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Un
mouvement de renouvellement culturel et artistique triompha en Europe
entre le XVe
et le XVIe
siècle il se caractérise par la reprise de l'Antiquité gréco-romaine
et par la rupture avec la tradition esthétique médiévale, qualifiée de
“ style de barbares ”. L'humanisme Apparue
en Italie au XVe
siècle, la Renaissance fut favorisée par une série d'importants
changements dans les domaines politique, social et économique : une
conception anthropocentriste de l'univers, de tendance laïque, se
substitua au théocentrisme médiéval. L'omniprésence de la religion était
ainsi remplacée par une affirmation des valeurs terrestres, et l'homme se
transformait en la nouvelle mesure de toutes choses, inspirant l'humanisme
sur lequel se fonda la culture renaissante sans renoncer à la tradition
chrétienne. L'art
de la Renaissance Dans
le domaine artistique, ce retour aux sources de la civilisation
occidentale, l'Antiquité gréco-latine, entraîna l'abandon du langage
formel gothique et la réapparition des formes architecturales anciennes
comme l'ordre classique des colonnes, l'utilisation de motifs plastiques
ou picturaux antiques, mais aussi l'utilisation de thèmes issus de la
mythologie et de l'histoire, de même que l'adoption d'éléments
symboliques comme l'arc de triomphe. Une nouvelle relation avec la nature
vit aussi le jour dans un art préoccupé de trouver un fondement
rationnel à son idéal de beauté : la beauté et l'harmonie n'étaient
plus un reflet de la création divine, mais l'expression d'un ordre
intellectuel basé sur les nombres et sur la proportion. L'attitude
anthropocentriste de la Renaissance fit de l'homme la mesure de toutes
choses, et le corps humain devint le paradigme de la perfection et le modèle
fondamental des artistes. La copie exacte de la réalité devint dans
cette mesure l'objectif primordial, favorisé par la découverte et
l'application des lois de la perspective linéaire qui permirent aux
artistes de la Renaissance de représenter l'espace en trois dimensions.
La rationalisation de l'espace et de la beauté furent aussi des conquêtes
de la Renaissance, qui trouva son langage propre dans l'expression de la
mesure, des proportions et du mouvement. D'autre part, la consolidation
croissante, dans les villes, d'une bourgeoisie puissante à l'esprit libéral
permit de libérer la sculpture et la peinture des thèmes exclusivement
religieux ; elle favorisa aussi l'apparition de nouveaux genres,
comme le portrait, le nu, la mythologie et le paysage, plus en accord avec
les goûts de cette nouvelle classe sociale. Que
cette rinascita de
l'Antiquité ait eu lieu en Italie ne fut pas le fruit du hasard, car l'héritage
classique y avait survécu tout au long du Moyen Âge. Ce retour à
l'Antiquité latine commença vers 1420, avec une première phase précoce,
le quattrocento, auquel
succéda en 1500 la Haute Renaissance, ou cinquecento.
Alors qu’en Italie se développait le style renaissant, le gothique
tardif s'épanouissait dans le reste de l'Europe. C'est pour cette raison
que la Renaissance apparut dans ces pays par le contact avec l'art
italien, autour de 1490-1500, alors que les artistes italiens avaient déjà
réalisé les œuvres les plus significatives de la période. l'architecture Bien
qu'il n'y eut pas de rupture violente avec les formes architecturales
gothiques, la Renaissance les remplaça par un nouveau système de
construction, géométrique et classique, inspiré de l'antiquité
classique : cercle, carré, cube et cylindre étaient les formes les
plus adéquates pour organiser l’espace de manière harmonieuse. Cette
architecture se fondait sur un système théorique rationnel, sur une
beauté dont le fondement était un rationalisme mathématique : “ ...
une concordance déterminée et systématique de toutes les parties entre
elles et avec la totalité, de manière que rien ne puisse être ajouté,
enlevé ou altéré dans l'ensemble sans porter atteinte à la totalité... ”,
écrivait le théoricien et architecte Leon Battista Alberti (1404-1472)
dans De re aedificatoria (1485). L'édifice
Renaissance doit consister en la répétition harmonieuse et proportionnée
de parties ou d'éléments qui créent un espace rationnel et symétrique. Le
quattrocento L'édifice
Renaissance est un espace aux dimensions humaines ; pour cette
raison, la verticalité du gothique cède la place à une architecture
dans laquelle prédominent l'horizontalité et les lignes droites. Cette récupération
du langage classique de la construction et de la décoration supposait le
remplacement de la voûte à croisée d'ogives, du pilier gothique massif
et de l'arc en ogive par les ordres classiques, l'arc en plein cintre, les
colonnes et les pilastres, et un toit plan recouvert avec des caissons ou
des voûtes en berceau ; la grande coupole romaine semi-hémisphérique
surmonte l’espace central. Les plans recherchent une perfection symétrique
et calculée, avec une préférence pour le plan basilical et central ;
ils cherchent aussi à obtenir une atmosphère diaphane, par opposition à
la pénombre colorée de l'église gothique. La décoration des édifices
par des motifs classiques caractérise la Renaissance : grotesques,
bosses, guirlandes, formes végétales et animales d'une extraordinaire
beauté. En outre, les chapiteaux classiques réapparaissent, de même que
les frontons, triangulaires ou courbes, surtout employés dans la décoration
des façades. Pendant
la Renaissance, l'architecture civile eut les mêmes objectifs que
l’architecture religieuse. À côté des édifices publics prédominèrent
au XVe
siècle le palais urbain et la villa rurale. Le premier voit l'attention
se porter sur les proportions géométriques, il est en forme de bloc
divisé en appartements et comporte à l'intérieur un cortile,
ou patio, autour duquel s'organisent les quatre ailes et leurs dépendances.
La villa rurale se détache de la traditionnelle ferme fortifiée pour se
fondre dans le paysage. Les
premières constructions inspirées de ces nouveaux principes apparurent
à Florence au début du XVe
siècle, et leur plus grand représentant fut Filippo
Brunelleschi, auteur de la célèbre coupole de la cathédrale de
Santa Maria del Fiore, ainsi que de l'hôpital des Innocents, de l'église
San Lorenzo, de l'église del Santo Spirito et de la chapelle Pazzi. À
cette époque travaillaient aussi à Florence Alberti,
auquel on doit le palais Rucellai et la façade de Santa Maria Novella, Michelozzo
Michelozzi, qui dessina les plans du palais Medici-Riccardi et du
cloître et de la bibliothèque du couvent de San Marco, et Benedetto
da Maiano, auteur du palais Strozzi. Voici d'autres œuvres du quattrocento
italien : le temple malatestien de Rimini, par Alberti ;
Santa Maria dei Carceti, par Giuliano
da Sangallo ; la chartreuse de Pavie, par Giovanni
Antonio Amadeo, dans laquelle la décoration prend une grande
importance ; l'hôpital de Milan, par Filarete. Le
cinquecento Le
XVIe
siècle forme la deuxième phase de la Renaissance italienne, durant
laquelle Rome devint la capitale artistique, et les nouvelles formes
commencèrent à se répandre en Europe. Une révision des principes esthétiques
du quattrocento fut menée
à terme et l'architecture, plus sévère et plus monumentale, se dépouilla
du caractère ornemental de la période précédente pour mieux formuler
les idéaux humanistes. Rigoureuse et équilibrée, l'architecture du cinquecento
se caractérise par la superposition des ordres et par l'équilibre serein
des constructions. Le
cinquecento
perfectionne les conquêtes du quattrocento,
en épurant les éléments superflus et décoratifs, en tentant d'allier
l'harmonie et la logique avec une monumentalité solennelle. Rome devint
le centre politique, religieux et culturel de l'Italie, autour de la
construction de la basilique Saint-Pierre et du réaménagement urbain.
Son développement était lié à de grands noms, comme Donato
Bramante(1444-1514), qui fournit un joyau de l'architecture
classique avec la petite église San Pietro à Montorio, à l'aspect de
temple antique circulaire, sobre et austère, Antonio
de Sangallo le Jeune, auteur du monumental et énergique palais
Farnèse, Baldassare Peruzzi,
auquel on doit la villa Farnésine, et Jacopo
Sansovino, qui construisit à Venise la Scuola de la Miséricorde,
le palais Corner et la bibliothèque Marciana, combinant la tradition vénitienne
avec les ordres classiques. La
basilique Saint-Pierre est l'œuvre-maîtresse de cette période ;
elle fut conçue vers 1450 par Bramante et modifiée ensuite par
Michel-Ange, auquel on doit la coupole monumentale qui la recouvre. Michel-Ange
(1475-1564) est la figure centrale de la Renaissance, mais son œuvre
anticipe déjà sur le maniérisme en remplaçant l'équilibre
bramantesque par la tension et en soumettant le langage architectural de
la Renaissance à une interprétation personnelle et dynamique. Le dernier
tiers du XVIe
siècle est dominé par la figure géniale d'Andrea
Palladio (1508-1580), qui représente le classicisme le plus pur,
aussi bien dans son théâtre Olympique de Vicence que dans ses
incomparables villas rurales. L'architecture
Renaissance dans le reste de l'Europe L'expansion
de l'architecture Renaissance hors d'Italie commença vers 1500, mais sa pénétration
fut plus tardive et superficielle dans certains pays, comme en
Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Allemagne. La Renaissance donna au
contraire de beaux fruits en Pologne, avec le palais royal de Wawel et la
chapelle funéraire des Jagellon, et en Bohême (République tchèque)
avec le magnifique Belvédère de Prague. Des architectes italiens
travaillèrent dans ces deux pays. En
France, l'architecture
Renaissance se concrétisa par la construction de certains châteaux de la
Loire ; d'abord, vers 1500, ceux d'Amboise et de Blois ; après
1515, ceux d'Azay-le-Rideau, de Chenonceaux et, surtout, de Chambord. Avec
Pierre Lescot
(1515-1578), auteur de l'aile occidentale du Louvre, et Philibert
Delorme (vers 1510-1570), qui construisit le château d'Anet,
s'affirma un style architectural qui réinterprétait la Renaissance
italienne. Dans
le domaine de l'architecture, la Renaissance se développa en Espagne
en plusieurs étapes. La première est connue sous le nom de style
plateresque, qui consiste en l'application d'une grande profusion
de décors aux caractéristiques clairement renaissantes sur des formes
encore gothiques ou déjà renaissantes. Salamanque est la ville
plateresque par excellence. Le
plateresque laissa la place à un style italianisant très pur, dépouillé
de toute ornementation, dont le meilleur exemple est le palais de Charles
Quint construit par Pedro Machuca dans l'enceinte de l'Alhambra de
Grenade. Les cathédrales de Grenade, de Málaga et de Jaén appartiennent
à ce courant. Un troisième style se développa en même temps : le style
Cisneros, qui résulte de la combinaison des formes de la
Renaissance avec la décoration de type mudéjar. La
dernière phase de la renaissance architecturale est représentée en
Espagne par Juan de Herrera, qui construisit vers 1567 le monastère de
l'Escurial sur une commande de Philippe II. La simplicité formelle et
l'austérité de l'Escurial donnèrent naissance à ce que l'on nomme le style
herreran, qui prospéra aussi dans la cathédrale de Valladolid,
due à Herrera lui-même, dans l'Alcázar de Tolède et dans la
construction de la ville de Lerma. Au
Portugal, une première
étape fut dominée par le style
manuélin, qui a beaucoup de points communs avec le plateresque,
puis prédomina le purisme des formes italiennes. Le style manuélin, prédominant
dans le pays, a pour œuvre maîtresse le monastère des Hiéronymites,
dans le quartier de Lisbonne nommé Belem. La
renaissance architecturale parvint en Amérique
espagnole dans la deuxième moitié du XVIe
siècle, lorsque débuta la construction des grandes cathédrales :
celle de Saint-Domingue, de style plateresque, et celles du
Nouveau-Mexique, Puebla, Lima et Cuzco, de style puriste. les
arts figuratifs La
sculpture et la peinture de la Renaissance rompent avec le gothique
tardif, encore plein de force au XVe
siècle grâce au gothique international. La mythologie, l'histoire sacrée,
les thèmes astrologiques et ésotériques et l'inspiration humaniste
forment la thématique la plus appréciée par les peintres de la
Renaissance. L'affirmation de l'homme comme centre de l'univers donne lieu
à l'apparition de nouveaux genres artistiques, comme le portrait, le
monument équestre et le tombeau. C'est pourquoi l'étude de l'homme se
manifeste par une grande préoccupation pour l'objectivité de la représentation,
fondée sur les lois de la perspective et des proportions idéales, alors
que se développe l'anatomie. La
sculpture du quattrocento La
sculpture de la Renaissance imita les artistes grecs et romains non
seulement dans les formes monumentales, dans la sévérité et dans la thématique,
mais aussi dans les matériaux, en montrant une grande prédilection pour
le marbre et le bronze. La technique de la fonte du bronze atteignit à
cette époque une grande perfection, et les créations en marbre
parvinrent au comble du raffinement. Les matériaux nobles étaient appréciés,
mais aussi l'argile cuite, peinte ou vitrifiée, avec laquelle les
artistes de la Renaissance obtinrent de beaux effets. La plus grande préoccupation
du sculpteur de la Renaissance fut l'expression parfaite des proportions
et de l'anatomie du corps humain, étudiées particulièrement dans les
nus. Cette préoccupation conduisit à établir un canon qui situait le
corps parfait dans une mesure comprise entre 9 et 10 têtes. La production
sculpturale fut importante dans toutes les villes d’Italie :
bas-reliefs sur les sarcophages, bustes, médaillons, statues équestres. De
même qu'en architecture, Florence fut le centre de la sculpture de la
première Renaissance. Le premier sculpteur appartenant pleinement à la
Renaissance fut Lorenzo
Ghiberti, qui gagna en 1402 le concours pour la réalisation de la
seconde porte du baptistère de la cathédrale, œuvre encore gothique,
mais dont les figures montrent une perfection anatomique qui prélude déjà
à la Renaissance. On doit au même auteur la troisième porte du baptistère,
appelée Porte du Paradis, qui, réalisée entre 1425 et 1452, constitue
une œuvre maîtresse du nouveau style : à l'intérieur de dix
grands rectangles se déroulent autant de scènes conçues selon les
nouvelles lois de la perspective et traitées dans un style presque
pictural. C'est aussi en 1425 que le Siennois Jacopo
della Quercia
commença à décorer le portail central de San Petronio, à Bologne. Donatello
(1386-1466) concilia avec génie l'équilibre classique et un certain
expressionnisme fondé sur la réalité et l'étude de la figure humaine.
Il sculpta de 1430 à 1440 le David
conservé au Bargello de Florence, atteignant une expressivité et une
perfection dans le modelé inconnues jusqu'alors. On doit aussi à
Donatello l'une des plus célèbres statues équestres, celle du
condottiere Gattamelata, dressée en 1453 à Padoue. La statue équestre
de Bartolomeo Colleoni, œuvre d'Andrea
del Verrocchio, rivalise en mérites avec celle de Donatello. Il y
a d'autres sculpteurs remarquables au quattrocento :
Luca Della Robbia, célèbre
pour ses vibrantes céramiques vitrifiées aux beaux effets décoratifs,
Benedetto da Maiano, Desiderio da Settignano, Antonio et Bernardo
Rossellino, Mino da Fiesole, Antonio del Pollaiuolo et Agostino di Duccio. La
sculpture du cinquecento Alors
que le quattrocento était
essentiellement florentin, le XVIe
siècle vit la prédominance de Rome. La délicatesse florentine laissa la
place à la grandeur et à la simplicité, avec une préférence pour les
sculptures de corps entiers. La
sculpture du cinquecento
italien, grandiose et monumentale, est dominée par le génie de Michel-Ange,
maître du classicisme renaissant et en même temps initiateur de la
dissolution formelle qui mènera au maniérisme. Dans ses premières œuvres,
il atteint un admirable équilibre entre la masse et le mouvement (David,
Galerie de l'Académie, Florence), puis évolue par la suite vers une
expressivité intense (Moïse,
église de San Petro in Vincoli, Rome), une prédominance du mouvement
(tombes des Médicis dans la nouvelle sacristie de San Lorenzo, Florence)
et une déformation des corps qui annonce déjà le maniérisme (Pietà
dans la cathédrale de Florence). Sa conception presque gigantesque de la
figure humaine, l'équilibre entre la forme et le mouvement expressif, la
perfection technique des moindres détails lui permirent de représenter
n'importe quelle conception ou idée, de la délicate Pietà
vaticane à l'héroïque David,
image virile pleine de force, ou bien à la terribilità
de Moïse,
expression du mouvement contenu. Son œuvre se dirigera vers une plus
grande expressivité et un caractère dramatique plus prononcé. Hors
d'Italie, la sculpture de la Renaissance se développa surtout en
Allemagne, en France et en Espagne. En Allemagne se distinguèrent Adolf
Daucher, Stephan Lochner et Peter Vischer l’Ancien,
alors qu'en France s'illustrèrent Jean
Goujon (vers 1510-vers 1565), auteur des célèbres nymphes de la
fontaine parisienne des Innocents, et Germain
Pilon (vers 1535-1590). À
la différence de la sculpture italienne, la statuaire espagnole eut un
caractère éminemment religieux, et elle utilisa essentiellement le bois ;
dans les monuments funéraires, on employa le marbre, l'albâtre ou le
bronze. En Espagne, les premières sculptures Renaissance furent l'œuvre
d'artistes italiens, comme Domenico
Fancelli, auteur du tombeau des Rois Catholiques dans la Chapelle
royale de Grenade, Nicolás
Florentino et Pietro
Torrigiani ; le père et le fils Leoni
travaillèrent à l'Escurial (cénotaphes de Charles Quint et de Philippe
II). Le Français Felipe
Vigarny réalisa le retable de la chapelle du Connétable dans la
cathédrale de Burgos en collaboration avec l'Espagnol Diego
de Siloé. L’Espagne compte de nombreux sculpteurs remarquables
tels que Vasco de Zarza,
auteur du tombeau d’El Tostado, dans la cathédrale d'Ávila, Bartolomé
Ordóñez, auteur des tombeaux de Jeanne la Folle et de Philippe le
Beau, dans la Chapelle royale de Grenade. Les deux artistes les plus
importants qui annoncèrent le maniérisme furent : Alonso
de Berruguete (vers 1490-1561), auteur du retable de San Benito
(Musée national de la Sculpture, Valladolid), et Juan
de Juni (1507-1577), auquel on doit la Pietà
de la cathédrale de Ségovie et la Vierge
aux deux couteaux de l'église des Angustias à Valladolid. En
Aragon et en Catalogne, le principal sculpteur de style renaissance fut Damián
Forment. La
peinture Renaissance La
peinture du quattrocento
réagit contre le gothique international. Deux éléments contribuèrent
essentiellement à cette grande révolution plastique : l'utilisation
généralisée de la perspective linéaire, inconnue jusqu'alors, et un désir
de véracité qui se traduisit par la reproduction exacte de la réalité.
De la combinaison de ces deux facteurs naquit une peinture radicalement
neuve, réalisée essentiellement à la trempe et sur toile, dans laquelle
le paysage commença à paraître au fond de la perspective. La peinture
ne se limitait pas à la thématique religieuse, mais pratiquait aussi le
portrait, en recherchant l'individualité du personnage ; il traitait
le genre mythologique et l'allégorie. Il faut signaler la disparition
presque complète des retables, qui prédominaient pendant le gothique, et
leur remplacement par le tableau de chevalet et la peinture à fresque,
qui donna lieu dans cette période à des créations magistrales. La
peinture du quattrocento La
peinture de chevalet utilisa d'abord la technique de la trempe puis, à
partir de la deuxième moitié du siècle, la technique à l'huile. C'est
pendant la première moitié du siècle que furent jetées les bases du
nouveau système de représentation visuelle de la perspective, alors qu'à
partir de la seconde moitié du siècle eurent lieu des avancées dans le
domaine de l'anatomie, dans la fixation du mouvement et dans l'établissement
de canons de proportions fondés sur le corps humain. Que la thématique
soit religieuse, mythologique ou profane, des édifices et des paysages
prononcent la réalité de la scène : les artistes de la Renaissance
se livrent à une représentation réaliste , ainsi qu’à une étude
psychologique minutieuse des personnages. Les
formes monumentales furent particulièrement appréciées dans la première
moitié du quattrocento,
de même que la sobriété dans l'expression et l'emploi de la
perspective, même si quelques peintres rappellent le gothique
international par leur chromatisme vif, au point de placer de l'or dans
leurs peintures, ainsi que par leurs lignes raffinées. La seconde moitié
du siècle montra, au contraire, une préférence pour le dynamisme de la
monumentalité, et introduit des éléments quotidiens. À partir du XVe
siècle, la maîtrise des formes sera presque parfaite, et les artistes
atteindront des sommets dans les effets de profondeur et dans la représentation
du mouvement, tous ces succès s'associant à cette nouvelle étape de
l'histoire de l'art. Florence
s’enorgueillit de deux peintres de génies. Fra
Angelico (vers 1400-1455) tenta de concilier des éléments du
langage gothique, comme l’idéalisation chrétienne, avec l'utilisation
de formes décoratives et architecturales classiques, et une utilisation
sobre de la perspective (cette transition entre la tradition du gothique
international et le nouveau langage est particulièrement évidente dans
les peintures réalisées à fresque dans les cellules du couvent de San
Marco, à Florence). Masaccio
(1401-1428) créa un nouveau langage, puissant et monumental, qui rompit
avec la tradition gothique et s'illustra par le réalisme novateur des
figures et une nouvelle conception de la représentation picturale. Ces
caractéristiques apparaissent de manière évidente dans les Scènes
de la vie de saint Pierre (fresques de la chapelle Brancacci de l'église
florentine du Carmine, 1426-1428) et elles exercèrent une profonde
influence sur beaucoup de ses contemporains. Il faut parmi ces derniers
distinguer Paolo Uccello
(1397-1475), qui s'intéressait à une perspective moins descriptive que
constructive, un espace d’une grande originalité au moyen de raccourcis
hardis (Bataille de San
Romano, trois panneaux, 1456-1460), Andrea
del Castagno, Domenico
Veneziano et Piero
della Francesca (1410 ou 1420-1492). Celui-ci, l’un des plus
grands peintres de tous les temps, introduisit dans la monumentalité de
Masaccio un raffinement délicat dans le traitement de la lumière et de
la couleur. Son chef-d’œuvre est l’ensemble de fresques de l’église
San Francesco d’Auzzo, la Légende
de la Croix (1452-1459). Piero tomba dans l’oubli jusqu’au XXe
siècle. Citons aussi Fra Filippo Lippi, Masolino, Antonio Pisanello et
Gentile da Fabriano. La
peinture florentine de la deuxième moitié du XVe
siècle fut moins solennelle et plus préoccupée par la vie quotidienne.
Ses meilleurs représentants sont Sandro
Botticelli (vers 1445-1510), auteur du Printemps
(1478) et de la Naissance de Vénus
(1485), Benozzo Gozzoli
et Domenico Ghirlandaio.
L'Ombrie fournit aussi des personnalités de premier plan, comme le Pérugin
et Il Pinturicchio, alors qu'à Padoue travaillait Andrea
Mantegna (1431-1506), peintre à la puissante personnalité et
auteur de raccourcis audacieux, comme le Christ
mort de la Pinacothèque Brera, à Milan. Dans
le même temps, l'école vénitienne cultivait son style propre, en
portant une attention particulière au paysage, à la lumière et à la
couleur. Les créations des Bellini
(Jacopo et ses fils : Gentile et Giovanni (vers 1430-1516)), de
Vittore Carpaccio (vers
1455-vers 1525) et de Carlo Crivelli se distinguent par leur richesse
chromatique. Antonello da Messina, Pisanello et Luca Signorelli, qui
participa à la décoration de la chapelle Sixtine, travaillèrent dans
diverses villes d'Italie. La
peinture du cinquecento Le
cinquecento est dominé
par trois grands créateurs : Léonard de Vinci, Raphaël et
Michel-Ange. Léonard de Vinci
(1452-1519) apporta à la peinture la technique du sfumato
(estompé) : il dilua les contours et adoucit les couleurs afin
d'obtenir une nouvelle réalité plastique, plus expressive et plus poétique,
imprégnée d'une atmosphère nébuleuse. Raphaël
Sanzio, avec sa perfection formelle, sa sérénité, son équilibre
et ses compositions géométriques, représente le classicisme par
excellence, le triomphe de la beauté, de l'ordre et de l'harmonie, mais
une certaine mièvrerie n’est pas toujours absente. Michel-Ange
Buonarrotti (1475-1564), plus intéressé par le dessin anatomique,
le volume et le mouvement, évolua vers une expression dramatique qui
anticipait sur le maniérisme. La
Vierge aux rochers (vers 1483), la Joconde (vers 1503-1506), tous deux au
Louvre, et la Cène
(1495-1497), de Léonard de Vinci, dans le réfectoire de Santa Maria
delle Grazie, les trois chambres (stanze)
des papes, au Vatican, recouvertes de fresques par Raphaël (1505-1517),
et le Jugement dernier,
presque 170 m2,
peinte par Michel-Ange au-dessus de l’autel de la chapelle Sixtine
(1536-1541), dont il avait décoré la voûte de 1500-1512 (340 figures
sur 500m2),
font partie du patrimoine de l’humanité. En
marge de ces grandes figures, trois foyers concentrèrent l'activité
picturale dans l'Italie du XVIe
siècle : Parme, avec le
Corrège (vers 1489-1534) et le
Parmesan (1503-1540) ; Florence où travailla Andrea
Del Sarto (1486-1530), et, surtout, Venise. Venise
s’enorgueillit de quatre artistes de génie que les amateurs du XXe siècle
placent sur le même rang que Léonard, Raphaël et Michel-Ange. Giorgione
(vers 1477-1510) a laissé des chefs-d’œuvre, en très petit nombre :
la Tempête (vers 1507,
Académie de Venise). Il fut maître de Titien
(vers 1490-1576), prolifique, dont le rayonnement et l’influence furent
immenses. Le Tintoret
(1518-1594), lui aussi fécond, réalisa ses chefs-d’œuvre pour la
Scuola San Rocco de Venise (1564-1587). Véronèse
(1528-1588) fut, lui comme le Tintoret, un adepte des grands formats :
les Noces de Cana
(1562-1563). Les
nouveautés picturales de la Renaissance italienne parvinrent tardivement
dans le reste de l'Europe, mais les écoles allemande et flamande donnèrent
naissance à des artistes de génie. En Allemagne, Albrecht
(ou Albert) Dürer
(1471-1528) grava les 15 planches de l’Apocaplypse
(1498, bois) et la Mélancolie
(1513-1514, cuivres), alors que Lucas
Cranach (1472-1553) peignit des nus d’une grande originalité ;
Mathias Grünewald
(vers 1465-1528), auteur du retable d’Issenheim (vers 1512-1515, musée
de Colmar), et Albrecht
Altdorfer (vers 1480-1538) donnèrent un accent fantastique au réalisme
tragique ; Hans Holbein
le Jeune (1497-1543) travailla surtout en Angleterre (portrait d’Henri
VIII). Dans le territoire de la Belgique actuelle, Pieter
Bruegel (vers 1525-1569) fut l’un des plus grands artistes de
tous les temps, unissant le réalisme social (kermesses, patineurs, etc.)
et le fantastique, alors que Quentin
Matsys ou Metzys
(vers 1465-1530) cultiva l’expression psychologique ; les deux fils
de Bruegel furent de grands peintres. En
Espagne, Osona le Vieux, Osona le Jeune, Fernando Yáñez, Hernando de
Llanos Vicente Massip
et son fils Juan de Juanes
travaillèrent à Valence. La décoration de l'Escurial exigea le concours
de nombreux artistes, certains italiens, comme Federico Zuccaro et
Pellegrino Tibaldi, et d'autres espagnols, comme Juan
Fernández de Navarrete, dit le
Muet, et Gaspar Becerra. La Renaissance espagnole compta de
nombreux autres peintres : Pedro
Berruguete (vers 1450-vers 1504), Luis
de Morales (vers 1508-1586), Juan
de Borgoña. Le portrait courtisan, introduit en Espagne par le
Hollandais Antonio Moro, fut pratiqué avec une grande réussite par Alonso
Sánchez Coello
et Juan Pantoja de la Cruz. Au-dessus de tous, brille d’une lumière
singulière Dhominikos Theotokópoulos, (1541-1614), dit le
Greco, qui, né en Crête, travailla à Venise, puis (1570) à
Rome. Il vint en Espagne en 1575 et s’installa à Tolède. Peintre fécond,
il préfigure le maniérisme, en raison de l'allongement des figures, de
l'utilisation audacieuse de couleurs froides et de son intense spiritualité. |
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