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- Les alliages à mémoire
de forme. Depuis la création
de l'alliage de titane et nickel appelé Nitinol en 1972, les matériaux
à mémoire de forme n'ont cessé de se développer. Aujourd'hui, il
existe une trentaine d'alliages capables de produire un "effet mémoire
de forme". Cette propriété se traduit par le retour d'un matériau
à sa forme originelle après sa déformation par une variation de température.
Les déformations récupérables peuvent atteindre 10% de la dimension de
l'objet. Il n'est plus question ici de simple dilatation thermique, mais
d'une réorganisation des atomes au sein-même de l'alliage. L'effet de mémoire
de forme implique un changement de phase entre une phase haute température
appelée martensite et une phase basse température qualifiée d'austénite.
Ce passage d'une phase à l'autre, appelé transformation martensitique,
accompagne de manière continue la variation de température. En "éduquant"
le matériau, il est possible de lui conférer l'effet mémoire souhaité.
Les applications des alliages à mémoire de forme sont encore peu développées
: activateurs électriques ou thermiques pour actionner un mécanisme
(ouverture d'une vanne) ou pour informer du dépassement d'un seuil (détection
de température). Le Thermomarqueur, premier produit grand public doté de
mécanismes à mémoire de forme, sert à détecter les ruptures de la chaîne
de froid dans l'agro-alimentaire et le paramédical. - Les fibres textiles
produites par biotechnologie. Les applications du génie
génétique, déjà fort nombreuses, ont des répercussions dont
l'importance demanderait à être sérieusement envisagée, notamment sur
le plan philosophique ou environnemental.
La connaissance du génome du mouton a permis de sélectionner les
gènes impliqués dans la fabrication de kératine (le constituant de la
laine), dans le développement des follicules pileux, dans la longueur de
la mèche, dans la pigmentation, etc. Des chercheurs néo-zélandais ont déjà
obtenu par manipulations génétiques des moutons produisant 5 à 10% de
laine en plus. Il leur a suffit d'introduire dans le génome des animaux
le gène d'un facteur de croissance s'exprimant spécifiquement dans le
follicule pileux. Ces animaux transgéniques vont probablement jouer un rôle
croissant dans l'avenir, d'autant que les techniques de clonage
permettront de reproduire à l'identique et en série les animaux, en
fonction des critères recherchés. On sait aussi greffer le gène de
l'araignée codant la production de soie, dans le génome d'une bactérie,
escherichia coli, qui se reproduit très rapidement. Il suffit ensuite de
faire éclater le cytoplasme des cellules pour recueillir une matière prête
à être filée. Les spécialistes des biotechnologies végétales
travaillent de leur côté à la création de plantes textiles transgéniques
: cotons plus doux, plus chauds, infroissables, irrétrécissables,
naturellement colorés, etc. - Les fibres de synthèse. Depuis l'invention du
Nylon, les fibres de synthèse n'ont cessé de se sophistiquer. La
microfibre, développée dans les années 80 au Japon, est un fil fin et
très résistant qui donne au tissu souplesse et légèreté. Un autre
tissu, le Kelvinthermo, possède une matière thermochromique insérée
dans le vêtement, qui contrôle l'absorption du rayon solaire en fonction
de la température extérieure et régule la capacité d'isolation
thermique du tissu. Le "sway",
quant à lui, est capable de changer de couleur selon la température
ambiante, grâce à des colorants micro-capsulés mélangés à une
substance sensible à la chaleur. Une société japonaise a même mis au
point un tissu parfumé au nom évocateur de "fragrance de
fleur". Plus utile, la société Bayer a créé un textile
ininflammable, le Trévira CS, qui contient des éléments organiques
phosphorés fixés directement à la chaîne moléculaire des polymères.
On citera aussi les tissus fabriqués à partir de polymères produisant
une réaction électrostatique qui évite la salissure. Les tissus d'hygiène,
utilisés dans le domaine hospitalier, sont tissés avec des fils antibactériens
qui empêchent le développement des bactéries. - Les matériaux pour
l'automobile. Pour alléger les véhicules
afin de diminuer leur consommation en carburant, les constructeurs
automobiles substituent de plus en plus à l’acier des matériaux moins
denses tels que l'aluminium, le magnésium et les composites. Des aciers
spéciaux à haute limite élastique permettent de fabriquer des châssis
25% plus légers tout en étant 80% plus rigides. L’aluminium est utilisé
pour la fabrication des pièces mécaniques, disques de freins, blocs
moteur, etc. Des composites thermosplastiques plus légers encore servent
à la fabrication des hayons et des portes. Le magnésium s'emploie pour
les carters de boîte de vitesse et certains accessoires. Les équipements
extérieurs font également largement appel aux matériaux organiques :
ailes en thermoplastique, rétroviseurs et boucliers en plastique teinté
dans la masse, éléments de plancher et de structure en fibre de carbone.
L'utilisation de cette fibre hyper légère, aux excellentes propriétés
mécaniques, est encore très réduite, son développement étant freiné
par un prix trop élevé. - Les plastiques biodégradables. Les plastiques biodégradables
ont la propriété de se dégrader en quelques mois tout en restant
stables avant l'utilisation. Cette qualité permet de diminuer la quantité
de déchets et la pollution que génère leur élimination par le feu. Les
techniques de fabrication de ces plastiques sont multiples. Le Biopol,
produit par la société Monsanto, est un polyester PHB (hydroxybutirate)
obtenu par fermentation de sucre de blé ou de betterave. Pour limiter le
coût de fabrication, les chercheurs travaillent aussi sur des plantes
transgéniques qui pourraient synthétiser directement le PHB. Monsanto
fabrique déjà en laboratoire des plastiques biodégradables à partir de
variétés transgéniques de moutarde, de colza ou de soja. Il suffit
d'identifier les gènes qui incitent certaines bactéries à métaboliser
le sucre en plastique et de les injecter dans les cellules des plantes.
Une approche différente a été suivie pour le BAK de la société Bayer,
fabriqué cette fois à partir de polymères dont les chaînes moléculaires
présentent des points faibles susceptibles d'être brisés ensuite par
les bactéries. Les plastiques biodégradables sont utilisés aujourd'hui
pour les objets de consommation courante, emballages, films, couverts
jetables, couches-culottes, pots de yaourt. Leur succès dépendra
largement de l'efficacité de leur compostage, qui nécessite une
infrastructure permettant de contrôler le procédé en termes d'humidité
et d'attaque par les micro-organismes. - Les prothèses du
futur. Le recours aux matières
plastiques pour remplacer les tissus biologiques endommagés est devenu
chose courante. On dispose aujourd'hui d'artères en Téflon,
d'articulations en polyéthylène ainsi que de peau en polyamide. Ces
plastiques sont en fait des biomatériaux polymères (un polymère étant
constitué de la répétition d'une même molécule tout au long d'une
longue chaîne). Ils sont plus ou moins bien acceptés par l'organisme car
le corps humain active ses défenses immunitaires en présence d'un corps
étranger. Pour limiter ces réactions de rejet, on étudie des matériaux
plastiques bioactifs capables d'émettre des messages chimiques qui
leurrent le système immunitaire. Cette démarche a donné naissance à
des plastiques copolymères (assemblage de molécules simples mais différentes
les unes des autres). On les utilise par exemple comme cathéters pour réaliser
une dialyse par exemple, ou pour fabriquer des lentilles intra-oculaires
implantées lors d'une opération de la cataracte. A long terme on pourra
remplacer certains organes (foie, pancréas) par des substituts biosynthétiques
assurant les mêmes fonctions. Ces matériaux seront capables
d’interagir avec les cellules vivantes et d'assurer une fonction active.
Ils pourront suppléer à des déficits enzymatiques, hormonaux ou
immunitaires. Le caractère biodégradable
de certains matériaux s'avère aussi un atout. Ainsi, des matériaux à
base de polymères d'acide lactique remplacent avantageusement l'acier ou
le titane pour immobiliser les fractures. Une fois l'os reconstitué, nul
besoin d'une deuxième opération pour enlever l'attelle : le polymère
d'acide lactique est progressivement dégradé, pour entrer finalement
dans le métabolisme du corps humain comme s'il s'agissait d'un quelconque
nutriment. De la même manière, la matière osseuse liquide fabriquée à
partir d'un dérivé de cellulose, d'eau et de phosphate tricalcique est
éliminée en quelques mois après avoir facilité la reconstitution d'un
os endommagé.
Les matériaux
composites sont fabriqués en noyant un renfort fait de fibres plus ou
moins longues dans une résine organique (en général issue du pétrole).
Ces fibres sont principalement en verre, en carbone ou en kevlar, mais
peuvent aussi être en silice, en bore ou en polyéthylène. Dispersées
dans la résine pour les matériaux peu solides de grande diffusion, elles
sont intégrées en fils continus, voire même préalablement tissés,
pour les matériaux à haute résistance dans lesquels elles peuvent représenter
jusqu'à 60% du volume total. A la différence des métaux, les matériaux
composites ne possèdent pas des propriétés équivalentes dans toutes
les directions. Une fibre de carbone, par exemple, supporte sans problème
une traction de plusieurs centaines de kilos mais se brisera au moindre
effort destiné à la replier sur elle-même. Cette particularité
("l'anisotropie") explique les limites de l'utilisation de ces
matériaux. La fabrication de véhicules
en multimatériaux constitue une véritable révolution culturelle et
industrielle pour l'industrie automobile, dont tout le savoir-faire était
axé sur la transformation de l'acier. Elle nécessite la maîtrise de matériaux
nouveaux (composites et profilés d'aluminium) et de modes d'assemblage
différents. Ainsi, la soudure au cordon de l'aluminium est-elle plus
complexe que la soudure par points de l'acier. Cependant, la mise en forme
des composites nécessite des investissements plus faibles que
l'emboutissage de tôles, ce qui s'avère un avantage pour la production
en petite série. |
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