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Allons plus vite pour les autres rois carolingiens. Le règne de chacun d'eux dure moins longtemps et, tout compte fait, ils n'ont ni l'importance ni la force de Charlemagne. LOUIS LE PIEUX (814-840) C'est un homme de haute taille, aux yeux clairs et doux, au port majestueux et de belle mine, chasseur habile et courageux. Il est intelligent et très instruit, c'est un sage, un philosophe (grec: philein=aimer, sophia=la sagesse). Malheureusement il est nerveux, cyclothymique: un jour tout va bien, le lendemain tout va mal. Ses grandes qualités, ses bonnes idées et ses sages décisions sont rarement suivies d'effet. Dommage. D'autant qu'il est parfois faible, comme on va le voir. Il est très religieux, d'où son surnom (qu'il se donne lui-même !) de Pieux (quelqu'un de pieux est quelqu'un qui prie beaucoup). Chez lui, cette piété va même parfois jusqu'à l'excès. En 816 il est sacré à Reims par le pape venu de Rome. Il se proclame "l'ardent défenseur de l'Eglise et de la foi". Intelligent et éduqué, Louis a reconnu dans les traditions germaniques une faille dont lui-même n'a pas eu à souffrir, mais qui met l'unité du royaume en péril à chaque succession : c'est l'habitude de diviser le royaume entre les fils héritiers. Bien conseillé par son très influent premier ministre Wala, il publie en 817 une "Ordinatio Imperii" (ordre de l'empereur) dans lequel il prévoit un partage ménageant à la fois les droits des héritiers et l'autorité suprême de l'empereur. Ainsi son fils Pépin recevra l'Aquitaine, Louis le Germanique la Bavière, et l'aîné Lothaire le reste et surtout le titre d'empereur. Mais les deux frères deviendront les vassaux de l'aîné (vassal, voir plus haut). Pour bien marquer le coup et éviter la discussion, Lothaire est nommé co-empereur. Sages dispositions qui, si elles avaient été appliquées, auraient peut-être évité la désintégration de l'empire à laquelle on va assister par la suite. Eh oui, inutile de le cacher plus longtemps, ça va mal tourner pour l'empire du pauvre Charlemagne. D'ailleurs cela ne tarde pas. Le neveu de Louis, Bernard, petit-fils de Charlemagne, fils de Pépin le Bossu, n'est pas du tout content: il s'estime lésé dans le partage prévu par Louis, selon lequel l'Italie dont il a hérité de son papa, reviendrait à Lothaire. En 818 il se révolte. Hélas pour lui, ce n'est pas le bon moment. On est encore tôt après la mort de Charlemagne, le pouvoir central est encore fort, et surtout Louis doit vite fait faire un exemple s'il ne veut pas voir son autorité réduite à néant. Bernard est capturé, ramené dare-dare à Aix, jugé, et condamné à mort pour trahison. Comme on le faisait souvent à l'époque pour les nobles, la peine est changée en privation de la vue. C'est assez barbare, mais les temps sont durs. Le pauvre Bernard en meurt, d'ailleurs. Et à cette occasion apparaît bien le caractère excessif de Louis : il se contraint à une pénitence à laquelle personne ne l'avait condamné, se fait fouetter en public, portant ainsi un sérieux coup à son prestige auprès d'un peuple qui ne comprend pas qu'un roi se laisse aller comme ça. Aussitôt après, achevant de troubler les esprits et de miner sa réputation, il étend la répression aux frères et soeurs de Bernard, puis à ses propres soeurs et aux anciens et vénérés conseillers de l'empereur qu'il accuse de comploter contre lui. Deuxième grande erreur qui va secouer le règne de Louis: son mariage. Sa première femme épousée dans sa jeunesse meurt en 818, lui laissant trois fils, Lothaire, Pépin et Louis. Déclenchant un scandale, l'empereur décide d'organiser un concours de beauté dont le gagnante deviendra sa femme. Comble de malheur, il choisit une jeune princesse allemande, Judith, dont il aurait mieux valu qu'elle fût bossue ! Ambitieuse, cupide, cruelle, intrigante et dominatrice, elle va exercer sur le roi une influence catastrophique. Il l'épouse en 819. Aussitôt elle divise la cour, s'oppose à Wala et à tous les conseillers fidèles, multiplie les crises entre les grands du royaume. En 823 ils ont un fils, Charles dit Charles le Chauve. Judith exige et obtient qu'on abandonne le fameux ordinatio mentionné tout à l'heure, qui prive son fils de toutes ses chances. Louis obéit. En 829, troisième grande erreur, l'erreur fatale. Manipulé par Judith, Louis le Pieux proclame Charles le Chauve roi d'Alémanie, qui devait revenir à Louis le Germanique, son troisième fils. Celui-ci réagit vivement, s'associe avec ses frères (Lothaire et Pépin), et déclenche la guerre civile. A partir de là, c'est le désordre le plus total: Louis est tour à tour renversé, réinstallé, re-détrôné, s'alliant tour à tour avec l'un de ses fils contre les deux autres. En 837 il finissent par s'entendre sur un nouveau partage, mais Judith arrache encore une fois pour son fils le meilleur morceau (à peu près la France moins la Bourgogne et les Alpes). En 84O la guerre reprend, contre Louis le Germanique qui refuse d'être privé de sa part d'héritage au profit de Charles. Louis le Pieux est blessé en le combattant, et succombe à ses blessures le 2O juin. Son règne prometteur, commencé dans la grandeur de la renaissance carolingienne, s'achève dans la guerre civile et l'incohérence. L'administration mise en place par Charlemagne est désintégrée, les comtes qui n'attendaient que cela prennent le pouvoir à leur propre compte, l'empire est disloqué en petits royaumes féodaux. CHARLES LE CHAUVE (840-877) En 840, la situation entre les frères ennemis est claire, quoique compliquée: personne n'a rien et tout le monde veut tout, ou au moins quelque chose. Lothaire, l'aîné, empereur en titre, veut tout et c'est tout. Charles veut tout mais se contenterait bien de la Neustrie (la France entre Seine et Loire), la Bourgogne (l'est de la France) et l'Aquitaine (de la Loire à l'Ebre en Espagne). Louis dit Louis le Germanique, veut l'Alémanie (l'Allemagne) et la Lombardie (nord de l'Italie). Et il y a aussi leur neveu Pépin, fils de leur frère Pépin mort en 838 (que de pépins dans ce fruit pourri qu'est devenu l'empire). Il veut l'Aquitaine, promise à son père dans l'Ordinatio de 817. Evidemment, le guerre éclate aussitôt. Charles le Chauve a dix-huit ans. Nithard, son "chroniqueur officiel" (chaque roi se balade avec son écrivain personnel chargé de raconter sa vie), le décrit comme un jeune homme "de taille moyenne, mais le corps bien pris et agile, généreux, plein de courage, à la fois éloquent (qui parle bien) et avisé". Sa mère, la sinistre Judith, avait obtenu de son père qu'il soit chargé de l'administration de l'Aquitaine, espérant ainsi l'éloigner des zones où la guerre civile entre Louis le Pieux et ses autres fils faisait rage. C'est là qu'il habite lorsqu'il apprend en même temps la mort de son père et l'entrée de Lothaire, qui a juré de "le poursuivre jusqu'à la mort", dans ses territoires du nord. Il regroupe aussitôt une armée et se lance à sa rencontre. Les deux armées se retrouvent face à face près d'Orléans, en plein hiver, mauvaise époque pour la bagarre. Avant de se battre on discute, et finalement on arrive à s'entendre sur une trêve. On prévoit une réunion de tous les frères pour début mai à Attigny, dans les Ardennes. En attendant, Charles parcourt son royaume pour le pacifier et faire reconnaître son autorité par les comtes. Il arrive à Attigny où seul Louis le rejoint. En attendant Lothaire qui ne vient pas, ils discutent le coup, deviennent copains et joignent leurs armées pour chercher Lothaire qu'ils finissent par trouver vers Auxerre. Pendant trois jours, on discute, parlemente, on se fait des promesses sur lesquelles on revient le lendemain, chacun essaye d'embobiner l'autre. Finalement Charles et Louis offrent de laisser à Lothaire un morceau des royaumes qu'ils réclament, proposent ensuite de partager l'empire en trois parts égales, et de laisser Lothaire choisir le premier. En fait Lothaire qui se sent un peu seul occupe ses deux frères en attendant l'arrivée de Pépin (le neveu). Dès que Pépin arrive, Lothaire se joint à lui et attaque. La bataille fait rage toute la journée. Lothaire et Pépin subissent une cuisante défaite, on parle de milliers de morts. Nithard écrit: "Les morts furent si nombreux de part et d'autre qu'on ne se souvint pas d'avoir vu jamais pareil carnage dans le peuple franc." Lothaire est vaincu, l'empire est définitivement brisé. L'année suivante, Louis est attaqué en plein hiver par le redoutable Ottokar (ne rigole pas, c'est son vrai nom), chef de l'armée de Lothaire. Charles court à sa rescousse et Ottokar est de nouveau battu. Les deux alliés se retrouvent à Strasbourg pour fêter la victoire, et proclament leur alliance sacrée devant leurs troupes, chacun dans la langue de son royaume, Charles en Francique (futur Français) et Louis en Roman (futur Allemand). On considère ce Serment de Strasbourg (842) comme "l'acte de naissance" de la langue française. En 843, après de longues discussions, brouilles et réconciliations, les trois frères se retrouvent à Verdun et partagent l'Empire. Charles reçoit les territoires à l'ouest de la Saône. Lothaire ceux situés à l'est du Rhin. Entre les deux, Louis obtient une longue bande étroite allant de la Hollande à l'Italie. De cette mise en pièces de l'empire de Charlemagne naissent deux grands états, la France et l'Allemagne (celui-ci ne va pas durer longtemps), et un territoire central qui va être l'objet de luttes pendant des siècles. Charles a donc son royaume. Reste à en devenir le roi: il faut le défendre contre les pillards vikings au nord, contre Pépin et ses rebelles aquitains au sud, et contre les comtes à l'intérieur. Patiemment il rétablit l'ordre et la paix. En 848 il est sacré roi à Orléans, qui devient sa capitale. Peu après il fait prisonnier Pépin, et fait de l'Aquitaine un royaume qu'il donne à son fils, espérant ainsi satisfaire les désirs d'indépendance du peuple d'Aquitaine. Il tente de s'imposer aux Bretons mais il est battu. Les raids des marins normands, une tribu viking, remontent les rivières et dévastent le pays alentour. Le reste de son règne, Charles va le passer à guerroyer ainsi, contre les révoltes en Aquitaine, contre les pillards normands, mais aussi contre les fils de ses frères à qui il tente, sans grand succès, de voler de petits bouts de royaume. Il faut bien dire un mot de ces fameux Vikings, hommes du nord sauvages et païens, voyageant sur leurs drakkars, ces grandes barques à l'étrave relevée, qu'ils manoeuvrent fort bien à l'aide d'une grande voile rectangulaire et de dizaines de rames. Ce sont des géants, barraqués et costauds, qui se servent de crânes humains pour boire de l'hydromel (un alcool de miel fermenté) et de la bière. Il y aurait tout un chapitre à écrire rien que sur ces fiers gaillards, et les aventures fantastiques d'Eric le Rouge et de sa famille, qui conquirent l'Islande, le Groënland et découvrirent, 5OO ans avant Christophe Colomb, l'Amérique. Ils l'appellèrent Vinland parce que, miracle pour ce peuple d'assoiffés, ils y trouvèrent de la vigne sauvage (et aussi des hommes rouges effrayants). Pour l'instant, contentons-nous de savoir que les Vikings vont devenir la plaie des estuaires (lieu où un fleuve se jette dans la mer) de toute l'Europe, remontant tour à tour la Tamise, l'Escault, la Seine, la Loire, la Gironde et même le Tage, pillant tout sur leur passage. Une de leurs tribus, les Normands, va même tellement aimer cette petite vallée de la Seine qu'elle la pille à plusieurs reprises et qu'elle finira par s'y installer complètement, d'où le nom de Normandie qu'on donne aujourd'hui à la région. Charles quant à lui a pas mal de succès contre ses frères et contre ses neveux. Il les bat les uns après les autres, réussissant même à reprendre l'Italie au fils de Lothaire et à se faire sacrer empereur en 875, par le pape qu'il défend contre les Arabes. Hélas, son propre fils se révolte contre lui et c'est en franchissant les Alpes pour rentrer le corriger qu'il meurt de dysenterie, en 877, à Avrieux dans les Alpes. VOIR AUSSI : LE SIEGE DE PARIS LOUIS LE BEGUE (877-879) Comme tu vois, celui-là ne va pas faire long feu. Il a 31 ans. Il n'a aucun prestige, il est faible, maladif, il bégaie, il n'a pas cessé depuis des années de se révolter contre son père : personne n'en veut comme empereur. Il réussit cependant à se faire sacrer roi de France, mais meurt 2 ans plus tard. LOUIS III (879-882) Encore un qui ne dure pas longtemps. Il a 16 ans, son frère Carloman 13 ans. Ils ne peuvent rien faire contre les comtes qui partout prennent leurs aises et leur indépendance. Ils se proclament ensemble rois de France et se partagent le royaume, mais Louis perd la Bourgogne, puis la Provence, puis la vie. CARLOMAN (879-884) Le défilé continue. Resté seul roi de France à la mort de son frère, Carloman, qui avait hérité de l'Aquitaine, se retrouve aux prises avec un royaume qui éclate de tous les côtés. Il n'a d'ailleurs pas le temps de faire grand-chose, car il meurt 2 ans plus tard d'un accident de chasse, sans enfant pour lui succéder. CHARLES LE GROS (884-888) Carloman a bien un demi-frère, le futur Charles le Simple, mais il n'a que 5 ans et les grands du royaume n'en veulent pas. Ils nomment donc roi de France le fils de Louis le Germanique dont on a parlé plus haut, Charles le Gros, qui a 45 ans et est déjà, depuis la mort de son père et de son oncle Lothaire, empereur en titre et roi de toute l'Alémanie et d'Italie. Il règne donc sur à peu près le même empire que Charlemagne. Mais l'empire n'est plus qu'un ramassis de petits comtés et de royaumes divisés, et Charles n'a ni la force ni la personnalité qu'il faudrait pour recoller les morceaux. Il est obèse et épileptique (sujet à des crises de perte de connaissance très impressionnantes, surtout pour l'époque où l'on croit le malade "possédé du diable"), il est faible, lâche mais fourbe, violent et cruel. Il s'est révélé incapable d'affirmer son autorité sur l'Allemagne et l'Italie. Surtout il se déconsidère totalement aux yeux du peuple et des grands en 886, lors du siège de Paris. La ville est une fois de plus attaquée par les Normands, mais vaillamment défendue par ses habitants, conduits par le comte Eudes, qui tiennent le coup pendant un an et demi en attendant l'arrivée de leur empereur. Charles hésite, met des mois pour arriver, et au lieu de livrer bataille préfère négocier avec l'ennemi. Les Normands obtiennent 7OO livres d'argent et le droit d'aller piller la Bourgogne. C'est une telle honte pour Charles qu'il juge prudent de quitter la France. Il n'est pas mieux reçu en Allemagne, où ses sujets le forcent finalement à abdiquer, et où il meurt quelques mois plus tard. Les grands de Francie choisissent pour lui succéder le vaillant défenseur de Paris, le comte Eudes. EUDES (888-898) Eudes n'est pas un descendant de Charlemagne, c'est le fils d'un duc de Charles le Chauve nommé Robert le Fort, qui avait lui aussi combattu avec succès les Normands. Mais comme nous n'en avons pas tout à fait fini avec les Carolingiens, on continue à considérer Eudes, et son frère Robert Premier qui règnera aussi, comme faisant partie de la dynastie carolingienne. Eudes est comte de Paris et règne sur la Neustrie. Mais il a des adversaires, les partisans de Charles le Simple, dernier fils de Louis le Bègue, contre qui il doit faire la guerre. Comme s'il n'avait pas déjà assez de boulot avec ces satanés Normands ! Il se bat sur tous les fronts comme un beau diable. Ces années de guerre incessante finissent par l'épuiser, mais avant de mourir il fait promettre à ses vassaux de reconnaître comme roi Charles le Simple. CHARLES LE SIMPLE (898-922) Celui-ci est un vrai Carolingien, d'ailleurs proclamé roi par ses partisans dès 893. C'est le dernier fils de Louis le Bègue. Son nom ne vient pas de simplet, mais du latin simplex qui veut dire loyal, sans fausseté. En d'autres temps, il eût été un grand roi. Mais l'époque est aux troubles, et il se fixe avant tout comme objectif d'arrêter les Normands qui ravagent les bords de tous les fleuves et de toutes les rivières. Il finit par les vaincre près de Chartres, et s'efforce ensuite de les calmer. Pour cela, il signe en 911 avec leur chef Rollon un traité par lequel il leur donne la vallée de Seine, qui devient le duché de Normandie, et marie sa fille Gisèle avec Rollon. Une fois de plus la France a avalé ses envahisseurs lorsqu'elle ne pouvait en venir à bout, et on a donné une fille en mariage pour faire la paix (un proverbe arabe dit: "baise la main que tu ne peux couper"). Charles doit maintenant s'occuper de l'Alémanie, dont il revendique le trône en tant que dernier Carolingien vivant. Les comtes germains ne l'entendent pas de cette oreille, et c'est reparti pour une guerre ! Pendant qu'il remporte des victoires à l'est, les grands de Neustrie se révoltent. Il revient, mais tombe dans un piège et est fait prisonnier. Il mourra en prison sept ans plus tard, en 929. Une belle occasion manquée ! RAOUL DE BOURGOGNE (923-936) Après un intermède de quelques mois pendant lesquels règne le frère d'Eudes Robert Premier, c'est le gendre de celui-ci (le mari de sa fille) qui prend le pouvoir. Il est duc de Bourgogne, une province très riche. C'est un grand gaillard, pas très cultivé ni très intelligent (on est loin des espoirs de Charlemagne), mais bon chef de guerre. Il n'a pourtant pas de chance avec les Normands qui le battent en 924, lui arrachant une paix tout à leur avantage (la Normandie s'agrandit). Il réussit mieux à refouler les Hongrois, des barbares du genre Avar qui déboulent de l'est par la Suisse. Il perd la Lorraine que lui pique le roi de Germanie (un des bouts qui restent de l'Alémanie éclatée). Bref, ça ne marche pas fort pour le pauvre Raoul, jusqu'en 93O où il réussit à écraser les Normands, ce qui lui vaut de recevoir l'hommage des comtes de Toulouse, de Rouergue et d'Auvergne, c'est à dire de l'Aquitaine qui elle aussi, depuis le temps, a éclaté en petits morceaux. Il meurt subitement, sans descendant, en 936. LOUIS IV D'OUTREMER (936-954) Sous l'influence de Hughes le Grand, duc de France et fils de Robert Premier, on rappelle le dernier Carolingien qui reste, le fils de Charles le Simple, un jeune garçon de 15 ans que sa mère a préféré embarquer en Angleterre pour lui éviter les histoires (d'où ce surnom). Il est jeune, mais c'est le digne fils de son père, intelligent et droit. Il comprend très vite que si les grands l'ont nommé roi, c'est parce qu'il est jeune et qu'ils espèrent pouvoir gouverner à sa place. Il s'efforce donc de restaurer l'autorité royale. Malheureusement, le fruit est déjà sérieusement pourri et le déclin a commencé il y a longtemps. Dès Louis le Pieux et son mariage stupide avec sa Miss Europe, les comtes ont commencé à grignoter le pouvoir royal. Plus de cent ans de guerres civiles n'ont pas arrangé les choses, au contraire. Le pouvoir du roi est en miettes, il ne s'étend guère au delà de ses propres terres autour de Laon, sa capitale. Les comtes font ce qu'ils veulent, s'ils se déclarent encore vassaux du roi c'est avant tout pour sauvegarder leur propre autorité auprès de leurs vassaux à eux. Le royaume est tellement divisé que rien n'est fait contre les invasions de Hongrois venus de l'est qui, tels les Huns de la fin de l'empire romain, ravagent le pays. La seule réussite de Louis IV sera de maintenir dans le royaume la Normandie et l'Aquitaine. Il meurt à 33 ans d'une chute de cheval. LOTHAIRE (954-986) Hughes le Grand, plus influent que jamais, fait nommer roi le fils de Louis IV qui n'a que 13 ans, Lothaire, en espérant bien gouverner à sa place. Il exige d'ailleurs l'Aquitaine et la Bourgogne. Mais Lothaire n'est pas bête, et surtout sa mère a de grands liens avec Otton, l'empereur du saint empire. Celui-ci les aide à rabattre son caquet à Hughes le Grand. Au bout de quelques années, Lothaire essaye de se dégager de l'influence d'Otton, qui du coup lui déclare la guerre et arrive presque jusqu'à Paris. Pour le calmer, Lothaire épouse une princesse allemande. Il se rend compte aussi qu'avec Eudes, Robert et Raoul, les grands du royaume se sont mis à croire qu'après tout un roi pouvait être élu. Dès que son fils a 5 ans, il l'associe au trône et le fait même couronner le jour de ses 11 ans. Les choses s'arrangent un peu, mais Lothaire meurt de maladie en 986, trop tôt pour avoir eu le temps de faire vraiment un bon boulot. LOUIS V LE FAINEANT (986-987) Il a 2O ans, mais depuis le temps qu'il gouverne avec son père, il a déjà du métier. Surnom trompeur: il démarre sur les chapeaux de roue, avec un grand procès où il condamne pour trahison quelques comtes et évèques vendus aux Allemands. Hélas, le dernier jour du procès, il meurt d'une chute de cheval. Il n'a pas d'enfant. C'est la fin de la dynastie carolingienne, qui a duré 236 ans.
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