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On
peut définir l'architecture comme la
faculté de projeter et de
construire, avec des structures matérielles relativement stables, des
espaces intérieurs destinés à accueillir les différentes formes de vie
humaine. Elle sera considérée comme un art en fonction du degré de
recherche esthétique qu'elle contient. Pour
illustrer l'amplitude de l'idée d'architecture, source de nombreux désaccords
entre ingénieurs, constructeurs, architectes et critiques, il suffit de
citer les titres du premier traité que l'Histoire nous ait légué sur le
sujet, les De architectura libri decem, de
Vitruve (1er siècle av. J.C.) : Le discernement des matériaux, les
systèmes de construction, les bâtiments publics, les temples, les théâtres,
les édifices privés, la distribution de l'eau, les principes d'aménagement,
les technologies, l'application des arts graphiques. On voit donc que,
dés l'Antiquité, l'architecture comprend autant la projection de bâtiments
publics et privés que leur réalisation technique ou leur décoration.
Cependant, ces différentes dimensions n'entrent pas à part égale dans
l'Histoire de l'art architectural. Alors que les progrès techniques
permettent des évolutions majeures, certains principes restent immuables,
tandis que d'autres facteurs (sociaux, par exemple) interdisent la
reproduction pure et simple des œuvres du passé. D'autre part, il est
impossible de savoir ce qui confère à une construction son aspect esthétique,
sans prendre en compte les critères esthétiques et les conceptions
architecturales de l'époque envisagée. Il faut donc renoncer à fixer
une limite concrète entre une "véritable architecture" et
l'art de la construction. Cette limite s'articulera forcément autour des
trois facteurs fondamentaux de l'architecture universelle : les matériaux
et les systèmes de constructions, l'espace et sa fonctionnalité, les
formes et langages artistiques. Ainsi
les matériaux, choisis d'après leur plasticité et leur résistance,
pourront être divisés en constructifs et décoratifs selon la fonction
qu'ils remplissent. Le bois semble avoir été le premier matériau utilisé
par l'homme quand il commença à façonner lui-même son habitat au lieu
de se cantonner à l'occupation d'abris naturels. Très rapidement
cependant, et peut-être à cause de sa raréfaction provoquée par
l'activité humaine, il fut accompagné ou remplacé par des mélanges de
terre argileuse, de paille, d'herbes ou de feuilles, puis par la pierre.
Il resta pourtant le matériau de base dans de nombreuses contrées. Les
plans du palais de Charlemagne à Aix la Chapelle, récemment retrouvés,
témoignent par exemple d'une parfaite connaissances des assemblages, et
l'on sait les ravages que causa, en 1666, l'incendie de Londres, ville
presque entièrement en bois à l'époque. Aujourd'hui encore, la plupart
des habitations semi-urbaines ou rurales sont construites en bois sur de
nombreux continents (dans les célèbres banlieues nord-américaines par
exemple). La pierre resta longtemps réservée aux monuments religieux ou
civils, et l'on sait les merveilles qu'en permit la maîtrise, lors de l'édification
des cathédrales notamment. La révolution architecturale du XXème siècle,
qui accompagne l'urbanisation massive des populations, est due en grande
partie à l'apparition de nouveaux matériaux comme le fer, le verre et
surtout le béton, qui offraient de nouvelles possibilités constructives
et spatiales. L'approche
de l'architecture par le biais des systèmes de construction complète le
positivisme déterministe de celle faisant appel aux matériaux. Elle
permet ainsi à l'historien de l'architecture John Gloac de souligner
l'importance des contraintes structurales. Chacun de ces systèmes
correspond en effet à une découverte structurale majeure, en même temps
qu'il porte à leur maximum les emplois d'un matériau donné. Le premier
repose sur le principe de la poutre : deux éléments verticaux en
soutiennent un troisième, horizontal. Le second est basé sur la découverte
de l'arc, duquel naîtront les multiples formes d'architecture voûtée.
Le troisième, déjà esquissé dans les édifices à colonnes (Acropole)
mais porté à son terme grâce aux nouveaux matériaux, repose sur la création
d'un squelette interne servant à soutenir une structure protectrice. L'apparition
des nouveaux matériaux ne fit pas que renforcer la conception déterministe
de l'architecture, qui privilégiait par exemple les données géographiques
ou géologiques, ou encore le développement technologique, comme éléments
différenciateurs de l'architecture et conditionnements des systèmes de
construction. Les nouveaux matériaux permirent surtout de donner corps à
une nouvelle méthode interprétative de l'architecture, née à la fin du
XIXème siècle et fondée sur la notion d'espace intérieur. S. Giedion,
historien lui aussi mais représentant de l'exégèse spatiale, distingue
ainsi trois étapes architecturales, en fonction de leur conception de
l'espace : jusqu'à la Grèce classique, l'espace est conçu comme ce qui
reste à l'intérieur des volumes externes ;
alors que, de l'époque romaine jusqu'au XXème siècle, on cherche
à conquérir l'espace interne. Une troisième étape a commencé, dont
les principaux représentants, Frank Lloyd Wright, Mies van der Roche ou
Le Corbusier, proposent une interrelation entre l'espace externe et
interne. Échappant aux excès décorativistes de la période précédente,
la réflexion théorique sur le concept d'espace provoqua l'apparition de
l'architecture fonctionnaliste, avec ses tendances dites
"organicistes" ou "rationalistes". Malgré l'importance donnée à l'espace en tant qu'élément différenciateur dans l'architecture, on ne peut nier que les éléments structuraux et les volumes créent des formes aisément articulables en langages artistiques. Toutes les méthodes d'interprétation formaliste utilisées pour les arts plastiques peuvent donc être appliquées aux connaissances architecturales. L'architecture
(suite) l'art chalcolithique Le chalcolithique
est la période qui s'Étend entre le néolithique et l'âge du bronze.
Ses dates varient selon les zones géographiques. Le chalcolithique a une
grande importance, car cette époque est celle des mégalithes. On rassemble sous
ce nom divers types de constructions réalisées avec de grandes pierres, à
des fins funéraires ou religieuses. Ce sont généralement des enceintes fermées
ou des pierres plantées à l'air libre, qui constituent une des formes
les plus originales de l'art préhistorique. Les principaux
monuments mégalithiques sont les dolmens et les menhirs. L'architecture
mégalithique Les dolmens sont des galeries formées de deux rangées parallèles de
pierres de grande taille qui servent de support à de grands blocs
horizontaux. L'enceinte ainsi formée est une sorte de couloir utilisé
normalement comme tombeau ; il est ouvert à l’une de ses extrémités
et fermé à l’extrémité opposée par un grand bloc de pierre. Le
dolmen connaître des variantes, comme celle du tombeau
de couloir, qui ajoute après le couloir une chambre funéraire
circulaire recouverte d'une fausse voûte. Monument destine
au culte, le menhir est constitué d'une grande pierre polie, plus haute
que large, fixée sur le sol en position verticale. Il forme l'Élément
de base d'autres monuments plus complexes, comme les alignements,
rangées de menhirs parallèles entre eux, et les cromlechs, groupements circulaires de menhirs. Le trilithe
est une variante du menhir, formé de deux grandes pierres verticales reliées
en leurs sommets par une pierre horizontale. Le plus grand cromlech conservé
est celui de Stonehenge, dans le sud de l’Angleterre, qui comporte différent
trilithes. Lorsque le menhir porte des motifs gravés géométriques ou
anthropomorphes, on l'appelle une
statue-menhir. Dans l'aire méditerranéenne,
et tout particulièrement dans les îles de Majorque, Minorque, Corse et
Sardaigne, l'architecture mégalithique créa des formes très originales,
comme les “ taulas ”, les “ talayots ”, les
“ nuragas ” et les “ navetas ”. La taula, qui est la construction la plus simple, comprend deux grands
pilastres de pierre, l'un fixé verticalement sur le sol et l'autre disposé
sur lui, dans le sens horizontal, de manière à former un T. Sa hauteur
oscille entre 2 et 3 m, et elle est toujours entourée de blocs de pierre
qui délimitent une enceinte en forme de fer à cheval. Les tayalots, très semblables aux nuragas
de l'île de Sardaigne, sont constitués d'une grande tour de base
circulaire ou carrée, qui comporte un corridor d'accès et une chambre
centrale. Les navetas (petites nefs), monuments funéraires à base rectangulaire
ou trapézoïdale, doivent leur nom au fait qu'ils ont la forme d'un
bateau renversé. La plus célèbre est celle que l'on appelle la Navette
d'es Tudons, à Minorque. En Bretagne, dans
le Morbihan, prés de la baie de Quiberon, Carnac constitue l’un des
sites les plus célèbres du monde. Prés de trois mille menhirs sont
alignés parallèlement sur environ quatre kilomètres. En Bretagne, on
compte en tout cinq mille menhirs et un millier de dolmens. Le Massif
central comporte aussi des dolmens. l'architecture mésopotamienne L'architecture mésopotamienne,
en général monumentale et massive, était conditionnée par l'absence de
pierre et de bois dans le pays. Pour cette raison, toutes les
constructions de la zone, qu'elles relèvent de l’architecture
religieuse, civile ou militaire, étaient faites de briques crues et par
la suite de briques cuites. Ce fait apparemment trivial eut des conséquences
très importantes, car il empêcha la construction d'édifices comportant
des architraves, comme ce fut le cas en …Égypte, et conduisit à
l'invention de l'arc et de la voûte, qui apparurent ainsi pour la première
fois. L’absence de colonnes dans les édifices mésopotamiens a cette même
cause. Les principales
constructions de la zone, où l'absence de monuments funéraires demeure
surprenante, furent les temples et les palais. Les premiers temples
(temple de Caliza d'Uruk, temple de Inana, à Uruk, temple Blanc d'Uruk), antérieurs
à 2600 av. J.-C., comportaient une base rectangulaire et une enceinte
unique. Plus tard, la construction sur des terrasses étagées se généralisa
et les dépendances se multiplièrent. Parmi les temples de ce type, il
faut citer ceux de Tell Harmal, celui de Shusin, à Tell Asmar, celui
d'Inan, à Uruk, et surtout ceux d'Asur. Mais le temple le
plus représentatif de cette civilisation fut la ziggourat,
une grande tour à étages, dont le sanctuaire du dieu occupait le sommet.
La première ziggourat connue, qui apparut autour de 2100 av. J.-C., est
celle qu'édifia Urnamu à Ur en l'honneur de Nannar, le dieu Lune. La
ziggourat, bâtie parfois comme une construction indépendante, s'intègre
dans certaines occasions à l'intérieur d'un temple conventionnel comme
un sanctuaire supplémentaire. Les palais mésopotamiens
étaient, au contraire, des édifices construits horizontalement. Leur
base s’organisait autour d'un ou de plusieurs patios centraux, depuis
lesquels on accédait à la salle des audiences, au salon du trône et aux
autres dépendances publiques et privées. Mentionnons le palais de
Naramsin, roi de Akkad, à Tell Brak, celui de Zimrilin à Mari, celui de
Yarimlin à Alalakh et le palais royal de Dur-Kurigalzu. Les
palais construits par les différent souverains néoassyriens dans les
diverses capitales de l'empire furent plus grands et plus somptueux :
ce sont ceux de Calah (l'actuelle Nimrud), Jorsabad et Ninive. l'architecture égyptienne Représentation matérielle
du monde symbolique et Éternel de la civilisation égyptienne,
l'architecture se caractérise par ses formes géométriques et
monumentales, dont la beauté repose sur un savant calcul des proportions.
En effet, les Égyptiens
créèrent les mathématiques. Dés les débuts de l’Ancien Empire, ils
utilisèrent uniquement de grands blocs taillés de manière parfaitement
semblable (car auparavant les constructions étaient faites en brique
crue) ; la colonne était l’élément de base de l'organisation
architecturale, ainsi que l'arc déprimé qui permet de couvrir les édifices
de toits plats. Les tombes La croyance en la nécessité
de préserver le corps pour parvenir à l'immortalité amena les anciens
…égyptiens à embaumer les cadavres et détermina l'extraordinaire
importance de la sépulture. De fait, la tombe se transforma en l'édifice
le plus représentatif de l'art égyptien : on ne la concevait pas
comme un lieu où déposer le corps du défunt, mais comme son lieu de
repos éternel. Pour cette raison, on faisait particulièrement attention
aux matériaux, aux techniques de construction et à la décoration dans
les différent types funéraires qui se succèdent, depuis le mastaba et
l'hypogée, destinés à la famille royale et aux hauts dignitaires, à la
pyramide, réservée aux pharaons. Le mastaba, le type de tombe le plus ancien, fut construit d'abord en
brique crue et ensuite en brique cuite ou en pierre, il avait une base
rectangulaire, et formait une pyramide tronquée. L'intérieur hébergeait
la chambre du tombeau, une petite chapelle et une salle destinée aux
offrandes, avec tout le nécessaire pour la vie du défunt dans son
passage vers l'éternité. Par la suite, le nombre des salles se multiplia
et le mastaba se transforma en une pyramide à étages, comme celui particulièrement
impressionnant du pharaon Djoser à Saqqarah. Durant l'Ancien
Empire furent édifiés les complexes funéraires de Gizeh, avec les
monumentales pyramides de Kheops, Khephren et Mykérinos. La pyramide, dont la construction suppose un extraordinaire effort
humain au niveau technique, est l'édifice paradigmatique de la volonté
colossale de l'architecture égyptienne. Il renferme deux chambres funéraires,
l'une au centre et l'autre sous terre, à laquelle on accède par des
couloirs étroits obturés par de grands blocs de pierre, pour garantir l'inviolabilité
du cadavre du pharaon. Construites dans le désert, les pyramides s'intègrent
dans un ensemble funéraire dont la disposition reflète les divers
rituels auxquels devait être soumis le corps du pharaon dans son voyage
vers l'au-delà : le corps embaumé arrivait à l'enceinte funéraire
à travers ce que l'on appelle le temple de la vallée, il continuait sur
la chaussée recouverte jusqu'au temple funéraire et de celui-ci allait
vers l'intérieur de la pyramide, où s'effectuaient les offrandes pour le
maintien du corps du défunt. Autour de ces édifices se trouvaient les
tombes de la famille royale et celles des hauts fonctionnaires qui
accompagnaient le pharaon dans son voyage. La généralisation
des rites funéraires durant le Moyen Empire et le manque d'espace
disponible prés de Thèbes suscitèrent l’emploi de l'hypogée.
Cette tombe creusée dans la roche vive ou dans le sol comporte la chambre
du tombeau et diverses salles hypostyles destinées au mobilier et aux
offrandes. Durant le Nouvel Empire on construisit les extraordinaires
ensembles d'hypogées de la vallée des Rois et de la vallée des Reines. Les temples Les temples les
plus caractéristiques furent édifiés durant le Moyen Empire et le
Nouvel Empire. Ce n'étaient plus alors, comme au temps de l'Ancien
Empire, des temples funéraires, mais des édifices destines au culte de
la divinité. Leur complexité et leurs dimensions, monumentales, jusque-là
réservées aux tombes royales, reflètent la position atteinte par la
caste sacerdotale dans la société égyptienne. Le temple était
un lieu réserve aux Élus (les prêtres et le pharaon), et le peuple
avait seulement le droit d'assister aux processions convoquées hors de
l'enceinte. En règle générale, le temple égyptien était précède
d'une avenue bordée de sphinx,
d'une grande esplanade, comportant des dépendances pour le personnel, et
des obélisques,
symboles solaires. Depuis l'avenue, on arrivait à l'entrée, une grande
porte monumentale qui donnait accès à l'enceinte sacrée, protégée par
deux grands piliers symboliques décorais de bas-reliefs. La première
enceinte Était un patio ouvert qui conduisait jusqu'à la salle
hypostyle, éclairée de manière tamisée par des jalousies et recouverte
d'une toiture en architrave que soutenait une série de colonnes
monumentales. Les élus pouvaient suivre les cérémonies depuis cette
salle. D'autres dépendances conduisaient au sanctuaire : diverses
salles pour les objets rituels, salle de la barque, de laquelle sortait en
procession la statue du dieu, et salle de la statue elle-même. Il faut
souligner la magnifique décoration des colonnes, avec leurs chapiteaux en
forme de palme, de papyrus ou de lotus, la tête de la déesse Hathor
couronnant les piliers. Les temples les plus importants sont ceux de
Louxor et de Karnak, Philae, Edfou, le temple singulier de Hatshepsout, à
Deir el-Bahari, formé par trois terrasses étagées, et les temples de Ramsés
II à Abu Simbel. l'architecture romaine Le sens pratique
des Romains se manifesta dans une architecture où la technique prévalut
sur l'esthétique. L'architecture romaine est aussi caractérisée par son
ampleur colossale, symbole du pouvoir de Rome, et par le syncrétisme,
c’est-à-dire une extraordinaire aptitude à assimiler et à intégrer
les apports des peuples conquis. Les matériaux les
plus employés furent la pierre et la brique cuite. L'une des innovations
de la construction romaine fut l'utilisation du mortier, formé de
pierres, de sable et de chaux vive dissoute dans l'eau, qui, au moment de
se solidifier, acquérait une grande solidité et dont la malléabilité
permettait la construction de formes à vousseaux complexes. Même si
quelques édifices conservèrent le système des architraves, l'art romain
se caractérise par l'arc en plein cintre, la voue en berceau et la
coupole, qui favorisèrent la construction d'espaces aux grandes
dimensions. Les colonnes, au contraire, perdirent leur fonction
structurante et devinrent surtout décoratives. Aux trois ordres grecs
classiques, les Romains ajoutèrent l'ordre toscan, identique au dorique
(mais le fût était lisse), et l'ordre composé, dans lequel un beau
chapiteau comprenait deux files de feuilles d'acanthe et des volutes
ioniques. Principales
constructions romaines L’excellente
organisation de la société romaine se reflète dans celle des cites et
de leurs infrastructures ; la mise en oeuvre de grands travaux
publics facilitait soit les communications (construction de routes, de
ponts, de viaducs) soit l'approvisionnement en eau (barrages, conduites, aqueducs
et égouts). La cité obéit
rigoureusement à un plan orthogonal : deux axes principaux
perpendiculaires, le cardo
(nord-sud) et le decumano
(est-ouest), déterminent un quadrillage parfait. Au centre de ces deux
voies principales se trouvait le forum,
coeur névralgique de la cité qu’entouraient les basiliques, les
temples et les monuments commémoratifs. Le temple
suivit le modèle grec, mais hérita des …étrusques un haut podium, le
perron unique et les colonnes libres sur la partie frontale, depuis
laquelle on accédait à un grand portique qui donnait accès à la cella.
à côté de temples rectangulaires, comme la Maison carrée de Nîmes et
le temple de la Fortuna Virile de Rome, d'autres reçurent une forme
circulaire, inspirée par les tholoi grecques. Un magnifique exemple de ce
dernier type est offert par le Panthéon
de Rome (IIe-Ier
siècle av. J.-C.). D'autres édifices
remarquables furent destinés aux spectacles et aux sports : le théâtre,
qui n’était pas creusé dans une colline (comme chez les Grecs), mais
pourvu de rangées d'arches qui soutenaient les gradins ; l'amphithéâtre‚
où se déroulaient les combats de gladiateurs, au système complexe de
galeries (Colisée de Rome) ; et enfin le cirque,
pour les courses de chevaux et de chars, qui était inspiré du stade grec
mais le surpassait par ses dimensions. Bains publics, les
thermes comprenaient des
vestiaires, des salles de massage, des saunas et des salles où l'eau est
froide (frigidarium) ou chaude (caldarium).
Les thermes devinrent progressivement des lieux de réunion, avec des
salles de jeux et des palestres ; les plus fameux sont, à Rome, les
thermes de Caracalla et de Dioclétien. Face aux somptueux
palais et aux domus des
patriciens, dont de magnifiques témoignages sont conservés dans les
ruines de Pompei et d'Herculanum, où l’on peut admirer des décors
splendides de mosaïques et de fresques, la plèbe s'entassait dans les insulae
(“ îles ”), blocs grossiers d'habitation pouvant atteindre
cinq étages. La coutume de
recevoir en grande pompe à Rome les généraux victorieux donna lieu à
la construction d'une architecture commémorative, comme la colonne
isolée, recouverte de reliefs, et l'arc
de triomphe, situé aux portes de la cité ou sur les chaussées ;
le décoraient lui aussi, des bas-reliefs faisant allusion à des
victoires ou à des faits glorieux. Le plus célébre est l'Arc de
Constantin, à Rome. l'architecture byzantine Le temple, souvent
en forme de croix grecque et couvert d'une grande coupole, sera le type prédominant
pour les constructions religieuses à partir du règne de Justinien. La
distribution intérieure de l'espace liturgique conserve l'atrium antique,
le narthex paléochrétien se dédouble, alors que le presbytère demeure séparé
des nefs par un Élément caractéristique de l'art byzantin,
l'iconostase, une sorte de cloison qui comprend trois portes. Le choeur
reste au fond et les deux chambres, la prothèse et le diaconicon, se
trouvent sur les côtés. On soulignera l'utilisation de l'arc en plein
cintre et la beauté des chapiteaux, formes de deux corps superposes en
forme de pyramide tronquée inversée et décorais par des bas-reliefs aux
motifs végétaux et géométriques. Les grands
monuments de l'art byzantin L’intérieur de
ces temples crée une atmosphère somptueuse grâce à une ornementation
riche en Maux, en Étoffes et en magnifiques mosaïques, de façon que
l’église reflète l'ordre du cosmos : l'espace byzantin est formé
d'Éléments qui transcendent le niveau matériel et symbolisent l'esprit
divin. L'édifice le plus
représentatif de l'architecture byzantine est la basilique Sainte-Sophie
(532-537) de Constantinople, oeuvre des architectes Anthémios de Tralles
et Isidore de Milet, dont on retient surtout la grandiose coupole
centrale. Elle constitue le modèle de la basilique pour l'architecture
byzantine postérieure. De cette période ressortent en outre l'Église de
Serge et Bacchus, organisée selon le schéma d'un plan carré avec
l'octogone au centre, l'église des Saints-apôtres (536-550) à Istanbul
et l'église de Saint-Démétrius (VIIe-VIe
siècles) à Salonique. Durant les Ve
et VIe
siècles, des architectes de Constantinople érigèrent à Ravenne (Italie
du Nord-Est) les églises de San Vitale (525-547), San Apollinare in
Classe et San Apollinare Nuovo. Du deuxième âge
d'or, il faut citer les églises et les chapelles au plan en croix grecque
couvertes par des coupoles de haut tambour, comme la cathédrale d'Athènes
et la basilique Saint-Marc de Venise (construite au XIe
siècle, remaniée par la suite), dont les proportions ne sont pas
excessivement monumentales, mais qui sont dotées de magnifiques revêtements
en marbre ou en mosaïques. Durant le troisième
âge d'or, l'art byzantin s'étendit en Crète (à partir du XIe
siècle), en Grèce et dans les pays soumis à Constantinople, en
reprenant les modèles antérieurs. L'architecture
germanique et wisigothique L'architecture
wisigothique, de caractère religieux, se concrétise dans des édifices
massifs de petite taille, aux murs épais en pierres de taille bien ouvragées.
En général, ce sont des temples à plan basilical ou en croix grecque
inscrite dans un carré ; leurs éléments structurants les plus
notables sont l'arc en fer à cheval et la colonne de marbre, cette dernière
provenant souvent de constructions romaines. Les exemples les plus
significatifs sont fournis par les églises San Pedro de la Nave, à
Zamora, San Juan de Baios, à Palencia, Santa Comba de Bande à Orense et
Quintanilla de las Vias à Burgos. L'architecture
carolingienne L'architecture
carolingienne est avant tout solennelle et monumentale. L’aspect extérieur
est sévère ; l’intérieur, très décoré. Le plan des églises
qui peut être centré, inclut un élément très original, appelé Westwerk ou “ corps occidental ” ; s’élevant
au pied du temple, il est flanqué de deux tours et renferme une tribune
destinée à l'empereur. Les églises
carolingiennes sont soutenues par des piliers et des arcs en plein cintre,
et les toitures peuvent être aussi bien en bois que voûtées. Les deux édifices
les plus représentatifs sont la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle,
construite par Eudes de Metz entre 798 et 805, de plan octogonal, et l'église
de Germigny-des-Prés (799-818) l'architecture romane L'architecture
romane doit son nom à l'art romain, dont elle adopta certains éléments
très caractéristiques, comme l'arc en plein cintre. L'architecture
romane sut les mêler dans un esprit nouveau et leur donna une personnalité
propre très bien définie. Ainsi surgirent des édifices aux murs épais
renforcés par des contreforts et pourvus de très petites fenêtres, pour
ne pas diminuer leur capacité de soutien. ¿ l'intérieur de ces murs,
dans un espace plutôt obscur, d'épais piliers, formés de colonnes adossées,
et unis par des arcs en plein cintre, soutiennent de grandes voûtes divisées
en travées par des arcs. C'est la structure élémentaire de tous les édifices
romans, grands ou petits, qui se répète avec quelques variations ;
ainsi, les clochers ouverts par une multitude de fenêtres caractérisent
le roman lombard. Parfois, les arcs en plein cintre sortent à l'extérieur
de l'édifice et deviennent un élément décoratif en forme de galeries
d'arcs ou d'arcatures. Cette structure
fondamentale fut celle que le roman appliqua aux deux types de
constructions qui proliférèrent : les églises et les monastères. Les églises
et les monastères romans L'église romane
est un temple, grand ou petit, qui suit généralement le plan d'une croix
latine ; le plus grand bras est divisé en trois ou en cinq nefs ;
le plus petit, appelé le transept,
se compose d'une ou de trois nefs. La nef centrale, le plus souvent d'une
taille supérieure aux nefs latérales, se termine par une abside
semi-circulaire surmontée d’une coupole en quart de sphère, alors que
les nefs latérales peuvent se terminer chacune par des absides ou bien en
un corridor : le déambulatoire, qui entoure la plus grande chapelle et dans lequel
donnent toutes les autres chapelles radiales. Sur la croisée (c’est-à-dire
l'espace où se croisent les deux bras de la croix), s'élève le ciborium,
et parfois, sur les nefs latérales, court une galerie qui reçoit le nom
de triforium. La porte de ces églises,
qui est parfois simple et parfois triple, est constituée généralement
d'une série de colonnes adossées, les jambages,
qui soutiennent un ensemble d'arcs rampants appelés les archivoltes. Les archivoltes délimitent avec le linteau de la porte
un espace, le tympan, de la
partie inférieure de laquelle part parfois une colonne ou un pilier qui
divise la porte en deux parties : le meneau.
Tous ces éléments (jambages, archivoltes, tympan et meneau) constituent
le support d'une richissime décoration sculptée qui transforme les
portails romans en des œuvres d’art complexes. Dans les monastères,
l'église, d'un plan similaire à celui qui vient d'être décrit,
comporte sur un de ses côtés un cloître formé par quatre galeries
couvertes. Celles-ci communiquent par un patio découvert à travers un
ensemble d'arcs de plein cintre. Ces arcs reposent sur des colonnes qui
s’achévent par des chapiteaux. De tels chapiteaux constituent avec les
portails les lieux où s'exprime le mieux la sculpture romane. Mis à part ces édifices,
les architectes romans construisirent quelques ch‚teaux, comme celui de
Loarre à Huesca (Aragon), ainsi que d'importantes fortifications, dont
l'ensemble des murailles d'¡vila fournit un magnifique témoignage. Diffusion de
l'architecture romane L'architecture
romane se diffusa dans toute l'Europe avec une grande unité, bien qu’on
note quelques variations régionales. En France, l'art roman atteignit une telle diffusion qu'il fut à
l'origine de l'apparition de nombreuses écoles, chacune possédant ses
propres particularités. Les écoles qui connurent le plus grand
rayonnement international furent celle de Bourgogne, qui exporta le modèle
de la troisième église de l'abbaye de Cluny, et celle de Normandie, où
l'art roman anglais prit ses caractéristiques principales. Mais les plus
originales furent celles de Provence, reconnaissables dans la disposition
classique des façades, et celle d'Auvergne, qui introduisit l'usage de
pierres de différentes couleurs. Le mérite d'avoir créé le type de l'église
de pèlerinage revient à l'école languedocienne. Ces églises comportent
trois ou cinq nefs, un triforium et une carole (nef contournant l'abside),
mais le plus grand représentant de ce type se trouve cependant en Espagne :
la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Parmi les témoignages les
plus représentatifs de l'art roman français, on trouve les églises de
Saint-Trophime à Arles, Saint-Front à Périgueux, Sainte-Foy à Conques,
Saint-Sernin à Toulouse et la cathédrale d'Angoulême. En Espagne, les constructeurs suivirent les règles du roman français,
en particulier celles des écoles de Bourgogne et du Languedoc, mais la
Catalogne développa le roman lombard, et Zamora créa un style propre
(roman de Zamora). Le roman eut une énorme diffusion dans toute la partie
chrétienne de la péninsule Ibérique. En Italie, les réminiscences de l'art classique se mêlèrent au roman
pour créer un style très original, qui remplaçait la décoration sculptée
sur les façades par des jeux de marbre et de couleurs ; l’extérieur
comportait des arcatures aveugles et des galeries d'arcs. En outre, le
baptistère et le clocher (campanile)
se détachèrent de l’église. Citons notamment : les cathédrales
de Parme et de Modène, les églises Saint-Ambroise à Milan, San Miniato
al Monte à Florence et Saint-Zénon à Vérone. En Allemagne, l'art roman adopta le plan caractéristique de l'art
ottonien, qui apparaît déjà à Saint-Michel-de-Hildesheim : deux
absides, deux croisées égales, quatre tours, façade principale située
sur l'un des plus grands côtés de l’église. Les cathédrales de Worms
et de Spire sont des exemples magnifiques. L'art roman n'a
pas eu une grande diffusion en Angleterre,
mais il témoigna de quelques originalités, comme le double triforium et
la voûte de croisée, utilisée pour la première fois dans la cathédrale
de Durham et adoptée ensuite par le gothique. Les cathédrales de
Winchester et de Gloucester fournissent les meilleurs témoignages de
l'art roman anglais. l'architecture gothique L'architecture
gothique naquit en France à la fin du XIIe
siècle et se diffusa dans le reste de l'Europe au XIIIe
et au XIVe
siècle. On peut distinguer trois périodes au cours de son évolution :
période primitive ou de transition, période pleine ou centrale, et période
flamboyante. La première combine des éléments du roman et du gothique,
la seconde est le gothique le plus pur et le plus représentatif, la
troisième se caractérise par sa surcharge décorative. L'originalité de
l'architecture gothique réside dans l'emploi de la voûte sur croisée et de l'arc d'ogive,
qui permirent de canaliser les pressions de la toiture vers certains
points déterminés de l'édifice, où ce dernier devait être renforcé
par des piliers et des arcs-boutants,
soulageant le reste de la structure des poids à supporter. Ceci permit de
construire des édifices beaucoup plus hauts et l’on put les percer
d'une multitude d'ouvertures pour faciliter l'entrée de la lumière. Les caractéristiques
fondamentales de l'architecture gothique sont donc la verticalité, la
luminosité et le jeu extérieur des arcs-boutants (contreforts typiques
du gothique sur lesquels se décharge la pression venue des voûtes), qui
forment un ensemble élancé et harmonieux avec la masse de l'édifice. L'idée de
transformer les parois opaques de l'église romane en de grandes surfaces
transparentes eut pour conséquence l'utilisation généralisée de rosaces
et de vitraux colorés, qui eux
aussi contribuent à créer l'atmosphère très singulière des ensembles
gothiques. Les cathédrales La cathédrale est
l'édifice gothique par excellence, mais l'on ne doit pas perdre de vue le
fait que, fruit des changements sociaux de l'époque, une puissante
architecture urbaine apparut, concrétisée par de beaux édifices civils :
bourses du commerce, marchés, hôtels de ville, palais, hôpitaux, etc. Les cathédrales
gothiques présentent une grande variété dans leur morphologie, qu'il
s'agisse du plan ou du levé, mais l'on peut établir un prototype :
il s'agit d'un temple de trois ou de cinq nefs (les nefs latérales de
moindre hauteur que la nef centrale) avec un transept et une carole (nef
contournant l'abside) comportant des chapelles radiales. ¿ l'extérieur
se trouvent cinq portes (deux dans les bras du transept et trois sur la façade
principale) et deux tours, achevées ou non par des pinacles qui encadrent
la façade. Toutes les portes comportent une abondante décoration sculptée.
Les variations sur ce thème général définissent les différentes écoles
régionales qui apparaissaient dans la zone de diffusion du gothique. La France L'architecture
gothique apparut en France sous l'influence de l'abbé Suger (vers
1081-1151), ministre de Louis VII qui fut le premier à appliquer les
principes du nouveau style dans l'abbaye de Saint-Denis (département de
la Seine-Saint-Denis), consacrée en 1144. Les cathédrales de Sens, de
Noyon, de Laon et Notre-Dame de Paris (entreprise en 1163 et dont le gros
œuvre fut achevé vers 1250) appartiennent aussi à cette étape initiale
du gothique. Le XIIIe
siècle vit la consolidation du style et son épanouissement dans les
grandes cathédrales de Chartres, de Reims et d'Amiens, qui furent l'apogée
de ce style, de même que la Sainte-Chapelle à Paris. D'autres édifices
religieux et monastiques datent de la même époque, comme Notre-Dame de
Dijon et l'abbaye du Mont-Saint-Michel. La construction
fut pratiquement paralysée au XIVe
siècle et ne reprit pas avant la fin du XVe
siècle, lorsque le gothique flamboyant fit son apparition. Son nom est d_
à l'usage constant de courbes et de contre-courbes, ce qui faisait songer
à des flammes. Dans le gothique flamboyant, les éléments propres au
gothique sont enrichis d'une décoration exubérante qui leur confère une
extraordinaire complexité. Le gothique flamboyant connut un grand développement
en Normandie et dans la Somme (Saint-Riquier), mais aussi à Auch, et fut
contemporain de l'apparition des premiers châteaux de la Loire (Langeais,
Loches, Chaumont), principal témoignage de l'architecture gothique civile
dans le pays. Territoire
correspondant à la Belgique et aux Pays-Bas actuels Provenant de
France, le gothique atteignit cette zone au XIIe
siècle (transept de la cathédrale de Tournai) et s'épanouit au XIIIe siècle :
Saint-Bavon de Gand, Saint-Sauveur de Bruges, Sainte-Gudule de Bruxelles,
Saint-Paul de Liège et Saint-Pierre d'Ypres. L'église Saint-Jacques d’Utrecht
est très postérieure (XVe
siècle). Mais le gothique le plus original et le plus représentatif de
la Belgique et des Pays-Bas se trouve dans les édifices civils, avec des
exemples aussi notables que les bourses du commerce de Bruges et d'Ypres
et les hôtels de ville de Bruges, Bruxelles et Louvain. Angleterre Le gothique
anglais est avec le gothique italien, le plus original, car il unit à
l'influence française des notes singulières, surtout à mesure que le
style évolue. De manière générale, il faut dire que les architectes
anglais apportèrent une plus grande attention aux éléments décoratifs
qu'aux éléments structurants. Le chevet de la
cathédrale de Canterbury (1174) constitue le premier témoignage de
gothique anglais. Puis suivirent les cathédrales de Lincoln (achèvement
du gros œuvre : 1192), Worcester (1224), Exeter (1280) et Salisbury
(1220), où apparaît déjà le style typiquement insulaire, caractérisé
par la présence de décorations sculptées sur la façade (et pas
seulement sur les portails), la multiplication des nervures des voûtes et
la surcharge de ces dernières par une décoration exubérante (voûtes en
éventail). Une nouvelle
tendance apparut au milieu du XIVe
siècle, la plus personnelle et la plus singulière du gothique
britannique : on l'appelle le gothique perpendiculaire et il se développa
au long du XVe et du XVIe
siècle pour produire des oeuvres aussi belles que l'abbaye de Bath
(1501), la chapelle d’Henri VII dans l'abbaye de Westminster (1503) et
la chapelle du King's College de Cambridge (1508). Alsace,
Allemagne et Europe centrale Parti de France,
le gothique atteignit l’Alsace et l'Allemagne au XIIe
siècle et, de même que le gothique français, créa durant le XIIIe siècle
quelques-unes de ses oeuvres les plus significatives, les cathédrales de
Strasbourg et de Cologne. Ensuite, au cours
du XIVe
siècle, il concentra son intérêt sur la verticalité des édifices,
plus grands que ceux des voisins européens, et supprima les nefs latérales
au profit d’une halle unifiée de grande taille. Ce modèle de
distribution spatiale, appelé Hallenkirche,
apparaît dans les cathédrales de Magdebourg et de Ratisbonne, de même
que dans de nombreuses églises et couvents. Un tel plan fut aussi adopté
aux Pays-Bas, en particulier dans les églises de Saint-Pierre de Leyde et
de Saint-Bavon de Haarlem. Durant la deuxième
moitié du XIVe siècle, l'architecture
allemande fut plus décorative, et les voûtes étoilées et réticulées
apparurent. Finalement, le gothique tardif, ou Sondergothik,
unifia le plan français divisé en nefs et le plan de type Halle, donnant naissance à des églises à trois nefs de la même
hauteur. Les façades avec une seule tour, caractéristiques du gothique
allemand, commencèrent à apparaître à cette époque : cathédrales
d'Ulm et de Francfort-sur-le-Main. Hors d’Allemagne,
les cathédrales de Vienne, de Prague et de Fribourg (parmi d'autres) répondent
aux modèles décrits ci-dessus. Italie Bien qu'il existe
aussi en Italie des édifices gothiques d'inspiration française, comme la
cathédrale de Gênes et la basilique supérieure d'Assise, le gothique
italien proprement dit présente une grande originalité. En premier lieu,
il renonça à faire prévaloir la hauteur sur les autres dimensions ;
en second lieu, il supprima la décoration sculptée de la façade pour la
remplacer par une polychromie obtenue à l'aide de marbres de différentes
couleurs. En outre, le gothique italien abandonna les deux tours qui
encadraient la façade en faveur d'un campanile (clocher) séparé. Les
cathédrales de Sienne, Orvieto, Florence (avec le campanile de Giotto),
les églises florentines de Santa Maria Novella et Santa Trinita, et San
Petronio de Bologne s'inscrivent dans cette lignée. Un gothique très
orné se développa dans le nord du pays. Les meilleurs exemples sont la
cathédrale de Milan, le palais ducal de Venise, le Ca d'Oro vénitien et
la cathédrale de Côme. Espagne L’ordre bénédictin
de Cîteaux fonda en 1131 à Moreruela (Zamora) son premier monastère en
terres hispaniques. Ensuite, l’Espagne chrétienne se couvrit de monastères
représentatifs de ce que l'on appelle le gothique
cistercien, caractérisé par l'absence de décorations et une grande
pureté des lignes. La construction
des cathédrales de Tarragone, Lleida, Tudela, Sigenza et Avila commença
simultanément. Elles correspondent au gothique primitif ou de transition,
parce qu'elles conservent encore des éléments ou des structures romanes. Le grand moment du
gothique espagnol se situe immédiatement après, avec les cathédrales de
Léon, Burgos et Tolède, les deux premières à l'inspiration française
affirmée et la troisième plus indépendante, avec ses cinq nefs et sa
double carole. Les cathédrales de Palencia, Cuenca et Burgo de Osma
datent de la même époque, alors que celle de Séville, La Nueva de
Salamanque et celle de Ségovie (XVIe
siècle) furent construites quand, en France, la Renaissance triomphait. Les principales
constructions de l'école gothique catalane se situent au XIVe
siècle. Ses caractéristiques sont très singulières : unification
de l'espace intérieur, réalisée gr‚ce à des nefs de même hauteur ou
avec une seule nef, absence de décoration sur les façades et utilisation
de solides contreforts entre lesquels sont disposées les chapelles. La
cathédrale de Pampelune obéit au modèle français. Dans la Seo de
Saragosse, les influences mudéjares sont évidentes, tant dans
l'utilisation de la brique cuite que dans les motifs de décoration
d'entrelacs, de plâtre et de mosaiques. Au seuil de la
Renaissance, le style isabellin
(gothique propre à l'Espagne, qui surgit de la combinaison de formes
flamboyantes et de formes mudéjares) produisit des édifices aussi
remarquables que la chartreuse de Miraflores (Burgos), le monastère du
Palmar (Ségovie), le palais de l'Infant (Guadalajara), le collège de San
Gregorio (Valladolid), l'hôpital de Santa Cruz (Tolède) et l'église de
San Juan de los Reyes (Tolède). l'architecture musulmane Aussi bien par ses formes que par ses matériaux (fondamentalement la brique crue et cuite, le bois et le plâtre), l'architecture islamique est sobrement fonctionnelle. On ne cherche ni les solutions architecturales audacieuses ni les éléments spectaculaires. En général, l’édifice, aux formes cubiques a une faible hauteur ; occasionnellement, une ou plusieurs coupoles le surmontent. L'unique luxe réside dans la décoration et dans les jardins. Ce modèle, caractérisé par l'emploi d'arcs en fer à cheval, mixtilignes ou polylobés et de voûtes à croisées d'ogives ou avec des godrons, caractérise tous les édifices musulmans : la mosquée, le palais et le mausolée. La mosquée La mosquée, née de la prescription
coranique de la prière en commun, est presque toujours composée d'un
patio, d'une tour et d'une grande salle de prière. Le patio (shan)
est une enceinte découverte qu’entourent des arcatures. Au centre, se
trouve habituellement une fontaine, servant aux ablutions rituelles,
parfois couverte par un temple. La tour, appelée minaret,
est destinée au muezzin qui est chargé de convoquer les fidèles à la
prière. Elle peut être unique, ou non, ronde ou carrée. La salle de prière,
enceinte principale de la mosquée, normalement de grandes dimensions, est
presque toujours divisée en différentes nefs par des rangées de
colonnes ou de piliers. Toutes les nefs se dirigent vers la qibla,
le mur terminal orienté vers La Mecque, au centre duquel s'ouvre le mihrab,
une sorte de niche sacrée ornée avec profusion. Devant le mihrab
se trouve parfois la maqsura,
qui est une enceinte fermée destinée au calife, à l'imam ou aux femmes.
Un autre élément de choix est le mimbar,
chaire qui se trouve généralement contre la maqsura. Palais et mausolées Le palais islamique est généralement un édifice fortifié composé de trois enceintes de faible hauteur, qui se structurent chacune autour de patios, dans lesquels se trouvent habituellement une fontaine ou des canaux d'irrigation. La première enceinte est réservée au corps de garde et aux gouvernants. La seconde est destinée aux grandes réceptions du souverain, c'est pourquoi elle héberge la salle du trône et le salon des ambassadeurs. La troisième enceinte contient les pièces privées du monarque et de ses familiers. Le mausolée islamique, qui avait initialement un plan polygonal ou circulaire, finit par adopter un modèle carré recouvert d'une grande coupole, généralement en forme de bulbe et trés décorée à l'extérieur. Autres constructions Les autres édifices caractéristiques sont le caravansérail, destiné à l'hébergement des caravanes, la madrasa, ou école d'enseignement religieux, et les enceintes des bains publics (le hammam), construits sur le modèle des bains romains, mais de taille beaucoup plus petite. diffusion de l'art
islamique Espagne et nord de l'Afrique Dans la péninsule Ibérique envahie par les musulmans en 711, l'art islamique est inexistant avant le règne de l'Omeyyade Abd al-Rahman Ier. Ce fut lui qui fonda l'émirat de Cordoue et qui décida la construction de la somptueuse mosquée de Cordoue, agrandie ensuite par Abd al-Rahman II (833-848) et Al-Hakam II (961-976). Dans cet édifice apparaissent déjà les traits typiques de l'art islamique occidental, qui se manifestèrent de nouveau dans toute leur splendeur dans le palais de Medina-Azara (vers 936) qu'Abd al-Rahman III ordonna de construire dans les environs de Cordoue. Après la chute du califat de Cordoue (1031), la zone musulmane de la péninsule Ibérique demeura divisée en une série de royaumes indépendants, appelés royaumes des taïfas, qui sur le plan artistique réalisèrent quelques créations admirables comme le palais de l'Aljafería à Saragosse et les forteresses de Cordoue, Grenade et Almería. La faiblesse des taïfas favorisa l'invasion des Berbères almoravides, provenant d'Afrique du Nord. On leur doit le château de Monteagudo (Murcie) et, dans leur terre d'origine, le caravansérail de Fez et les mosquées de Marrakech (Maroc) et Tlemcen (Algérie), cette dernière étant inspirée de celle de Cordoue. Au XIIe siècle, la péninsule fut de nouveau envahie, cette fois par les Berbères almohades, qui apportèrent une architecture sobre et monumentale. La mosquée de Séville constitue un bon exemple ; on en conserve le patio et le minaret (la célèbre Giralda). On doit aussi aux Almohades la Torre del Oro de Séville et les mosquées de Hassan à Rabat et de Kutubiya à Marrakech, qui font partie des œuvres maîtresses de l'architecture islamique. De la désintégration de l'Empire almohade naquit au XIIIe siècle le royaume nazari de Grenade, qui donna le jour à l'un des chefs-d'œuvre de l'art islamique : le palais-forteresse de l'Alhambra, construit en plusieurs étapes, dans lequel apparaissent tous les motifs ornementaux de la plastique musulmane. On doit aussi aux Nazaris le palais du Generalife et ses beaux jardins. D'autres royaumes apparurent après l'effondrement almohade et laissèrent aussi leur trace dans l'histoire de l'art : les Hafsides de Tunis, auxquels on doit la mosquée de la Casbah (1223), et les Abd-al-wadis de Tlemcen, auteurs du splendide oratoire de Sidi-bel-Hasan (1296). Syrie et Palestine L'art islamique débuta en Syrie et en Palestine sous la première dynastie des Omeyyades (661-750). Cette époque produisit des édifices particulièrement emblématiques tels que la coupole du Rocher (669-692), décorée de mosaïques à la manière byzantine, et la mosquée d’al-Aqsa (705), toutes deux à Jérusalem, ainsi que la Grande Mosquée de Damas (706-715), qui fut la première mosquée monumentale et fournit un modèle très imité par la suite, surtout en Occident. Les châteaux, dits du désert, remontent aussi à cette période ; ils furent construits par les califes de Damas aux confins du désert de Syrie. Les plus connus sont ceux de Mshatta (743), celui de Qusayr Amra, célèbre pour ses bains grandioses, et celui de Qasr al-Hayr (728), un des rares édifices du monde islamique décoré de peintures figuratives. Simultanément, en Afrique du Nord, où s'était déjà diffusée la religion musulmane, on commençait la construction de la grande mosquée de Kairouan (Tunisie), achevée par les émirs aghlabites au IXe siécle. Irak Au milieu du VIIIe siécle, lorsque les Abbassides succédèrent aux Omeyyades, le centre artistique du monde musulman se déplaça de Damas à Bagdad, de sorte que l'art perse sassanide influença l'art islamique. Pendant cette période, comprise entre 750 et 900, les mosquées se dotèrent de nefs perpendiculaires à la qibla, et une décoration intérieure à base de stucs remplaça les mosaïques et les revêtements de marbre. Les monuments les plus représentatifs sont conservés à Samarra, ville située, sur le Tigre, à environ 100 km au nord de Bagdad et où résidèrent les califes de 838 à 889. Deux mosquées sont à retenir, celle de Samarra et celle d'Abu Dulaf, construites toutes deux en brique crue ; une grande muraille comporte des renforts semi-circulaires et le minaret cylindrique a une rampe d'accès hélicoïdale. L'architecture civile trouve son aboutissement dans le palais de Yawsaq (836), où apparaît pour la première fois l'iwan (salle couverte par une voûte en berceau et ouverte sur l'extérieur par l'intermédiaire d'un portique), appelé à jouer un grand rôle dans le développement postérieur de l'architecture islamique. L'artisanat du cuivre et du bronze, ainsi que la production de riches tissus et d’une faïence aux reflets métalliques, s'épanouirent aussi durant la période abbasside. Hors d'Irak, la plus belle construction de cette période fut la mosquée égyptienne de Ibn Tulun (879), inspirée des monuments de Samarra. Égypte L'art musulman s'affirma en Égypte pendant l'époque fatimide (913-1171), unissant les influences orientales et d'Afrique du Nord. Le Caire, enrichi alors par les nombreux palais aujourd’hui disparus, conserve les mosquées de al-Hakim (900-1003) et de al-Azhar (970-972). Les Fatimides se distinguèrent aussi dans la construction de fortifications ; trois portes monumentales donnent aujourd’hui une idée de la muraille du Caire. Les arts mineurs connurent aussi un grand développement, en particulier la faïence, le verre, le bronze, la taille sur bois et les tissus, caractérisés par ce que l'on appelle le point de Tiraz. Saladin et les Ayyoubites mirent fin en 1171 au royaume fatimide. Sous les Ayyoubites, qui gouvernèrent jusqu'en 1250, apparut le prototype architectural de la madrasa, qui consiste en un patio et quatre iwans. Les Mamelouks, qui gouvernèrent l’Égypte et la Syrie de 1250 à 1517, imposérent un style architectural raffiné et précieux, caractérisé par une élégante décoration polychrome, des minarets munis de balcons et d’arcs en fer à cheval, en ogive. Ce courant se concrétisa dans une multitude d'édifices, parmi lesquels il faut mentionner la monumentale mosquée-madrasa de Hassan (1356) et la mosquée cairote de Qa'it bey (1472), qui comporte la tombe des califes. Les Turcs séleucides Les Séleucides, qui dominèrent l'Iran, l'Irak et la Syrie du XIe au XIIIe siècle, donnèrent aux arts une forte impulsion, qui se manifesta par de nouvelles formes architecturales, comme la tour funéraire et le mausolée ; coupoles et lanternes ornèrent les nefs des mosquées, qui, plus élevées, donnèrent plus de volume à l’espace intérieur. Des constructions monumentales comme la Grande Mosquée d'Ispahan et les mosquées d'Al-Musil et d'Alep datent de cette époque. Perse Après la conquête du Turkestan, de l'Iran et de l'Irak par les Mongols, l'art islamique s’imprégna d'éléments esthétiques provenant de la culture chinoise, surtout dans les arts mineurs. En architecture, la grande innovation de cette période (1250-1500) fut l'apparition d'un iwan sur chacun des quatre côtés des patios de la mosquée. La construction de tombes atteignit avec les Mongols son plus haut niveau, comme le montrent le mausolée de Ulyayiu à Sultaniyeh (1309), l'un des plus beaux monuments d'Iran, et la tombe de Tamerlan à Samarcande (1504), dont la belle coupole en forme de bulbe est décorée de céramique vitrifiée. La production de miniatures, née auparavant, atteignit alors une incomparable splendeur dans les écoles de Tabriz, Herat et Boukhara. Les manuscrits, d'une grande force expressive, offrent un puissant témoignage de la vie publique et privée dans un style brillant et plein de couleurs. L'apogée de la miniature persane se poursuivit pendant l'époque des Séfévides (1500-1736), auxquels on doit de spectaculaires monuments architecturaux revêtus de céramique, notamment la madrasa de la Mère du roi à Ispahan. Les tapisseries des Séfévides sont elles aussi remarquables. Turquie L'architecture islamique suivit une évolution très singulière avec les Turcs ottomans, surtout à partir de la chute de Constantinople en 1453. Un architecte génial, Sinan (1489-1578), généralisa un schéma de mosquée inspiré de la basilique byzantine de Sainte-Sophie : une grande coupole centrale est entourée de coupoles médianes et de divers minarets pourvus de balcons, ce qui confère à l'ensemble un plus grand développement vertical et crée un jeu spectaculaire entre les volumes. Ce modèle atteignit son apogée, à Istanbul, avec la mosquée de Suleymaniye (1550) et la mosquée Bleue. Les disciples de Sinan étendirent le style de leur maître à l’Afrique du Nord : mosquées de la Pêcherie (1660, Algérie), de Sidi Mahrés (1675, Tunis) et de Mehmet Ali, un peu plus tardive, au Caire. |
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