Le mouvement romantique répondait à la double aspiration de la bourgeoisie de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle : celle de la liberté politique, qui s’accorde avec la raison d’un dialogue avec l'ordre, et celle du sentiment, qui entre en conflit avec la raison. Si dans le néo-classicisme s'imposait la suprématie de la raison et de l'ordre, le romantisme proposait la sensibilité, la liberté de l'artiste, l'individualisme à outrance et le nationalisme comme dimension collective de celui-ci. En outre, l’instinct de la nature, que Rousseau avait exalté, atteint une nouvelle dimension chez les romantiques. La peinture romantique

Sur le terrain artistique, le romantisme s'appuyait sur les expériences du XVIIIe siècle, mais il rejetait la rigidité des règles de l'académisme classique. Pour la thématique, on se replongeait dans le Moyen Âge et dans l'histoire nationale, tout en cultivant l'exotisme et le pittoresque, pour fuir la triste réalité du présent. De manière évidente, l'expression de cette thématique et de ces émotions devenait incompatible avec les canons de beauté immuables du classicisme. La peinture romantique se caractérise donc par une extraordinaire richesse chromatique et une sensibilité passionnée, dans des toiles où priment l'émotion et la couleur, et par le dynamisme de la composition, marqué par une gestuelle et des attitudes dramatiques. En France, les artistes les plus représentatifs du mouvement romantique furent Théodore Géricault (1791-1824), l'auteur du Radeau de la Méduse (1819), et Eugène Delacroix (1798-1863), le peintre romantique le plus important d’Europe, précurseur (après Goya) des révolutions artistiques du XIXe siècle. En Angleterre, le romantisme se concentra principalement sur la représentation de la nature. Les tempêtes, la nuit, les eaux et les nuages du matin devinrent les thèmes d'inspiration des artistes britanniques qui traduisirent avec minutie les phénomènes atmosphériques et lumineux. Citons John Constable (1776-1837) et, surtout William Turner (1775-1851), qui influença les impressionnistes. Avant eux, deux artistes avaient, de bonne heure, manifesté une sensibilité romantique, qu'ils avaient exprimée dans un univers pictural débordant de visions irrationnelles et prophétiques, et plein d'un caractère dramatique : le Suisse Heinrich Füssli (1741-1825), qui vécut à Londres, et le peintre anglais maudit, avec qui il s’était lié d’amitié, William Blake (1757-1827).L'Allemagne fut l'un des pays dans lesquels se manifesta de manière particulièrement intense la sensibilité romantique, surtout dans la littérature et la musique. En peinture, ressort la figure de Caspar David Friedrich (1774-1840), pour qui la nature, symbole du Créateur invisible, constitue l'expression la plus élevée de la transcendance de l'Univers, tandis que l'être humain, petit face à l'immense, se meut dans sa solitude. Le romantisme dans la sculpture

L'influence du romantisme sur la sculpture fut moins intense que dans le domaine pictural, de sorte que, au début du XIXe siècle, perdurèrent les lignes classiques et la tendance baroquisante. Le romantisme finit pourtant par imposer une statuaire à la thématique historique, rendant l'impression de mouvement et rejetant radicalement le modelé lisse. Les meilleurs sculpteurs de l'époque furent les Français François Rude (1784-1855), qui créa des compositions agitées et pleines de rythme, comme la Marseillaise (1833-1835, sur l’Arc de Triomphe), et Antoine Louis Barye (1795-1875), qui excella dans la sculpture animalière. Le réalisme le positivisme scientifique, la consolidation de la bourgeoisie, l'apparition du prolétariat comme classe sociale après la révolution de 1848 et la révolution technologique exigèrent de la part des artistes un nouveau langage et une thématique plus en accord avec la réalité sociale .Le romantisme avait déjà rompu avec les thèmes classiques des dieux de l'Olympe, des héros et des figures bibliques, mais l'acuité de la lutte des classes obligea les artistes à effectuer un pas de plus et à prendre parti dans les grands problèmes politiques et sociaux. De cette manière, face au désir d'évasion des artistes romantiques, le réalisme accentua l'ancrage dans la réalité. Cette réalité sociale exigeait un nouveau mode d'expression, froid et direct, aux traits fermes et aux contours précis, qui rejetât les images idéalisées, et celui-ci prit pour thèmes des paysans, des blanchisseuses et des paysages. La peinture réaliste dans cette peinture réaliste ressortent les œuvres d’Honoré Daumier (1808-1879), considéré comme l'un des meilleurs caricaturistes satiriques de tous les temps, auteur d'une œuvre crue et énergique, de Jean-François Millet (1814-1875), peintre un peu mièvre de la vie rurale, et surtout de Gustave Courbet (1819-1877), qui participa à la Commune (1871) et peignit notamment la nature et les paysans du Doubs avec une puissance toute nouvelle. Camille Corot (1796-1875) et l'école de Barbizon (active dans les années 1830-1860) travaillèrent non plus dans un atelier mais en plein air. L'œuvre de Corot réalise la transmission entre le paysage classique et le paysage réaliste, en démontrant que la fidélité réaliste n’exclut pas le lyrisme poétique face à la nature. Corot sut capter l’instant, c’est-à-dire traduire la luminosité éphémère de l’Île-de-France (mais aussi de l’Italie) et il peignit des nus féminins avec la même grâce. Commune de Seine-et-Marne, Barbizon devint le lieu de rencontre de nombreux artistes avec la nature : Théodore Rousseau (1812-1867), Jules Dupré, Narcisse-Virgile Díaz Peña, Jean-François Millet, Constant Troyon, Charles-François Daubigny, Antoine-Louis Barye, A. G. Decamps (qui peignit aussi l’Orient) ; d’autres peintres se joignirent occasionnellement à eux, comme Camille Corot. Rousseau et ses amis qui peignaient sur le motif, contrairement aux auteurs de paysages historiques et romantiques. Leur production, qui annonçait la peinture réaliste et l'impressionnisme, s'éloigne du paysagisme français traditionnel, en optant pour un naturel et une sincérité extraordinaires. Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) fut le sculpteur le plus représentatif du second Empire. Lui aussi sut combiner classicisme et réalisme, tout en annonçant l’art impressionniste. En Belgique, Constantin Meunier (1831-1905) se livra à un réalisme social, représentant ouvriers et mineurs. Les nazaréens et les préraphaélites Au début du XIXe siècle, vers 1810-1812, autour des Allemands Overbeck (1789-1869) et Franz Pforr, se forma le groupe des nazaréens, des romantiques qui s'installèrent à Rome avec l'intention de vivre en communauté en suivant les principes que leur dictaient le christianisme et l'amour de l'art. Leurs postulats esthétiques prenaient pour point de départ la récupération de l'art primitif italien et de la tradition picturale antérieure à Dürer.En Grande-Bretagne, un groupe d'artistes réagit contre la réalité d'une société industrialisée et contre l'art académique officiel. La confrérie préraphaélite, formée en 1848 par Dante Gabriel Rossetti (1828-1882), William Holman Hunt et John Everett Millais, s'inspira fondamentalement des mêmes idéaux que les nazaréens, en préconisant un retour aux modèles médiévaux et quattrocentistes (antérieurs à Raphaël, d’où leur nom), et une peinture religieuse et littéraire au ton moraliste et archaïsant.