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            La diversité et la richesse qui caractérisent l'art baroque, mouvement qui triomphe en Europe au XVIIe siècle et au début du XVIIIe, s'expliquent par la convergence de l'évolution artistique et de la situation sociale et politique particulière des nations européennes.

            Ces nations vivaient alors une période particulièrement intense, marquée par l'affirmation des nationalités, la consolidation du pouvoir absolu de certains monarques, la scission des Pays-Bas espagnols et les tensions religieuses suscitées par l'opposition persistante entre Réforme et Contre-Réforme, dramatisée en Allemagne par la guerre de Trente Ans. Lancé depuis Rome, redevenue un grand centre artistique, l'art baroque constitua un instrument de propagande pour la foi catholique : il contribuait à créer un climat de piété et à réaffirmer les dogmes (thèmes de la Vierge, des martyrs). Gagnant l'Europe tout entière, il se transforma dans les pays protestants en l'expression du goût bourgeois pour la réalité, et dans les monarchies absolues en un instrument de persuasion et d'éblouissement. Un baroque réaliste visa donc à rapprocher le peuple de l'Église dans les pays catholiques et à représenter le confort quotidien dans les pays protestants: tandis qu'un baroque monumental exprimait le pouvoir de la monarchie absolue et de l'Église, et se distinguait par sa théâtralité, sa culture de l'illusion, de l'artifice et de la sensation.

            En architecture, le baroque se caractérise par sa prise en compte de l'urbanisme, avec notamment l'aménagement et la décoration des places, mais aussi par l'agrandissement des hôtels (palais urbains) et des parcs des châteaux, offrant l'image d'une nature domestiquée qui répondait aux prétentions rationalistes de l'époque. Il est dominé en Italie par la figure des architectes Bernini, de Cortone et Borromini, en France par celles de Mansart et Le Nôtre, tandis que l'Espagne profitait de la richesse de son "siècle d'or" pour sortir du classicisme.

            A la frontière entre celui-ci et le baroque se situent les peintres Vélasquez, en Espagne, et Rubens, son ami flamand. Tout comme en France Georges de La Tour, ou les membres de l'école hollandaise, protestante et réaliste, marquée par Rembrandt et Vermeer; ils subirent l'influence du grand mouvement pictural lancé en Italie par le Caravage, qui rompit avec l'idéal de beauté de la Renaissance en donnant aux personnages bibliques les traits de gens du peuple. Le Caravage avait inventé le ténébrisme, technique qui consiste à placer les personnages et les objets sur un fond sombre, mais en les illuminant d'une lumière violente pour créer des centres d'attention. Le naturalisme que ce procédé permettait devint plus idéalisé et serein avec le classicisme baroque des frères Carrache, puis il se fit décoratif et élégant dans le baroque proprement dit, symbolisé par Giordano.

            La littérature de cette époque, quant à elle, souffrit du conflit entre les religions. Elle vacilla en Italie, hésita ailleurs entre le pédantisme (l'espagnol Gongora), l'originalité (l'anglais Donne) et la rigueur, annonciatrice du classicisme, des français Agrippa d'Aubigné et de Malherbe.

Le baroque (suite)

La diversité et la richesse qui caractérisent l'art baroque, le mouvement qui triomphe en Europe au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, s'expliquent par la convergence de l'évolution artistique et de la situation sociale et politique particulière des nations européennes.

réalisme et monumentalisme

L'Europe vivait alors une période particulièrement intense, marquée par l'affirmation des nationalités, la scission des Pays-Bas espagnols en la Hollande calviniste et les Flandres catholiques, la consolidation du pouvoir absolu de certains monarques face à l’adoption du parlementarisme en Angleterre et en Hollande et les tensions religieuses suscitées par l’opposition entre la Réforme protestante et la Contre-Réforme catholique.

Depuis Rome, redevenue un grand centre artistique, l’art baroque constitua un instrument de propagande pour la foi catholique : il contribuait à créer un climat de piété et à réaffirmer les dogmes remis en question par la Réforme. La Vierge, les martyrs, le triomphe de la foi catholique furent représentés avec dynamisme, sensualité et un riche chromatisme, afin d'émouvoir et de persuader les fidèles. Gagnant l’Europe tout entière, le baroque se transforma dans les pays protestants en l'expression du goût bourgeois pour la réalité immédiate et quotidienne, et, dans les monarchies absolues, en un instrument de persuasion et d'éblouissement. On peut donc établir une distinction entre le baroque de la bourgeoisie protestante et le baroque de l'Église triomphale et de la Cour : un baroque réaliste visait, dans les pays catholiques , à rapprocher le peuple de l’Église et, dans les pays protestants, représentait le confort quotidien ; un baroque monumental, expression du pouvoir de la monarchie absolue et de l'Église, était marqué par la théâtralité, l'illusionnisme, l'artifice, la primauté de la sensation sur la raison, le mélange de réalité et d'illusion, un art, qui préférait le vraisemblable à la réalité.

l'architecture

D’abord la Contre-Réforme prôna une architecture solennelle et utilitaire, consacrée spécialement aux très nombreuses cérémonies liturgiques. Progressivement, à cet espace se substitua un autre espace plus spéculatif où la mise en scène jouait un plus grand rôle. L’architecte rechercha la pleine intégration spatiale, la subordination des composants à l'ensemble.

Les plans dynamiques, compliqués et centralisés, avec des espaces fluents et une décoration colorée à base de stucs, de retables, de marbres et de bronzes dorés, contribuant à la création d'une atmosphère particulière, sont caractéristiques de l'église baroque. Des lumières et des ombres dirigent le regard vers des points précis, et principalement la coupole. Les voûtes et les coupoles à la forme originale sont d'autres traits typiquement baroques, les éléments classiques sont disposés de manière peu orthodoxe et la colonne devient torse. À l'extérieur, les façades cherchent à s'intégrer à l'ensemble urbain, et leurs courbes, leurs niches, leurs entablements, leurs frontons brisés, leurs pointes mixtilignes, leurs colonnes et leurs pilastres, bref un ensemble de mouvements concaves-convexes créent un puissant dynamisme.

Le palais est l'édifice le plus représentatif de l'architecture civile baroque. En Italie, il s'agit d'un espace fermé organisé autour du cortile, le patio, d'où s'élance le majestueux escalier principal, chargé de diriger l'attention vers un étage voué aux réceptions. Les façades, comme dans l'architecture religieuse donnent une impression de dynamisme. En France, le petit palais urbain (l'hôtel) s’agrandit ; dans les  châteaux, le patio est remplacé par une cour d'honneur ouverte. Les jardins des hôtels et des châteaux offrent l'image d'une nature rationalisée par la main de l'homme, avec des promenades et des chemins qui conduisent à de magnifiques fontaines monumentales et à des lacs.

Les places sont l'un des éléments les plus importants de l'urbanisme baroque, en tant que reflets du pouvoir civil et religieux. Points de référence pour le tracé des rues, elles s'articulent autour d'un édifice principal, et sont ornées de statues, de monuments, d'obélisques, d'arcs ou de fontaines. Rome devait faire l'objet d'un plan régulateur, dans lequel les lieux principaux étaient signalés au moyen d'obélisques et de fontaines, sur des places joliment ornées.

Italie

Le baroque romain atteignit son apogée entre 1630 et 1670, grâce à trois grands architectes. Gian Lorenzo Bernini, dit en français le Cavalier Bernin (1598-1680), architecte, sculpteur et peintre, continua d'utiliser les éléments classiques dans toute leur pureté, mais en leur donnant plus de force et en privilégiant les contrastes, dans des œuvres comme la colonnade de la place de Saint-Pierre de Rome, l'église de Sant'Andrea du Quirinal et la façade du palais Barberini. Pierre de Cortone (1596-1669) s'intéressa principalement à l'utilisation d'éléments plastiques qui puissent modeler l'espace, sur d'extraordinaires façades, telles que celle de l'église de Santa Maria della Pace. Francesco Borromini (1599-1667) rompit avec les règles classiques en concevant l'espace architecture quasiment en termes de sculpture : dans des édifices comme l'église San Carlino alle Quattro Fontane (1634), Borromini parvint à créer unité, dynamisme et plasticité par la structuration même du plan, de l'espace, et non par l'utilisation de colonnes ou autres éléments décoratifs.

Carlo Rainaldi suivit le modèle du Bernin et réalisa des façades avec de surprenants effets dans l'accumulation des ordres, des frontons et des sculptures, ainsi que son disciple Carlo Fontana.

À Venise, travailla Baldassare Longhena, l'artisan de la très belle église de Santa Maria della Salute. À Turin, Guarino Guarini, s'inspirant de Borromini, réalisa des œuvres pleines de fantaisie, comme la chapelle du saint suaire de la cathédrale de Turin, tandis que Filipo Juvara cultiva un baroque académique et tardif dans le palais Madama.

France

La France interpréta le baroque italien avec son sens traditionnel de la mesure. Elle cultiva une architecture fastueuse, mais équilibrée, propre à exprimer la grandeur. Le goût français se concrétisa dans des édifices clairs et monumentaux, où façades à la pureté classique s'opposent à des intérieurs somptueux et raffinés. L’architecture civile eut pour maîtres François Mansart (1598-1666), élève de Salomon de Brosse (1570-1626), Louis Le Vau (1612-1670), Claude Perrault (1613-1688) et Jules Hardouin-Mansart (1646-1708). Paris s’embellit d’édifices religieux monumentaux, couronnés de grandes coupoles, comme l'église de la Sorbonne, de l'architecte Jacques Lemercier (vers 1585-1654), l'église du Val-de-Grâce, de François Mansart, et l'église Saint-Louis des Invalides, de Hardouin-Mansart. Louis XIV fit de Versailles le symbole de son pouvoir ; le projet initial fut de Le Vau repris par Hardouin-Mansart, les magnifiques jardins dessinés par André Le Nôtre (1613-1700), et les somptueuses porcelaines, les tapis et le mobilier, fournis par la manufacture des Gobelins.

Europe centrale et Angleterre

En Europe centrale, l'art baroque se développa à partir du milieu du XVIIe siècle et fut dominé par l'adoption des formes romaines dans l'architecture religieuse et civile. Tardivement, vers la fin du siècle, surgit une tendance plus originale, avec des particularités régionales inspirées des formes italiennes et françaises. Le baroque s'étendit à travers la Russie, la Pologne et les pays baltes, et s'inspira de l'architecture romaine pour l'architecture religieuse, et de celle de Versailles pour les palais, mais la décoration exubérante et la luminosité préfiguraient plutôt le rococo. On retiendra les noms des architectes autrichiens Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723), qui, influencé par le Français Mansart, construisit l’église Saint-Charles-Borromée à Vienne (1716-1737), Johann Lucas von Hildebrandt (palais du Belvédère, à Vienne), Jacob Prandtauer (église de Melk) et Kilian Ignaz Dientzenhoffer. En Bavière, Johann Michael Fischer (1692-1766) construisit de nombreuses églises.

L'Angleterre ne prit jamais vraiment part au baroque et au rococo européens. Inigo Jones (1573-1652) développa un style inspiré de l'œuvre de Palladio, Queens' House, Greenwich (1618-1635), tandis qu'à la fin du siècle, Christopher Wren (1632-1723) céda à l’influence baroque mais, fidèle à la tradition palladienne et à l'architecture française, il maintint dans ses œuvres un ton mesuré et ordonné (cathédrale Saint-Paul, à Londres, 1675-1710).

Espagne

Pendant la première moitié du XVIIe siècle, perdura le modèle inspiré de Herrera : des structures très simples n'admettaient pas les plans fantaisistes et compliqués d'un Borromini. Les façades, conçues comme des retables à la décoration exubérante, acquirent une importance notable, de même que les intérieurs recouverts de retables dorés et polychromes, au formes compliquées.

Ensuite, l'influence italienne se fit sentir à Madrid puis dans le reste de l'Espagne où disparut l'austérité propre à Herrera. La décoration occupa entièrement les surfaces, à l'intérieur mais aussi à l'extérieur. À Madrid travaillèrent des architectes comme Juan Gómez de Mora, auteur de la Plaza mayor, Alonso de Carbonell, Pedro Sánchez (cathédrale de Saint-Isidore), Pedro de la Torre et Pedro de Ribera. En Andalousie, une synthèse singulière se produisit, entre des éléments plateresques, des éléments baroques et des éléments mauresques ; citons Figueroa (église de Saint-Louis, à Séville), Ignacio Sala (Fabrique Royale de Tabacs, à Séville) et Francisco Hurtado (sanctuaire de la Chartreuse de Grenade). En Galice, la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle s’embellit grâce à : Domingo de Andrade (tour de l'Horloge), Fernando Casas y Novoa (façade de la place de l'“ Obradoiro ”) et José Peña de Toro. Après eux, dans la région de Madrid et de Salamanque, les trois frères Churriguerra (nés entre 1665 et 1676) portèrent à leur apogée le baroque espagnol, qui s'opposait à l'évolution européenne.

Amérique

Le style baroque parvint en Amérique, par l'Espagne, alors que le XVIIe siècle était déjà avancé, et il occupa tout le XVIIIe siècle. Correspondant aux goûts et aux traditions des peuples latino-américains, le baroque se caractérisa par la somptuosité, la profusion, la couleur. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, Lorenzo Rodríguez (1755-1786), construisit à Mexico la façade du sanctuaire de la cathédrale et l'église de la Santísima Trinidad. Diego Durán et Gerrero y Torres sont également représentifs du baroque mexicain. Les ateliers de céramique de Puebla produisirent des azulejos qui donnèrent aux églises de la ville et d’ailleurs un aspect somptueux et riche en couleurs.

Le Pérou fut le centre artistique le plus important, avec ses trois écoles principales, l'école de la côte, celle de Cuzco et celle du Haut Pérou, dont le centre est à Arequipa. À Lima, il faut retenir les couvents de San Francisco, San Domingo et la Merced.

la sculpture

Refusant la sérénité et l'équilibre de la Renaissance, la sculpture baroque est la sculpture du mouvement, et sa beauté est associée à sa capacité d'émouvoir le spectateur, de créer une situation dramatique. L’artiste choisit les attitudes les plus expressives, qui se traduisent par des gestes précis, des draperies qui coulent le long des personnages, des visages reflétant l'intensité des sentiments, les jeux du clair-obscur, l'utilisation de matériaux polychromes, de marbres de couleur et de bronzes dorés, qui sont travaillés de manière à reproduire la consistance des tissus, des peaux, etc. En Italie, les matériaux les plus employés furent le marbre, l'albâtre, le bronze et la pierre, tandis qu'en Espagne prédomina le travail du bois, généralement polychrome. D'extraordinaires pièces d'ivoire, d'or et d'argent furent aussi réalisées, tandis que le stuc fut réservé aux représentations plus décoratives. L'apothéose des saints, les martyres ou les extases, les allégories montrant le triomphe de la foi sur l'hérésie, furent les thèmes préférés. Les statues des rois et des nobles, nombre d'entre elles étant des statues équestres, les monuments funéraires et commémoratifs, vantent le pouvoir et la grandeur du monarque et de sa cour, tandis que des scènes mythologiques et allégoriques remplissent les jardins et les palais.

Le passage vers les nouvelles formes du baroque est représenté par des sculpteurs comme Stefano Maderno et Pietro Bernini. Son fils, Gian Lorenzo Bernini, dit le Cavalier Bernin, célèbre architecte (voir ci-dessus), le sculpteur baroque le plus important, marqua toute une époque de son lyrisme puissant ; il parvint à une audacieuse synthèse de tous les arts dans la chapelle Cornano avec l'Extase de sainte Thérèse. De nombreux sculpteurs suivirent ses pas, à Rome, jusqu'au XVIIIe siècle. Alessandro Algardi (vers 1595-1654) et le Bruxellois François Duquesnoy (1597-1643), auteur deSaint André (dans la basilique Saint-Pierre) adoptèrent une ligne plus classique et plus sereine.

En France, les sculpteurs adaptèrent le baroque italien au goût français, suivant une ligne plus classique et plus académique : dans les salons et les jardins, bustes, statues équestres, allégories et thèmes mythologiques furent traités avec des matériaux nobles comme le bronze et le marbre. Citons François Girardon (1628-1715), auteur du tombeau de Richelieu (église de la Sorbonne), Antoine Coysevox (1640-1720), auteur des Chevaux de Marly, et Pierre Puget (1620-1694), Marseillais dont la tendance au baroque italien contraste avec le classicisme officiel.

L'imagerie baroque espagnole

En Espagne, la sculpture baroque fut presque exclusivement religieuse, en raison du peu d'intérêt de la cour pour cette activité artistique, et parce que l'Église s'était érigée pour ainsi dire en client unique. Les retables, les images de culte, les stalles et les objets de procession, réalisés en bois polychrome, paraissent avoir été conçus pour stimuler la sensibilité et la piété des fidèles. C'est une sculpture qui tend donc au réalisme anatomique, et l’on utilisa des larmes de verre, des cheveux et des tissus véritables, pour donner vie aux images. Au début du XVIIe siècle, on distingue deux écoles de sculpture : le baroque castillan, spectaculaire, expressif et réaliste, avec Gregorio Fernández, et le baroque andalou, plus serein et plus doux, représenté par les sculpteurs Juan Martínez Montañés, Alonso Cano, Juan de Mesa et Pedro de Mena.

la peinture

Les valeurs de la Contre-Réforme et l'affirmation des dogmes chrétiens créèrent une nouvelle iconographie : la vie du Christ et des saints, Marie, la charité et les sacrements de l'Eucharistie, les extases et les visions, occupèrent les retables de grande taille et, à partir du milieu du XVIIe siècle, les grandes apothéoses peintes à fresque sur les voûtes et les coupoles. En contrepoint, on insista sur la vanité des biens terrestres.

La thématique bourgeoise se développa, en Hollande, notamment : scènes de genre et d'intérieur, natures mortes, paysages, vues marines, vues urbaines. Le portrait, individuel, de famille, de groupe ou encore l'autoportrait, affirmait la satisfaction de la bourgeoisie ou le pouvoir de la noblesse et des monarques.

La peinture baroque italienne

En Italie surgirent deux des courants fondamentaux de la peinture baroque, le naturalisme et le classicisme, qui tous deux refusaient les formes capricieuses et intellectuelles du maniérisme, et que représentent le Caravage et et les Carrache.

Le naturalisme. La Contre-Réforme recommandait un art simple, compréhensible, pour stimuler la piété et la sensibilité des fidèles. L'art du Caravage (vers 1571-1610) allait opérer une véritable révolution, car il rompait avec l'idéal de beauté de la Renaissance : les modèles du Caravage pour les personnages bibliques étaient des gens du peuple, dont il s'efforçait de rendre l'humanité, les défauts, la laideur, et qu'il représentait avec un réalisme brutal et dépouillé, permettant par là aux croyants de se reconnaître dans le fait religieux. Le Caravage eut recours à un procédé qui devait faire fortune et jouer un rôle fondamental dans sa production, le ténébrisme, qui consistait à placer les personnages et les objets sur un fond sombre, mais en les illuminant d'une lumière violente pour créer des centres d'attention.

Une lumière artificielle et dirigée devient un élément majeur de la composition. Les violents raccourcis de la perspective et l'adoption d'un point de vue très bas, comme si la scène était contemplée par un personnage tapi sur le sol, sont d'autres recours utilisés par le peintre. Le Caravage influença Orazio et Artémisia Gentileschi, Carraciolo, Saraceni et l'Espagnol José de Ribera.

Le classicisme baroque. Le courant du classicisme baroque surgit à Bologne. Il combinait la force classique et l'observation réaliste, la monumentalité de la Haute Renaissance et la chaleur vénitienne, au sein d'une sorte de naturalisme idéalisé et serein. Autour des frères Agostino et Annibale Carracci et de leur cousin Ludovico, dits en français les Carrache, se forma à Bologne, vers 1585, une académie qui proposait un art idéalisé et plus doux, fondé sur des compositions équilibrées, et où prédominaient le dessin et une lumière froide. Le plus célèbre fut Annibale (1560-1609). Les disciples des Carrache furent nombreux ; citons Guido Reni (1575-1542), dit en français le Guide, Dominico Zampieri (1581-1641), dit le Dominiquier, et G.-F. Barbieri (1591-1666), dit le Guerchin, dont le prestige se maintient jusqu’au XXe siècle, mais leur académisme n’est plus prisé.

Le baroque proprement dit. Ce courant décoratif et élégant, d'une grande liberté de ton, occupa la seconde moitié du siècle. La couleur, au chromatisme chaud, prédomine sur le dessin, de même que l'effet d'ensemble sur les parties, et ses compositions asymétriques et illusionnistes se concrétisent dans une architecture figée, à la perspective raccourcie, aux formes dynamiques et courbes. Les grandes décorations de Giovanni Lanfranco, pleines de lumière, de couleurs et de mouvement, annoncent ce courant, illustré par Pierre de Cortone (fresques du palais Barberini), le père Andrea Pozzo (coupole de l'église de San Ignacio à Rome) et Luca Giordano (1632-1705), qui offre un résumé de toute la peinture décorative du XVIIe siècle dans ses spectaculaires compositions pour églises et palais.

La peinture française

En France, le baroque se soumit au bon ton du classicisme. Formés à Rome, Nicolas Poussin (1594-1665) poursuit la tendance des Carrache (les Funérailles du Phocion, vers 1648) et Claude Gelée (1600-1687), dit le Lorrain, excelle dans les paysages. Nés à Laon entre 1600 et 1610, les trois frères Le Nain représentent un courant réaliste né de la peinture flamande. Le Bruxellois Philippe de Champaigne (1602-1674) réalise des portraits austères (Richelieu, 1640) Hyacinte Rigaud, Nicolas de Largillière et Charles Le Brun (1619-1690) triomphent à Versailles. Le peintre que le XXe siècle préfère est Georges de La Tour (1593-1652), longtemps méconnu, qui subit l’influence du Caravage, mais sut combiner le réalisme austère et un fantastique jeu de la lumière.

La peinture baroque en Flandres et en Hollande

La scission des Pays-Bas (à partir de 1579) en Flandres catholiques (la Belgique actuelle) et Provinces-Unies protestantes supposa aussi une division dans le champ artistique. Les Flandres, où fleurissait une société aristocratique, cultiva une peinture influencée par la mode vénitienne, avec de nombreuses commandes de la part de la cour et de l'Église.

Ainsi prédominèrent les tableaux d'autel, les scènes mythologiques et les portraits, liés à la peinture flamande traditionnelle, ainsi que les scènes de genres, les natures mortes et les motifs floraux. La personnalité la plus brillante du baroque flamand fut Petrus Paulus Rubens, Pierre Paul Rubens (1577-1640), auteur d'une œuvre exubérante et prolifique, qui se caractérisa par son chromatisme chaud, le dynamisme de sa composition, à base de diagonales énergiques et de corps en mouvement, et ses figures sensuelles et opulentes. Deux de ses disciples les plus importants furent Antoon Van Dyck (1599-1641), qui peignit des portraits élégants et majestueux (notamment en Angleterre, où il s’installe en 1632), et Jacob Jordaens (1593-1678), proche du réalisme flamand. Des peintres de genre, comme Cornelis de Vos, David Teniers le Jeune et Frans Snyders se spécialisèrent dans la nature morte, la fête de village, la taverne et les scènes champêtres.

Le protestantisme et la société bourgeoise marquèrent profondément l'activité artistique de la Hollande, et donnèrent lieu au réalisme baroque, reflet d'une société dont la valeur suprême était la position sociale conquise par le travail et l'argent. Au sentiment grandiloquent et spectaculaire du monde catholique, le baroque hollandais oppose un art intimiste ; des tableaux de petites dimensions entrent dans la décoration des maisons : scènes d'intérieur, paysages, natures mortes, portraits, peintures d'animaux, etc. Les artistes hollandais s'inspirèrent de la réalité pour peindre, en cherchant à la reproduire avec la plus grande fidélité et dans le plus petit détail, à l'aide de magnifiques jeux de couleurs et de lumière. Le portrait de groupe prit une importance particulière, comme portrait collectif de corporations médicales ou syndicales, de même que le portrait individuel, ceux-ci étant dans les deux cas extrêmement vivants et réalistes, et très éloignés des portraits courtisans ou d'apparat. Rembrandt (1606-1669) subit d’abord l’influence du Caravage, mais son traitement de la lumière et ses préoccupations spirituelles l’en écartèrent. Protestant cherchant son inspiration dans la Bible, il peignit la tragédie de la condition humaine. Refusant de magnifier les bourgeois qui lui commandaient leur portrait ou celui de leur groupe, il mourut dans la misère. Ses chefs-d’œuvre abondent. Ses dessins et son œuvre gravée manifestent le même génie que ses toiles. Vermeer de Delft (1632-1675) tomba dans l’oubli jusqu’en 1866 ; à cette date, un critique français le redécouvrit. Intimiste, Vermeer fut un maître de la lumière dans un tout autre registre que Rembrandt. Peter de Hoogh (1629-1684) a un talent voisin du génie de Vermeer ; Frans Hals (vers 1580-1666), de celui de Rembrandt. Jacob Van Ruysdael (1622-1682) excelle dans le paysage. Une multitude d’autres peintres ont fait de cette période l’un des âges d’or de la peinture mondiale.

le siÈcle d'or espagnol

La peinture fut le lieu de manifestation le plus remarquable du baroque espagnol, qui acquit une importance sans précédents par le nombre d'artistes qu'il compta et leur qualité. La thématique est religieuse ; même les natures mortes comportent des connotations symboliques d'ordre religieux, mais le plus grand peintre, Velazquez, aborda tous les genres.

La première moitié du siècle fut dominée par Francisco Ribalta (1565-1628), José de Ribera (vers 1588-1652), Francisco Zurbarán (1598-vers 1664), Alonso Cano (1601-1667),et Diego Velázquez (1599-1660), l'un des génies de la peinture universelle, à cheval entre le réalisme de cette première moitié du siècle et le style baroque qui suivit. Ami de Rubens, il se rendit en Italie sur son conseil (1629-1631). À son retour, il peignit la famille royale d’Espagne. Loin de sacrifier à la peinture officielle, il eut une liberté de touche qui annonce Goya et Manet. Le baroque de la seconde moitié du siècle doit beaucoup au modèle pictural flamand et à l'influence vénitienne. C'est un baroque décoratif et théâtral, qui a pour principaux représentants Juan Carreño de Miranda, Claudio Coello, Herrera le Jeune, frère Rizi et Francisco Rizi. En Andalousie, Bartolomé Esteban Murillo (1618-1682) alterna scènes religieuses et scènes de la vie quotidienne ; Juan de Valdés Leal (1622-1690) observa lui aussi le tragique quotidien.

La peinture baroque d’Amérique latine

Durant le XVIe siècle s'établirent en Amérique des peintres venant d'Europe Alonso Vázquez et Alonso López de Herrera, au Mexique ; Angelino Medoro, au Pérou. Au milieu du XVIIe siècle, la peinture hispano-américaine subit l'influence du “ ténébrisme ” sévillan, comme nous pouvons l'observer dans l'œuvre du Mexicain José Juárez et du Bolivien Melchor Pérez. Plus tard, les artistes américains évoluèrent vers un baroque plus doux et plus sentimental, influencé par le travail de Murillo, comme cela est visible dans l'œuvre du Mexicain Juan Rodríguez Juárez et du Colombien Gregorio Vázquez de Arce.

 

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