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 LA NAISSANCE DU SYSTEME FEODAL

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Le mot vient du latin feodum, qu'on a traduit en français par fief, mais qui veut dire en fait bénéfice, domaine donné en récompense d'un service rendu. C'est un système qui va durer des siècles. Ce qu'il faut bien voir, c'est que cela part du haut aussi bien que du bas. 
Du haut, parce que cela permet par exemple à un roi de trouver des alliés: "Tu m'aides à conquérir les Baléares et je te filerai Ibiza. En échange, tu acceptes de me reconnaitre publique­ment comme ton chef (tu deviens mon "vassal") et tu me donneras, disons par exemple 1OO litres d'huile d'olive par an, et un coup de main si on m'attaque. De mon côté, je te laisse faire ce que tu veux ou presque sur ton île, et je t'aiderai si on t'attaque." Mais ce mouvement part aussi du bas: Imaginons une seconde la vie d'une famille vivant à cette époque, par exemple dans le sud de la France. Né en 38O, l'arrière arrière grand-père s'appelait Silvius et comme son nom l'indique (Silva= la forêt), il faisait le commerce du bois entre la montagne et un port la côte, disons Narbonne. Il habitait une belle maison (en latin domus, d'où le français "domestique") en ville, avec eau courante, tout-à-l'égout, salle de bain, etc... Les Barbares se sont pointés, ont pillé et détruit la moitié de la ville, et arrière arrière grand papa s'est retrouvé sans eau, sans client pour son bois, sans papyrus sur lequel faire ses comptes et écrire son courrier, sans esclaves pour s'occuper des enfants (les esclaves ont tous filé en Espagne avec les armées wisigothes dans l'espoir de s'en mettre plein les poches). Impossible de vivre plus longtemps en ville, devenue un coupe-gorge où rien ne marche sauf des bandits de tout poil prêts àtuer pour un bout de pain. Heureusement, arrière arrière grand papa possédait aussi une villa (maison de campagne en latin), bien planquée dans les collines. Toute la famille s'y réfugie, et puisqu'il faut bien manger, elle se met à cultiver la terre, à élever quelques poules et autres animaux domestiques. Le vieux Silvius meurt en 43O, à l'âge incroyable de cinquante ans, bien triste d'avoir tout perdu et de n'avoir que des filles, à qui bien sûr il n'a pas appris grand chose. Du coup, plus personne ne sait lire, écrire ou compter dans la famille. La paix revient lorsque les Wisigoths se calment, et un soldat s'installe dans le coin et épouse une des filles de Silvius. Leur fils s'appelle Alaric (avec un papa wisigoth, finis les prénoms latins !) et il n'a jamais rien connu d'autre que sa ferme et sa terre. De la villa, il ne reste pas grand chose, car après la grande tempête de 485 qui a arraché le toit, on n'a trouvé personne qui soit capable de réparer cette charpente compliquée. Et d'ailleurs, avec quoi réparer ? Il n'y a plus de tuiles nulle part et personne ne sait en fabriquer. En plus, on n'aurait même pas d'argent pour les payer, car la monnaie n'existe plus. Bien sûr, on pourrait toujours troquer une vache ou un mouton contre des tuiles. Mais il faudrait aller jusqu'à Toulouse, où parait-il on pourrait échanger des tuiles récupérées dans les ruines. Cela prendrait un bon mois aller-retour, car Clodon, un seigneur franc qui a chassé les Wisigoths de la plaine, a fait dépaver l'ancienne voie romaine par ses soldats pour fortifier son petit village de Carcassonne. La route est devenue un infâme bourbier, là où elle n'a pas disparu tout à fait, envahie par les ronces et les arbustes. Alaric aurait de plus toutes les chances, si l'on peut dire, de se faire zigouiller en chemin par les bandes de Wisigoths rescapés du massacre, qui hantent les forêts qu'il faut traverser. Conclusion, Alaric a démoli les restes de la villa et s'est construit une espèce de bicoque moitié en bois moitié en pierre, à toit de chaume, pleine de fumée et très sale. Il ne sait pas construire une cheminée et ne connaîit personne qui le sache. Pour avoir chaud, la famille vit au milieu des bêtes dans la saleté la plus totale. Lorsque Deric, le petit fils d'Alaric, naît en 535, sa famille vit presque dans les condi­tions d'il y a 5OOO ans, à l'époque de l'âge de fer. Bien isolé dans ses collines, il survit à l'épidémie de peste noire de 55O qui ravage le pays et élimine la moitié de la population. Cepen­dant, les descendants de Clodion de Carcassonne ont été chassés par les Wisigoths revenus d'Espagne et se sont installés à quelques lieues de là. Conduits par Clodion 2, ils ont construit une sorte de fortin à palissade de bois et mènent une guerre de harcèlement contre les troupes Wisigothes. Déric, sa famille et ses voisins sont coincés entre les deux ennemis et sont régulièrement taxés d'un mouton, d'une vache ou d'un sac de blé, tantôt par les uns tantôt par les autres. Finalement Déric se dit qu'à ce petit jeu-là il va tout perdre, y compris sa tête. Après avoir discuté avec les voisins, ils décident d'aller trouver le chef wisigoth Aldegard (de banlieue) et lui proposent de lui fournir un sac de blé et trois jours de travail par mois en échange d'une protection contre Clodion 2. Et voilà, le tour est joué, de paysan libre Déric est devenu un "serf", moitié esclave, moitié homme libre, lié à son maître pour la vie. Et ses enfants seront liés par le même pacte, car plus question par la suite de revenir sur cet accord, même si la guerre est finie le seigneur wisigoth les considèrera toujours comme ses serfs. 
Cela peut se passer d'une autre manière, encore plus violente : imaginons maintenant qu'au lieu que tout ceci arrive, Aldegard le chef wisigoth se soit entendu avec Métrostation, le chef d'une autre bande armée pour faire la peau à Clodion 2. Il promet en échange les terres sur lesquelles se trouve la ferme de Déric, l'ancienne villa de Silvius. Une fois Clodion 2 battu, Métrostation se pointe chez Déric et lui annonce qu'en échange de sa protection Déric devra lui donner ceci et cela. "Protection ? Mais je ne suis pas menacé", répond Déric un peu inquiet. Aussitôt, Métrostation va trouver son pote Aldegard et s'entend avec lui pour que celui-ci attaque Déric, et le tour est joué. Quand la loi n'existe pas, c'est le plus fort qui la fait.

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