cluny),
auvergnate (usage de pierres de différentes couleurs) ou languedocienne (églises
de pèlerinage). Le plus grand monument d'art roman en France est la cathédrale
d'Angoulême. l'art roman (suite) Le terme “ roman ”, réservé dans un premier temps
à l'architecture et ensuite étendu à la sculpture et à la peinture,
qualifie les manifestations artistiques qui apparurent dans l'Occident
européen entre le XIe et le XIIIe siècle. Dès la fin du XIIe siècle, l'art gothique dépassa l’art
roman en monumentalité et couvrit une aire bien plus vaste. un art chrétien et européen Par rapport à l'art préroman, l'art roman apporte la
nouveauté d'être un art européen. Les créations artistiques antérieures
des peuples germaniques, limitées territorialement à chaque royaume, cédèrent
la place à un style artistique qui se diffusa à travers toute l'Europe
sous l'impulsion des autorités religieuses, qui jouaient un rôle
croissant dans le domaine culturel et qui contribuèrent à donner une
certaine unité à un monde chrétien très fragmenté politiquement. L’art roman se diffusa comme un style unique, parce qu'il
s'agissait d'un art chrétien, visant à répandre les valeurs du
christianisme romain. Il privilégiait donc la construction d'édifices
destinés à la prière et au pèlerinage (églises et monastères), qu'il
décora avec des sculptures et des peintures reproduisant des passages de
l'Ancien et du Nouveau Testament. C'était une manière d'endoctriner par
les images les fidèles qui pour la plupart ne savaient ni lire ni écrire,
et qui trouvaient dans les églises et les temples, comme on l'a dit avec
pertinence, de véritables “ bibles sur la pierre ”. On peut distinguer deux tendances dans la naissance et la
diffusion de l’art roman : le roman
lombard, appelé aussi premier
roman, et le roman français.
Le roman lombard naquit en Lombardie à la fin du Xe
siècle et se répandit dans le nord de l'Italie, le sud de la France et
le nord de la péninsule Ibérique. Le roman français, né peu après, se
répandit dans toute l'Europe. l'architecture L'architecture romane doit son nom à l'art romain, dont
elle adopta certains éléments très caractéristiques, comme l'arc en
plein cintre. L'architecture romane sut les mêler dans un esprit nouveau
et leur donna une personnalité propre très bien définie. Ainsi
surgirent des édifices aux murs épais renforcés par des contreforts et
pourvus de très petites fenêtres, pour ne pas diminuer leur capacité de
soutien. À l'intérieur de ces murs, dans un espace plutôt obscur, d'épais
piliers, formés de colonnes adossées, et unis par des arcs en plein
cintre, soutiennent de grandes voûtes divisées en travées par des arcs.
C'est la structure élémentaire de tous les édifices romans, grands ou
petits, qui se répète avec quelques variations ; ainsi, les
clochers ouverts par une multitude de fenêtres caractérisent le roman
lombard. Parfois, les arcs en plein cintre sortent à l'extérieur de l'édifice
et deviennent un élément décoratif en forme de galeries d'arcs ou
d'arcatures. Cette structure fondamentale fut celle que le roman appliqua
aux deux types de constructions qui proliférèrent : les églises et
les monastères. Les églises
et les monastères romans L'église romane est un temple, grand ou petit, qui suit généralement
le plan d'une croix latine ; le plus grand bras est divisé en trois
ou en cinq nefs ; le plus petit, appelé le transept,
se compose d'une ou de trois nefs. La nef centrale, le plus souvent d'une
taille supérieure aux nefs latérales, se termine par une abside
semi-circulaire surmontée d’une coupole en quart de sphère, alors que
les nefs latérales peuvent se terminer chacune par des absides ou bien en
un corridor : le déambulatoire,
qui entoure la plus grande chapelle et dans lequel donnent toutes les
autres chapelles radiales. Sur la croisée (c’est-à-dire l'espace où
se croisent les deux bras de la croix), s'élève le ciborium,
et parfois, sur les nefs latérales, court une galerie qui reçoit le nom
de triforium. La porte de ces églises, qui est parfois simple et parfois
triple, est constituée généralement d'une série de colonnes adossées,
les jambages, qui
soutiennent un ensemble d'arcs rampants appelés les archivoltes.
Les archivoltes délimitent avec le linteau de la porte un espace, le tympan,
de la partie inférieure de laquelle part parfois une colonne ou un pilier
qui divise la porte en deux parties : le meneau.
Tous ces éléments (jambages, archivoltes, tympan et meneau) constituent
le support d'une richissime décoration sculptée qui transforme les
portails romans en des œuvres d’art complexes. Dans les monastères, l'église, d'un plan similaire à
celui qui vient d'être décrit, comporte sur un de ses côtés un cloître
formé par quatre galeries couvertes. Celles-ci communiquent par un patio
découvert à travers un ensemble d'arcs de plein cintre. Ces arcs
reposent sur des colonnes qui s’achèvent par des chapiteaux. De tels
chapiteaux constituent avec les portails les lieux où s'exprime le mieux
la sculpture romane. Mis à part ces édifices, les architectes romans
construisirent quelques châteaux, comme celui de Loarre à Huesca
(Aragon), ainsi que d'importantes fortifications, dont l'ensemble des
murailles d'Ávila fournit un magnifique témoignage. Diffusion de
l'architecture romane L'architecture romane se diffusa dans toute l'Europe avec
une grande unité, bien qu’on note quelques variations régionales. En France,
l'art roman atteignit une telle diffusion qu'il fut à l'origine de
l'apparition de nombreuses écoles, chacune possédant ses propres
particularités. Les écoles qui connurent le plus grand rayonnement
international furent celle de Bourgogne, qui exporta le modèle de la
troisième église de l'abbaye de Cluny, et celle de Normandie, où l'art
roman anglais prit ses caractéristiques principales. Mais les plus
originales furent celles de Provence, reconnaissables dans la disposition
classique des façades, et celle d'Auvergne, qui introduisit l'usage de
pierres de différentes couleurs. Le mérite d'avoir créé le type de l'église
de pèlerinage revient à l'école languedocienne. Ces églises comportent
trois ou cinq nefs, un triforium et une carole (nef contournant l'abside),
mais le plus grand représentant de ce type se trouve cependant en Espagne :
la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Parmi les témoignages les
plus représentatifs de l'art roman français, on trouve les églises de
Saint-Trophime à Arles, Saint-Front à Périgueux, Sainte-Foy à Conques,
Saint-Sernin à Toulouse et la cathédrale d'Angoulême. En Espagne,
les constructeurs suivirent les règles du roman français, en particulier
celles des écoles de Bourgogne et du Languedoc, mais la Catalogne développa
le roman lombard, et Zamora créa un style propre (roman de Zamora). Le
roman eut une énorme diffusion dans toute la partie chrétienne de la péninsule
Ibérique. En Italie, les
réminiscences de l'art classique se mêlèrent au roman pour créer un
style très original, qui remplaçait la décoration sculptée sur les façades
par des jeux de marbre et de couleurs ; l’extérieur comportait des
arcatures aveugles et des galeries d'arcs. En outre, le baptistère et le
clocher (campanile) se détachèrent
de l’église. Citons notamment : les cathédrales de Parme et de
Modène, les églises Saint-Ambroise à Milan, San Miniato al Monte à
Florence et Saint-Zénon à Vérone. En Allemagne,
l'art roman adopta le plan caractéristique de l'art ottonien, qui apparaît
déjà à Saint-Michel-de-Hildesheim : deux absides, deux croisées
égales, quatre tours, façade principale située sur l'un des plus grands
côtés de l’église. Les cathédrales de Worms et de Spire sont des
exemples magnifiques. L'art roman n'a pas eu une grande diffusion en Angleterre,
mais il témoigna de quelques originalités, comme le double triforium et
la voûte de croisée, utilisée pour la première fois dans la cathédrale
de Durham et adoptée ensuite par le gothique. Les cathédrales de
Winchester et de Gloucester fournissent les meilleurs témoignages de
l'art roman anglais. La sculpture La sculpture romane, subordonnée au cadre architectural,
est fondamentalement centrée sur la décoration des façades et des
chapiteaux. Ce n'est pas une sculpture réaliste, destinée à reproduire
ce que perçoivent les sens, mais une sculpture spirituelle qui prétend
transmettre un enseignement religieux et élever à Dieu ceux qui la
contemplent. Le sculpteur roman ne cherchait pas à rendre proches et
humains ses personnages, mais il s'efforçait de les diviniser et de les
doter de la plus grande solennité possible. Pour cette raison, les
figures sont hiératiques, c'est-à-dire dépourvues de mouvement et
d'expression ; en général, chacun regarde devant soi et l’on ne
peut établir aucune relation entre elles. Les portails Sur les portails romans, le thème principal orne le tympan,
où la représentation la plus fréquente est celle du Pantocrator, c'est-à-dire
du Christ en majesté, qui apparaît habituellement à l'intérieur d'une
sorte d'amande que l'on appelle mandorle ;
son bras droit levé bénit les humains. Parfois apparaissent autour de la
mandorle les symboles des quatre évangélistes : l'ange qui représente
saint Mathieu, le lion de saint Marc, le taureau de saint Luc et l'aigle
de saint Jean. D'autres thèmes ornent les tympans romans, comme ceux du
Jugement dernier et de l'Apocalypse. En revanche, les scènes de la vie du
Christ sont absentes, car il importe d’évoquer sa divinité plutôt que
son humanité. Les statues des apôtres et des prophètes se trouvent
habituellement sur les jambages et sur le meneau. Toute une série de
personnages et de scènes se trouvent sur les archivoltes, où l'on peut
voir des représentations des mois de l'année, des anges, des musiciens,
etc. La disposition des figures sur les archivoltes, en position tordue,
montre au plus haut point l’adaptation de la sculpture romane au cadre
architectural. Les
chapiteaux romans Les sculpteurs romans développèrent sur les chapiteaux une
thématique extrêmement vaste, qui comprenait aussi bien des scènes
bibliques que des motifs géométriques. Les chapiteaux qui représentent
des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, appelés chapiteaux
historiés, contiennent les meilleurs témoignages de la sculpture
romane. D’autres représentent des animaux, réels ou légendaires
(griffons, harpies). Certains chapiteaux mettent en scène les vices et
les vertus, ou figurent des scènes de la vie quotidienne avec une
intention réaliste qui s'éloigne un peu de la rigidité caractéristique
de l'art roman. La sculpture
libre La sculpture ne connut pas un grand développement. Elle
consiste principalement dans le travail du bois polychrome. Ses thèmes de
prédilection sont la Vierge à l'Enfant et le Christ crucifié. Ce
dernier est représenté vêtu, avec les pieds séparés et sans aucune
trace de douleur, ce qui demeure une caractéristique de l'art roman. La
Vierge apparaît habituellement assise, avec l'Enfant sur ses genoux, et
celui-ci tient souvent à la main une petite boule représentant le monde.
Les calvaires furent eux
aussi courants, la figure du Christ crucifié y apparaît accompagnée de
celles de la Vierge, de saint Jean et des saintes femmes. Les meilleurs ensembles de sculpture romane se trouvent donc
intégrés dans l'architecture, principalement en France (abbaye de
Saint-Pierre de Moissac, cathédrale d'Autun et basilique Sainte-Madeleine
de Vézelay) et en Espagne : Saint-Jacques de Compostelle, cathédrale
d’Oviedo, nombreux monastères. En Italie, il faut retenir pour sa décoration
sculptée le baptistère de Parme et l'église Saint-Zénon à Vérone. La peinture De même que la sculpture, la peinture romane ne prétendait
pas reproduire la réalité, mais recréer un monde surnaturel au moyen de
modèles répondant à certaines formes préétablies. Pour cette raison,
les personnages hiératiques et rigides, sont représentés en position
frontale. Le peintre emploie un épais trait noir pour délimiter les
volumes et les éclaire avec des couleurs pures, sans mélanges, mises les
unes à côté des autres sans aucune gradation. Les caractéristiques fondamentales de la peinture romane
sont l’absence de perspective ainsi que la hiérarchisation des
personnages, dont la taille varie selon leur importance. Les thèmes les
plus courants furent le Pantocrator à l'intérieur de la mandorle et la
Vierge en majesté, mais des scènes bibliques furent aussi représentées
ainsi que, exceptionnellement, des scènes de la vie quotidienne. La peinture romane se concentrait sur la décoration des
murs et des absides des églises. Mais il exista aussi une peinture sur
toile, utilisée essentiellement pour parer les autels. Actuellement, la plus belle collection de peintures romanes
du monde est conservé au Musée national d'Art de Catalogne, à Barcelone :
fresques du Panthéon royal de Saint-Isidore de León, ensembles de
l'abbaye de Saint-Savin (France, département de la Vienne), etc. La miniature La miniature romane, qui connut un développement presque
semblable à celui de la peinture, se caractérise par la richesse des
coloris et la somptuosité des compositions. En général, elle est
beaucoup plus expressive que la peinture romane, et ses thèmes sont
beaucoup plus variés. Les principaux centres de production furent les scriptoria
des monastères, dans lesquels on illustrait essentiellement des Bibles et
des exemplaires de l'Apocalypse de Beatus de Liébana (les “ beatus ”).
Parmi les œuvres les plus remarquables, on peut retenir la Bible
de saint Odilon et la Bible
de Limoges, les beatus de Saint-Sever et de la Bibliothèque
nationale de Madrid et le Livre des
Testaments d'Oviedo. En Italie, les rouleaux liturgiques
appelés les Exultet furent
typiques. les arts mineurs La technique de la broderie, la taille de l'ivoire, l'orfèvrerie
et le travail des émaux produisirent aussi durant la période romane des
œuvres d'une extraordinaire valeur artistique. Les deux broderies les
plus importantes sont la tapisserie
de Bayeux (ville du Calvados), broderie de 70 mètres de long
représentant la conquête de l’Angleterre par les Normands et la tapisserie
de la Création (cathédrale de Gérone, en Catalogne). |
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