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| Un bon livre ? "Comment trouver l'amour de votre vie grâce à la règle des 3 C" par Martine Castello, éditions Le Temps Présent.
Marginal news n°417 - 30 décembre 2010
Dans la nouvelle Lucerne, du cycle des Carnets du prince Nekhlioudov, Tolstoï raconte une scène de rue que le prince résume ainsi, avant d'en tirer un terrible questionnement : "Le 7 juillet l857, à Lucerne, devant l’hôtel appelé le Schweitzerhof, un pauvre musicien ambulant a joué de la.guitare et chanté pendant une demi-heure. Près de cent personnes l’écoutaient. A trois reprises, il a supplié ces personnes de lui donner quelque chose. Pas une seule ne lui a donné et beaucoup se sont moquées de lui. (...)
Se peut-il que le développement de la communauté fondée sur la raison et l’égoïsme, que l’on appelle la civilisation, anéantisse et contredise les besoins de la communauté fondée sur l’instinct et l’amour ?" Léon Tolstoï, Lucerne, in La Tempête de Neige et autres nouvelles, 10/18.
Sur cette question essentielle, nous souhaitons de Bonnes Fêtes à tout le monde, et à bientôt (inc'h allah) !
Marginal news n°416 - 27 décembre 2010
Revenons à Christopher Lasch, dont la lecture permet de mesurer combien le débat sur le rôle des humains dans l'économie, ou sur les avantages respectifs du capitalisme et du socialisme, était plus riche au début du siècle dernier qu'aujourd'hui.
Ainsi de sa présentation de la pensée du français Georges Sorel, dont il écrit : "Il souhaitait une organisation sociale où les ouvriers gouvernent eux-mêmes l'industrie, et pas une organisation où une classe directoriale oppresserait toujours les travailleurs, qu'elle doive son influence aux capitaliste ou à l'Etat. Les mouvements révolutionnaires cherchaient avant tout, selon Sorel, à rendre les ouvriers indépendants, courageux, et ingénieux, au lieu de quoi les socialistes exploiteraient leur faiblesse, encourageant des attentes extravagantes qu'ils ne seraient jamais en mesure de satisfaire." (Le seul et vrai paradis, 1991, Flammarion, 2006, p. 372) N'est-ce pas deviner avant l'heure (Sorel écrit vers 1900) l'essoufflement actuel de la social-démocratie, incpapable désormais de satisfaire les désirs de consommation et de protection de sa "clientèle" électorale? N'est-ce pas surtout pointer du doigt le véritable problème que posent la division du travail - fruit de la machine et de la pensée technique - et le salariat ? La différence entre le salarié et l'esclave tient-elle au seul fait que le premier touche de l'argent alors que le second n'était que logé et nourri, ou repose-t-elle sur la maîtrise que devrait avoir tout être libre sur son travail ? Que reste-t-il de cette maîtrise au salarié soumis à la pression du marché ?
Marginal news n°415 - 26 décembre 2010
Cédons à l'humeur festive du moment
(difficile quand on lit Philippe Muray et son homo festivus !), et considérons l'avenir que les technophiles en tout genre espèrent et dessinent : des sources d'énergie inépuisable (telle la fusion froide), et de curieux bâtiments en spirale, curieuse déclinaison de l'entassement individualiste. Autant de cadeaux pour les fêtes ?
Marginal news n°414 - 24 décembre 2010
Joyeux Noël, ah ah !
Sans aucun rapport (encore que, ne parle-t-on pas du Père Noël ?): cet article montrant combien les structures de notre société sont faites pour les hommes, un fort taux de testostérone étant le garant du succès dans presque tous les secteurs importants.
Les valeurs "féminines" ne joueront pas leur rôle sans changement des structures - l'alternative serait un changement de la nature de l'homme, via sa "dé-testostéronisation", peut-être en cours si l'on en croit, par exemple, ces études sur les effets des pesticides.
Marginal news n°413 - 22 décembre 2010
Continuons avec Christopher Lasch, avec cette citation à propos du populisme, mot péjoratif largement employé aujourd'hui pour discréditer quiconque s'élève contre la marche inexorable du sacro-saint "progrès", c'est-à-dire contre la marche des choses comme elles vont (croissance des inégalités, diminution des pouvoirs publics, etc...), et dont la propagande nous affirme depuis 20 ans qu'elles ne pourraient aller autrement. « Le Populisme du XIXè siècle revêtait une signification suffisamment spécifique : une posture de producteur ; une défense des métiers menacés (incluant le métier de fermier) ; une opposition à la nouvelle classe de créanciers publics et à la machinerie globale de la finance moderne ; une opposition au travail salarié. Les Populistes héritaient de traditions politiques anciennes, libérales aussi bien que républicaines, du principe suivant lequel la possession de la propriété et l’indépendance personnelle qu’elle confère sont les conditions préalables absolument essentielles de la citoyenneté. (…) La plupart de la population – dont, hélas, un grand nombre de membres des « classes de producteurs » - « adhère à l’idée que le travail salarié fonctionne comme un incubateur temporaire », affirmait Fink, « qui prépare les jeunes hommes durs à la tâche aux qualités nécessaires pour atteindre un statut indépendant ». Ceux qui pouvaient à juste titre être appelés des Populistes, au contraire, ne se voilaient pas la face et décidaient que la substance de la propriété ne pouvait être restaurée qu’à travers l’organisation de coopératives de fermiers et d’artisans. »
Christopher Lasch, Le Seul et Vrai Paradis, (1991), Flammarion 2006, p. 265
Marginal news n°412 - 20 décembre 2010
Connaissez-vous Christopher Lasch ? Cet historien américain a comme argument en sa faveur, à nos yeux, d'avoir une vision de la société qui ne plait ni à la droite ni à la gauche mais n'en est pas moins radicale. Sa critique de notre civilisation et de sa soi-disant démocratie, bien que datant d'avant l'internet, est également fort instructive. Il fut connu surtout pour avoir dénoncé notre époque comme celle du narcissisme triomphant (façon de parler, vu ses conséquences dramatiques, y compris sur le plan psychologique). Mais il s'est également livré à une
critique acerbe de l'idéologie du progrès qui l'a poussé, vers la fin de sa vie (il est mort en 1994) à renouer avec une tradition méconnue de la politique américaine, un "populisme" que nos intellos patentés devraient tenter de comprendre avant de le caricaturer pour le rejeter sans autre forme de procès. Un texte où il traite des lien entre consumérisme, narcissime et culture de masse, disponible en français ici, offre une vue assez complète de sa pensée. En vidéo et en anglais, c'est ici. Des bases pour réfléchir, et comprendre que la "crise" n'est pas qu'économique.
Marginal news n°411 - 19 décembre 2010
Si fallait citer la nouvelle de la semaine, nous pencherions pour le propos de Roland Dumas - même si le personnage ne nous plaît guère - disant à la télévision (Ce soir ou jamais, Fr3) qu'il ne croit pas à la version officielle du 9/11. Enfin, il y en a un qui lâche le morceau, parmi les Importants qui ont le droit de parler ! Mais le couvercle tient bien : toujours prête à bondir sur la moindre déclaration, la presse-pravda donne l'impression que celle-ci ne compte pas. Autre chose ? Cette carte de la distribution des réseaux sociaux type facebook dans le monde. Curieux, comme elle semble dessiner de nouveaux blocs stratégiques, une nouvelle géopolitique !
Marginal news n°410 - 18 décembre 2010
On voudrait bien passer à autre chose, mais voici que tombe, grâce à une disposition de la loi qui oblige la Réserve fédérale américaine à une certaine transparence, la nouvelle des dimensions véritables des cadeaux octroyés aux banques américaines, qui distribuent en cette fin d'année de faramineux bonus. Extrait d'un article qui en fait état en français : "Selon The Nation, "le document confirme que les 700 milliards de dollars du département du Trésor consacrés au sauvetage des banques... et votés dans une loi sous l'ère du président George W. Bush en 2008, n'étaient en fait qu'un petit acompte d'un ‘sauvetage déguisé' secret qui a vu la Fed fournir environ 3 300 milliards de dollars en disponibilités de trésorerie et plus de 9 000 milliards de dollars en prêts à court terme et autres arrangements financiers"."
Marginal news n°409 - 17 décembre 2010
Poursuivant notre modeste enquête, nous tombons sur un autre fromage : l'argent européen. Même "alternative", la presse française préfère se centrer sur les petites histoires de personnes, comme le montre cet article de rue89 à propos de la très opaque nomination des responsables de l'Olaf (office européen de lutte anti-fraude). Il faut alors passer à l'anglais, évidemment ! Un site s'est même spécialisé dans la recherche de ce seul sujet : où va tout ce fric ? On connaissait les avantages mirobolants dont disposent les "fonctionnaires" européens (salaires, indemmnités, lycées de luxe, etc.). Mais l'ampleur des fraudes et corruptions diverses est, elle aussi, énorme : on parle de 700 millions d'euros qui s'évanouiraient chaque année ("affectés par des erreurs matérielles", dit la commission d'audit annuelle !).
Il faut bien tirer leçon de tout ça. Se demander, par exemple, si tant de cynisme de la part des élites - à partir du moment où elles savent ne plus avoir à rendre des comptes ou à suivre la loi, qu'elles peuvenr enfreindre sans risquer gros - ne conduit pas, à terme, à l'apparition de dictateurs soutenus par le peuple au seul motif qu'ils vont enfin "faire le ménage". Nous pensons par exemple au sentiment qui a accompagné, en 1940, l'arrivée de Pétain, dont on sait combien elle fut facilitée par l'ambiance délétère des années 30, même si les pouvoirs qui ont suivi ont préféré nous faire croire (devinez pourquoi ?) que le "traumatisme de la défaite" expliquait l'engouement dont il a joui.
Marginal news n°408 - 16 décembre 2010
Il faut de temps en temps mettre les points sur les i. La corruption dont nous accusons souvent ici nos élites n'est pas qu'intellectuelle, et elle dépasse largement le petit cercle de ceux qui apparaissent, à la faveur de scandales, à la une des médias-pravda - comme il convient désormais d'appeler radios, télévisions et grands titres de la presse. Il suffit de quelques minutes de recherche pour tomber sur d'autres noms moins connus, ou sur les mêmes mais pour d'autres "affaires", et entrevoir qu'un large éventail de personnalités, sans ou avec relations directes entre elles, s'occupent activement à contourner la loi pour leur plus grand bonheur et celui de leurs amis. Ce n'est pas une conspiration mais une convergence d'intérêts. Ainsi du mari de Mme Lagarde, ou de tel député UMP, ou encore de cet universitaire servant souvent d'expert économiste dans les médias-pravda. Tous pourris, peut-être pas, mais ça commence à faire beaucoup... et il n'est pas certain qu'il en ait été ainsi depuis toujours et partout. Car la question se pose de savoir si la courbe de la corruption au sommet (nous ne parlons pas de la petite corruption administrative connue dans certains pays, différente dans ses processus et impacts) n'évolue pas au rythme des crises économiques. Quant à la collusion d'intérêts, elle explique aussi pourquoi la majorité des peuples s'est laissé convaincre que la dérégulation financière des années 90 augmenterait son bien être. En témoigne cet article expliquant par ailleurs la crise de façon simple mais documentée (ce qui permet d'avoir un aperçu des différentes thèses) : "Quant aux rapports de domination internes à la discipline [l'économie], ils restent marqués par un lourd déséquilibre institutionnel et par des phénomènes de verrouillage efficace des recrutements et des carrières académiques
mais aussi des relations avec les médias et le champ politico-économique
par les réseaux et lobbies du courant dominant, qui jouent sur la congruence de leurs conceptions du monde et de celles des milieux d’affaires.." N'est-ce pas vrai, aujourd'hui, d'un peu tous les secteurs ?
Marginal news n°407 - 15 décembre 2010
On pourrait rebondir sur nos propos d'hier en signalant cet article de Dedefensa, où est décrite l'alliance étrange en train de se former, aux USA, entre certains démocrates de gauche et le répuplicain Ron Paul. Réciproquement, on pourrait aussi appliquer à la France le constat que fait une sociologue états-unienne de l'affaiblissement des considérations et convictions politiques chez ses concitoyens. Après avoir étudié trois groupes d'Etats-Uniens moyens (des amateurs de danse country, des bénévoles (lutte antidrogue, soutien scolaire), et les membres d'une association de protection de l'environnement), elle analyse leur défiance envers tout discours politique dans un livre dont un article de la Vie des Idées fait une présentation exhaustive. Extraits de sa conclusion : "Chez les amateurs de country, parler sérieusement, c’est chercher à se mettre en valeur et monter sur ses grands chevaux. Chez les bénévoles, envisager la face politique et publique des problèmes, c’est se plaindre, perdre son temps et démoraliser les troupes, au lieu de mobiliser les énergies de manière concrète et constructive. Chez les militants, convoquer des raisonnements sur les fins de la collectivité politique, c’est risquer de verser dans le radicalisme. À chaque fois, ce qui s’élabore au travers des interactions, c’est une culture de l’incompétence et de l’illégitimité du citoyen à s’avancer, en tant que citoyen concerné, sur les scènes où pourraient se discuter le bien commun et les questions relatives à la « grande société ». La réduction de l’esprit de débat à de la vaine polémique s’avère une forme particulièrement pernicieuse de menace pour la démocratie : elle siphonne la capacité d’agir des personnes en les encourageant à cultiver l’auto-censure, la distance, le cynisme, et un « réalisme » qui les détourne de la responsabilité du monde et de la capacité d’action politique."
On comprend pourquoi les politiciens aiment tant la "société civile" !
Marginal news n°406 - 14 décembre 2010
Nous disions il y a quelques jours (voir plus bas, 10 décembre) notre conviction que "l'avenir de la France et de l'Europe est à la crispation nationaliste". Cela mérite explication. Il y a d'abord des réalités tangibles : la structuration des pouvoirs en Europe est telle que les gouvernements nationaux n'ont conservé que celui de coercition, dont il devront user pour lutter contre le désordre engendré par l'appauvrissement de la classe moyenne. Il leur faudra jouer, pour faire passer la pilule, de la fibre nationaliste. Ils rencontreront alors des forces sociales qui ne forment encore qu'une vaste nébuleuse où l'on voit se dessiner des alliances imprévues, entre ex-gauchistes et islamophobes par exemple, comme le montre cet article sur Bakchich.
Marginal news n°405 - 13 décembre 2010
Puisque nous parlions hier du cerveau, restons-y. Pour ceux qui ne comprennent rien à ces histoires d'imagerie cérébrale, cette petite vidéo offre une première approche. Quant à nous, nous mettons en ligne un petit récapitulatif de divers articles que nous avons écrits sur le sujet : le cerveau dans tous ses états !
Marginal news n°404 - 12 décembre 2010
Le changement de conscience que nécessite l'époque passera par une amélioration de la connaissance de notre fonctionnement cérébral et une prise en compte de ses implications - sinon, cette connaissance servira à nous asservir et exploiter plus encore. Une étude (en anglais) menée notamment à l'université Duke (USA) montre que, pour ce qui est de la vision, ce fonctionnement ne s'effectue pas "bottom up" (de la perception à l'interprétation) mais "top down" (à partir de "préjugés"). Extrait de l'article du blog Automates Intelligents qui l'explique en français : "Les neurones de chaque couche élaborent des prédictions relatives à ce que devraient être les images perçues par la couche immédiatement inférieure. Les prédictions sont comparées avec les données entrantes dans les couches inférieures, de façon à éliminer les erreurs de perception ou de prédiction de ces couches. Finalement, une fois éliminées toutes les erreurs de prédiction, le cortex visuel ne conserve que l’interprétation la plus certaine de l’objet perçu, à partir de quoi le sujet voit effectivement cet objet. Le total de l’opération s’exécute de façon inconsciente en quelques millisecondes." Nos pensées créent le monde !
Marginal news n°403 - 11 décembre 2010
"Les grands journalistes français sont souvent issus des mêmes écoles élitistes que de nombreux chefs de gouvernement. Ces journalistes considèrent que leur premier devoir n’est pas nécessairement de surveiller le pouvoir en place. Nombre d’entre eux se considèrent plutôt comme des intellectuels préférant analyser les événements et influencer les lecteurs plutôt que reporter des faits."Ce n'est pas nous qui le disons, mais l'ambassade américaine, citée par Wikileaks via L'Express. Il y a quelque chose de pitoyable dans les attaques désordonnées des élites contre Wikileaks : elles sont toujours à côté de la plaque. Mais qu'en sera-t-il de la réaction des banques quand (si !) les fuites promises pour janvier sortent ?
Marginal news n°402 - 10 décembre 2010
Un petit voyage vers l'Est avec cet article qui ne mange pas de pain mais qui, subrepticement, fait le portrait de l'Ukraine d'aujourd'hui.
Et puisqu'on plonge en eau profonde, ce récit d'un incident vécu lors de démarches administratives fait partie de ce qui alimente notre conviction selon laquelle l'avenir de la France et de l'Europe est à la crispation nationaliste. Elle servira d'échappatoire au ressentiment provoqué par la crise, les scandales ou le spectacle obscène offert par les élites, grâce au réveil du bon vieux sentiment raciste - alimenté par les "victimes" elles-mêmes comme l'illustre l'article. Notre seul espoir, c'est que l'accélération des événements, ainsi que les "surprises" telles que l'enlisement militaire de l'OTAN (en emporte l'Empire !), les fuites wikileaks, les catastrophes naturelles, etc., fassent exploser le cours "naturel" des choses - ce processus cyclique des crises du capitalisme qui le mène habituellement de l'euphorie boursière au crash et du crash à la guerre. De telles surprises, une nouvelle vision de la nature (au sens large du mot) - telle celle dessinée ici, mais ce n'est qu'un exemple - pourrait alors surgir.
Marginal news n°401 - 9 décembre 2010
Aujourd'hui, on se divertit. D'abord avec cette blague canadienne:
Entre Montréal et Vancouver, un homme et une femme qui ne se connaissent pas doivent partager une même unité de wagon-lit.
Bien qu'un peu gênés d'avoir à partager autant d'intimité, les deux sont fatigués et tombent bien vite endormis. Lui sur la couchette du haut; elle sur celle du bas.
Vers 1 heure du matin l'homme se penche au dessus de la couchette du bas et réveille la dame :
« Madame, Madame. Excusez-moi de vous déranger. Mais j'ai terriblement froid. Auriez-vous la gentillesse de me donner la couverture qui se trouve dans le casier ? »
« J'ai une bien meilleure idée, répond la femme. Faisons semblant que nous sommes tous deux mariés, juste pour cette nuit. Ça vous va ? »
« Wow ! Quelle idée intéressante vous avez » s'exclame l'homme. « Je suis bien d'accord ! »
« Bon ». dit-elle, « alors va la chercher toi-même et arrête de m'emmerder ! »
Ensuite, faites l'expérience proposée ici, c'est hallucinant (rotation rapide conseillée).
Mais si vous préférez du sérieux, il y en a en réserve. La preuve : cette nouvelle (en anglais, reprise ici en français) date du 8 novembre, et bien que passée inaperçue, elle n'a pas fini d'avoir des effets : "Ambac Financial, l’assureur obligataire américain, s’est inscrit sous protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites aux Etats-Unis." Haro sur les CDS ! Depuis le temps que les vrais experts nous disent que les subprimes sont de la gnognotte à côté...
Marginal news n°400 - 8 décembre 2010
Une vidéo pour quiconque a rêvé d'une cabane au Canada.
Nous avons souvent dit ici que la pire nouvelle dans l'élection de 2007 était la décision du nouveau président d'ancrer la France dans l'OTAN et donc de l'affidier aux USA. Pour fêter notre n° 400, cette citation d'Arnold Toynbee explique en partie pourquoi :
» A certains égards, le triomphe des peuples de langue anglaise peut rétrospectivement apparaître comme une bénédiction pour l'humanité; mais, en ce qui concerne le dangereux préjugé de race, on ne peut guère contester que ce triomphe ait été néfaste. Les nations de langue anglaise qui se sont établies outremer dans le Nouveau Monde n'ont pas, en général, fait office de ''bons mélangeurs''. La plupart du temps, elles ont balayé, chassé les primitifs qui les précédaient; et là où elles ont permis à une population primitive de survivre, comme en Afrique du Sud, ou bien importé du ''matériel humain'' primitif, comme en Amérique du Nord, elles ont développé les rudiments de cette institution paralysante qu'aux Indes — où elle a grandi au cours des siècles pour atteindre son plein développement — nous avons appris à déplorer sous le nom de ''castes''. (...) A cet égard, le triomphe des peuples de langue anglaise a donc soulevé pour l'humanité une ''question raciale'', ce qui n'aurait guère été le cas, tout au moins sous une forme aussi aiguë, et dans une aire aussi vaste, si les Français, par exemple, au lieu des Anglais, étaient sortis victorieux de la lutte pour la possession de l'Inde et de l'Amérique du Nord au XVIIIe siècle.
La civilisation à l'épreuve, NRF, Bibliothèque des Idées, Paris, 1951, p. 222
Marginal news n°399 - 7 décembre 2010
On dit que les Français sont des paresseux et que les Allemands s'en sortent mieux parce qu'ils sont disciplinés et travailleurs. C'est pourtant à partir de l'Allemagne (et de la Suisse !) qu'est posée la question : "Quel travail feriez-vous si votre revenu était assuré ?". Et qu'est relancée l'idée d'un revenu minimum garanti à tous, une idée déjà défendue dès 1966 par le philosophe et psychanalyste états-unien d'origine allemande Erich Fromm (Aspects psychologiques de la garantie de ressources, in De la désobéissance et autres essais, éd Robert Laffont, 1983). Un excellent article de Mona Chollet (avec Thomas Lemahieu) sur le site Périphéries fait le point sur les initiatives récentes en faveur de cette idée, avec de nombreus liens, dont cette vidéo allemande traduite en français, qui permet de mieux comprendre encore. Au passage, article et vidéo montrent l'ampleur de la révolution culturelle que l'application de cette mesure entraînerait - et répondent aux réactions immédiates qu'elle provoque (d'où viendra l'argent, plus personne ne bossera, qui fera les "sales boulots", etc.).
Il faut aussi garder en tête le propos d'Arendt, objet de notre citation du jour : "Chaque fois que la société, par le chômage, frustre le petit homme dans son fonctionnement normal et le respect de soi normal, elle le forme pour cette dernière étape dans laquelle il entreprendra volontairement n'importe quelle fonction, même celui de bourreau." (Hannah Arendt, La Culpabilité Organisée et la Responsabilité Universelle, 1945.)
Marginal news n°398 - 6 décembre 2010
Allez savoir pourquoi, ce jour nous donne envie de revenir sur le passé. Un passé lointain, avec ce portrait de deux fous précurseurs d'internet dès la fin du 19ème siècle, qui voulaient faire un recensement de toutes les connaissances de leur temps. Un passé proche, avec cet exposé qui explique rapidement les arcanes de "l'affaire karachi" - mais gageons qu'il n'en sortira rien, sur le modèle de l'affaire "yamama" en Angleterre. La citation du jour : "Peu de gens aujourd'hui mettent dans un contrat le vrai prix de la vente. Le gouvernement trompe, et qui le peut tromper est approuvé de tous. Il enseigne lui-même la fourbe, le parjure, la fraude et l'imposture. D'un empire si saint la moitié n'est fondée." (
Paul-Louis Courrier, La Gazette du village, 1823)
Marginal news n°397 - 5 décembre 2010
Les médias ayant semble-t-il décidé d'imposer Strauss-Kahn comme candidat "de gauche" à la présidence comme ils l'ont fait de S. Royal en 2006-2007 (par martelage de sondages discutables et pipolisation massive), un petit rappel des exploits du grand homme s'avère nécessaire, histoire de prendre date et de séparer vessies et lanternes.
Marginal news n°396 - 4 décembre 2010
Le seul intérêt des fuites wikileaks se trouverait-il dans les réactions démesurées qu'elles provoquent ? C'est l'avis de plusieurs articles, dont celui-ci sur Agoravox, ou sur dedefensa, ici et là (J.-P. Immarigeaon à propos de Sarkozy l'Américain). Pour nous qui n'avons fait qu'entendre les attaques de Hubert Védrine (ex-ministre des affaires étrangères) lors de l'émission "Ce soir ou jamais", c'est en effet évident : usant d'amalgames, se refusant notamment à faire une différence entre domaine privé et public (des dépêches d'ambassade n'ont rien à voir avec un dossier médical), Védrine rejoignait son "opposant" politique Baroin pour proclamer que la transparence absolue, c'est la dictature, ce qui est aussi faux que symbolique du désir des élites de rester "entre soi". Conclusion apportée par dedefensa : "Le Système s’est déchaîné, il a hurlé et continue de hurler, de fureur et, sans doute aussi, de douleur, car il a été gravement touché dans ce qu’il a de plus cher, – sa vanité, son hubris, l’affirmation schizophrénique et hystérique de sa vertu universelle. En réagissant de la sorte, il s’est mis au niveau de Wikileaks et d’Assange, ces vermisseaux insignifiants comparés à sa formidable puissance".
Quand on connaît les connivences ("l'endogamie sociale") qui règnent en France entre journalistes et politiciens (illustrées par cet article d'Acrimed à propos de l'éviction d'Audrey Pulvar), on n'est pas étonné de voir l'élite médiaticopolitique se serrer les coudes dans la dénonciation de "l'irresponsabilité" de wikileaks. Nous ne sommes pas loin de prendre le pari que les révélations promises pour début janvier par ce site (aujourd'hui déjà presque inaccessible) à propos des malversations de la Bank of America ne sortiront jamais... tout en espérant que leur sortie a été préparé avec soin.
Marginal news n°395 - 3 décembre 2010
Découverte d'une bactérie vivant d'arsenic. On pense aussitôt : "Chouette, on va peut-être pouvoir l'utiliser pour dépolluer !" Selon cet article sur Maxisciences, c'est une découverte encore plus formidable, car elle "redéfinit ce que la science considère comme les éléments de base nécessaires au développement de la vie : le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène, le phosphore et le soufre (voir notre article)."
Autre découverte : l'idée de faire payer les internautes en fonction de leur consommation en "bande passante" - autrement dit en données : peu pour des courriels, un max pour une vidéo. Bientôt fini, l'abonnement illimité ?
Marginal news n°394 - 2 décembre 2010
Nous avons toujours défendu que la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 était due à un vote massif des "vieux" en sa faveur, notamment en raison de sa promesse (assez vague et donc non complètement tenue) de supprimer les droits de succession. Quand la démocratie se réduit au clientélisme, l'électeur suit ... Un article sur Agoravox donne quelques chiffres sur ce vote, et prévoit qu'il en ira de même en 2012. Extraits : "L’électorat de plus de 60 ans représente environ 27 % du corps électoral (calcul effectué à partir des chiffres INSEE sur la population française - ) ; en outre sa propension à voter est supérieure à celle de l’électeur lambda. Dès lors on peut penser que cette frange de l’électorat représente presque 30% des suffrages exprimés.. Or il faut noter qu’au premier tour de l’élection de 2007 près de 44 % des seniors ont voté pour Nicolas Sarkozy ce qui lui garantissait plus de 13 % (44%*30%=13,2%) des voix du premier tour. Au second tour de la même élection les plus de 60 ans auraient voté à 64 % pour le candidat UMP - et à 68% pour les seuls plus de 70 ans ! - lui assurant dès lors plus de 19% des suffrages totaux. Concrètement cela veut dire que pour passer le premier tour et être élu au second lors des élections de 2012 Nicolas Sarkozy peut se permettre des performances médiocres dans les autres catégories électorales s’il est en mesure d’assurer les mêmes scores auprès des seniors."
Le vote des seniors en 2012 donnera réponse à une importante question : à mesure que les baby-boomers vieillissent, suivront-ils tous ce même parcours ?
Et pour l'exercice d'anglais, ce très instructif article dans The New Republic, illustrant chiffres à l'appui l'incroyable gabegie du Pentagone, dont le budget déjà conséquent a explosé depuis 2001.
Marginal news n°393 - 1er décembre 2010
Il est dommage qu'après avoir superbement ignoré les révélations sur les actions de l'armée française en Afghanistan (dont quelques dérapages) précédemment publiées par Wikileaks, la presse française choisisse maintenant de centrer son choix sur les messages diplomatiques américains concernant Nicolas Sarkozy, même si les éclairages qu'ils apportent le montrent sous un jour peu brillant (et très pro-américain dit Le Monde), comme ici (où il court après le chien de son fils) ou là, où l'on détourne un avion pour qu'il ne voit pas la Tour Eiffel éclairée aux couleurs de la Turquie par la Mairie de Paris. Car d'autres infos sont apportées sur la situation internationale, qui mériteraient plus de lumière. Exemples extraits du blog Le dessous des cartes : "Des messages montrent que des donateurs saoudiens restent les principaux financiers d’organisations radicales comme Al Qaeda. (...) Des agents du gouvernement chinois ont mené une opération coordonnée d’attaques informatiques visant les Etats-Unis et leurs alliés." Cette dernière info nous évoque le récent et très étrange lancement d'un missile sous-marin au large de la Californie, qui reste inexpliqué.
Marginal news n°392 - 30 novembre 2010
L'Etat et le MEDEF nous avaient vendu le statut d'autoentrepreneur comme une panacée (liberté, relance de l'emploi, etc.), et les employeurs en ont largement profité dans le secteur culturel, nous en parlons en connaissance de cause : au nom de l'existence de ce statut, il devient de plus en plus difficile d'être payé en salaire dans ce secteur. La surprise, c'est que ce statut fait aujourd'hui l'objet d'une nouvelle taxe - destinée à compenser l'abandon de la taxe professionnelle, cet autre cadeau. Autre arnaque : après avoir récemment augmenté le prix de l'électricité au nom de la dépense occasionnée par le rachat de l'électricité solaire à un tarif supérieur, voici maintenant que ce tarif-là va baisser ! C'était notre rubrique : désormais, les Etats fonctionnent contre leurs peuples.
Et pour ceux qui suivent, l'article mentionné hier est ici (mille excuses !).
Marginal news n°391 - 29 novembre 2010
Quel est le pouvoir des médias ? Le livre du sociologue Vincent Goulet, Médias et classes populaires. Les usages ordinaires des informations (INA éditions), montre que ce pouvoir est aussi fort pour influencer les comportements qu'il est faible quand il tente de réveiller les consciences. Extrait du livre, issu d'une critique sur Acrimed : « Les médias populaires d’aujourd’hui sont des médias commerciaux qui parviennent à toucher les ressorts de la sensibilité et de lecture populaire du monde mais qui n’ont pas d’autres logiques que celles du profit et de la rentabilité. Quant aux médias “engagés” qui cherchent à défendre les intérêts des classes populaires, ils sont justement peu lus par ceux dont ils s’affirment les porte-parole : la logique de la légitimité politique les conduit à adopter des mots, des représentations et des schèmes qui ne sont pas ceux de leurs lecteurs."…]
Marginal news n°390 - 26 novembre 2010
Un nième scandale en matière de santé : les dangers de certains neuroleptiques et antidépresseurs ont été cachés pendant des décennies, alors même que les laboratoires et les autorités de santé savaient qu'ils rétrécissent le cerveau ! Cela se passe en Angleterre (révélé par The Independent) mais est expliqué en français ici.
Marginal news n°389 - 25 novembre 2010
Pour une fois, un article de Libération parle des SCOP, sociétés coopératives ouvrières de production, une autre forme d'entreprise.
Marginal news n°388 - 24 novembre 2010
Pour avoir une idée de la criminalité véritable, il existe un moyen : les "enquêtes de victimation" qui interrogent les gens "directement sur les actes de violence ou les vols qu'ils ont subis et sur leur ressenti. Une démarche à l'opposé de celle qui consiste à compter les plaintes enregistrées dans les commissariats ou les actions menées par les services de police." Elles semblent pourtant en accord, selon l'article du Monde qui en fait état.
A propos de chiffres, quelques données glanées dans un article sur agoravox :
"1 milion = construire quelques maisons ordinaires
1 milliard = reconstruire une ville moyenne
20 milliards = dépenses annuelles de construction en france
4 500 milliard = valeur de toutes les maisons résidences principales de france (24 milions, surface moy 100m2 , 1700€/m2)
Marginal news n°387 - 23 novembre 2010
Pour rebondir sur la promesse-menace de réformer la fiscalité, signalons ce post de Paul Jorion, et notamment ces extraits :
"En fait, l’architecture du système fiscal trahit une étonnante absence de compréhension globale du fonctionnement de nos sociétés, de leur économie et de leur système financier. Ainsi par exemple, les revenus du capital d’une part, les gains provenant de stock options, considérés comme « gains exceptionnels » (même si « en 2007, 64 % des personnes les plus aisées, 43 % des personnes très aisées, et 25 % des personnes aisées ont perçu des revenus exceptionnels » (2), observe un rapport de l’INSEE) d’autre part, doivent être apparemment ménagés parce qu’ils sont « hors système », comme si ces gains venaient de « nulle part ».
Or quel est le contexte ? il est celui que l’on trouve décrit dans ce même rapport de l’INSEE (3) : « …une explosion des revenus touchés par les personnes à très hauts revenus… les 10 % les plus riches reçoivent un quart des revenus d’activité déclarés, près de deux tiers des revenus du patrimoine et plus de quatre cinquièmes des revenus exceptionnels. Les très hauts revenus ont un poids économique encore plus important : ils ne constituent que 1 % de la population, mais représentent 5,5 % des revenus d’activité, 32,4 % des revenus du patrimoine et 48,2 % des revenus exceptionnels déclarés ».
(2) « … le terme « les plus aisés » correspond au dernier dix-millime des personnes, soit les 0,01 % personnes aux plus hauts revenus déclarés par unité de consommation ; l’expression « très aisés » désigne les 0,09 % suivants ; enfin les « aisés » seront définis comme le reste du dernier centile de revenus, soit les 0,9 % suivants » (Solard 2010).
(3) Solard, Julie, Les très hauts revenus : des différences de plus en plus marquées entre 2004 et 2007 Les revenus et le patrimoine des ménages – Insee Références – Édition 2010"
Marginal news n°386 - 22 novembre 2010
"Freud croyait que la cause réelle du refoulement – l’élément le plus important à être refoulé étant le désir incestueux – est la peur de la castration. Pour ma part, je pense que, individuellement et socialement, la plus grande peur de l’homme est d’être totalement isolé de son prochain, la peur de l’ostracisme absolu. La peur de la mort elle-même est plus facile à supporter. La société renforce sa volonté de répression par la menace de l’ostracisme. Celui qui ne se lie à rien ni à personne est en danger de devenir fou. (La folie est, en fait, une maladie caractérisée par l’absence totale de relation avec le monde extérieur.)"
Erich Fromm, Application de la psychanalyse humaniste à la théorie de Marx (1965), in : De la désobéissance et autres essais, Robert Laffont, 1983, p. 37
En 2009, le nombre de suicides dans l'armée US a été le double du nombre de soldats US tués au combat en Irak (et égal au nombre de tués US en Afghanistan)
Marginal news n°385 - 21 novembre 2010
Les jeunes socialistes catalans ont concocté une vidéo salace sur le thème "voter est un plaisir"... dont ils ne semblent pas se rendre compte qu'elle résume parfaitement l'état et la fonction du vote dans la démocratie d'aujourd'hui : une décharge jouissive sans lendemain - comme le signale, là aussi sans le savoir, le titre de Libération : "Je vote donc je jouis".
Marginal news n°384 - 20 novembre 2010
Les femmes nous sauveront, puisque selon cette étude canadienne, leur cerveau s'active davantage, même au repos ! Autre chose : nous le disions à l'époque de l'élection : ce qui a fait élire Sarkosy en 2007 fut sa promesse de supprimer les droits de succession - un argument de poids auprès d'une population vieillissante. De même, le seul élément important de son show récent, c'est la promesse de réformer la fiscalité pour que celle-ci "porte davantage sur le patrimoine". Notons d'abord qu'il n'a pas dit "revenus du patrimoine", comme lémédia s'efforce(nt) de le suggérer, mais bien "patrimoine" tout court. Un petit détour par les chiffres permet de mesurer la différence, et de deviner qu'une fois encore, cela signifiera sans doute plus de taxes pour la classe moyenne. Notamment grâce à ceci : "L’ISF représente 6 % du total des prélèvements sur le patrimoine. Les taxes foncières comptent pour 28 % et les droits de mutation à titre gratuit et à titre onéreux pour respectivement 14 % et 15 %." La suppression de l'ISF sera-t-elle compensée par une augmentation des taxes foncières ? Nous en faisons le pari !
Mais nous faisons aussi celui de croire que la réforme de la fiscalité sera masquée par l'affaire des déficits, dont un rapport de l'assemblée nationale donne la mesure. Résumé donné ici : "La dette publique a augmenté de 30% en trois ans, soit de 20 points de PIB, elle est détenue à 70% par des non-résidents, contre 33% en 2000. D’ici 2013, les seuls intérêts dépasseront les 50 milliards d’euros annuels.La dette dépassera les 100% du PIB d’ici 2014 selon le scénario "réaliste"."
Pour finir, un petit tour d'horizon (en suivant les liens dans l'article, tel celui-ci) de la famille de notre cher président, qui vaut son pesant de cacahuètes !
Marginal news n°383 - 19 novembre 2010
Ecoutez Jean-Claude Michéa, prof de philo à Montpellier. Il se livre à une critique de la modernité émaillée d'exemples simples, qui apportera de l'eau à quiconque ressent que quelque chose ne tourne pas rond dans notre monde libéral, sans savoir comment le formuler.
Marginal news n°382 - 18 novembre 2010
Le bruit des avions au-dessus de la tête des habitants des corridors proches des aéroports provoque une augmentation conséquente du risque d'infarctus du myocarde. De 30 à 50% pour ceux qui vivent là pendant 15 ans, c'est du sérieux, non ? L'étude suisse qui l'établit l'est aussi, puisqu'elle porte sur la Cohorte Nationale Suisse, soit plus de 4 millions de personnes. Gageons que vous n'en entendrez guère parler. Les détails ici. On peut toujours se consoler (quoique !) en regardant le bilan des "50 meilleures inventions de l'année".
Marginal news n°381 - 17 novembre 2010
Signalons la naissance d'un nouveau groupe contestant la version officielle du 9/11, portant la contestaton là où celle-ci pèche avec le plus d'évidence, la destruction de la tour n°7 - celle qui n'a reçu aucun avion : Building What (en anglais). Les vidéos de l'effondrement de la tour n°7 sont en effet saisissantes, et la commission officielle note elle-même dans son rapport qu'elles indiquent un "effondrement en chute libre", sans en tirer l'évidente conséquence (ce genre d'effondrement demande des explosifs).
En France, signalons la sortie d'un pamphlet de l'équipe d'@si (arrêt sur images) : Crise au Sarkosystan, qui résume ce que tant d'entre nous crion, hélas dans le vide, à propos des collusions entre médiacrates, grands patrons et pouvoirs politiques.
Marginal news n°380 - 16 novembre 2010
De l'actualité française, notons la nomination de Juppé en ministre d'Etat à la défense, premier sur la liste derrière Fillon. Elle ne fait guère l'objet de commentaires par les médiacrates, mais un article fièrement militariste dans un journal provincial montre tout son enjeu. Un effet de "l'esprit de cour", titre du dernier livre de Villepin ? Ou une anticipation d'une prochaine étape plus guerrière de la crise ? "La crise, quelle crise ?" chantent aussi ces messieurs les jours où il leur incombe de rassurer le chaland. Mais les perspectives ne paraissent pas si brillantes. Si l'on en croit l'avis de cet expert de l'économie états-unienne, la guerre économique USA contre Reste du Monde a pris un nouveau tournant.
Marginal news n°379 - 15 novembre 2010
Réfléchissant à la dimension psychologique de la crise, on est conduit à se souvenir des affreuses mais intelligentes analyses (sous forme de décorticage "marketing" des gestes, comportements, propos...) d'un expert médiatique mort récemment, dont le nom échappe mais dont la tête est familière : Georges Chétochine. Extraits d'une interview dans la revue Management, en 2006 :
"Dans notre civilisation matérialiste,la pulsion oriente l'individu vers un objet (un produit, un service, un prix attractif...) dont il attend du plaisir. Convaincu par la publicité et les médias de son droit inaliénable à la jouissance immédiate, il ne se sent bien que lorsque rien ne vient altérer cette satisfaction. Aujourd'hui, tout se passe comme si le consommateur n'acceptait plus aucun intervalle entre l'énoncé d'un souhait et sa réalisation concrète. La moindre attente est ressentie comme insupportable. La plus petite interdiction comme une atteinte intolérable à la liberté. Les relations avec les autres sont du même acabit : un regard perçu comme un peu dur ou un geste malhabile font immédiatement naître la rancæur.La multiplication de ces contrariétés provoque un état général d'insatisfaction."
Dans votre livre <<Le Blues du consommateurn, vous dites que nous sommes entrés dans une ère d'<<économie psychique>>. Qu'entendez-vous par là ?
"J'ai emprunté cette formule au psychanalyste Charles Melman [sur celui-ci, voir ici ou ici]. Il l'utilise pour qualifier une société dont la philosophie est que chaque être humain doit trouver dans son environnement de quoi le satisfaire pleinement. Cette idée va beaucoup plus loin que la vieille notion de satisfaction du client. Dans un tel système, on cherche moins à créer un besoin ou à y répondre qu'à prendre en compte ce que ressentle consommateur. Les panneaux lumineux du périphérique parisien qui indiquent le temps nécessaire avant d'atteindre telle porte de la capitale sont un excellent exemple de cette économie nouvelle. Leur présence rend les automobilistes moins impatients. Pourtant, la circulation est toujours aussi difficile. Mais ils connaissentl e délai nécessaire pour atteindre leur destination, ce qui leur donne I'impression de moins subir. La solution pour améliorer le service qu'on leur rend n'a pas consisté à les faire circuler plus vite, mais à modifier la perception de leur situation."
L'insatisfaction comme moteur de nos psychologies, la modification des perceptions comme remède miracle : tout un programme !
Marginal news n°378 - 14 novembre 2010
Nous avons déjà mentionné l'intérêt que nous portons au dialogue entre J-P Baquiast et P. Grasset sur le site de celui-ci. Citons aujoursd'hui une contribution qui propose une harmonisation de la raison par l'intuition, comme un remède potentiel à l'affolement actuel de la première, dans la folie des grandeurs (l'hubris) née de sa puissance technique. Extrait : "Je pense que l’intuition n’introduit nullement un élément que certains adeptes de la raison, et de la raison seule, pourraient juger comme un “élément de désordre”, – même s’il s’agit d’un désordre positif. Au contraire, l’intuition apparaît, puis s’installe, puis elle propose un ordre nouveau de l’esprit, un rangement différent. Le développement de l’intuition permet d’élaborer des systèmes, des conceptions cohérentes… L’intuition éclaire l’esprit mais, au-delà, elle l’ordonne. Elle devient l’essence même de la pensée tandis que la raison se voit assignée sa place de substance. L’intuition donne sa forme, son sens à la pensée, la raison se charge d’organiser cela. " La suite vaut la peine d'être lue, ne serait-ce que pour cette remarque à propos du système médiatique : "nous sommes passés de la fabrication d'une “réalité” virtualiste pour affirmer le triomphe de notre puissance (celle du technologisme, de l'hyperlibéralisme, de l'américanisme et ainsi de suite) à la fabrication d'une réalité virtualiste pour tenter de nier (négationnisme) la réalité extraordinairement puissante de la crise et de l'effondrement de notre système que cette crise amène inéluctablement."
"Aujourd’hui, aucune pensée ne peut prétendre embrasser l’extraordinaire situation du monde, dans sa totalité, dans son immense dimension eschatologique et métahistorique, sans faire appel à l’intuition haute. Ce n’est pas un travail aisé, parce que l’intuition est un phénomène qu’on a appris à déformer, à réduire, à nier éventuellement, et dont il est d’autant plus difficile de retrouver la trace et la vérité en évitant de se perdre dans des chemins de traverse tels que la crédulité, la charlatanerie, l’illusion, l’utopie, etc. Mais rien ne doit nous décourager, absolument rien. C’est à ce point que la raison, par exemple, – et bon exemple puisque j’en parle si souvent pour la mettre en accusation, – peut servir d’outil dans cette recherche de la vérité de l’intuition, – à condition que, l’intuition enfin retrouvée, la raison s’incline et retrouve sa place naturelle qu’elle n’aurait jamais dû quitter."
Marginal news n°377 - 11 novembre 2010
Chaque 11 novembre, revient une pensée pour les grands-pères héroïques, mais aussi pour Raoul Villain, assassin de Jaurès en 1914, si étrangement interné durant toute la guerre puis acquitté en 1919 pour démence. Plus actuel, le site homonumericus offre plein de liens vers des textes en libre accès, permet de se tenir au courant des évolutions du net, mais on y trouve aussi tout un tas de trucs intéressants. Exemple, cette fiche de lecture d'un livre qui, dès les années 70, réfléchissait à l'articulation harmonieuse - aujourd'hui encore introuvable - entre désir de réalisation individuelle et évolution collective : The Fall of the public man, de Richard Sennett (en français, "Les tyrannies de l'intimité"). Extrait : "La thèse de Sennet est simple : depuis le XVIIIe siècle, nous assistons dans les sociétés occidentales à un déséquilibre croissant dans la vie sociale et les relations inter-individuelles qui s’y déroulent. Celle-ci pour Sennet, était régulée par les contraintes d’un jeu de rôle assignant à chacun une place selon son rang et déterminant son comportement en public. A partir de cette époque, on assiste à, d’une part, l’émergence de la notion de personnalité qui suppose l’existence d’un moi préexistant aux interactions sociales, et d’autre part à une séparation de plus en plus forte, jusqu’à devenir absolue entre vie publique et vie privée. Bientôt, les valeurs que ces sociétés attribuent aux pôles des couples rôle versus moi, vie publique versus vie privée, sont très déséquilibrées. Le moi, la personnalité intime devient synonyme de vérité et et de sincérité, tandis que les rôles sociaux sont dévalorisés comme factices et artificiels. Par ailleurs, la vie privée, en particulier familiale, en ce qu’elle est fondée sur le sentiment, ce dévoilement transparent de la personnalité, prend une valeur presque absolue, et en tout cas bien supérieure à tout engagement dans la vie publique." La suite.
Marginal news n°376 - 9 novembre 2010
D'abord, le spectacle magnifique et inédit d'un ballet de jets d'eau.
Et puis
ce coup de gueule à propos des ré-écritures de l'Histoire à laquelle se livrent les médias - ici celui d'une historienne contre Arte, à propos d'un documentaire très biaisé sur le rôle politique de l'Eglise catholique au XXe siècle.
A propos des médias, autre chose : au vu de l'expérience passée et de leur puissance, nous avons tendance à penser que la presse-télé, la pub et autres manips de comm' récupèrent toutes les formes de contestation, rendant celle-ci productive du contraire - un nouveau conformisme renforçant le système en place. Aujourd'hui, ce n'est peut-être plus vrai. Bien au contraire, selon Philippe Grasset poursuivant son analyse destructrice de l'occidentalisme contemportain, sur son site dedefensa.org. Citons cet extrait du dialogue qu'il tient avec Jean-Paul Baquiast (connu par ailleurs pour son site Automates Intelligents), à propos du technologisme de ce système, et notamment de sa composante "système de la communication" : "Le global mood dont vous parlez n’est pas, à mon sens et tel que je le comprends superficiellement, une chose en soi mais le produit du système de la communication. Celui-ci, qui va toujours au plus sensationnel parce que là est l’effet et la source du profit, diffuse et amplifie automatiquement la perception d’une situation qui se crée d’elle-même, alimentée par des événements divers et variés, qui se trouvent intégrés par la puissance de choc de ce système de communication en une perception fondamentale qui est devenue celle de la crise générale du système général. Même s’il tente de remplir sa mission qui est de dire “le système général n’est pas en crise”, le système de communication diffuse une perception générale intégrée qui dit que le système général est en crise, voire en crise terminale. Or, dans la logique de ce qui a été dit plus haut, le système de communication vise d’abord les psychologies qui ne pensent pas mais absorbent des perceptions, nullement les esprits. Il s’adresse à des psychologies très affaiblies, parce que les circonstances, la confusion, les crises parcellaires et contradictoires, le virtualisme, l’action générale du système de communication lui-même, affaiblissent les psychologies. C’est donc son ambigüité extrême, – cette ambigüité que je qualifierais de sublime : créé pour défendre le système, notamment en affaiblissant les psychologies, et croyant agir dans ce sens selon des idées basses et pauvres en faveur du système, le système de communication véhicule en fait la perception inverse, – savoir que le système général est en crise terminale. Il influence les psychologies affaiblies par lui-même, mais cette fois en instillant paradoxalement dans ces psychologies la perception de cette crise générale et terminale, et de ce fait en accélérant la crise. (Toujours la même précision : je parle bien de perceptions, pas du contenu des idées qui, prises séparément, sembleraient faire la promotion du système, – mais cela n’a aucune importance car seule compte la perception des psychologies.) Le résultat est que plus le système de la communication agit au service du système, plus il le dessert en alimentant l’idée de crise globale, voire terminale. Le global mood va de soi…. "
Marginal news n°375 - 8 novembre 2010
Voici un article un peu long, mais tout à fait lisible, qui analyse finement le rapport entre "protection sociale" et mondialisation, démolissant l'image actuellement entretenue selon laquelle la première serait le fruit d'un accident historique, la sauvagerie de la seconde étant l'état "naturel" du capitalisme. Mensonges ! Et l'auteur le démontre. Extrait : " Lorsqu’il existe un État-providence, les salariés, par la voie de leurs syndicats, se créent des avantages institués et défendus par le droit : salaire minimum, retraite, allocations familiales, sécurité sociale etc. Si la législation change en faveur d’une dérégulation et d’une diminution de l’emprise de l’État social, les propriétaires du capital sont à leur tour en mesure de sanctuariser leurs revenus par le biais de lois qui les libèrent de certaines obligations et protègent leurs acquis. Mais dans un cas comme dans l’autre, la répartition des ressources est un effet de la législation, et il n’existe pas de société sans institutions, pas de société qui ne serait rien d’autre qu’une série d’accords privés sans règle collective contraignante qui en impose le respect. La position par défaut n’existe pas : si les dividendes des actionnaires sont indemnes de toute taxation, cette situation n’est pas plus normale ni plus « naturelle » que la situation inverse dans laquelle les bénéfices sont taxés de manière à financer l’état social. Les effets en termes de prospérité et les flux de ressources qui s’ensuivent sont certainement différents, mais nul ne peut prétendre que l’une des deux situations serait la norme par rapport à laquelle il conviendrait de juger les avantages et les désavantages de l’autre comme on le fait aujourd’hui."
Marginal news n°374 - 7 novembre 2010
Depuis quelques années, on a vu apparaître sur les plages de bizarres rondelles de plastique, et il a fallu toute une enquête de la Surfrider Association - celle qui a inauguré les "nettoyages de plages" collectifs pour trouver d'où elles venaient : des stations d'épuration ! Interview ici
Marginal news n°373 - 6 novembre 2010
Au menu du jour, plongée en France profonde avec ce reportage décalé mais révélateur de Libération sur le récent "voyage" du président et de son futur ou ex-futur premier ministre à Troyes. "Alors, les affaires marchent ? demande le premier à une boulangère du coin - "Aujourd'hui, non", répond celle-ci, le quartier étant bloqué. A l'autre bout de l'échelle, la galerie de photos d'un repas à l'Elysée - mais pourquoi ces mochetés d'hommes politiques ont-ils de jolies femmes ? Il y a aussi ce récit sur agoravox des Dîners de l'Atlantique, où l'élite se retrouve entre soi. Saluons pour finir le travail d'une réalisatrice française qui a proposé aux Palestiniens de lui raconter une blague.
Marginal news n°372 - 5 novembre 2010
"Les députés réforment leur système de retraite" nous affirment de concert grande presse et politiciens eux-mêmes. Hélas, vu de l'intérieur, ce n'est pas tout à fait ça, et la recherche d'unanimité ne va pas sans hypocrisie, comme la réforme elle-même, nous apprend François de Rugy, député vert de Loire-Atlantique.
Marginal news n°371 - 4 novembre 2010
Contrairement aux commentateurs patentés, nous pensons que la victoire des Républicains aux élections à la Chambre est une bonne nouvelle : elle va permettre à la situation d'avancer. Il serait instructif de faire une comparaison avec la situation générale du système politique occidental actuel, où les partis de "gauche" ou "sociaux-démocrates" sont tellement empressés à mener la même politique que ceux de "droite" qu'ils poussent ceux-ci à le devenir (de droite) de plus en plus. Aux USA, cela signifie pour les Républicains flirter avec le Tea Party. Or il y a une contradiction : ceux-ci veulent baisser les dépenses fédérales, alors que les premiers ne veulent pas toucher au budget de la défense. Nul ne sait qui l'emportera, mais ça promet plus de mouvement que la paralysie d'Obama, enfin reconnu pour ce qu'il est depuis le début, un pur produit de communication sans substance : "Yes we can, but..." dit-on désormais de ses promesses de changement. Un chiffre significatif : 8 000 personnes à son dernier discours de campagne il y a quelques jours, là où ils étaitn 80 000 avant les présidentielles...
Marginal news n°370 - 23 octobre 2010
Continuons la promenade au coeur de l'élite, avec ce reportage du Monde sur une année d'études à l'ENA et cette vidéo-interview de Monique Pinçon-Charlot, sociologue spécialiste des riches. Si le premier témoigne d'efforts pour conserver une morale de service de l'Etat, la seconde montre que, avec la façon dont l'élite fonctionne, il n'est pas besoin de complot : tout ce petit monde s'entend à merveille, fonctionne en cooptation-collaboration, réservant l'individualisme aux dominés. Il en va de même, indiquent nos amis critiques des médias, du journalisme à la française et de ses éditocrates.
Quant au monde politique, en bout de chaîne, ça donne des régimes spéciaux de retraite, constitués puis sauvés aux frais du contribuables, pour les conseillers régionaux de Picardie par exemple, dont Eric Woerth, comme le montre le Canard Enchainé !
Marginal news n°369 - 22 octobre 2010
Une fois n'est pas coutume : louons la presse officielle ! C'est grâce au Figaro que l'on apprend ce qui agite le gouvernement en ces temps de blocage - la belle affaire ! Quant au Monde, nous y avons trouvé deux articles intéressants : un avis éclairé d'un avocat bruxellois sur le jugement Kerviel, qui montre la partialité du tribunal de façon éclatante; et un article dont le titre dit tout : "Comment le système universitaire a rendu les économistes aveugles ?". Celui-ci alimente notre réflexion en cours sur l'influence des outils et procédures techniques (et des systèmes anthropo-techniques) sur nos façons de penser et de raisonner.
Marginal news n°368 - 21 octobre 2010
Quelques faits bruts, aujourd'hui, alors qu'il commence à être question des statuts avantageux de nos "représentants" politiques, déjà souvent mentionnés ici. Voici un aperçu plus large des différentes échelles de richesse en France selon l'INSEE. Nous apprécions particulièrement l'écart de salaire entre hommes et femmes, et ses étranges variations (écart de 5,8% chez les employés, 18,7% chez les ouvriers, 30,8% chez les cadres et patrons salariés).
Pour se consoler, ces vues de la crue du bassin de la Seine en 1910 ... !
Marginal news n°367 - 20 octobre 2010
Est-ce la phase ultime de la "Stratégie du choc" dont parle Naomi Klein ? Après la catastrophe, l'arrosage ? Obligée par le gouvernement fédéral US, la compagnie BP a inondé la côte américaine du Golfe du Mexique de dollars, puis versé l'argent à un organisme d'Etat qui continue. Déjà 1,5 milliard de $ distribués (à 75 000 demandeurs, ce qui fait 20 000 $ par tête), et 20 milliards prévus au total (pour 210 000 demandes reçues à ce jour). L'arrosage semble satisfaire tout le monde, mais ne va pas sans effets pervers, comme le montre (en anglais) ce reportage du Washington Post. En français, il en est question ici ou là. Ah, au fait ! On a déjà oublié le bilan de cette " marée noire" : 4,9 millions de barils (Amoco Cadiz 1,6, Exxon Valdez 0,270) - la conso mondiale annuelle est de 31 milliards de barils environ.
Marginal news n°366 - 19 octobre 2010
Notre enquête sur la video chinoise mise en lien hier a abouti à un premier résultat : c'est un montage, autrement dit un "hoax", quoique nous ne sachions pas véritablement de quoi l'interviewé parle. Nous avions donc raison de nous méfier, ce qui nous renvoie au virtualisme de l'époque, dont dedefensa nous livre aujourd'hui une nouvelle analyse (heureusement gratuite), sur laquelle il est plus utile que jamais de méditer, en ces temps où l'intox atteint des sommets, des deux côtés !
Cependant, et pour n'en rester qu'à dedefensa (que nous soutenons beaucoup ici, car il offre toujours des liens éclairants), la réalité devient dans le même temps de plus en plus manifeste, contredisant de plus en plus fortement l'"histoire" qui nous est tissée chaque jour par le système de la communication, virtualiste comme on l'aura compris. C'est ce que montre cet article, dont hélas une partie est payante, mais dont la partie gratuite offre des faits venant fonder ses arguments : la destruction écologique continue plus que jamais, l'origine des cancers lui est attribuée dans nombre d'études, et 50% des teenagers américains ont de sérieux problèmes psychologiques...
Marginal news n°365 - 18 octobre 2010
Si les USA sont un pays "religieux", les Etats-Uniens eux-mêmes n'en savent pas bien long sur la religion - y compris la leur. C'est ce qui ressort d'une étude du Pew Forum on religion & public life, en anglais of course. La preuve ? 45% des Catholiques ne savent pas que d'après l'Eglise le pain et le vin de la Communion sont le corps et le sang du Christ, pas juste un symbole. Plus de la moitié des Protestants (53%) n'identifient pas Martin Luther comme celui qui a inspiré la Réforme protestante. 43% des Juifs ne savent pas que Moïse Maïmonide, une des figures les plus importantes du judaïsme, était juif.
En chinois maintenant, mais heureusement traduite en français, cette opinion d'un intellectuel spécialiste de la France sur notre pays. Est-ce un hoax ? Nous enquêtons...
Marginal news n°364 - 17 octobre 2010
Dans la série "sciences", voici un premier lien sur un article au sujet d'une expérience destinée à apprendre le langage à un ordinateur (c'est pas gagné !), et un second vers une vidéo montrant l'envoi dans l'espace d'un ballon équipé d'une caméra, par des amateurs complets.
Marginal news n°363 - 16 octobre 2010
Des extraits d'un livre qui nous avertit sur un avenir possible, qu'il vaudrait peut-être mieux éviter : l'emprise totale de l'"humain" sur la nature, via la technique :
« Mon travail en philosophie et en éthique des sciences m'a conduit à illustrer ce point fondamental sur ces technologies avancées dont on nous annonce la «convergence» .les nanotechnologies, qui manipulent la matière à l'échelle moléculaire et atomique, les biotechnoloeies, les technologies de l'information et les sciences cognitives. Je me suis intéressé au soubassement métaphysique et aux implications éthiques de ce nouveau paradigme à la mode qui attire sur lui des milliards de dollars et fait déjà l' objet d'une concurrence féroce à l'échelle mondiale, d'ordre scientifique et technologique, mais aussi industriel et militaire.
»Avec les nanobiotechnologies, l'homme prend la relève des processus biologiques, il participe à la fabrication de la vie. Or celui qui veut fabriquer – en fait, créer – de la vie ne peut pas ne pas viser à reproduire sa capacité essentielle, qui est de créer à son tour du radicalement nouveau. Un visionnaire influent du domaine, Kevin Kelly, a eu ce mot : “II nous a fallu longtemps pour comprendre que la puissance d'une technique était proportionnelle à son ‘incontrôlabilité’ [out-of-controlness] intrinsèque, à sa capacité à nous surprendre en engendrant de l'inédit. En vérité, si nous n'éprouvons pas de l'inquiétude devant une technique, c'est qu'elle n'est pas assez révolutionnaire.” Le “nano-rêve” étant en dernière instance de déclencher dans la nature des processus complexes irréversibles, l'ingénieur de demain ne sera pas un apprenti sorcier par négligence ou incompétence, mais par dessein (design). Le vrai design, aujourd'hui, n'est pas la maîtrise, mais son contraire. […]
»L'Agence internationale de l'énergie atomique de Vienne s'est donné pour mission “d'accélérer et d'accroître la contribution de l'énergie atomique à la paix, à la santé et à la prospérité dans le monde entier”. Dieu nous en préserve. Nous avons plus à craindre aujourd'hui les industriels du bien que les méchants. Illich voyait dans toutes ces “cléricatures” qui se fixent pour mission de produire le salut des gens malgré eux – que ce salut se nomme “santé”, “mobilité”, “éducation” ou “information” – la marque de la cléricature qui les aengendrées toutes : l'Église. Il ne craignait pas d'inverser la définition du diable que Goethe donne dans Faust : Méphistophélès, une part de cette force qui veut toujours le bien et fait toujours le mal.
Jean-Pierre Dupuy, La marque du sacré, éd. Carnets Nord, 2009
Marginal news n°362 - 15 octobre 2010
Pour avoir exercé des professions intellectuelles autant que manuelles, nous ne pouvons qu'accueillir avec joie la réhabilitation de ces dernières proposée par le philosophe américain Matthew Crawford dans un livre au titre charmant (Eloge du carburateur, éd. La Découverte, 2010), dont vous trouverez ici un compte-rendu de lecture. Extrait :
"Nos sociétés aiment à se parer de l’image séduisante d’« économies de la connaissance », qui ont su, grâce à leur intelligence, se libérer des emplois durs et peu gratifiants, ceux qui demandent du muscle et non de l’intellect, prendre avec la nature et la matière une distance libératrice ; nous serions ainsi dotés d’un « avantage comparatif » par rapport aux pays pauvres cantonnés dans le rôle d’usine du monde, selon une division du travail gage d’efficacité (on aura reconnu les credos de l’économie classique). C’est sur la base de cette représentation, mot d’ordre et idéologie plus que réalité avérée, que l’OCDE a défendu en particulier les politiques de développement de l’enseignement supérieur, en évoquant souvent comme preuve tangible de ladite économie de la connaissance cet allongement des scolarités (ce qui est pour le moins circulaire). Depuis la dernière décennie, les pays censés se cantonner aux emplois les moins qualifiés ont largement montré qu’ils n’étaient pas si stupides…"
Marginal news n°361 - 9 octobre 2010
A ne lire, écouter ou regarder que la presse pravda, on se demande qu'est-ce qui se cache derrière la proposition de supprimer impôt sur la fortune et bouclier fiscal, mesures destinées à pontionner les riches (ISF) tout en les protégeant (bouclier). Un article sur Agoravox permet de préciser les choses : ce projet promet nombre d'augmentations d'impôts pour les autres ! Mais si vous voulez comprendre comment le capitalisme fonctionne, l'analyse de l'économiste Frédéric Lordon offre le grand avantage de dépasser Marx et d'expliquer la psychologie de la chose : ce système s'appuie sur le contrôle et la sujetion de nos désirs (car, comme l'a montré Spinoza, nous sommes soumis à nos passions, dont le désir fait partie, avec la crainte et la joie). Il n'est pas anodin que, dans ces vidéos disponible sur le site Arrêt Sur Images, il en vienne à conclure que le critère ultime, c'est la joie ! La dernière phrase de son livre commence ainsi : "Si l'idée de progrès a un sens, il ne peut être que l'enrichissement de la vie en affects joyeux..." L'enjeu du siècle pour ce système sera - outre de les nourrir - de rendre les salariés joyeux, ce qu'il s'active déjà à faire, comme le montre cet article de The Economist (en anglais) sur le "capitalisme waow".
Extrait traduit :
"Aujourd'hui, beaucoup de sociétés sont hantés par l'amusement. Des sociétés informatiques de la Silicon Valley ont installé des murs d'escalade dans leurs halls et mis des animaux gonflables dans leurs bureaux. Wal-Mart ordonne à ses caissières de sourire à tout le monde. Le culte de l'amusement s'est propoagé comme une maladie. Acclaris, une société informatique américaine, a "un directeur en chef de l'amusement" (fun). La banque TD a un "Département WOW!", qui expédie des équipes vêtues de costume pour "étonner et enchanter" les employés méritants. Red Bull, une société de boissons, a installé un tobogan dans ses bureaux de Londres."
Marginal news n°360 - 6 octobre 2010
Le bonheur est un sujet qui nous passionne (normal, non ?). On connaissait la pensée positive et ses bienfaits, mais une nouvelle série d'études montrent tous les ressorts de cet état, comme l'indique cet article dans Slate. Et si vous avez envie de vous dépayser, tout en sortant de quelques idées reçues sur l'islam, allez voir ce diaporama d'un pélerinage soufi au Pakistan, ça permet de comprendre ceux qui disent que tout le monde ne désire pas vivre l'American Dream !
Marginal news n°359 - 4 octobre 2010
Connaissez-vous la géobiologie, héritière de la géomancie antique et de l'architecture sacrée ? Saviez-vous qu'il existe des Carnac un peu partout dans le monde, jusqu"en Corée ? Une série de 4 articles au menu :
--- La géobiologie, qu'est-ce que c'est ?
--- L'architecture sacrée
--- Trois praticiens et leurs différentes approches
--- Giorgio Thurn, architecte visionnaire
Marginal news n°358 - 3 octobre 2010
Comme il est bon de se souvenir des cris de joie qui accompagnaient, il n'y a pas si longtemps, la "déréglementation" financière ! Annonçant la fusion avec une compagnie d'assurance (Travelers Insurance) qui permit à Citybank de devenir Citygroup, en avril 98, le New York Times écrivait (le 8) : "Ils ont annoncé une fusion de 70 milliards de $ - la plus grande dans l'Histoire - qui créerait la plus grande société de services financiers dans le monde, valant plus de 140 milliards de $. Si les régulateurs approuvent la fusion, Citigroup, comme la société sera appelée, servira environ 100 millions de clients dans 100 pays. En un seul coup, ils auront temporellement démoli les murs de plus en plus inutiles construits pendant la Dépression pour séparer des banques de commerce de banques d'investissement et des compagnies d'assurance." (La mise en gras est de nous)
Mais qui a donc dit, en signant l'exemption définitive et donc la mort du Glass-Steagall Act qualifié de "mur 'inutile" : "Aujourd'hui, ce que nous faisons modernise l'industrie de services financiers, démolissant des lois désuètes et accordant aux banques une nouvelle et significative autorité." ? DSK, Bill Clinton ?
Marginal news n°357 - 2 octobre 2010
Les malheurs du pauvre clergé retraité, grâce à cet article sur Agoravox, plutôt rigolo, montrant que l'Eglise est un piètre "employeur", mais un excellent "patron" selon les normes du système, puisqu'il sait faire peser sur la collectivité les charges qu'il devrait remplir.
Marginal news n°356 - 1er octobre 2010
Un communiqué du syndicat des journalistes de l'AFP, relevé sur Acrimed, donne un aperçu de la situation dans cette agence, qui est rappelons-le notre agence de presse nationale officielle. Une petite plongée qui vaut le coup d'oeil, permettant de comprendre comment s'organise la pipolisation de tout.
Marginal news n°355 - 30 septembre 2010
Dans la rubrique "ifo pas croire tout ce qu'on nous dit", et alors que Castro lui-même affirme que le socialisme à la cubaine ne fonctionne pas, les statistiques publiées par son ennemi de toujours - la CIA - prouvent que cet "échec" est fort relatif, si l'on compare Cuba avec ses voisins sur les critères du chômage, de l'espérance de vie, de l'éducation, et même du Produit National Brut par habitant.
|
Population |
Un-
employment rate 2009 |
Life Expectancy |
School Life Expectancy |
Education Expenditure % of GDP |
GDP Per Capita |
Guatemala |
13,276,517 |
3.2% (2005) |
70.3 |
10 |
2.6% |
$5,100 |
Cuba |
11,451,652 |
1.7% |
77.45 |
16 |
9.1% |
$9,700 |
Dominican Republic |
9,650,054 |
15.0% |
73.7 |
12 |
3.6% |
$8,300 |
Haiti |
9,035,536 |
N/A |
60.78 |
N/A |
1.4% |
$1,300 |
Honduras |
7,833,696 |
3.0% |
70.45 |
11 |
3.8% |
$4,100 |
El Salvador |
7,185,218 |
7.2% |
72.3 |
12 |
3.1% |
$7,200 |
Nicaragua |
5,891,199 |
8.2% |
71.5 |
11 |
3.1% |
$2,800 |
Costa Rica |
4,253,877 |
7.8% |
74.96 |
12 |
4.9% |
$10,900 |
Panama |
3,360,474 |
7.0% |
77.25 |
13 |
3.8% |
$12,100 |
Jamaica |
2,825,928 |
12.9% |
73.53 |
12 |
5.3% |
$8,400 |
USA |
307,212,123 |
9.3% |
78.11 |
16 |
5.3% |
$46,000 |
Source: CIA World Factbook. Un article ici. |
Marginal news n°354 - 28 septembre 2010
La pensée unique aime bien nous bassiner avec l'augmentation de la durée de vie, résultat du sacro-saint progrès. Voici de quoi remettre les pendules à l'heure : un point de vue de plusieurs médecins dans Le Monde : "L'espérance de vie n'augmentera plus
" !!!
Marginal news n°353 - 27 septembre 2010
Il est toujours instructif de se pencher sur le curriculum vitae et les antécédents des gens quand ils ont du pouvoir. Sur son blog désormais célèbre, Paul Jorion fait le portrait de Larry Summers, conseiller économique (en instance de départ) d'Obama et auteur du plan de sauvetage qui devait sortir les USA de la mouise. Extraits :
"Ses premiers travaux d’économiste sont consacrés à mettre en évidence que la taxation des revenus des sociétés et du capital sont contreproductives, il en va de même pour les allocations de chômage, dont il « prouve » qu’elles encouragent plutôt celui-ci. À la Banque Mondiale, dont il sera l’économiste en chef de 1991 à 1993, il est l’auteur d’un memorandum qui deviendra instantanément fameux, où il défend l’idée que le tiers-monde étant sous-peuplé, il est aussi sous-pollué et qu’il est donc rationnel d’un point de vue économique que les pays industrialisés y exportent leurs déchets toxiques.
Ministre des finances (Secrétaire au Trésor) de Bill Clinton de 1999 à 2001, Summers se distingue entre autres en mettant son veto, aux côtés d’Alan Greenspan et de Robert Rubin – prédécesseur de Summers aux finances –, à une réglementation des produits dérivés, en étant aussi l’artisan de la suppression du Glass-Steagall Act, la loi qui avait en 1933 interdit aux banques commerciales de se livrer concurremment à des activités de banques d’affaires et en particulier de spéculer sur fonds propres, en ayant aussi forcé la Californie à déréguler son secteur de l’énergie, campagne menée aux côtés de Ken Lay, patron d’Enron, à une époque où cette société menait sur ce même marché – on le sut après sa chute – une fraude à très grande échelle.
Summers fut ensuite de 2001 à 2006, président de l’université de Harvard, poste dont il fut révoqué par un vote des enseignants et des étudiants, en raison d’une série d’« incidents », dont les principaux furent la perte d’un milliard de dollars subie par l’université à la suite d’un swap de taux dont il avait supervisé la mise au point et l’application, son utilisation de fonds appartenant à l’université pour éponger les amendes et restitutions auxquelles fut forcé son ami l’économiste Andrei Shleifer, inculpé de délit d’initié pour avoir joué sur la bourse de Moscou à l’époque où il était l’un des principaux conseillers dans le processus de privatisation et de libéralisation des marchés financiers russes, enfin, last but not least, pour avoir défendu dans une allocution consacrée à la sous-représentation des femmes dans la recherche scientifique, l’hypothèse d’une certaine incapacité à posséder une intelligence supérieure, comme étant la plus plausible."
Plus près de nous, un portrait de l'homme auquel Mme Bettencourt doit sa fortune :
"Liliane Bettencourt est la fille d'Eugène Schueller, le patron, fondateur en 1910, de la firme Monsavon.(...)
Il s'agit d'un patron féru de politique.
A ce titre, il est un des nombreux pourvoyeurs de fonds de la Cagoule, financée également par Hitler et Mussolini et soutenue par de hauts cadres militaires (que l'on retrouvera en juin 40, et après, dans l'entourage immédiat de Pétain).
Cette organisation terroriste anticommuniste a fait la 'une' des journaux avant-guerre, s'illustrant dans des attentats et des assassinats. C'est de ses rangs que sont sortis Joseph Darnand, le chef de la Milice du régime de Vichy ou Jacques Corrèze, un petit chef collabo que l'Oréal-Monsavon sauvera du peloton d'exécution, en l'envoyant comme "représentant" chez Franco, à la Libération...
Mais Eugène Schueller, dans tout cela ?
La politique ne le quitte pas. Durant l'Ocupation, il crée avec Eugène Deloncle, le chef de la Cagoule, le Mouvement Social Révolutionnaire, puis intègre celui de Marcel Déat et de Georges Albertini, le Rassemblement National Populaire, l'un des deux plus grands partis de la collaboration. Il y tient la rubrique économique dans son hebdomadaire.
Il passe sans encombre, comme beaucoup d'autres patrons, l'époque de la Libération. Et il recrutera, pour diriger la revue de l'Oréal "Votre beauté", un certain François Mitterrand, un ami de son gendre, André Bettencourt, qui fréquente comme lui quelques 'cagoulards', tel François Dalle, le futur directeur général de l'Oréal.
Eugène Schueller fit de Mitterrand un député en 1946.
Un parcours qui justifie la création d'une unité de recherche, public-privé, la Fondation Schueller-L'Oréal, qui a vu le jour ces toutes dernières années, sous les auspices conjoints de cette dernière firme et du Collège de France, avec la béndiction de Valérie Pécresse, ministre des Universités."
Marginal news n°352 - 25 septembre 2010
Dans quelle mesure la technique influence-t-elle notre cerveau ? Deux articles pour éclaircir le sujet : l'un de J.-P. Baquiast, inventeur du terme "systèmes anthropo-techniques" dont il dit qu'ils déterminent aujourd'hui la société de multiples façons toutes + ou - robotisantes; et l'autre, cité par lui et traduit en français, de Nicolas Carr dans la revue The Atlantic.
Marginal news n°351 - 24 septembre 2010
Un autre regard, en anglais, sur le Tea Party, et un autre sur ceux qui le financent. Et pour changer un peu, quelques liens surréalistes proposés par un article sur Agoravox : jeux littéraires, glossaire, jeux encore, définitions... Un florilège !
Marginal news n°350 - 22 septembre 2010
Comme le rapportent The Guardian et Dedefensa sans donner le lien, Le Diario de Juarez (Mexique) a publié le 19 septembre un éditorial demandant carrément aux "narcos" : "Que voulez-vous de nous ?" C'est au Mexique, mais ça en dit long, et la question pourrait être posée aussi à d'autres groupes. Aussi, voici les liens vers l'article originel et sa traduction automatique.
Marginal news n°349 - 21 septembre 2010
Enfin ! Nous ne disons pas cela pour célébrer notre retour ici, mais pour saluer un article, en anglais hélas, qui nous éclaire enfin sur la nature du Tea Party, ce mouvement qui commence à sérieusement inquiéter l'establishment washingtonien, lui-même paralysé pour nombre d'autres raisons. Une remarque : bien qu'on ait avancé dans cette direction avec la campagne d'Obama (voire celle de S. Royal en France), et sans parler des positions réactionnaires de cette mouvance, nous assistons à la naissance du premier mouvement de contestation politique postmoderne, sans chef, hiérarchie ni structures, fonctionnant en réseaux autonomes, comme une étoile de mer (dont les membres repoussent) plutôt que comme une araignée tissant sa toile (mais fragile par sa centralisation : il suffit d'écraser l'araignée). Un "cerveau collectif", plaide l'auteur de l'article. On ne s'attendait pas à ce que la noosphère de Vernadky et Chardin prenne cette forme ! Les adeptes du changement, de quelque bord qu'ils soient, devraient s'en inspirer.
Marginal news n°348 - 23 juin 2010
Le site Arrêt sur Images poursuit allègrement l'entreprise engagée par Daniel Schneidermann et ses collaborateurs à la télévision, où ils s'efforçaient de décoder intelligemment la télévision. Comme il leur faut gagner leur vie, le site est payant, mais il est possible de s'abonner gratuitement à la lettre matinale de Schneidermann, le "neuf-qinze", dont la denière résume bien notre sentiment à propos du bruit fait autour des mésaventures footballistiques rançaises en Afrique du Sud. Citation :
""Révoltant. scandaleux, indigne" : les rares UMP qui prennent la défense de Woerth, n'ont pas de mots assez durs pour dire l'injustice qui frappe le ministre du Travail. Comment donc ? Sa femme, simple salariée, n'aurait pas le droit de travailler ? Que veut-on ? Les soviets ? 93 ? Une fois de plus, ils ne réalisent pas que l'excès même de leur révolte la décrédibilise. Peut-être, après tout, que Mme Woerth, discrète et peu curieuse salariée du "family office" Clymène (cinq employés, si l'on a bien compris) n'avait jamais saisi dans le couloir aucune allusion à l'île aux Seychelles, ni aux comptes en Suisse. Peut-être croyait-elle que "l'île", que l'on mentionnait toujours en baissant la voix, était la capitale du Nord-Pas de Calais, et la Suisse le lieu de villégiature dont les petits-enfants ra pportaient toujours des chocolats à Madame. Peut-être. Mais ils devraient au moins admettre que les apparences, pour le moins, sont contre elle.
Révoltant, scandaleux, indigne : qui faisait vibrer les carreaux, ce matin, sous le coup d'une irrépressible indignation ? Copé lui-même, interrogé sur France Inter par Demorand. Copé, expert incontesté en conflits d'intérêt, puisqu'il cumule ses fonctions de président du groupe UMP à l'Assemblée avec celles de collaborateur d'un grand cabinet d'avocat. Copé qui, comme le rappelait une récente biographie, avait déployé tout son entregent pour geler une proposition de loi, votée au Sénat, tendant à fusionner les professions d'avocat et de conseil en propriété industrielle, qui aurait porté préjudice à son employeur. Croyez-vous que Demorand le lui e&ucir c;t rappelé? Cela leur crève tellement les yeux, qu'ils ne le voient plus.
Il faudrait leur envoyer Bachelot, tiens, quand elle sera de retour. Elle les assoierait autour d'une table. Elle leur parlerait très doucement de leurs appartements de fonction inoccupés, de leurs cigares, de leurs voyages en jet, de leur cumul emploi-retraite, de leurs chambres d'hôtels, des petits djobs de leurs épouses. Elle leur dirait que ce n'est pas bien, très simplement. Elle "verrait les yeux de chacun d'entre eux". Elle leur dirait le "désastre moral". Elle leur dirait les rêves brisés de "vos gosses, de nos enfants", eux qui croyaient tellement à la beauté de la chose publique. "C'est l'image de la France que vous avez ternie", soufflerait-elle. Elle leur rév élerait que le pays, désormais, les regarde comme des cailleras, avec une mentalité de maffia. Elle leur passerait une vidéo de Finkielkraut. A force, elle finirait sûrement par leur tirer des larmes.
Abonnés ou non abonnés, vous pouvez recevoir chaque matin cette chronique dans votre boîte mail. C'est ici.
Daniel Schneidermann
Marginal news n°347 - 21 juin 2010
Nos petites chroniques s'espacent, comme chaque été. Mais l'occasion offerte par l'actualité est trop belle, tant celle-ci est dérisoire. Scandale, ô beau scandale, ô scandale bienvenu ! L'envie nous prend de défendre ces "pauvres" Bleus, attaqués de partout. Certes, ils sont nuls, jouent mal, se tiennent mal, parlent mal, mais leur crime principal reste de mal... communiquer ! Le journal L'Equipe se venge de l'ostracisme dont il a souffert et en profite pour faire un coup. Aussitôt, tout le monde saute dans le train en marche, et les joueurs se rebellent. Redoublement des cris d'orfrai ! Haro sur cette racaille ! Les commentateurs en rajoutent une couche, qu'ils soient sportifs, philosophes ou personnels politiques. Or que leur reproche-t-on, sinon de refléter le pays lui-même ? Une société qui choisit des sportifs professionnels comme idoles et modèles pour sa jeunesse est une société bien mal en point, et Dieu sait pourtant si l'un de nous deux au moins - fils de sportif et longtemps sportif lui-même - porte et a porté le sport aux nues. La récupération du sport par le business (et la politique) ne pouvait que donner ce résultat : des idoles sans morale et une société qui les suit, nourrie de faux-semblants et de mensonges. Le "coup de boule" de Zidane ? Il doit rester un héros. La main de Thierry Henry ? "Pas vu pas pris", l'absoud Mme Carla Sarkozy, résumant la morale telle qu'elle règne près du pouvoir. L'insulte d'Anelka - qui reflète un "casse-toi pauv'con" présidentiel - vient casser le mythe, fait déborder le vase et offre l'occasion rêvée de regretter un respect et une correction que les accusateurs outrés d'aujourd'hui ont aidé à anéantir pour leur plus grand intérêt. Les Bleus auraient-ils gagné qu'on aurait mis l'insulte sur le compte de l'emportement viril d'un grand (donc excusable) champion !
Marginal news n°346 - 10 juin 2010
Gageons que cette petite démonstration (par la mag Alternatives Economiques) de la corruption du système économique actuel ne se retrouvera pas traitée par la presse pravda officielle. Extrait :"39 des 40 entreprises du CAC 40 ont au moins un administrateur en commun les unes avec les autres. Certains administrateurs siègent même dans six conseils à la fois. " Pour quelques précisions plus détaillées, voir aussi ICI.
Marginal news n°345 - 9 juin 2010
Parution le 8 juin du livre "Comment trouver l'amour de votre vie grâce à la règle des 3 C", de Martine Castello (En.marge/Elle).
La presse française ayant décidé, dans son américanophilie maladive qui lui interdit de remettre en question sa vision d'une Amérique parfaite (puisqu'on vous dit que c'est la crème de la démocratie), de ne pas insister sur Deepwater, il faut voir le blog de la correspondante de Libération aux USA, ou la presse anglosaxonne, pour apprendre que la fuite n'est plus de 0 (BP, 20 au 25 avril), ni 1 000 (BP, 25 avril au 8 mai), ni 5 000 (BP, du 8 au 30 mai), ni 12 à 19 000 barils/jour (gouvernement US, repris par BP), mais de beaucoup plus, cette dernière fourchette ne constituant que "l'estimation basse" des agents fédéraux, que le gouvernement a choisi de donner comme "estimation tout court", faisant ainsi croire que 19 000 était le maximum. Bel exemple concret de la convergence d'intérêt (et de politique) entre Etats et entreprises multinationales (BP est anglais, rappelons-le). Et celles-ci en rajoutent, demandant que les permis de forage sous-marin soient accordés plus facilement et plus vite - liant cette crise avec la crise économique et créant ainsi une "super-crise" où la guerre du système capitaliste contre le reste du monde s'étend désormais à la planète entière, nature comprise. Tout ceci est en train de secouer la 1ere puissance mondiale, déjà en pleine ébulltion Tea Party, sans que nos franchouillardes élites n'en prennent la mesure. Comme avec la dissention entre Turquie et Grèce (qui a une histoire), la réalité n'atteindra leurs colonnes que lorsqu'elles ne pourront faire autrement, et elles le feront alors avec la surprise qui leur convient si bien.
Marginal news n°344 - 8 juin 2010
Voici un extrait traduit d'un article en angalis résumant la pensée de Noam Chomsky, dont la conclusion est un bel hommage - si tant est que soit un hommage la comparaison avec le héros du roman d'Orwell "1984".
« À quoi cela ressemble-t-il, me demandai-je, de connaître mieux que quiconque sur Terre l’étendue des mensonges d'État auxquels les Américains sont constamment soumis ? À quoi cela ressemble-t-il de ressentir ainsi dans vos os, heure après heure, jour après jour, la douleur de millions de "non gens"(originaires de "non peuples") subissant la faim, la pauvreté et la mort causée par les élites américaines qui aujourd'hui menacent autant leur propre nation que toute l'humanité ? Et à quoi cela ressemble-t-il, bien que vos écrits soient publiés, de voir leurs leçons ignorées par la société en général, alors que continuent assassinats et fabrications de guerres américaines au loin, ou comme écrivait Orwell dans 1984, "sur de vagues frontières dont l'homme moyen peut seulement deviner l’emplacement" ?
"Noam," dis-je, "je viens de comprendre qui vous représentez vraiment pour moi. Vous souvenez-vous comment Winston Smith [Le personnage principal de " 1984 "] s'est rendu compte que son obligation la plus haute envers l'humanité et lui-même était juste d'essayer de rester raisonnable, et d'une façon ou d'une autre de consigner la vérité en espérant contre tout espoir raisonnable que quelque part, un jour, les humains du futur pourront finir par comprendre et agir ? Pour moi, en ce moment, vous êtes Winston Smith."
Je n’oublierai jamais sa réaction.
Il m’a juste regardé.
Et a souri d’un air triste. »
Fred Branfman est le journaliste américain qui a révélé la guerre secrete menée par l’armée US entre 1967 et 1972 au Laos où il vivait. Il est aujourd’hui actif dans la promotion d’initiatives alternatives (énergie, education, information) en Californie.
Marginal news n°343 - 7 juin 2010
Tandis qu'avec un petit retard sur nous, le blog d'Oil Man signale la modélisation de l'extension de la catastrophe Deepwater à l'Atlantique, restons plongés dans la réalité française, telle que la "télé-réalité" (ce mot à lui seul ouvre un gouffre) nous en renvoie l'image. Le récit que fait Libération de la dernière émission trash en date laisse pantois.
Marginal news n°342 - 6 juin 2010
Pour une fois, l'actualité franco-franchouillarde - et la presse qui s'en nourrit - nous offrent une magnifique occasion de voir à l'oeuvre l'influence de la technologie sur les esprits de nos élites : une petite fille, oubliée dans une voiture,
meurt de déshydratation. La solution est évidemment d'installer des alarmes dans le voitures... estime une vague secrétaire d'Etat, impatiente comme ses pairs d'intervenir sur les drames individuels à défaut d'avoir prise sur les désastres collectifs.
Marginal news n°341 - 5 juin 2010
Peu à peu, la vérité sur cette catastrophe, qui saute aux yeux
de quiconque a regardé la vidéo (sur Huffington Post, l'un des sites suivant l'affaire de près), ressort de sous les fagots. Ainsi, on apprend (en anglais) que l'estimation (5 000 barils/jour) donnée à partir de début mai reposait sur l'observation du pétrole en surface - alors que les experts estiment que 80% restent en profondeur. En français, un article précis ici. L'administration - toujours à partir d'estimations - parle désormais de 12 000 à 19 000 barils/jour (ou jusqu'à 850 000 barils depuis le début), soit environ 100 000 tonnes de pétrole ou, pour les Anciens, pas loin du Torrey Canyon 1967 (119 000 t) - l'Amoco Cadiz 1978 lâchant 227 000 tonnes. Mais certains pensent que c'est dix fois plus, voire davantage encore ! Ce dernier article relève au passage une intéressante similitude de langage entre l'administration Obama aujourd'hui et Dick Cheney dans sa grande époque post 9/11, à propos des "inconnues connues" et des "inconnues inconnues" de la situation, qui expliqueraient l'imprécision des estimations... et les manipulations qu'elle permet. Une occasion de réfléchir aux conditionnements qui nous font accepter ces manipulations sans frémir.
Marginal news n°340 - 4 juin 2010
Pour la première fois, l'éventualité d'une dispersion du pétrole "BP-Deepwater" hors du golfe du Mexique est abordée - et par rien de moins que le Centre de recherche atmosphérique américain, à partir d'une modélisation informatique. Quand nous parlions de boulettes sur les plages de Vendée cet été, il semble que nous ayons sous-estimé le délai, qui serait plus long (132 jours pour atteindre l'est de l'Atlantique dans l'animation visible dans l'article). Notons cependant la prudence des chercheurs, qui avouent ne pas savoir exactement comment le pétrole va réagir (boulettes, galettes, film ?). Quant à savoir pourquoi cette catastrophe nous dérange, peut-être faut-il parler un peu d'éco-psychologie ?
Marginal news n°339 - 3 juin 2010
Parfois, Philippe Grasset de Dedefensa livre un article gratuit - outre la rubrique "ouverture libre" qui l'est tout le temps - ici sur l'évolution de la situation géopolitique d'Israël. Profitons-en : il s'agit d'une vision décalée (ou est-elle en avance ?), comme toujours fondée sur une analyse des faits et les réactions des personnes concernées. Elle ne demande même pas de lire l'anglais - il suffit de passer directement au "commentaire". Et l'on comprend alors que la situation de ce pays s'est sérieusement détériorée et que l'acharnement de l'Occident à le soutenir finit par être très contreproductif. Peu à peu, il devient évident que ce soutien ne repose plus que sur la corruption des politiciens par le lobby (AIPAC aux USA, Crif ailleurs...), et des esprits par la propagande. Dans ces conditions, difficile de ne pas craindre une fuite en avant... La logique de la violence et du désir mimétique entre pleinement en action, empêchant toute inversion du choix fondamental, dicté par des angoisses, avec dénouement possible type "syndrome de Massada". Pour des éclaircissements sur ce désir, voir notre entretien avec le Professeur Jean-Michel Oughourlian à propos de la découverte des neurones miroirs.
Marginal news n°338 - 2 juin 2010
A
propos de la fuite d"huile, un article du site midi:onze récapitule les mensonges de BP et c'est édifiant. Rappelons que depuis le début, nous pensons cette catastrophe majeure, qu'elle peut aller jusqu'à représenter le Tchernobyl des USA : l'événement qui prouve que le système est impuissant et le roi, tout nu. Il sort tant de pétrole de cette fuite que, même si personne n'en parle encore, le Gulf Stream tout entier peut très bien en subir les conséquences. A 2,5 noeuds de moyenne, les côtes d'Europe seront-elles polluées cet été ?
Cela (et d'autres choses) nous fait penser à cet "enfer c'est les autres" qui semble résumer le désespoir qui prend devant tous ces étalages de la bêtise humaine. Aussi faut-il rappeler que Sartre ne voulait pas du tout impliquer qu'autrui est une plaie, comme on l'a conclu. "On a cru que je voulais dire par cette phrase que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'étaient toujours des rapports infernaux, explique-t-il en 1965, dans l'introduction à l'enregistrement de l'oeuvre sur disque . Or, c'est autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut-être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont au fond ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond, nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous. Nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donnés de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d'autrui. Et alors, en effet, je suis en enfer. Et il existe une quantité de gens dans le monde, qui sont en enfer parce qu'ils dépendent trop du jugement d'autrui. »
Marginal news n°337 - 1 juin 2010
Après cet article en français sur les ravages de la catastrophe BP-Deepwater, ou ce rapport sur les réactions de la presse US à l'attaque israëlienne de la flotille humanitaire propalestinienne, on comprend quelles sont les priorités des USA, et l'on devine que la condamnation de l'attaque n'en sera pas une. Passons à autre chose, au hasard : la façon dont nous nous trompons nous-mêmes (pour notre plus grand bien, comme dans l'effet placebo).
Le prix des choses
Une pilule anti-douleur fait plus d'effet quand elle présentée comme chère que présentée comme " en promotion ", et ce, alors qu'il s'agit dans les deux cas du même placebo, a montré une équipe du MIT (Etats-Unis). D'autres chercheurs ont suivi au scanner ce qui se passe dans notre tête lorsque le prix des choses entre en jeu. Il ont observé comment le même vin était plus ou moins apprécié en fonction de son prix : le plus cher active la zone du cortex orbifrontal du plaisir. C'est dire jusqu'à quelles profondeurs de notre être s’inscrit la valeur que nous accordons à l’argent !
Sources : Commercial Features of Placebo and Therapeutic Efficacy,
Rebecca L. Waber; Baba Shiv; Ziv Carmon; Dan Ariely ,
JAMA. 2008; 299:1016-1017.
Marketing actions can modulate neural representations of experienced pleasantness
Hilke Plassmann, John O'Doherty, Baba Shiv, Antonio Rangel,
Marginal news n°336 - 31 mai 2010
Un article de Libération, qui pourtant ne brille pas par son appréhension des véritables enjeux de la fuite - qui sont tout simplement la lutte entre gouvernement (fédéral et local) et multinationales (ici BP) - nous permet au moins de corriger les mensonges de cette compagnie : on apprend d'une autre source - enfin ! - que la fuite n'était pas de 5 000 gallons par jour (et encore moins de 1 000, comme il fut dit au début), mais de deux à trois fois plus... La pire catastrophe de main d'homme, disions-nous ?
Marginal news n°335 - 25 mai 2010
Comme on pouvait s'y attendre, à mesure que la fuite d'huile au large de la Louisianne commence à déployer des résultats visibles sur les plages, la controverse démarre entre les Etats concernés, l'administration fédérale accusée d'impuissance et la compagnie BP, toujours adepte du coup-fourré et de la rétention d'information. Les Etats attaquent l'administration, visant notamment les gardes-côtes et le corps des ingénieurs fédéraux, l'administration peste contre BP mais le laisse gérer la cata tandis que sa propre intervention se perd dans la lenteur bureaucratique et se résume à l'instauration d'une commission d'enquête - dont on sait combien elles servent à noyer le poisson. Bref, la crise devient politique, comme le montre notamment cet article (en anglais) du Washington Post. Faut-il en conclure, comme le fait De defensa, qu'un pas de plus est franchi dans l'effondrement du "système américaniste" ? Dans la partie de cet article réservée aux abonnés, l'auteur conclut, après avor fait le lien avec d'autres catastrophes (Katrina) : "L’effet de cette sorte de circonstances devenue endémique est toujours le même. Il renforce un peu plus la perception de l’inutilité nuisible du centre, de son incompétence et de son impuissance, de l’inutile et grotesque agitation politicienne de l’establishment qui ne trouve de mesures plus urgentes à prendre alors que le pétrole coule à flots que d’organiser au Congrès des auditions des dirigeants pétroliers pour les mettre en accusation, – eux, et pas le système. Ce même effet renforce et accélère la perception centrifuge de la nécessité de l’action souveraine des Etats de l’Union. Il y a désormais une dimension politique dans cette catastrophe qui réunit par conséquent toutes les habituelles caractéristiques du processus d’effondrement du système. Cette dimension politique est évidemment celle de la mise en cause de la structure fédérale des USA, au profit de la souveraineté des Etats de l'Union. La catastrophe de Deepwater Horizon tend à devenir une crise structurelle de plus du système en s’inscrivant dans la structure crisique qui caractérise le processus d’effondrement de ce même système."
Crise écologique, crise économique... de tout ceci on ne voit plus la fin, d'autant que l'on songe au Gulf Stream, qui risque d'aggraver cette crise-ci en lui donnant une dimension internationale. Mais plus généralement, on en vient à se demander combien de temps durera l'effondrement de l'Occident, dans l'apathie générale de ses masses repues, politiquement analphabètes et enfermées dans la logique suicidaire du technologisme absolu ?
Gageons que les plus malins, sachant que 80% des fruits de mer consommés aux USA viennent du golfe du Mexique, sont déjà en train d'investir dans la crevette équatorienne !
Marginal news n°334 - 24 mai 2010
Nous n'oublions évidemment pas la crise économique, dont un article de François Leclerc sur le site de Paul Jorion analyse les répercussions sur les collectivités territoriales européennes et américaines. Cela conduit à mentionner également ce papier, dans Libération, sur le projet d'un "grand Paris". Récapitulant (c'est bienvenu !) le pacours de ce projet dans les méandres de la politique à la française, il livre au passage de cette dernière le portrait déplorable d'une secte gouvernante aussi mesquine que paralysée. Conclusion : "Quant à la vie de l’habitant métropolitain, on n’en a pas parlé pendant tous ces mois. Les logements trop rares, trop chers et trop petits, les impôts locaux hors de prix dans des communes dégradées, les trains de banlieue au bord de l’asphyxie et, bien souvent, l’envie de s’enfuir de cette vie-là, ne figurent pas au débat. C’est celui-là, le grand gâchis."
Marginal news n°333 - 23 mai 2010
Dix jours plus tard, la presse commence à confirmer nos appréhensions, tout en restant attachée à l'immédiateté que lui impose son fonctionnement. Parmi nos quotidiens aussi méprisables que bien connus, la meilleure couverture de la fuite d'huile dans le golfe du Méxique semble venir du Figaro, qui mentionne désormais le "loop current" (courant en boucle) entraînant le pétrole vers Cuba et la Floride. Extrait : "Le Loop Current tourne dans le sens des aiguilles d'une montre dans le golfe du Mexique avant de s'appuyer sur les côtes cubaines. Puis les eaux de ce courant, qui se déplace à une vitesse comprise entre 3 et 5 km/h, viennent lécher les côtes de Floride en passant par les Keys." Bientôt Cuba et Floride, et ensuite ? Comme il convient à nos journalistes attachés à considérer les catastrophes causées par les hommes comme si elles étaient naturelles (d'où leur appellation de "catastrophes écologiques"), aucun ne mentionne la suite prévisible (sachant que c'est ce loop current qui alimente le Gulf Stream). Mais ils nous annoncent qu'il faudra 3 mois pour arrêter la fuite (par un forage secondaire, seule véritable solution comme le reconnaît BP dans cet extrait d'un autre article : "«Les opérations devraient prendre trois mois, précise BP. Mais, à terme, elles seules devraient enrayer le processus.»"
On ne peut que penser qu'en 3 mois, si rien d'autre ne réussit à freiner l'écoulement (cloches ou injections), il se sera echappé suffisamment de pétrole pour parsement de jolies boulettes marrons l'Atlantique Nord tout entier... Et tout le monde ou presque s'efforce d'oublier - et de faire oublier - que l'accident a été provoqué par l'irresponsabilité de gestionnaires en quête de rendements ?
Marginal news n°332 - 16 mai 2010
La fuite d'huile de Louisiane sera-t-elle la plus importante catastrophe pétrolière de tous les temps ? La couverture médiatique dont elle fait l'objet n'aide guère à sa compréhension : enfermée dans sa logique de simplification, elle fait appel aux représentations d'une "marée noire" - avec vues d'avion, dispersants chimiques et barrages flottants - alors qu'il s'agit de tout autre chose. "Fuite d'huile" (oil spill) convient nettement mieux pour ce jet de pétrole s'échappant du fond sous-marin en trois endroits proches, à un rythme de 1 000 barils par jour, disait-on au début. Rapidement corrigé à 5 000 b/j, ce chiffre est contesté par de nombreuses sources qui en avancent un autre, cinq à dix fois plus élevé. On peut remarquer que dans cette bataille de communication, les chiffres nous noient plutôt qu'ils nous renseignent, donnés ici en litres, là en gallons et ailleurs en barils. Restons-en aux barils, puisqu'il s'agit de pétrole, ce sang de notre civilisation.
Côté presse, il paraît plus important de nous montrer Obama se lancer à l'attaque des "dirigeants de BP, Transocean et Halliburton qui se pointent du doigt les uns les autres" devant la commission d'enquête, et dénonçant au passage la "relation douteuse" entre les compagnies et l'administration chargée de les surveiller. En témoigne les reportages vus hier aux infos, ou cet article du Washington Post obnubilé par les retombées politiques éventuelles mais qui offre un saisissant exemple des bienfaits de la déréglementation - "laissez l'industrie se réguler elle-même, elle le fera mieux que quiconque et pour son plus grand profit" valant argument en exploitation pétrolière comme ailleurs.
C'est évidemment ailleurs que dans cette mousse ou dans le spectacle des premières plages polluées qu'il faut chercher la source de notre affirmation. Mais dans la prise en compte de deux facteurs majeurs de cette catastrophe. Le premier motif d'alarme, en effet, tient au fait que le pétrole déversé ne provient pas d'un pétrolier, mais d'un puits - autrement dit un robinet qui coulera aussi longtemps qu'on ne l'aura pas refermé - et que son irruption à 1 500 m de profondeur provoque son émulsion et sa dispersion en miettes de la taille d'un pièce de 10 centimes d'euro et en galettes de 10 cm. Cette "marée noire" n'aura rien à voir avec une marée noire de pétrolier échoué ! Un autre article du Washington Post l'a heureusement précisé. Ni même avec la plus grande marée noire de l'Histoire provoquée par l'explosion de Ixtoc 1 en 1979, car cette plateforme mexicaine forait par 50 m de fond.
Quant à notre seconde raison de donner tant d'importance à cette catastrophe, elle tient à l'emplacement du puits : en bordure nord du golfe du Mexique, non loin de l'embouchure du Mississipi, c'est-à-dire en un endroit où le courant marin circulaire qui parcourt ce golfe dans le sens des aiguilles d'une montre se trouve accéléré par une arrivée massive d'eau douce. Or nul n'ignore que le golfe du Mexique est à l'origine du Gulf Stream et du courant Nord-Atlantique. Estimation rapide : à la vitesse moyenne de 2,5 noeuds qui est celle du GS,, la pollution pourrait s'étendre à l'Atlantique nord et atteindre nos côtes dans une cinquantaine de jours. Pourrait, ou devrait ?
Marginal news n°331 - 15 mai 2010
Nous ne saurions trop conseiller la lecture régulière du site Acrimed, qui s'efforce de démonter les manipulations de la presse pravda, tous médias confondus. Et notamment ce petit rappel de son acharnement à "vendre" aux masses la réforme, toujours et partout.
Et pour en finir avec la récente élection en Grande-Bretagne, elle fut loin d'être aussi révolutionnaire qu'on essaye de nous le faire croire - à moins que la dernière manifestation révolutionnaire qui reste soit de s'abstenir aux élections et de laisser le système se décomposer tout seul. Cet article du site Spiked, en anglais mais facile à lire, en donne le détail : pas de vainqueur (les Libéraux-démocrates dont on nous a tant parlé ont même perdu des sièges) et un pays divisé entre Pays de Galles et Ecosse pour les Travaillistes, et l'Angleterre pour les Conservateurs.
Quant à la crise, en suivre les étapes, comme le font intelligemment Paul Jorion et ses invités (entre autres), conduit à remarquer son caractère inexorable - au point que l'on pourrait penser qu'elle est voulue...
Marginal news n°330 - 14 mai 2010
Comme le montrait l'article cité hier, l'idée selon laquelle les médias nous obligent plus que jamais à exercer notre esprit critique commence à se répandre un peu partout - principalement sur l'internet. Cet exercice conduit notamment à remettre en question quelques présupposés de notre vision de l'Histoire. Après Verdun, dont nous avions oublié l'importance, focalisés sur l'horreur abjecte de cette guerre, c'est maintenant la défaite de 1940 et les certitudes qui l'accompagnent qui sont remises en cause, cette fois par Jean-Philippe Immarigeon sur son blog American parano. Il faut lire la série d'articles entière pour voir se dégager d'autres vérités que celles qu'on nous a assénées, à droite comme à gauche, sur cette défaite et la lâcheté française qui l'explique. Et ce faisant, on découvre au passage que l'Histoire procède aussi par surprise ! Extrait : "La défaite française n’est le signe de rien d’autre que de cette inadaptation contingente à une menace qui ne l’était pas moins, sans jugement de valeur sur les caractéristiques intrinsèques de notre civilisation plus que millénaire. Mais déclinistes français ou progressistes américains, les auteurs s’enferment dans le dogme d’un Intelligent Design historique : fatalisme pour les uns d’un événement inéluctable, mais alors il faut aller jusqu’au bout et se faire les propagandistes zélés de la supériorité d’une révolution nazie qui remplaça un temps notre vieille république désabusée ; étonnement pour les autres de voir trébucher, face à l’obscurantisme le plus débilitant, le pays qui a offert au monde Montesquieu, Condorcet et Laplace et leur idéal de progrès universel. Lorsqu’un des plus éminents spécialistes américains de la question, à laquelle il a consacré tous les travaux d’une vie, écrit que « les dirigeants français n’ont pas échoué victimes de leur stupidité, de leur décadence, de leur déloyauté ou de leur défaitisme [mais] parce qu’ils ont fait excessivement confiance à la logique et à la raison et se sont prononcés finalement pour une solution qui ne fonctionnerait pas face aux Allemands en 1940 (9) », il faut se demander quelle faiblesse cette raison et cette logique recelaient pour accentuer à ce point les effets d’un échec militaire qui n’était ni le premier ni le dernier qu’ait connu la France ? Et si cette logique et cette raison qui sont devenues la norme universelle par le fait de la victoire américaine de 1945, et qui sont les seules valeurs dont les grandes nations industrielles et démocratiques peuvent se vanter, ne risquent-elles pas d’être de nouveau en échec face à un phénomène de même nature que la Blitzkrieg qui échappera à leur entendement ?"
Marginal news n°329 - 13 mai 2010
Continuons l'exploration des réalités en Grande-Bretagne, ce laboratoire de la social-démocratie post-moderne - celle qui a abandonné toute ambition collective sur l'autel de l'individualisme consumériste triomphant - avec cet article analysant l'évolution de Labour Party en New Labour, les réussites et les échecs qui s'ensuivirent. Extraits : "La postdémocratie est alimentée par l’illusion technologique de la communication virtuelle, de l’interactivité et de la plasticité des nouvelles formes de participation. Celles-ci sont néanmoins minimalistes et individualisées. Comment mobiliser pour des biens collectifs lorsque le seul modèle légitime est celui de l’égoïsme ? Le « citoyen consommateur » est investi d’un pouvoir imaginaire d’influencer les marchés généralisés. Il est aussi encouragé, admonesté, responsabilisé, inspecté. Notons enfin que malgré les promesses, les « affaires » n’ont pas épargné les néotravaillistes, comme l’ont montré les conseillers travaillant pour des firmes de relations publiques, ainsi que les députés ou les ministres trop proches de certains intérêts, qui ont profité de manière outrageuse des avantages de leur fonction et envisagé de tirer rapidement profit de leur expérience gouvernementale. Blair lui-même s’est davantage distingué depuis son départ par la poursuite systématique de ses intérêts financiers que par un détachement éclairé digne d’un homme d’État à la retraite. Juste retour des choses, les politiques se trouvent aujourd’hui contraints de démontrer leur efficacité, rentabilité et honnêteté par leurs concitoyens pris dans la culture des audits permanents."
Marginal news n°328 - 12 mai 2010
Un bien intéressant dialogue s'est ouvert, dans la partie accessible gratuitement du site dedefensa.org, entre le spécialiste de prospective et matérialiste radical Jean-Paul Baquiast ( par ailleurs animateur du site automates intelligents et interviewé par nous ici) et Philippe Grasset, auteur de dedefensa. Ce dernier, dans son dernier échange, livre ce qui est à nos yeux la question
que devraient se poser tous les "honnêtes hommes" et particulièrement les philosophes actuellement vivants. Extrait : "Il est vrai qu’un seul thème s’impose, devrait s’imposer au véritable historien aujourd’hui : comment une telle civilisation, marquée de tant d’efforts, de tant d’esprits prodigieux, de tant de découvertes, est-elle parvenue à un fonctionnement qui engendre d’une façon aussi systématique la laideur, la bêtise et la destruction ? Comment est-il possible qu’un tel rassemblement d’esprits élevés et d’organisations puissantes puissent engendrer des politiques aussi uniformément stupides, – pour ne pas parler de leur cruauté, de leur nihilisme, de leur abaissement continuel... ? Comment est-il possible qu’une civilisation marquée par la prétention de parvenir à une très haute culture aboutisse de façon aussi aveuglante à force d’évidence à l’abaissement systématique de la culture, jusqu’à la médiocrité, la futilité insupportable, le mensonge dégradant, l’entropie sans espoir ?"
On est loin des débats sur Freud lancés par le récent bouquin de Michel Omfray, ou des sempiternelles discussions sur les horreurs du communisme, du fascisme et de l'antisémitisme qui font le beurre de nos penseurs patentés. Et rien que pour cela, c'est rafraîchissant. Signalons également que ces dialogues abordent le concept de systèmes anthropotechniques, désormais autonomes, désormais ordonnateurs de la réalité et commandeurs des hommes, dont ces mêmes penseurs patentés semblent pourtant tout ignorer.
Marginal news n°327 - 9 mai 2010
Deux articles (en anglais) sur le site Truthdig
nous invitent à réfléchir à une question qui détermine grandement l'avenir : quelle sera la réaction des baby-boomers occidentaux vieillissants quand la société telle qu'ils l'ont connue achèvera de se déconstruire ? Après plusieurs décennies de confort financé par l'Etat moyennant un immense endettement, vont-ils inventer une nouvelle culture, plus égalitaire et frugale, comme le souhaite Theodore Roszak, historien à l'université de Californie et auteur d'un livre qui l'annonce - et dont le premier article est une critique ? Ou bien vont-ils au contraire grossir les rangs des mouvements conservateurs du style Tea Party, avec son slogan "I want my country back" qui, comme l'analyse le second article, tient autant de la nostalgie que du caprice d'enfant gâté ? Nous aimons bien Roszak, l'inventeur du concept d'écopsychologie. Mais nous craignons qu'il ne prenne ici ses désirs pour des réalités : à en juger par leurs réactions face aux grands défis du passé (1974 et le choc pétrolier, 1989 et la chute de l'URSS), autant que par la composition du Tea Party (où ils abondent), les baby boomers risquent fort, à notre avis, de pencher pour l'affirmation renouvelée de leur égoïsme et de leur sens inné de l'irresponsabilité. Extraits rapidement traduits :
Article 1 : "Bien qu'il pense que vieillir peut transformer les individus, Roszak vise plus haut, appelant les baby-boomers à retrouver l'idéalisme de leur jeunesse et à reconstruire l'Amérique.: “Je cherche avant tout à créer un nouveau paradigme du vieillissement, qui permettra à cette génération du baby-boom de s'inscrire dans l'Histoire avec courage moral et de grands espoirs..”"
Article 2 : ""I want my country back" "Je veux" : exclamation atavique de l'égoïsme, "mon pays" : il ne peut y avoir d'autre pays que le mien (blanc, classe moyenne), "back" : pour souligner le sentiment de ressentiment et de nostalgie, le slogan se termine par un mot impliquant délibérément à la fois le vol et la résurrection."
Marginal news n°326 - 8 mai 2010
Il n'y a pas si longtemps, on nous présentait les traders en bourse comme le nec plus ultra de la race humaine, hauts esprits formés dans les meilleures écoles, et dignes des meilleurs salaires et bonus. Sur place, il semble qu'il en soit autrement, comme le montre cette interview dans Le Monde. Extraits : "Ici, personne ne sait où est la Grèce, pour les Américains, la France, l'Allemagne, c'est pareil... Il y a des actions qui se font complètement écraser parce que le marché baisse alors qu'elles ne sont pas du tout exposées en Grèce, comme Coca-Cola, ce n'est pas normal... Ici [à Wall Street], tout le monde pense que la Grèce va sortir de l'euro et qu'il va y avoir à terme une Europe à deux vitesses, voire un effondrement de l'euro. Et avant même les premières rumeurs sur la sortie de la Grèce, l'euro va repartir à la hausse, le marché va connaître un rebond."
Marginal news n°325 - 7 mai 2010
Continuons la réflexion de ces derniers jours, avec cette intéressante analyse linguistique de la rhétorique du "changement" si prisée par nos hommes politiques, analyse appliquée ici au sujet du moment, l'élection anglaise. Peu importe que la succès des Conservateurs soit dû davantage à la lassitude envers les Travaillistes qu'à leur propre réussite, l'important est de comprendre comment on bourre le crâne des électeurs.
Marginal news n°324 - 6 mai 2010
Poursuivons dans la même veine, en abordant cette fois la prétendue impartialité des experts, qui a si bien servi à implanter la propagande de la pensée unique dans les esprits ces dernières années. Il s'agit ici d'une interview, pour Le Monde, de Sophie Loussouarn, spécialiste de la Constitution britannique, professeur à la Sorbonne et à l'Université de Picardie, auteur de Tony Blair, l'odyssée politique. Extrait :
- " Que se passerait-il si aucune majorité ne ressortait de ce scrutin ?
- Cela serait désastreux pour le Royaume-Uni, parce que cela ne permettrait pas au gouvernement qui sera élu d'adopter les réformes nécessaires pour favoriser la reprise économique, restructurer le système de santé, faire passer les réformes du système éducatif, ainsi que de la justice. On risquerait de se retrouver dans un système paralysé, et une deuxième élection à l'automne serait tout à fait envisageable. Cela serait complètement inédit."
L'experte affirme un pronostic ("ce serait désastreux") au nom d'une certitude non prouvée ("cela ne permettrait pas d'adopter les réformes nécessaires"). On pourrait tout aussi bien estimer qu'une absence de majorité obligerait les parlementaires à trouver une entente permettant ces réformes - puisqu'elles sont tellement "nécessaires". On pourrait également discuter du bien fondé des réformes suggérées par l'expert, qui tombent comme des évidences. Mais l'essentiel de la manipulation dont nous parlons est ailleurs, dans la contradiction entre l'affirmation de départ (sur laquelle Le Monde a sauté, en grand défenseur du système, en l'utilisant comme titre de l'article) et le "on risquerait" de la phrase suivante. "Désastre" ou "risque" (et donc possibilité qu'il en aille autrement) ? Le lecteur gardera l'idée que ce serait le premier. Voilà comment fonctionne la machine de propagande postmoderne : non pas en assénant des slogans, mais en imposant comme une évidence (corroborée par l'espert de service) ce qui n'est qu'une lecture de la réalité.
Marginal news n°323 - 5 mai 2010
Un cin d'oeil pour qui trouverait que nous y allons un peu fort en parlant de "corruption des élites" et de "journalistes complices" : l'assourdissant silence sur la condamnation de la France dans l'affaire des frégates de Taïwan, remarqué par l'agence Reuters : "PARIS (Reuters) - L'Elysée, le gouvernement de droite et son opposition de gauche ont gardé le silence mardi sur la pénalité record frappant la France pour corruption lors d'une vente de frégates à Taiwan en 1991." Depuis le temps que nous disons que le seul intérêt des "infos", c'est ce qu'elles cachent, et qui transparaît ici ou là, sous la forme de petits rappels vite noyés dans la sacro-sainte "actu". Dans cette affaire, le rappel vient d'un article du Point : "Par ailleurs, demeurent mystérieux les décès de Thierry Imbot, ex-agent des services secrets français à Taiwan, mort en tombant par la fenêtre de son logement le 10 octobre 2000, et d'un ancien cadre de Thomson ayant négocié le contrat, Jacques Morisson, lui aussi tombé de la fenêtre de son appartement, le 18 mai 2001, à Neuilly-sur-Seine."
Marginal news n°322 - 4 mai 2010
Un article instructif sur les enjeux de l'élection au parlement
de Grande-Bretagne, écrit par une spécialiste de ce pays, Florence Faucher-King. Extrait, où l'on admirera le ton mesuré de l'experte. On ressent pourtant ici ou là dans l'article, l'étonnement de voir son beau modèle de démocratie démenti par les faits : "L’éventualité d’un gouvernement de coalition est présentée comme une garantie de chaos cataclysmique par les conservateurs. Depuis plusieurs années, les symptômes de ce que l’on pourrait qualifier de « crise de la représentation » se multiplient : déclin des adhésions et du militantisme dans les grands partis ; augmentation de l’abstention tout particulièrement mais pas seulement aux élections locales et européennes ; rejet de la politique institutionnelle et déclin de la confiance dans les institutions parlementaires, partis et élus ; essor des tiers partis et du vote tactique ou protestataire. Le mode de scrutin utilisé pour les élections de Westminster, uninominal majoritaire à un seul tour, a jusqu’à maintenant permis de maintenir le statu quo en assurant la domination en siège de deux partis gouvernant en alternance grâce au soutien de majorités absolues à la Chambre des Communes."
Cet exemple est typique des contradictions dans lesquelles s'agitent actuellement les experts de tous bords - et sur tous les sujets :FF-K constate que le système ne fonctionne plus ("les symptômes de la crise de représentation se multiplient") tout en se réjouissant de la stabilité du mode de scrutin qui est la cause de ce blocage. Il en va de même dans les élucubrations des économistes à propos de la dette grecque, et dans bien d'autres domaines encore : tétanisés, les experts observent l'impossibilité du retour en arrière, mais hésitent à appeler les choses par leur nom et relativisent leurs propres constats afin de "permettre", en pensée au moins, aux choses de perdurer sans changement.
Marginal news n°321 - 3 mai 2010
Un petit schéma pour comprendre que la crise grecque ne se limitera pas à la Grèce... Cette énorme demande de financement est l'enjeu d'une bataille entre Wall Street / The City et l'Europe de la zone euro.
Marginal news n°320 - 1er mai 2010
Il y a fort à parier que l'affaire Goldman Sachs se terminera en eau de boudin, et ce malgré l'enthousiasme de Paul Jorion devant le magnifique fonctionnement de la démocratie américaine, qui permet des auditions au Sénat dont le pays a maintenant l'habitude. On connaît celles qui accompagnèrent la lutte contre les "communistes", ou l'affaire Contragate, qui démontra à qui voulait l'entendre (mais pas aux sénateurs qui écoutaient) combien la CIA était impliquée dans divers trafics, mais dont Poindexter et Oliver North sortirent non pas indemnes mais gagnants. Après tout, on a les affaires Pasqua qu'on doit ! Heureusement, un autre jugement -celui de Bill Bonner, un autre expert ès finances - vient tempérer l'enthousiasme de l'expert-aux-chevilles-qui-gonflent, comme Jorion mérite de + en + d'être nommé. Extrait de Bonner : "Les tortionnaires du Sénat US n'avaient pas la moindre idée de ce que Fabulous Fab manigançait. Ils ne sauraient pas distinguer un produit financier dérivé d'une boîte à fusibles. Mais ils savent que quelque chose a mal tourné. Ils savent que le public veut voir rouler des têtes. Et ils savent que les projecteurs sont allumés et que les caméras tournent. Le moment est bien choisi pour impressionner les rustauds de leur circonscription. Qu'on mette une pointure de Wall Street au pilori, et qu'on la passe à la moulinette. En plus, c'est un Français ! Quel coup de chance."
Marginal news n°319 - 30 avril 2010
Le site Arrêt sur Images, du nom de l'émission de télé aujourd'hui disparue animée par Daniel Schneidermann, est payant, hélas. Mais le journaliste spécialiste de la critique des médias (voir aussi le site Acrimed, dans ce registre) publie chaque matin un petit commentaire gratuit qu'il envoie par e-mail, il suffit de s'inscrire. C'est encore de la critique très convenue, mais c'est mieux que rien. C'est un peu naïf (souvent faussement) aussi, comme lorsqu'il reporche à ses confrères de la presse pravda de ne pas s'étonner de voir l'Europe mettre tant de temps à s'occuper de la dette grecque. "Aucun jité, aucun journaliste d'agence ni de radio, ne livre la raison de cet incroyable délai de deux semaines, mais cette raison n'est pourtant pas cachée. Le 10 mai...est le lendemain du 9 mai, jour d'élections en Allemagne, et plus précisément en Rhénanie du Nord-Westphalie."En s'étonnant de cette inversion des priorités, DS ne semble pas se rendre compte que le système médiatique, créateur d'une réalité virtuelle depuis des décennies, est aujourd'hui tout occupé à tenter de sauver les meubles du système.La presse se retrouve ainsi pris dans une contradiction fondamentale entre son fonctionnement - basé sur l'émotion, et notamment sur la peur - et son intérêt - faire perdurer le système. Surfer sur la vague catastrophiste pour faire de l'audience, ce n'est rentable que jusqu'à un certain point : que se passerait-il pour les nantis de la presse s'ils en venaient à convaincre les masses au point que celles-ci se précipitent dans leurs banques pour retirer leur argent ? Notez la grandissante précaution des experts patentés à propos du "risque de contagion". Aucun, pourtant, ne pourrait annoncer la nouvelle qui s'impose dès qu'on se penche sur la réalité (qui achète quoi en matière d'emprunts d'Etat) : le duo dollar-sterling, après avoir coulé le Yen japonais après le crash de la bulle internet, s'attaque à l'euro pour sauver sa propre peau.
Marginal news n°318 - 24 avril 2010
Avec l'explosion d'une plateforme de forage profond dans le golfe du Mexique, les USA pourraient bien connaître LA catastrophe de (trop) de leur histoire, en attendant un Tchernobyl en France. Mais depuis plusieurs décennies, le pire est à craindre venant de ce pays, emporté par l'ubris (la folie des grandeurs) de sa foi en lui-même, mais "modèle" dont le reste de l'Occident reste prisonnier. La dernière idée en date consiste à combattre le terrorisme en armant de bombes conventionnelles les missiles intercontientaux prévus jusqu'à présent pour porter des bombes atomiques. Le projet est ridicule, mais s'appuie sur des raisonnements en apparence sensés - ceux-là même qui ont présidé à l'accession des drones au statut d'arme parfaite : le choc de recevoir sur la tête une bombe venue de nulle part, l'absence de danger pour les troupes US, l'efficacité de la menace, etc... Le site dedefensa, aujourd'hui hélas en partie payant, résume cette folie :
"Dans le cas qui nous occupe, l’évidence est si grande qu’elle décourage l’argument. On croit supprimer le plus grand danger (le nucléaire) et l’on se sent plus libre d’utiliser le véhicule jusqu’alors porteur du nucléaire le plus destructeur, sous prétexte qu’on l’équipe d’un explosif conventionnel. Et l’on imagine que tous les pays potentiellement concernés par la possibilité d'une attaque nucléaire caractérisée par l'envol d'un tel véhicule vont accepter la chose comme un acte de foi, sans plus prendre la moindre précaution devant ce qui reste, non, qui est plus que jamais l’incertitude suprême de l’apocalypse nucléaire. (Et la seule précaution possible dans une situation d'aussi pressante urgence n'est rien de moins qu'une riposte nucléaire...) Comment une telle idée peut-être soutenue ?
Elle peut l’être à cause de la psychologie américaniste, totalement intoxiquée par le système, qui contient comme annexe intangible la croyance tout aussi intangible à la bonté innée de l’Amérique, l’affirmation incroyable au regard du désordre sanglant installé par l’Amérique, que ce pays ne peut être soupçonné, par ses vertus naturelles, d’avoir le moindre projet déstructurant, c'est-à-dire destructeur, prédateur, agressif. Rien ne pourra jamais débarrasser la psychologie américaniste de sa croyance totale, religieuse, incroyablement vaniteuse, dans son exceptionnalité, – rien, sinon la disparition de ce pays en tant que tel. Jamais, compte tenu des moyens du système du technologisme disponibles, jamais aucun danger n’a autant menacé le monde que cette certitude pathologique de la psychologie américaniste. Il semble malheureusement que le brillant Obama n’échappe pas à la règle."
Marginal news n°317 - 23 avril 2010
Enfonçons le clou planté hier, avec cet article à propos du livre d'Yvan Stefanovitch « La Caste des 500 - Enquête sur les princes de la République », qui comme son nom l'indique est une enquête sur le train de vie et les privilèges des députés et sénateurs cumulards. Il permet de mieux comprendre où PS et UMP se rejoignent, et comment marche la "démocratie pour les veaux". Extrait du livre : "Ainsi débarrassés du contrôle tatillon des préfets, ces énarques, fonctionnaires et apparatchiks de parti sont devenus les princes de la République, parlementaires respectés à Paris, voire ministres, et roitelets féodaux dans leur lointaine province."
Marginal news n°316 - 22 avril 2010
Pour tous ceux dont le sourcil se soulève de doute à chaque fois que nous parlons de corruption et de trahison des élites, un petit exemple de prévarication ordinaire : ingénieur à EDF et, à son avis, injustement maintenu à un grade et salaire insuffisants à ses yeux, un militant de l'UMP s'adresse à son parti et hop, la machine se met en branle pour lui donner satisfaction. L'article est ici. C'est aussi beau que la nomination de Mme Chirac au conseil d'administration de LVMH (jeton de présence : 15 000 euros, aucun boulot demandé, avantages divers...), répondant selon cette entreprise au seul souci de "féminiser" les postes de direction !
Marginal news n°315 - 21 avril 2010
Il
est rare que le "média citoyen" Agoravox sorte de l'ordinaire - actualité et dénonciation des privilèges - mais on citera pour une fois cet article de Immyr ("médecin de campagne", même s'il ne va hélas pas assez loin dans sa réponse à sa question : pourquoi obéit-on ? Notons cependant ces extraits :
"Tout homme est sujet à ses défauts et ses névroses. Ces derniers proviennent de notre histoire personnelle mâtinés à l’exposition sociétale (professionnelle, politique, médiatique, culturelle et j’en passe). C’est le pouvoir acquis qui détermine le mode de décompensation de ces névroses. Pour un père de famille, ça peut se traduire par un abus physique ou psychologique sur les siens, pour un prêtre sur ses ouailles, pour un sportif sur ses fans, pour un président de la république française… euh… vous voyez ;-)"
Et surtout ce résumé du "Discours de la servitude volontaire", d'Etienne de la Boétie (1530-1563)
"Dans ce texte de philosophie politique fondamentale, La Boétie démontre et démonte les origines du pouvoir et de la soumission à ce dernier. Le Discours de la servitude volontaire constitue une remise en cause de la légitimité des gouvernants (et par extrapolation de tout détenteur de pouvoir), que La Boétie appelle « maîtres » ou « tyrans ». Quelle que soit la manière dont un tyran s’est hissé au pouvoir (élections, violence, succession ou dans l’exemple de la société moderne sa situation socio-professionnelle), ce n’est jamais son bon gouvernement qui explique sa domination et le fait que celle-ci perdure. Plus que la peur de la sanction, c’est d’abord l’habitude qu’a le peuple de la servitude qui explique que la domination du maître perdure. Ensuite vient l’idéologie et les superstitions. Mais ces moyens ne permettent de dominer que les ignorants. Vient le « secret de toute domination » : faire participer les dominés à leur domination. Ainsi, le tyran jette des miettes aux courtisans (ça me rappelle des trucs… mais bon ne soyons pas mauvaise langue :-) ). Si le peuple est contraint d’obéir, les courtisans ne doivent pas seulement obéir, mais devancer les désirs du tyran (non, non, je ne parle nullement d’Eric B. ;-) ). Aussi, ils sont encore moins libres que le peuple lui-même, et choisissent volontairement la servitude. Beaucoup s’imaginent que la servitude est forcée, alors qu’elle est toute volontaire. En tout cas c’est ce que la Boétie veut prouver dans son « Discours ». En effet, la question qu’il se pose, touche à l’essence même de la politique : « pourquoi obéit-on ? ». On admet généralement comme allant de soi l’existence d’un pouvoir absolu et on omet de se demander d’où vient l’obéissance. Un homme ne peut asservir un peuple si ce peuple ne s’asservit pas d’abord lui-même. Bien que la violence soit son moyen spécifique, elle seule ne suffit pas à définir l’État. C’est à cause de la légitimité que la société lui accorde que les crimes sont commis. Il suffirait à l’homme de ne plus vouloir servir pour devenir libre ; « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres ». A cet égard la Boétie tente de comprendre pour quelles raisons l’homme a perdu le désir de retrouver sa liberté.
"
Marginal news n°314 - 20 avril 2010
Il faut de prime abord réfuter l'accusation selon laquelle, à force de proclamer (depuis 1973, pour notre part) que notre civilisation était condamnée par sa technophilie inhumaine et son consumérisme débridé, son effondrement finit par se produire - comme si cette proclamation en était responsable ! C'est par sa dynamique interne que le système s'écroule, et les slogans soixante-huitards n'y sont pour rien. Mais laissons-là les "systèmes anthropotechniques" de Jean-Paul Baquiast, et leur morbide soumission aux processus darwiniens qui les conduisent à devenir des machines folles, des institutions uniquement occupées à assurer leur survie par la recherche permanente d'une augmentation de leur puissance. Toujours plus ! Comme nous le disons depuis longtemps, l'idée de décroissance est anti-anthropologique, contraire à l'évolution humaine telle qu'elle est considérée aujourd'hui, elle est "anti-psychologique". Il faudra donc y être forcé. D'autres facteurs psychologiques entrent heureusement en jeu, et notamment tous ceux mobilisés par l'instinct de survie. Notre intuition du moment : il existe un lien psychologique direct entre l'intérêt que les Occidentaux portent aux catastrophes - aidés par leur médias - et leur incapacité à enrayer le processus de désintégration de leur société. Tandis que les riches sont déjà confortablement installés dans les chaloupes de sauvetage, les autres contemplent fascinés les remous des diverses catastrophes dont on divertit leur triste quotidien, en attendant celle qui viendra (enfin ?) les frapper. Sur ce chapitre, un article de Dmitry Orlov, un ingénieur russe devenu américain, analyse et compare l'effondrement de l'URSS et celui, en cours et à venir, des USA.
Marginal news n°313 - 8 avril 2010
Voici une interview de Philippe Grasset, animateur du site dedefensa.org que nous citons souvent - site hélas devenu en partie payant. Elle permet de comprendre les articulations d'un raisonnement qui nous semble décrire au mieux la situation actuelle.
Marginal news n°312 - 6 avril 2010
Enfonçons le clou de la trahison des élites, le problème à la source de la crise depuis 1973. Histoire de garder les chiffres en tête et en mémoire accessible, cet article récapitule une fois de plus les privilèges que s'octroient les patrons des grandes entreprises et livre ce petit compte des revenus et avantages des députés. Extraits : "Au salaire mensuel de 5126 € il faut ajouter une indemnité de 5 790 € (non imposable) pour leurs frais de mandat (voiture, permanence, réception, habillement), 8949 € (libres d’utilisation) pour rémunérer les éventuels collaborateurs, le train en 1ère classe, un quota de déplacements aériens et les taxis gratuits, une voiture à disposition, des hôtels de luxe à tarif préférentiel, des repas haut de gamme à faible coût, des prêts immobiliers à taux réduit. ... Il est vrai que certains d’entre eux ne seront pas réélus mais un règlement interne de l’Assemblée nationale prévoit un fond de garantie pour ceux qui ne viennent pas de la fonction publique avec une indemnité dégressive sur 60 mois (environ 1000 € au final) sans aucune contrainte ni justificatif du côté de l’Assedic. De plus n’oublions pas que presque 90% des députés cumulent leur mandat national avec une fonction locale également rémunérée et que 40% peuvent réintégrer un emploi dans la fonction publique, les autres étant rapidement reclassables grâce à leurs réseaux. S’il est exact que la démocratie a un coût que les citoyens doivent assumer on peut remarquer au moment où il est question de modifier les régimes de retraite que celui des députés est plutôt avantageux puisque le droit à la retraite est ouvert à partir de 60 ans pour une pension moyenne d’environ 2 400 € nets / mois (évidemment cumulable avec d’autres) alors que le mandat moyen d’un député est de 7 ans."
Marginal news n°311 - 5 avril 2010
Ce blog visiblement tenu par des spécialistes explique en détail les complexes mécanismes économiques - ou plutôt, financiers - à l'oeuvre dans la crise. Extrait : "Le succès des politiques de monétisation et d’argent facile ou le quantitative easing n’est pas avéré, ces politiques sont loin d’assurer la sortie de la crise passant par une réanimation du crédit des institutions de Réserve. Pour l’instant les performances supposées de l’économie américaine depuis le T-3 2009 sont le résultat du déficit financier et du gouffre budgétaire des USA accompagnée de la dégradation du bilan de la FED. En prenant l’exemple des institutions de réserve, nous avons voulu montrer que la politique d’expansion du crédit public était loin de garantir le redémarrage de l’économie. Sans le redémarrage des activités à l’économie des institutions de réserves, la dette publique – FED et Trésor – continueront à être le carburant d’un moteur de la croissance animé par les acteurs publics. Que l’argent public encourage la duite en avant de la FED et du Trésor dans la dette constitue aujourd’hui la solution et le… problème."
Marginal news n°310 - 4 avril 2010
"Le capital doit se protéger lui-même de toutes les façons possibles, par l’arrangement ou la législation. Les dettes , les obligations et les hypothèques doivent être collectées aussi rapidement que possible. Quand, par le processus de la loi, les gens perdront leurs maisons, ils deviendront plus dociles et seront plus facilement soumis à l'influence d’un gouvernement fort, mise en œuvre par un pouvoir central fondé sur la richesse et placé sous le contrôle des principaux financiers. Cette vérité est bien connue parmi nos hommes importants, maintenant engagés dans la formation d'un impérialisme du capital destiné à diriger le monde. En divisant les électeurs par le système des partis politiques, nous pouvons leur faire dépenser leur énergie dans des combats sans importance. Ainsi, par l'action discrète, nous pouvons sécuriser pour nous-mêmes ce qui a été si bien planifié et accompli avec tel succès." USA Banker's Magazine, August 25 1924
Marginal news n°309 - 3 avril 2010
Petit (hélas bien petit) exemple des avantages que procure notre belle monarchie républicaine : les privilèges, pardon les "avantages" accordés à vie à certains ministres... et le terme "certains" est approprié puiqu'il exprime toute l'opacité du système.
Marginal news n°308 - 2 avril 2010
Récentes mises en ligne : Rubrique Entretiens : Jon Kabat-Zinn a adapté la méditation bouddhiste à la thérapie occidentale
Un article sur les techniques thérapeutiques qui en sont nées.
Un autre sur L'écopsychologie.
Un autre sur : Que cachent nos sensations de « déjà vu » ?
Autre chose :
Derrière le Tea Party, Ayn Rand ? Nous ne pourrions renvoyer qu'à des articles en anglais, tant ce mouvement qui est en train de secouer l'establisment américain fait peu de remous en France - qui s'en étonnera ? Ils permettent de comprendre qu'à côté des néo-cons impérialistes et des ultra-religieux, la droite américaine contient une troisième tendance : les "libertariens", anti-gouvernement, défenseurs du bien fondé de l'égoïsme humain. Nous avons déjà parlé ici d'Ayn Rand, l'égérie des "libertariens" américains, défenseure du libéralisme économique intégral (news du 16/02/10). Méconnue en France, elle est celle qui donna envie au sinistre Greenspan de s'impliquer dans la vie publique, mais fut surtout auteur de romans qui refont un tabac aujourd'hui. Nous n'avons lu (en 1976) que Atlas Shrugged, le plus connu. On y voit le héros John Galt, prôner la démission de l'élite sur-taxée, qui provoque l'effondrement de l'économie. "Who is John Galt ?" (phrase qui émaille tout le roman) et "Going Galt" sont devenues des expressions communes ou presque, la seconde signifiant l'équivalent libertarien du "drop out" ("quitter le système) des hippies. Nous avions aimé cette voix dérangeante, contraire à tous les présupposés bien pensants d'un "état-providence" qui n'a jamais mérité son nom et s'apparente plutôt à une vaste entreprise d'infantilisation des masses au profit d'une élite bureaucratique. Utopie pour utopie, celle d'Ayn Rand avait l'avantage d'enfoncer quelques clous là où ça fait mal - ce qui ne signifie pas que nous partagions ses opinions -, notamment en remettant en question l'un des fondements de notre civilisation judéo-chrétienne, la culpabilité.
Extrait : « Quelle est la nature de la culpabilité que vos enseignants appellent le Péché Original ? Quelles tares l'homme a-t-il acquises quand il est tombé de cet état qu’ils considèrent comme la perfection ? Leur mythe déclare qu'il a mangé le fruit de l'arbre de connaissance — il a acquis un esprit et est devenu un être rationnel. C'était la connaissance du bien et le mal — il est devenu un être moral. Il a été condamné à gagner son pain par son travail — il est devenu un être productif. Il a été condamné à connaître le désir — il a acquis la capacité de plaisir sexuel. Les maux pour lesquels ils le damnent sont la raison, la moralité, la créativité, la joie — toutes les valeurs capitales de son existence. Ce n'est pas ses vices que leur mythe de la chute de l'homme vise à expliquer et condamner, ce n'est pas ses erreurs qu’ils jugent coupables, mais l'essence de sa nature d'homme. Quel que soit le robot, dans le Jardin d'Éden, qui existait sans esprit, sans valeurs, sans travail, sans amour — il n'était pas l'homme … »
Marginal news n°307 - 1 avril 2010
Ce n'est pas un Poisson d'avril, la nouvelle datant du 30 mars. Est-ce un "hoax" ? C'est en tout cas une dépêche AFP, introuvable sur le site de l'Agence elle-même, mais reprise par la presse sud-américaine, notamment La Jornada, de Mexico : les crapauds se comporte bizarrement quelques jours avant un tremblememt de terre - en résumé, ils cessent de copuler. Voilà qui rejoint une étude tchéco-allemande indiquant que les vaches, cerfs et chevreuils broutent et se reposent de préférence en se plaçant dans l'axe des pôles magnétiques, pour montrer que les animaux ont un sens inné des forces telluriques... Un article là-dessus en français ici, et l'étude là.
Marginal news n°306 - 30 mars 2010
Chris Hedges est un journaliste américain de grande expérience et qualité. Son avertissement n'en a que plus de poids - en anglais hélas : "L'amérique aspire-t-elle au fascisme ?". La question vaut pour l'Occident dans son ensemble.
Marginal news n°305 - 29 mars 2010
Au menu : un article sur AgoraVox récapitulant la concentration des médias français en quelques mains puissantes, par aillleurs très impliquées dans les marchés publics pour leurs autres activités. A relier à une phrase d'un économiste entendue ce week-end : "90 personnes se partagent 40% des sièges dans les conseils d'administration en France." Et aussi : une étude qui vient répondre à une question que nous nous sommes souvent posée : quel effet le pompage massif de pétrole a-t-il sur la croute terrestre ? Hé bien, il semblerait qu'il y a un lien entre pompage et tremblements de terre (nous n'oublions pas celui provoqué à Bâle par les essais d'injection d'eau dans les roches fracturées, pour la géothermie).
Marginal news n°304 - 25 mars 2010
Les entreprises seront-elles les agents de la prochaine mutation de l'être humain ? On connaissait la "noosphère" de Teilhard de Chardin, mais alors qu'elle se développe sous nos yeux, c'est un autre avenir que certains prévoient : la disparition de l'individualité humaine par son intégration à un organisme contrôlant totalement sa vie et ses activités. Voici par exemple l'avis du biologiste Pierre-Henri Gouyon, recueilli par le site Automates Intelligents. Après avoir dit pas mal de choses intéressantes (sur les bactéries, le darwinisme, les OGM ou encore la coopération), il aborde en seconde partie de l'entretien cette crainte de voir l'humain définitivement soumis. Extraits :
"Avec la globalisation actuelle, les entreprises sont nombreuses et placées dans une concurrence effrénée. On a fabriqué une espèce d’écosystème néolibéral qui les oblige à une compétition parfaitement darwinienne. De plus, diverses recherches, par exemple les techniques de neuromarketing concernant les consommateurs ou les processus d'évaluation permanente concernant les employés visent à leur donner le plus grand contrôle possible sur les individus. Le contrôle n’est pas encore complet. Il y a des résistances. Mais je m’interroge sur les conditions qu’il faudrait réunir pour que ce contrôle devienne intégral." [...]
"Je ne suis pas du tout certain que les individus ne soient pas en train de devenir des cellules composant des ‘ensembles plus grands dont ils n’auraient d’ailleurs même pas la perception. De plus, je vous le redis, l’écosystème politico-économique contemporain devient avec la mondialisation à outrance absolument darwinien. Ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent, où subsistaient des isolats. J’ajouterai que laisser les marchés décider de tout, au détriment des régulations imposées par des morales plus anciennes, fussent-elles religieuses, me paraît la pire des solutions." [...] "Nul ne peut prédire comment réagiront les humains. J’espère pourtant qu’ils conserveront des ressorts pour se révolter. On n’a jamais vu de système, aussi oppresseur soit-il, qui ne suscite pas de révoltes individuelles devant lesquelles le plus souvent ce système finit par céder."
Marginal news n°303 - 24 mars 2010
L'époque demanderait que nous changions de niveau de conscience. Qui l'ignore ? Voici, en version courte, quelques arguments proposés par notre confrère Olivier Clerc
Marginal news n°302 - 14 mars 2010
« Dans ce nouvel ordre mondial, il y a comme une espèce de naturalisation d’un nouvel ordre, une sorte de « force des choses » [pour employer une expression de Montesquieu], qui est devenu comme une espèce de mantra.
C’est comme si, dans le nouvel ordre mondial, la nouvelle disposition de l’univers globalisé, il y avait là une sorte de « force des choses » à ’œuvre contre laquelle on ne pouvait rien, sinon peut-être un petit peu de régulation vertueuse, un petit peu d’État que l’on injecte par-ci par-là, mais globalement, il y a comme une espèce de fatalisme absolument extraordinaire devant un processus dont on oublie qu’on en fournit une interprétation. On n’est pas face au processus tel quel, nous sommes face à une doxa et cette doxa produit de la naturalisation.
Je me demande même, à propos de ce nouvel ordre mondial dont on nous rebat les oreilles en nous faisant croire à chaque moment qu’il n’y a rien à faire, si finalement (…) nous ne sommes pas actuellement dans une espèce d’écrasement vertigineux du vieux couple de « nature et culture » ou de « physis et techné », couples classiques qui organisaient en quelque sorte notre rationalité, se replierait l’un sur l’autre avec d’un côté une naturalisation vertigineuse, - pour moi, l’exemple, c’est la naturalisation des rapports de force, des rapports de concurrence, comme si l’on était finalement dans le Léviathan de Hobbes mais de nos jours – et de l’autre une technicisation intégrale, par exemple les utérus artificiels. Finalement, c’est comme si nature et technique s’étaient repliées l’une sur l’autre, comme s’il n’y avait plus rien à penser que cette nouvelle doxa, ce nouvel ordre. »
Gisèle Berkman, dans l’émission « Analyses - D’autres regards sur la crise », France Culture, 17/ 7/ 2009
Marginal news n°301 - 12 mars 2010
Pour quiconque s'est jamais demandé comment la collaboration ou la shoah avait été possible, cet article rappelant les consignes données aux policiers français avant la rafle du Vel d'Hiv.
Marginal news n°300 - 11 mars 2010
Voilà un exemple concret, proposé par Philippe Béchade sur La Chronique de l'Agora, pour montrer comment le redémarrage de l'économie dont on nous parle est relatif : "Tenez, par exemple, la hausse de la production industrielle "plus forte que prévue" en France au mois de janvier (+1,6% après -0,2% en décembre) : n'allez pas croire que les usines se sont soudain remises à tourner à plein régime !
L'explication, c'est la forte hausse de la consommation d'électricité et de fioul avec la vague de froid du mois de janvier... car les milliers de mégawatts supplémentaires annoncés par EDF, c'est de la production, les millions d'hectolitres de fioul raffinés par Total, le surcroît de gaz distribué par GDF pour alimenter les chaudières des habitations, c'est aussi de la production.
Hors énergie, le rebond se limite à 0,9%, partant d'une base de comparaison très favorable puisque le mois de janvier 2009 avait été le pire des quatre dernières décennies. Il n'était donc pas difficile de faire mieux, un résultat contraire aurait même été stupéfiant !
Voilà comment un chiffre brut peut traduire fictivement un réchauffement de l'activité économique alors qu'il n'est que le reflet d'un pays qui a grelotté -- et continue de grelotter -- pour cause de descentes d'air polaire dans des volumes tout à fait inhabituels.
Et voilà comment les marchés justifient à l'emporte-pièce des hausses qui ne reposent sur aucun motif qui résiste à l'examen... Mais le temps que nous écrivions tout ce qui précède, de gros malins ont eu largement le temps de faire grimper le CAC 40 de 1%."
Marginal news n°299 - 8 mars 2010
Pas de limite à la mécanisation : bientôt viendra l'heure des robots journalistes ! Un article du Monde.
Marginal news n°298 - 28 février 2010
Pour mieux comprendre, suivre - et si possible anticiper - la crise économique, il y a le site de Paul Jorion, anthropologue qui l'avait prédit - parmi bien d'autres - "avant tout le monde", ce qui devient un peu une formule consacrée. Il ne se prend pas pour de la crotte, c'est le moins qu'on puisse dire, mais il explique les choses et c'est déjà bien - même s'il se trompe, à notre avis, en plaidant pour un combat entre Etats et finance, alors que les deux sont gérés par la même caste. Il y a aussi, et mieux encore, le blog "économie et crise aux USA", dont les analyses sont très documentées et vont plus loin que Jorion, nous semble-t-il.. Le mieux, c'est que l'on comprend tout, le jargon est limité au maximum. Dernier article en date, "les banques, le crédit et la reprise américaine", montre clairement le tour de passe-passe auquel nous assistons depuis un an : les Etats donnent des sous aux banques que celles-ci utilisent non pas pour financer l'économie par le biais de crédits mais pour spéculer sur les bons du trésor que les Etats émettent de + en + pour financer l'économie à leur place. Extrait : "Le partage des risques est assez révélateur de la liaison très étroite entre le haut-personnel de l’administration américaine, de la FED et des banques. La manière dont les banques ont été aidées sans contrepartie par le couple Trésor-FED se retrouve dans la manière dont la contraction de toutes les formes de crédit s’accompagne d’une politique d’achat de titre public par les banques. Aucune exigence ou condition ne leur a été imposées quand il s’est agi de les sauver. Aujourd’hui les investissements financiers permettent aux banques de couvrir en partie leurs pertes au risque de ruiner les finances publiques."
Enfin, mais n'ayant rien à voir, signalons l'apparition d'une pile à combustible aux performances incroyables, la bloom-box. A suivre ?
Marginal news n°297 - 24 février 2010
On ne compte plus, depuis quelques années, le nombre de "personnalités" ayant fait toute leur carrière au sein ou au sommet du système et qui se mettent à le critiquer dès qu'ils sont... à la retraite ! En voici un exemple, signé Jacques Merlino, illustre inconnu qui fut cependant rédacteur en chef à France 2 :
"Mais je prendrai la liberté que m'offre la retraite pour dire qu'en trente deux années de journalisme à France 2, période pendant laquelle j'ai été, reporter, grand reporter, chef de service, présentateur, producteur, rédacteur en chef, bref dans chacune de ces fonctions, j'ai été le témoin direct d'un contrôle du politique sur notre travail. A tel point que je peux affirmer que ce contrôle est totalement intériorisé par les journalistes, qu'ils vivent avec en essayant de le masquer par de l'humour et que tous ceux qui tentent de s'en affranchir vont directement à la case placard ! Qui peut nier que chaque changement politique se traduit dans le service public par un bouleversement total de l'organigramme et du choix des présentateurs ? Les faits sont là, ils sont têtus et il est regrettable qu'aucun travail sérieux de sociologue, ou de politologue, n'ait été fait sur cette question."
Marginal news n°296 - 23 février 2010
Sur alterinfo.net, une revue de détail des diverses organisations qui prêchent un "nouvel ordre mondial" et alimentent la parano des "complotistes", comme aime les appeler notre presse de révérence. En note, remarquons quand même ceci, qui pour une bonne part illustre comment s'est accomplie la démission du politique - dès 1973, l'année où aujourd'hui s'est joué - refus de prendre la crise de l'énergie pour ce qu'elle était, mise en coupe réglée des facultés d'intervention des Etats.
"Jusqu’au début janvier 1973, la France partageait le droit de créer de la monnaie avec les banques privées. Pour financer la construction de logements sociaux par exemple, l’Etat empruntait auprès de la banque centrale qui créait pour l’occasion cette monnaie. Par la suite, l’Etat remboursait l’emprunt tandis que la banque détruisait cet argent ; mais, point capital, sans faire payer d’intérêts. Or, l’Etat s’est interdit d’emprunter auprès de la banque centrale avec l’article 25 de la loi Pompidou-Giscard d’Estaing du 3 janvier 1973. Il se prive donc de la création monétaire sauf s’il s’adresse auprès d’acteurs privés qui, eux, font payer des intérêts au prix fort. Par conséquent, cette politique empêche toute politique sociale véritable rendant les investissements publics hors de prix et entraînant par la même occasion l’augmentation de la dette publique. Ce principe inscrit dans le Traité de Maastricht (1992) à l’article 104 a été transposé à l’article 123 dans le Traité de Lisbonne. Les Etats de l’UE sont donc totalement tributaires de l’oligarchie financière."
Marginal news n°295 - 19 février 2010
Signes avant-coureurs de l'explosion du système ? Tandis qu'un représentant à la Chambre d'Etat de Caroline du Sud propose une loi interdisant à cet état de reconnaître la monnaie fédérale et l'obligeant à revenir à l'or et à l'argent sonnants et trébuchants, un citoyen harrassé par le fisc et déçu du système jette son avion contre le bâtiment du fisc américain (IRS) à Austin, Texas. Il faut lire - au besoin en le traduisant automatiquement - le texte qu'il avait laissé hier sur son site pour expliquer son acte.
Marginal news n°294 - 16 février 2010
Nous cherchions depuis déjà plusieurs mois un article expliquant mieux que nous ne saurions le faire la nature exacte de l'étrange mouvement populaire qui s'est développé ces derniers temps aux USA, le Tea Party Movement, qui semble laisser présager que la prochaine "révolution" risque fort d'être de droite, populiste, pour ne pas dire "fasciste". En voici une approche, en français of course, qui a le mérite d'exister, et d'indiquer aussi bien les tentatives de certains Républicains (tels Sarah Palin) d'en devenir les chefs de file que les origines philosophiques du mouvement - Ayn Rand, auteure du formidable Atlas Shrugged, inconnue en France, dont les idées irriguent pourtant le capitaliste américain depuis des décennies.
Marginal news n°293 - 15 février 2010
A la faveur d'une pitoyable émission d'Arte, un article où l'excellente Mona Chollet juge d'un oeil moqueur et assassin les merdias et leurs caciques. Signalons également son site, et notamment ceci, très futé.
Citation du jour : "Les pouvoirs d'argent se nourrissent de la nation en temps de paix et conspirent contre elle dans les périodes d'adversité. Les pouvoirs bancaires sont plus despotiques qu'une monarchie, plus insolents que l'autocratie, plus égoïstes que la bureaucratie. Ils dénoncent comme ennemi public quiconque met en doute leurs méthodes ou jette la lumière sur leurs crimes." Abraham Lincoln
Signalons également, au hasard d'un article assez moyen de Manuel de Diégez sur les ravages de "l'américanisme" tant décrié par nos amis de dedefensa, cette citation de l'ancienne ministre des affaires étrangères de Clinton, l'effroyable Allbright :
"Au début de chaque cours, j'explique à mes étudiants que le but de la politique étrangère est de persuader les autres pays d'accepter ce que nous voulons . Et à cette fin, le président et son ou sa secrétaire d'Etat disposent de moyens allant du recours pur et simple à nos forces armées, au travail patient du tissage diplomatique, sans oublier l'efficacité des arguments de la logique."
Marginal news n°292 - 14 février 2010
Nouvelles du front : le nom de l'opération militaire de l'Otan commencée il y a deux jours en Afghanistan, "Moshtarak", signifie "ensemble" en dari, bien que la population de la région de Marjah - où elle se déroule - soit pashtoune. Cette opération est destinée à y implanter l'armée afghane, essentiellement composée de Tadjiks du nord du pays, parlant dari et non pashtoune. Qui manipule qui dans cette histoire ? Inspirée d'un mélange de leçons tirées des guerres d'Indochine, d'Algérie et du Viet-Nam, la stratégie occidentale mâtinée de politique intérieure afghane vise une "pacification" des zones pashtounes par des "suppétifs" tadjiks, dont il n'est pas dit que l'intérêt premier soit de combattre les Talibans.
Marginal news n°291 - 12 février 2010
Dans notre série "la démocratie, quelle démocratie ?", notons l'analyse de la paralysie du système américain par l'un des ses plus ardents défenseurs, James Fallows, correspondant national du magazine The Atlantic. On pourrait faire la même analyse ou presque à propos des institutions françaises. Extraits traduits :
"Le défunt économiste Mancur Olson a énoncé les conséquences du vieillissement des institutions dans son livre de 1982, The Rise and Decline of Nations. Année par année, disait-il, les groupes d'intérêts se procurent par petites bouchées successives une part plus grande de la richesse totale du pays. Ils y parviennent grâce à des allégements fiscaux, à des crédits spéciaux, à ce que nous appelons aujourd'hui des « mesures législatives », et autres faveurs qui sont toutes plus faciles à accorder qu’à supprimer. Aucun de ces grignotages n’est, en lui-même, dramatique ou lourd, mais au fil des décennies, ils menacent de transformer une démocratie stable en un gros Etat, inefficace et dispensateur de faveurs. En 1994, Jonathan Rauch actualisait Olson en appelant ce modèle affaiblissant la "démosclérose", dans un livre portant ce nom. Il définissait ce problème comme «la « perte progressive, pour un gouvernement, de sa capacité à s'adapter - un processus comparable au durcissement des artères, qui se construit à la dérobée pendant de nombreuses années. »
Lorsque le Sénat américain a été créé, l'État le plus peuplé, la Virginie, comptait 10 fois plus d’habitants que le Delaware, le moins peuplé. Donner à chacun deux voix au Sénat faisait partie du compromis complexe - sur les intérêts régionaux, économiques et juridiques (esclavage ou non) - qui a permis la Constitution. Aujourd’hui, l'état le plus peuplé, la Californie, dispose de 69 fois plus d’habitants que le moins peuplé, le Wyoming, et pourtant tous deux ont deux voix au Sénat.
De même, comme il faut 60 voix au Sénat pour faire obstruction à une législation controversée, 41 votes constituent en fait une minorité de blocage. Ensemble, les 21 États les moins peuplés, qui représentent environ 12 pour cent de la population américaine, peuvent prétendre à un tel blocage.
Les membres du «Gang des Six", qui a contrôlé tout le processus de la réforme de santé proposée l'an dernier, proviennent d'États qui détiennent ensemble environ 3 pour cent de la population totale des Etats-Unis. 97 pour cent de la population vit dans des Etats non inclus dans ce groupe. Une petite précision : plus de la moitié des Américains vivent dans seulement 10 États - qui détiennent donc ensemble seulement 20 des 100 voix du Sénat.) "Le Sénat est plein de« bourgs pourris », a déclaré James Galbraith, de l'Université du Texas, se référant aux circonscriptions vides avant la réforme du Parlement britannique de 1832. "Nous serions mieux avec une Chambre des Lords." "
Marginal news n°290 - 10 février 2010
Comment s'installent infériorité et dépendance
A l'heure où le "débat sur l'identité nationale" réveille les tendances racistes et xénophobes, et où se pose parallèlement avec acuité la question de notre impuissance face aux puissances financières, il nous a semblé judicieux de croiser un peu les deux. Surprise ? Sur le plan psychologique, c'est bien aux mêmes tendances et penchants que l'on a affaire dans un cas comme dans l'autre. Un article de l'ethnopsychanalyste Patrick Fermi - à propos de l'oeuvre controversée d'Octace Mannoni, le montre, même s'il n'aborde que la sujétion coloniale, tout en concluant : "On a reproché à Freud une sorte de pessimisme social, je suis tenté de croire, au contraire, que sa lucidité sous-estimait pourtant la puissance des forces qu'il avait lui-même mises à jour et surestimait les capacités du rempart culturel. Peut-être, parce que l'exploitation de l'homme par l'homme n'est toujours pas encore une valeur reconnue comme négative par le plus grand nombre. Le sera-t-elle un jour ?"
Empruntons les citations faites par Fermi, elles permettent de dessiner une sorte de parcours de l'exploité.
« C'est dans un état de dépendance à l'égard de ses parents que le jeune enfant fait ses premiers pas dans la vie. D'eux il attend tout; il ne se considère pas comme leur égal. Entre lui et ses parents, il s'établit une relation de dépendance qui conditionne l'activité cognitive de l'enfant. Cette première expérience, universellement partagée, sert à définir cette fameuse notion de «complexe de dépendance», introduite par Mannoni. Chez les peuples «civilisés», ce lien de dépendance va se fissurer, largement à l'initiative de l'enfant qui ne va pas moins ressentir cette rupture de la dépendance comme étant un «abandon» de la part de ses parents. (Ici Mannoni emprunte largement à Adler.) L'aboutissement de cet «abandon» peut être heureux ou non. Dans le premier cas, le jeune enfant gagne pas à pas son autonomie; sa personnalité s'épanouit; il acquiert une mentalité empirique et rationnelle à l'exemple de celle que, d'après lui, favorise la culture occidentale. Pourtant, il arrive que la rupture du lien de dépendance conduise à l'instauration d'un «complexe d'infériorité» chez l'enfant. Si tel est le cas, celui qui en souffre va s'appliquer durablement à dominer autrui car il cristallise le sentiment inconscient de culpabilité causé par le souvenir de l'«abandon» parental.» Bloch Maurice, 1997, La psychanalyse au secours du colonialisme. A propos d’un ouvrage d’Octave Mannoni, Terrain, n° 28, pp. 103-118
« .. l'on pourrait tout aussi bien soutenir qu'une certain forme de dépendance existe, latente, chez l'européen infériorisé. Elle est refoulée ; ce refoulement nous en rend l'aperception et la compréhension plus difficiles chez autrui. Un Européen plus ou moins infériorisé a tendance à ressentir, et non pas seulement à juger, une condition objective de dépendance comme une infériorité. Il peut s'insurger contre elle, ou protester par des "symptômes". Le Malgache, et l'on a raison de penser qu'en cela il ne diffère pas radicalement des autres "non-civilisés", ne se sent, au contraire, en infériorité que lorsque les liaisons de dépendance sont d'une façon ou d'une autre compromises. Cette différence peut être prise comme la clé de la psychologie des "populations attardées". Elle explique la longue stagnation (relative) de leurs civilisations. Elle rend compte de leur attachement aux croyances magiques. » (Mannoni 1997 : 77) Mannoni Octave, Psychologie de la colonisation, Paris, Seuil, 1950,
Mannoni Octave, réédité sous le titre Prospero et Caliban, Éditions Universitaires, 1984, Mannoni Octave, réédité sous le titre Le racisme revisité, Denoël, 1997
Très discutée en son temps, la thèse de Mannoni ne semble guère défendable, pour de multiples raisons expliquées dans l'article. Mais une vérité demeure : même s'ils ne se réduisent pas à la psychologie - loin de là - la domination repose bel et bien sur des facteurs psychologiques, et ce sont eux que les classes dominantes utilisent pour promouvoir et justifier leur domination. Sous cet angle, la publicité et l'information telles que pratiquées aujourd'hui ne visent pas un autre but (persuader le citoyen moyen de son infériorité absolue).
Marginal news n°289 - 9 février 2010
Il arrive parfois que les manipulations auxquelles se livrent nos journalistes de la presse pravda apparaissent avec une évidence criante. Pris par la folie des grandeurs ("hubris") qui caractérise aujourd'hui la classe dirigeante, c'est même de plus en plus souvent le cas. Ainsi, quand Le Figaro met en première page un article annonçant que "9 Français sur 10" sont pour quelque chose, on se dit, connaissant l'esprit français, que 9 sur 10 ça fait vraiment beaucoup ! Et comme il s'agit d'être d'accord pour "réduire les dépenses publiques", on se dit que le sondage sur lequel Le Figaro dit s'appuyer doit avoir quelque chose de pas net. En comparant rapidement son titre ("les Français et la dette publique") avec les résultats de la 1ère page ("les thèmes prioritaires pour 2010"), on voit tout de suite que la "dette publique" n'étant que leur 11ème préoccupation, la probabilité de manipulation s'agrandit. Bingo : le site Acrimed a décodé la supercherie pour nous, nous permettant de mieux comprendre comment ces Messieurs procèdent.
Marginal news n°288 - 1 février 2010
Pour oublier la crise, la société française se plonge à corps perdu dans de faux débats. Dernier en date, un faux procès pour antisémitisme contre le Président de la région Languedoc Georges Frêche, pourtant auteur involontaire d'un "manuel du candidat et de l'élu" qui témoigne d'un certain cynisme, mais est hélas le reflet d'une réalité confirmée élection après élection. On l'entend en direct ici, et les minutes 2:48 et 4:48 disent tout.
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