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Un mouvement de renouvellement culturel et artistique triompha en Europe entre le XVe et le XVIe siècle il se caractérise par la reprise de l'Antiquité gréco-romaine et par la rupture avec la tradition esthétique médiévale, qualifiée de “ style de barbares ”.

L'humanisme

Apparue en Italie au XVe siècle, la Renaissance fut favorisée par une série d'importants changements dans les domaines politique, social et économique : une conception anthropocentriste de l'univers, de tendance laïque, se substitua au théocentrisme médiéval. L'omniprésence de la religion était ainsi remplacée par une affirmation des valeurs terrestres, et l'homme se transformait en la nouvelle mesure de toutes choses, inspirant l'humanisme sur lequel se fonda la culture renaissante sans renoncer à la tradition chrétienne.

L'art de la Renaissance

Dans le domaine artistique, ce retour aux sources de la civilisation occidentale, l'Antiquité gréco-latine, entraîna l'abandon du langage formel gothique et la réapparition des formes architecturales anciennes comme l'ordre classique des colonnes, l'utilisation de motifs plastiques ou picturaux antiques, mais aussi l'utilisation de thèmes issus de la mythologie et de l'histoire, de même que l'adoption d'éléments symboliques comme l'arc de triomphe. Une nouvelle relation avec la nature vit aussi le jour dans un art préoccupé de trouver un fondement rationnel à son idéal de beauté : la beauté et l'harmonie n'étaient plus un reflet de la création divine, mais l'expression d'un ordre intellectuel basé sur les nombres et sur la proportion. L'attitude anthropocentriste de la Renaissance fit de l'homme la mesure de toutes choses, et le corps humain devint le paradigme de la perfection et le modèle fondamental des artistes. La copie exacte de la réalité devint dans cette mesure l'objectif primordial, favorisé par la découverte et l'application des lois de la perspective linéaire qui permirent aux artistes de la Renaissance de représenter l'espace en trois dimensions. La rationalisation de l'espace et de la beauté furent aussi des conquêtes de la Renaissance, qui trouva son langage propre dans l'expression de la mesure, des proportions et du mouvement. D'autre part, la consolidation croissante, dans les villes, d'une bourgeoisie puissante à l'esprit libéral permit de libérer la sculpture et la peinture des thèmes exclusivement religieux ; elle favorisa aussi l'apparition de nouveaux genres, comme le portrait, le nu, la mythologie et le paysage, plus en accord avec les goûts de cette nouvelle classe sociale.

Que cette rinascita de l'Antiquité ait eu lieu en Italie ne fut pas le fruit du hasard, car l'héritage classique y avait survécu tout au long du Moyen Âge. Ce retour à l'Antiquité latine commença vers 1420, avec une première phase précoce, le quattrocento, auquel succéda en 1500 la Haute Renaissance, ou cinquecento. Alors qu’en Italie se développait le style renaissant, le gothique tardif s'épanouissait dans le reste de l'Europe. C'est pour cette raison que la Renaissance apparut dans ces pays par le contact avec l'art italien, autour de 1490-1500, alors que les artistes italiens avaient déjà réalisé les œuvres les plus significatives de la période.

l'architecture

Bien qu'il n'y eut pas de rupture violente avec les formes architecturales gothiques, la Renaissance les remplaça par un nouveau système de construction, géométrique et classique, inspiré de l'antiquité classique : cercle, carré, cube et cylindre étaient les formes les plus adéquates pour organiser l’espace de manière harmonieuse. Cette architecture se fondait sur un système théorique rationnel, sur une beauté dont le fondement était un rationalisme mathématique : “ ... une concordance déterminée et systématique de toutes les parties entre elles et avec la totalité, de manière que rien ne puisse être ajouté, enlevé ou altéré dans l'ensemble sans porter atteinte à la totalité... ”, écrivait le théoricien et architecte Leon Battista Alberti (1404-1472) dans De re aedificatoria (1485).

L'édifice Renaissance doit consister en la répétition harmonieuse et proportionnée de parties ou d'éléments qui créent un espace rationnel et symétrique.

Le quattrocento

L'édifice Renaissance est un espace aux dimensions humaines ; pour cette raison, la verticalité du gothique cède la place à une architecture dans laquelle prédominent l'horizontalité et les lignes droites. Cette récupération du langage classique de la construction et de la décoration supposait le remplacement de la voûte à croisée d'ogives, du pilier gothique massif et de l'arc en ogive par les ordres classiques, l'arc en plein cintre, les colonnes et les pilastres, et un toit plan recouvert avec des caissons ou des voûtes en berceau ; la grande coupole romaine semi-hémisphérique surmonte l’espace central. Les plans recherchent une perfection symétrique et calculée, avec une préférence pour le plan basilical et central ; ils cherchent aussi à obtenir une atmosphère diaphane, par opposition à la pénombre colorée de l'église gothique. La décoration des édifices par des motifs classiques caractérise la Renaissance : grotesques, bosses, guirlandes, formes végétales et animales d'une extraordinaire beauté. En outre, les chapiteaux classiques réapparaissent, de même que les frontons, triangulaires ou courbes, surtout employés dans la décoration des façades.

Pendant la Renaissance, l'architecture civile eut les mêmes objectifs que l’architecture religieuse. À côté des édifices publics prédominèrent au XVe siècle le palais urbain et la villa rurale. Le premier voit l'attention se porter sur les proportions géométriques, il est en forme de bloc divisé en appartements et comporte à l'intérieur un cortile, ou patio, autour duquel s'organisent les quatre ailes et leurs dépendances. La villa rurale se détache de la traditionnelle ferme fortifiée pour se fondre dans le paysage.

Les premières constructions inspirées de ces nouveaux principes apparurent à Florence au début du XVe siècle, et leur plus grand représentant fut Filippo Brunelleschi, auteur de la célèbre coupole de la cathédrale de Santa Maria del Fiore, ainsi que de l'hôpital des Innocents, de l'église San Lorenzo, de l'église del Santo Spirito et de la chapelle Pazzi. À cette époque travaillaient aussi à Florence Alberti, auquel on doit le palais Rucellai et la façade de Santa Maria Novella, Michelozzo Michelozzi, qui dessina les plans du palais Medici-Riccardi et du cloître et de la bibliothèque du couvent de San Marco, et Benedetto da Maiano, auteur du palais Strozzi. Voici d'autres œuvres du quattrocento italien : le temple malatestien de Rimini, par Alberti ; Santa Maria dei Carceti, par Giuliano da Sangallo ; la chartreuse de Pavie, par Giovanni Antonio Amadeo, dans laquelle la décoration prend une grande importance ; l'hôpital de Milan, par Filarete.

Le cinquecento

Le XVIe siècle forme la deuxième phase de la Renaissance italienne, durant laquelle Rome devint la capitale artistique, et les nouvelles formes commencèrent à se répandre en Europe. Une révision des principes esthétiques du quattrocento fut menée à terme et l'architecture, plus sévère et plus monumentale, se dépouilla du caractère ornemental de la période précédente pour mieux formuler les idéaux humanistes. Rigoureuse et équilibrée, l'architecture du cinquecento se caractérise par la superposition des ordres et par l'équilibre serein des constructions.

Le cinquecento perfectionne les conquêtes du quattrocento, en épurant les éléments superflus et décoratifs, en tentant d'allier l'harmonie et la logique avec une monumentalité solennelle. Rome devint le centre politique, religieux et culturel de l'Italie, autour de la construction de la basilique Saint-Pierre et du réaménagement urbain. Son développement était lié à de grands noms, comme Donato Bramante(1444-1514), qui fournit un joyau de l'architecture classique avec la petite église San Pietro à Montorio, à l'aspect de temple antique circulaire, sobre et austère, Antonio de Sangallo le Jeune, auteur du monumental et énergique palais Farnèse, Baldassare Peruzzi, auquel on doit la villa Farnésine, et Jacopo Sansovino, qui construisit à Venise la Scuola de la Miséricorde, le palais Corner et la bibliothèque Marciana, combinant la tradition vénitienne avec les ordres classiques.

La basilique Saint-Pierre est l'œuvre-maîtresse de cette période ; elle fut conçue vers 1450 par Bramante et modifiée ensuite par Michel-Ange, auquel on doit la coupole monumentale qui la recouvre. Michel-Ange (1475-1564) est la figure centrale de la Renaissance, mais son œuvre anticipe déjà sur le maniérisme en remplaçant l'équilibre bramantesque par la tension et en soumettant le langage architectural de la Renaissance à une interprétation personnelle et dynamique. Le dernier tiers du XVIe siècle est dominé par la figure géniale d'Andrea Palladio (1508-1580), qui représente le classicisme le plus pur, aussi bien dans son théâtre Olympique de Vicence que dans ses incomparables villas rurales.

L'architecture Renaissance dans le reste de l'Europe

L'expansion de l'architecture Renaissance hors d'Italie commença vers 1500, mais sa pénétration fut plus tardive et superficielle dans certains pays, comme en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Allemagne. La Renaissance donna au contraire de beaux fruits en Pologne, avec le palais royal de Wawel et la chapelle funéraire des Jagellon, et en Bohême (République tchèque) avec le magnifique Belvédère de Prague. Des architectes italiens travaillèrent dans ces deux pays.

En France, l'architecture Renaissance se concrétisa par la construction de certains châteaux de la Loire ; d'abord, vers 1500, ceux d'Amboise et de Blois ; après 1515, ceux d'Azay-le-Rideau, de Chenonceaux et, surtout, de Chambord. Avec Pierre Lescot (1515-1578), auteur de l'aile occidentale du Louvre, et Philibert Delorme (vers 1510-1570), qui construisit le château d'Anet, s'affirma un style architectural qui réinterprétait la Renaissance italienne.

Dans le domaine de l'architecture, la Renaissance se développa en Espagne en plusieurs étapes. La première est connue sous le nom de style plateresque, qui consiste en l'application d'une grande profusion de décors aux caractéristiques clairement renaissantes sur des formes encore gothiques ou déjà renaissantes. Salamanque est la ville plateresque par excellence.

Le plateresque laissa la place à un style italianisant très pur, dépouillé de toute ornementation, dont le meilleur exemple est le palais de Charles Quint construit par Pedro Machuca dans l'enceinte de l'Alhambra de Grenade. Les cathédrales de Grenade, de Málaga et de Jaén appartiennent à ce courant. Un troisième style se développa en même temps : le style Cisneros, qui résulte de la combinaison des formes de la Renaissance avec la décoration de type mudéjar.

La dernière phase de la renaissance architecturale est représentée en Espagne par Juan de Herrera, qui construisit vers 1567 le monastère de l'Escurial sur une commande de Philippe II. La simplicité formelle et l'austérité de l'Escurial donnèrent naissance à ce que l'on nomme le style herreran, qui prospéra aussi dans la cathédrale de Valladolid, due à Herrera lui-même, dans l'Alcázar de Tolède et dans la construction de la ville de Lerma.

Au Portugal, une première étape fut dominée par le style manuélin, qui a beaucoup de points communs avec le plateresque, puis prédomina le purisme des formes italiennes. Le style manuélin, prédominant dans le pays, a pour œuvre maîtresse le monastère des Hiéronymites, dans le quartier de Lisbonne nommé Belem.

La renaissance architecturale parvint en Amérique espagnole dans la deuxième moitié du XVIe siècle, lorsque débuta la construction des grandes cathédrales : celle de Saint-Domingue, de style plateresque, et celles du Nouveau-Mexique, Puebla, Lima et Cuzco, de style puriste.

les arts figuratifs

La sculpture et la peinture de la Renaissance rompent avec le gothique tardif, encore plein de force au XVe siècle grâce au gothique international. La mythologie, l'histoire sacrée, les thèmes astrologiques et ésotériques et l'inspiration humaniste forment la thématique la plus appréciée par les peintres de la Renaissance. L'affirmation de l'homme comme centre de l'univers donne lieu à l'apparition de nouveaux genres artistiques, comme le portrait, le monument équestre et le tombeau. C'est pourquoi l'étude de l'homme se manifeste par une grande préoccupation pour l'objectivité de la représentation, fondée sur les lois de la perspective et des proportions idéales, alors que se développe l'anatomie.

La sculpture du quattrocento

La sculpture de la Renaissance imita les artistes grecs et romains non seulement dans les formes monumentales, dans la sévérité et dans la thématique, mais aussi dans les matériaux, en montrant une grande prédilection pour le marbre et le bronze. La technique de la fonte du bronze atteignit à cette époque une grande perfection, et les créations en marbre parvinrent au comble du raffinement. Les matériaux nobles étaient appréciés, mais aussi l'argile cuite, peinte ou vitrifiée, avec laquelle les artistes de la Renaissance obtinrent de beaux effets. La plus grande préoccupation du sculpteur de la Renaissance fut l'expression parfaite des proportions et de l'anatomie du corps humain, étudiées particulièrement dans les nus. Cette préoccupation conduisit à établir un canon qui situait le corps parfait dans une mesure comprise entre 9 et 10 têtes. La production sculpturale fut importante dans toutes les villes d’Italie : bas-reliefs sur les sarcophages, bustes, médaillons, statues équestres.

De même qu'en architecture, Florence fut le centre de la sculpture de la première Renaissance. Le premier sculpteur appartenant pleinement à la Renaissance fut Lorenzo Ghiberti, qui gagna en 1402 le concours pour la réalisation de la seconde porte du baptistère de la cathédrale, œuvre encore gothique, mais dont les figures montrent une perfection anatomique qui prélude déjà à la Renaissance. On doit au même auteur la troisième porte du baptistère, appelée Porte du Paradis, qui, réalisée entre 1425 et 1452, constitue une œuvre maîtresse du nouveau style : à l'intérieur de dix grands rectangles se déroulent autant de scènes conçues selon les nouvelles lois de la perspective et traitées dans un style presque pictural. C'est aussi en 1425 que le Siennois Jacopo della Quercia commença à décorer le portail central de San Petronio, à Bologne. Donatello (1386-1466) concilia avec génie l'équilibre classique et un certain expressionnisme fondé sur la réalité et l'étude de la figure humaine. Il sculpta de 1430 à 1440 le David conservé au Bargello de Florence, atteignant une expressivité et une perfection dans le modelé inconnues jusqu'alors. On doit aussi à Donatello l'une des plus célèbres statues équestres, celle du condottiere Gattamelata, dressée en 1453 à Padoue. La statue équestre de Bartolomeo Colleoni, œuvre d'Andrea del Verrocchio, rivalise en mérites avec celle de Donatello. Il y a d'autres sculpteurs remarquables au quattrocento : Luca Della Robbia, célèbre pour ses vibrantes céramiques vitrifiées aux beaux effets décoratifs, Benedetto da Maiano, Desiderio da Settignano, Antonio et Bernardo Rossellino, Mino da Fiesole, Antonio del Pollaiuolo et Agostino di Duccio.

La sculpture du cinquecento

Alors que le quattrocento était essentiellement florentin, le XVIe siècle vit la prédominance de Rome. La délicatesse florentine laissa la place à la grandeur et à la simplicité, avec une préférence pour les sculptures de corps entiers.

La sculpture du cinquecento italien, grandiose et monumentale, est dominée par le génie de Michel-Ange, maître du classicisme renaissant et en même temps initiateur de la dissolution formelle qui mènera au maniérisme. Dans ses premières œuvres, il atteint un admirable équilibre entre la masse et le mouvement (David, Galerie de l'Académie, Florence), puis évolue par la suite vers une expressivité intense (Moïse, église de San Petro in Vincoli, Rome), une prédominance du mouvement (tombes des Médicis dans la nouvelle sacristie de San Lorenzo, Florence) et une déformation des corps qui annonce déjà le maniérisme (Pietà dans la cathédrale de Florence). Sa conception presque gigantesque de la figure humaine, l'équilibre entre la forme et le mouvement expressif, la perfection technique des moindres détails lui permirent de représenter n'importe quelle conception ou idée, de la délicate Pietà vaticane à l'héroïque David, image virile pleine de force, ou bien à la terribilità de Moïse, expression du mouvement contenu. Son œuvre se dirigera vers une plus grande expressivité et un caractère dramatique plus prononcé.

Hors d'Italie, la sculpture de la Renaissance se développa surtout en Allemagne, en France et en Espagne. En Allemagne se distinguèrent Adolf Daucher, Stephan Lochner et Peter Vischer l’Ancien, alors qu'en France s'illustrèrent Jean Goujon (vers 1510-vers 1565), auteur des célèbres nymphes de la fontaine parisienne des Innocents, et Germain Pilon (vers 1535-1590).

À la différence de la sculpture italienne, la statuaire espagnole eut un caractère éminemment religieux, et elle utilisa essentiellement le bois ; dans les monuments funéraires, on employa le marbre, l'albâtre ou le bronze. En Espagne, les premières sculptures Renaissance furent l'œuvre d'artistes italiens, comme Domenico Fancelli, auteur du tombeau des Rois Catholiques dans la Chapelle royale de Grenade, Nicolás Florentino et Pietro Torrigiani ; le père et le fils Leoni travaillèrent à l'Escurial (cénotaphes de Charles Quint et de Philippe II). Le Français Felipe Vigarny réalisa le retable de la chapelle du Connétable dans la cathédrale de Burgos en collaboration avec l'Espagnol Diego de Siloé. L’Espagne compte de nombreux sculpteurs remarquables tels que Vasco de Zarza, auteur du tombeau d’El Tostado, dans la cathédrale d'Ávila, Bartolomé Ordóñez, auteur des tombeaux de Jeanne la Folle et de Philippe le Beau, dans la Chapelle royale de Grenade. Les deux artistes les plus importants qui annoncèrent le maniérisme furent : Alonso de Berruguete (vers 1490-1561), auteur du retable de San Benito (Musée national de la Sculpture, Valladolid), et Juan de Juni (1507-1577), auquel on doit la Pietà de la cathédrale de Ségovie et la Vierge aux deux couteaux de l'église des Angustias à Valladolid. En Aragon et en Catalogne, le principal sculpteur de style renaissance fut Damián Forment.

La peinture Renaissance

La peinture du quattrocento réagit contre le gothique international. Deux éléments contribuèrent essentiellement à cette grande révolution plastique : l'utilisation généralisée de la perspective linéaire, inconnue jusqu'alors, et un désir de véracité qui se traduisit par la reproduction exacte de la réalité. De la combinaison de ces deux facteurs naquit une peinture radicalement neuve, réalisée essentiellement à la trempe et sur toile, dans laquelle le paysage commença à paraître au fond de la perspective. La peinture ne se limitait pas à la thématique religieuse, mais pratiquait aussi le portrait, en recherchant l'individualité du personnage ; il traitait le genre mythologique et l'allégorie. Il faut signaler la disparition presque complète des retables, qui prédominaient pendant le gothique, et leur remplacement par le tableau de chevalet et la peinture à fresque, qui donna lieu dans cette période à des créations magistrales.

La peinture du quattrocento

La peinture de chevalet utilisa d'abord la technique de la trempe puis, à partir de la deuxième moitié du siècle, la technique à l'huile. C'est pendant la première moitié du siècle que furent jetées les bases du nouveau système de représentation visuelle de la perspective, alors qu'à partir de la seconde moitié du siècle eurent lieu des avancées dans le domaine de l'anatomie, dans la fixation du mouvement et dans l'établissement de canons de proportions fondés sur le corps humain. Que la thématique soit religieuse, mythologique ou profane, des édifices et des paysages prononcent la réalité de la scène : les artistes de la Renaissance se livrent à une représentation réaliste , ainsi qu’à une étude psychologique minutieuse des personnages.

Les formes monumentales furent particulièrement appréciées dans la première moitié du quattrocento, de même que la sobriété dans l'expression et l'emploi de la perspective, même si quelques peintres rappellent le gothique international par leur chromatisme vif, au point de placer de l'or dans leurs peintures, ainsi que par leurs lignes raffinées. La seconde moitié du siècle montra, au contraire, une préférence pour le dynamisme de la monumentalité, et introduit des éléments quotidiens. À partir du XVe siècle, la maîtrise des formes sera presque parfaite, et les artistes atteindront des sommets dans les effets de profondeur et dans la représentation du mouvement, tous ces succès s'associant à cette nouvelle étape de l'histoire de l'art.

Florence s’enorgueillit de deux peintres de génies. Fra Angelico (vers 1400-1455) tenta de concilier des éléments du langage gothique, comme l’idéalisation chrétienne, avec l'utilisation de formes décoratives et architecturales classiques, et une utilisation sobre de la perspective (cette transition entre la tradition du gothique international et le nouveau langage est particulièrement évidente dans les peintures réalisées à fresque dans les cellules du couvent de San Marco, à Florence). Masaccio (1401-1428) créa un nouveau langage, puissant et monumental, qui rompit avec la tradition gothique et s'illustra par le réalisme novateur des figures et une nouvelle conception de la représentation picturale. Ces caractéristiques apparaissent de manière évidente dans les Scènes de la vie de saint Pierre (fresques de la chapelle Brancacci de l'église florentine du Carmine, 1426-1428) et elles exercèrent une profonde influence sur beaucoup de ses contemporains. Il faut parmi ces derniers distinguer Paolo Uccello (1397-1475), qui s'intéressait à une perspective moins descriptive que constructive, un espace d’une grande originalité au moyen de raccourcis hardis (Bataille de San Romano, trois panneaux, 1456-1460), Andrea del Castagno, Domenico Veneziano et Piero della Francesca (1410 ou 1420-1492). Celui-ci, l’un des plus grands peintres de tous les temps, introduisit dans la monumentalité de Masaccio un raffinement délicat dans le traitement de la lumière et de la couleur. Son chef-d’œuvre est l’ensemble de fresques de l’église San Francesco d’Auzzo, la Légende de la Croix (1452-1459). Piero tomba dans l’oubli jusqu’au XXe siècle. Citons aussi Fra Filippo Lippi, Masolino, Antonio Pisanello et Gentile da Fabriano.

La peinture florentine de la deuxième moitié du XVe siècle fut moins solennelle et plus préoccupée par la vie quotidienne. Ses meilleurs représentants sont Sandro Botticelli (vers 1445-1510), auteur du Printemps (1478) et de la Naissance de Vénus (1485), Benozzo Gozzoli et Domenico Ghirlandaio. L'Ombrie fournit aussi des personnalités de premier plan, comme le Pérugin et Il Pinturicchio, alors qu'à Padoue travaillait Andrea Mantegna (1431-1506), peintre à la puissante personnalité et auteur de raccourcis audacieux, comme le Christ mort de la Pinacothèque Brera, à Milan.

Dans le même temps, l'école vénitienne cultivait son style propre, en portant une attention particulière au paysage, à la lumière et à la couleur. Les créations des Bellini (Jacopo et ses fils : Gentile et Giovanni (vers 1430-1516)), de Vittore Carpaccio (vers 1455-vers 1525) et de Carlo Crivelli se distinguent par leur richesse chromatique. Antonello da Messina, Pisanello et Luca Signorelli, qui participa à la décoration de la chapelle Sixtine, travaillèrent dans diverses villes d'Italie.

La peinture du cinquecento

Le cinquecento est dominé par trois grands créateurs : Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange. Léonard de Vinci (1452-1519) apporta à la peinture la technique du sfumato (estompé) : il dilua les contours et adoucit les couleurs afin d'obtenir une nouvelle réalité plastique, plus expressive et plus poétique, imprégnée d'une atmosphère nébuleuse. Raphaël Sanzio, avec sa perfection formelle, sa sérénité, son équilibre et ses compositions géométriques, représente le classicisme par excellence, le triomphe de la beauté, de l'ordre et de l'harmonie, mais une certaine mièvrerie n’est pas toujours absente. Michel-Ange Buonarrotti (1475-1564), plus intéressé par le dessin anatomique, le volume et le mouvement, évolua vers une expression dramatique qui anticipait sur le maniérisme. La Vierge aux rochers (vers 1483), la Joconde (vers 1503-1506), tous deux au Louvre, et la Cène (1495-1497), de Léonard de Vinci, dans le réfectoire de Santa Maria delle Grazie, les trois chambres (stanze) des papes, au Vatican, recouvertes de fresques par Raphaël (1505-1517), et le Jugement dernier, presque 170 m2, peinte par Michel-Ange au-dessus de l’autel de la chapelle Sixtine (1536-1541), dont il avait décoré la voûte de 1500-1512 (340 figures sur 500m2), font partie du patrimoine de l’humanité.

En marge de ces grandes figures, trois foyers concentrèrent l'activité picturale dans l'Italie du XVIe siècle : Parme, avec le Corrège (vers 1489-1534) et le Parmesan (1503-1540) ; Florence où travailla Andrea Del Sarto (1486-1530), et, surtout, Venise.

Venise s’enorgueillit de quatre artistes de génie que les amateurs du XXe siècle placent sur le même rang que Léonard, Raphaël et Michel-Ange. Giorgione (vers 1477-1510) a laissé des chefs-d’œuvre, en très petit nombre : la Tempête (vers 1507, Académie de Venise). Il fut maître de Titien (vers 1490-1576), prolifique, dont le rayonnement et l’influence furent immenses. Le Tintoret (1518-1594), lui aussi fécond, réalisa ses chefs-d’œuvre pour la Scuola San Rocco de Venise (1564-1587). Véronèse (1528-1588) fut, lui comme le Tintoret, un adepte des grands formats : les Noces de Cana (1562-1563).

Les nouveautés picturales de la Renaissance italienne parvinrent tardivement dans le reste de l'Europe, mais les écoles allemande et flamande donnèrent naissance à des artistes de génie. En Allemagne, Albrecht (ou Albert) Dürer (1471-1528) grava les 15 planches de l’Apocaplypse (1498, bois) et la Mélancolie (1513-1514, cuivres), alors que Lucas Cranach (1472-1553) peignit des nus d’une grande originalité ; Mathias Grünewald (vers 1465-1528), auteur du retable d’Issenheim (vers 1512-1515, musée de Colmar), et Albrecht Altdorfer (vers 1480-1538) donnèrent un accent fantastique au réalisme tragique ; Hans Holbein le Jeune (1497-1543) travailla surtout en Angleterre (portrait d’Henri VIII). Dans le territoire de la Belgique actuelle, Pieter Bruegel (vers 1525-1569) fut l’un des plus grands artistes de tous les temps, unissant le réalisme social (kermesses, patineurs, etc.) et le fantastique, alors que Quentin Matsys ou Metzys (vers 1465-1530) cultiva l’expression psychologique ; les deux fils de Bruegel furent de grands peintres.

En Espagne, Osona le Vieux, Osona le Jeune, Fernando Yáñez, Hernando de Llanos Vicente Massip et son fils Juan de Juanes travaillèrent à Valence. La décoration de l'Escurial exigea le concours de nombreux artistes, certains italiens, comme Federico Zuccaro et Pellegrino Tibaldi, et d'autres espagnols, comme Juan Fernández de Navarrete, dit le Muet, et Gaspar Becerra. La Renaissance espagnole compta de nombreux autres peintres : Pedro Berruguete (vers 1450-vers 1504), Luis de Morales (vers 1508-1586), Juan de Borgoña. Le portrait courtisan, introduit en Espagne par le Hollandais Antonio Moro, fut pratiqué avec une grande réussite par Alonso Sánchez Coello et Juan Pantoja de la Cruz. Au-dessus de tous, brille d’une lumière singulière Dhominikos Theotokópoulos, (1541-1614), dit le Greco, qui, né en Crête, travailla à Venise, puis (1570) à Rome. Il vint en Espagne en 1575 et s’installa à Tolède. Peintre fécond, il préfigure le maniérisme, en raison de l'allongement des figures, de l'utilisation audacieuse de couleurs froides et de son intense spiritualité.

 

 

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