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A l’inverse de  l’Occident, piégé par le péché originel et la séparation du corps et de l’esprit, l’Orient s’est toujours intéressé aux délices sexuels comme voie d’évolution. La médecine traditionnelle chinoise en a même fait une recette de longévité : durer pour perdurer

La philosophie

Selon la tradition chinoise, l’énergie sexuelle fait partie d’un capital d’énergie vitale transmis par les parents, beaucoup plus facile à dilapider qu’à reconstituer. Il convient donc de gérer ce capital au mieux, et même avec parcimonie. Voilà pourquoi la Chine, selon Yves Réquéna, acupuncteur et professeur de Qi Gong dans la région lyonnaise, « a développé des pratiques de maîtrise de la sexualité d’une grande sophistication, enseignées par les médecins depuis l’Antiquité. On les appelle ‘‘nourrir le principe vital dans la chambre à coucher’’. Techniques de prévention contre le vieillissement, elles visent à préserver la vigueur, la vitalité et la bonne santé. »

Ces pratiques passent principalement par la maîtrise de l’orgasme et la rétention de l’éjaculation. Se retenir ne sert pas seulement à prolonger la vie en évitant la perte d’énergie sexuelle, mais aussi à augmenter le plaisir, notamment de la partenaire, qui retiendra son orgasme pour les mêmes raisons. Rien à voir, donc, avec l’interruption de l’acte avant conclusion, le coïtus interruptus et autres frustrations. Au contraire ! Car au passage, les Chinois de l’Antiquité se sont rendu compte que retarder l’orgasme éjaculatoire - et mieux encore, ne pas conclure par lui – menait à un autre plaisir, plus subtil, qu’ils ont nommé la « lumière de l’esprit ». Et cet état procure, lui, une régénération de l’énergie sexuelle, et donc de l’énergie de vie. « Tous les pratiquants vous diront comme moi que retenir son éjaculation ou  finir l’acte sans conclure apporte un excédent de vitalité dans les jours qui suivent », témoigne Yves Réquéna. « Nous le ressentons clairement dans nos vie. Et nos partenaires aussi ! »

Cet éveil des canaux énergétiques subtils demande une grande délicatesse, loin de la gymnastique ou de la performance. « Délicatessex » est d’ailleurs le titre du dernier livre d’Yves Réquéna, écrit avec Marie Borrel, journaliste et auteur de nombreux ouvrages de développement personnel. Pour elle, c’est l’essentiel : « Délicatesse et respect de l’autre font partie de la tradition chinoise, pas toujours de la nôtre, regrette-t-elle. C’est grâce à la délicatesse qu’on se détache du culte de la performance et de l’obligation de l’orgasme, grands travers de la sexualité consommatrice occidentale. Echapper à cette obligation fut pour moi une grande avancée, qui m’a permis d’entrer dans le partage sensoriel en restant dans l’ici et maintenant, dans une satisfaction des sens, du cœur et de l’esprit. »

La pratique

Stimuler la libido constitue un premier objectif. Acupuncture et moxas (bâtonnets chauffants placés en certains points) serviront pour les faiblesses chroniques; massages, huiles essentielles et exercices de qigong pour les pannes occasionnelles et chaque déséquilibre de la libido.

Mais les pratiques énergétiques chinoises s’appliquent également à l’acte lui-même. Leur but commun est la rétention de l’orgasme, mais l’entraînement préalable, les massages et les positions pendant l’acte diffèreront en fonction de l’âge, de la vigueur, de l’état de santé et de la personnalité de chacun. Ces techniques de maîtrise furent longtemps réservées aux taoïstes initiés. Destinées à éveiller la conscience du corps énergétique, elles font appel à des pratiques et à des exercices, notamment respiratoires, qui demandent apprentissage et persévérance. On se concentrera particulièrement sur le « canal central », ligne droite joignant le périnée (situé entre l’anus et les organes génitaux) et le sommet du crâne. Sans oublier, pendant l’amour, de pratiquer une respiration profonde pour se relaxer, ainsi que des mouvements du bassin et du périnée, préalablement musclés afin de permettre la maîtrise du plaisir.  Le mouvement le plus célèbre est dit « neuvaine » et consiste - comme l’expliquait sa préceptrice Sou-nu à l’empereur Houang-ti il y a trois mille ans - « à porter neuf coups en surface suivis d’un coup profond, chaque coup devant être coordonné avec la respiration. »(1)

 (1) Le Tao de l’art d’aimer, Jolan Chang (Pocket, 2005)

Exercice de Qi Gong pour fortifier l’énergie sexuelle

Debout, genoux légèrement fléchis, pieds écartés de la largeur des épaules, mains aux hanches, avancer puis reculer le bassin cinquante fois, en respirant profondément. Ensuite , tracer des cercles avec le bassin, vingt-cinq fois dans chaque sens, sans trop bouger les épaules et la tête. Faire deux ou trois séries, deux ou trois fois par jour.  (Proposé par Yves Réquéna et Marie Borrel) 

A LIRE

Délicatessex, d’Yves Réquéna et Marie Borrel. Test de profil, exercices de qigong, massages, plantes, conseils, explications des principes… ce manuel d’énergétique sexuelle chinoise couvre tout, sans oublier l’émotion et la spiritualité de l’amour. Un must ! (Trédaniel, 2007)

VOIR AUSSI
« La féminité est une réceptivité active », Danièle Flaumenbaum, gynécologue et acupunctrice, auteure de "Femme désirée, femme désirante", éditions Payot, 2006

« L’homme doit cultiver la présence », Jacques Ferber, professeur à l’université de Montpellier, auteur de L'amant tantriqque", éditions Le Souffle d'Or, 2007

                                                                                     Un article pour Psychologies Magazine

 

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